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au roi de Sardaigne et réparti entre les divisions d'Alexandrie, Coni, Gênes, Novare et Turin.

MONTFERRAT (marquis de), illustre maison de la Lombardie, a pour chef Aldérame, créé marquis de Montferrat par Othon le Grand en 967. Cette famille a régné sur le Montferrat pendant près de 600 ans.

Guillaume IV de M., dit le Vieux, accompagna l'empereur Conrad III à la 2e croisade, en 1147, et s'y couvrit de gloire. Dans la suite il prit parti pour Frédéric Barberousse contre les villes libres d'Italie. — Un de ses fils, Renier, épousa une fille de Manuel Comnène, empereur d'Orient, et reçut en dot le roy. de Thessalonique (1179), qu'il transmit en 1183 à son frère Boniface III, et qui resta longtemps dans sa famille. — Guillaume V, fils aîné de Guillaume IV, fut un des héros de la 3e croisade, et mérita le surnom de Longue-Épée. En récompense de ses services, Baudouin le Lépreux, roi de Jérusalem, lui donna la main de sa sœur Sibylle avec le comté de Joppé. Il mourut en 1185. — Conrad, 2e fils de Guillaume IV, se distingua en Orient, surtout en défendant Tyr contre Saladin fut fait seigneur de Tyr en 1187 et régna sur cette ville jusqu'en 1192. Il épousa une fille d'Amaury, roi de Jérusalem, et disputa le trône de Jérusalem à Guy de Lusignan, son beau-frère. Il allait l'emporter, lorsqu'il périt assassiné. — Boniface III régna à la fois sur le Montferrat et sur le royaume de Thessalonique (1183-1207). Il fut fait prisonnier à la bataille de Tibériade, 1187, mais échangé bientôt après. Il fut choisi en 1202 pour chef de la 4e croisade, eut grande part à la prise de Constantinople, et fut fait roi de Thessalie, 1204. Il fut tué en 1207 en combattant les Sarrasins devant Satalieh. — Guillaume VI, le Grand, 1254-1292. Après avoir été l'allié de Charles d'Anjou et lui avoir facilité la conquête du royaume de Naples, il combattit ce prince qui voulait asservir la Lombardie. Il ajouta aux possessions de sa famille Verceil, Ivrée, et plusieurs autres villes, dont il s'empara par violence, et fit le métier de condottiere. Étant tombé entre les mains des habitants d'Alexandrie, révoltés contre lui, il fut mis dans une cage de fer : il y mourut après 17 mois de captivité, 1292. Il laissait un fils, Jean, 1292-1305, qui fut attaqué par Mathieu Visconti, seigneur de Milan, et dépouillé de Casal, Moncalvo, Trino, Ponte-Stura, et qui mourut sans postérité; et une fille, Iolande, qui épousa Andronic Paléologue, empereur d'Orient. Celle-ci hérita du Montferrat, à la mort de son frère en 1305, et le transmit à son 2e fils, Théodore Paléologue. — Théodore Paléologue, chef d'une 2e branche des marquis de Montferrat, régna de 1305 à 1338. Il eut d'abord à disputer son héritage à Manfred, marquis de Saluces, et au roi de Naples Charles II; mais il se fit reconnaître par l'emp. Henri VII, et finit par régner sans contestation. — Son fils, Jean Paléologue, 1338-78, reçut de l'emp. Charles IV le titre de vicaire impérial en Italie, et essuya néanmoins de grandes pertes dans une guerre contre Galéas Visconti; — Théodore II Paléologue, petit-fils du préc., 1381-1418, reprit aux Visconti Asti et Casal, aida Gênes à chasser les Français en 1409, fut capitaine de cette république jusqu'en 1413, et reçut de l'empereur Sigismond, en 1414, le titre de vicaire impérial en Italie, titre qui fut confirmé depuis à tous ses successeurs.

Perpétuellement en guerre avec ses voisins, surtout avec les Visconti et les Sforce, seigneurs de Milan, la famille de Montferrat déclina graduellement pendant les XVe et XVIe s.; enfin elle s'éteignit dans la personne de Jean George Paléologue, qui mourut sans enfants en 1533. Ses États passèrent à Frédéric II de Gonzague, marquis de Mantoue, qui avait épousé une des nièces du dernier Paléologue.

MONTFLEURY (Jacob, dit), comédien, né en Anjou vers 1600, d'une famille noble, m. en 1667, fut à| un des meilleurs acteurs de la troupe de l'hôtel de Bourgogne, rivale de celle de Molière. Il jouait avec un égal succès la comédie et la tragédie; il donna lui-même une tragédie d’Asdrubal, 1647. — Son fils, Ant. Jacob M., 1640-85, composa pour l'hôtel de Bourgogne des comédies qui luttèrent quelque temps avec celles de Molière, entre autres le Mariage de rien, l'Impromptu de l'hôtel de Condé, opposé à l'Impromptu de Versailles de Molière, la Femme juge et partie, en 5 actes, et en vers (c'est son meilleur ouvrage), l'École des Jaloux, la Dame médecin, Crispin gentilhomme; ces pièces ne manquent pas de gaieté, mais elles poussent la licence à l'excès. Son théâtre a été publié en 4 vol. in-12, Paris, 1775. M. O. Leroy a réduit en 3 actes La Femme juge et partie de Montfleury et l'a fait jouer avec succès en 1821.

MONTFORT, ch.-l. de c. (Landes), sur le Louts, à 20 kil. E. de Dax; 1600 hab. — M.-L'AMAURY, ch.-l. de c. (Seine-Oise), à 18 kil. N. O. de Rambouillet; 1600 hab. Blé, avoine, fruits, fromages, etc. Patrie de Simon de Montfort, dont on voit encore le château, auj. en ruines. — M.-LE-ROTROU, ch.-l. de c. (Sarthe), sur l'Huisne, à 19 kil. E. du Mans; 1000 hab. Fabrique de toiles. Grains, chanvre, fil, toile. — M.-SUR-MEU ou M.-LA-CANE, ch.-l. d'arr. (Ille-et-Vilaine), à 23 k. O. de Rennes; 1400 hab. Trib. de 1re inst. Toiles, fil, chanvre, cuirs, suif. Commerce de bois, bestiaux,etc. Eau ferrugineuse, restes de thermes romains. Anc. abbaye d'Augustins; ancien domaine des Montfort. — M.-SUR-RILLE, ch.-l. de c. (Eure), à 15 kil. S. E. de Pont-Audemer; 650 h. Papeterie. Anc. forteresse.

MONTFORT (Comtes de), famille bretonne, qui tirait son nom de Montfort-sur-Meu, près de Rennes, avait pour chef Jean de Montfort, 3e fils du duc de Bretagne Arthur II (m. en 1312) et frère consanguin du duc Jean III. Ce dernier, n'ayant pas d'enfants, assura de son vivant sa succession à sa nièce Jeanne de Penthièvre, qui était sa légitime héritière comme fille de Guy de Penthièvre, 2e fils d'Arthur; il la maria à Charles de Châtillon, plus connu sous le nom de Charles de Blois, neveu du roi de France. Jean de Montfort, qui avait d'abord paru reconnaître le droit de Jeanne, ne tarda pas, après la mort de Jean III (1341), à réclamer le titre de duc, et soutenu par les Anglais, il alluma en Bretagne une longue guerre civile. Après des succès fort divers, il mourut sans avoir pu réussir; mais son fils, nommé aussi Jean de Montfort, après avoir battu Charles de Blois à Auray (1364), fut reconnu pour duc et transmit le duché à ses descendants. V. JEAN IV et V.

MONTFORT (Simon, baron, puis comte de), fameux par ses expéditions contre les Albigeois, était né vers 1160, d'une famille originaire de Montfort l'Amaury. Il fit d'abord partie de la croisade prêchée en 1199 par Foulques de Neuilly, et se distingua en Palestine. Après son retour, il fut élu par les barons, en 1208, chef de la croisade formée en France contre les Albigeois, qui avaient à leur tête Raymond, comte de Toulouse. Il se signala dans cette guerre par son courage, mais aussi par sa cruauté ; il s'empara en 1209 de Béziers (où il fit, dit-on, près de 60 000 victimes), prit et saccagea Carcassonne, battit en 1213 devant Muret Pierre II d'Aragon, allié des Albigeois. qui assiégeait cette ville, dépouilla de ses États le comte de Toulouse, et s'en fit investir par le pape Innocent III. Il fut tué d'un coup de pierre en assiégeant Toulouse qui s'était révoltée, 1218. On l'avait surnommé le Machabée de son siècle. — Son fils aîné, Amaury de Montfort, ne sut pas conserver ses conquêtes, et fut obligé de les céder au roi de France Louis VIII, qui réunit ainsi le comté de Toulouse à la couronne (1226); il fut fait connétable en 1231. Dans la suite il partit pour la Terre-Sainte, et mourut, en 1241, au retour de cette expédition, durant laquelle il était tombé au pouvoir des Musulmans. — Un autre de ses fils, Simon, joua un grand rôle en Angleterre. V. ci-après.

MONTFORT (Simon de), comte de Leicester, fils puîné du chef de la croisade et d'une Anglaise, hérita de grands biens que sa famille avait acquis en Angleterre par suite de son alliance, et alla s'établir dans ce pays vers 1236 à la suite d'une discussion qu'il