Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/464

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l'abbé de Montesquiou, né en 1784 : il a fait avec gloire les guerres de l'Empire et s'est surtout distingué dans la campagne de Russie. Il était arrivé avant 1814 au grade de général de brigade; nommé depuis lieutenant général, pair de France, ambassadeur en Espagne (1838-40), il a rempli avec succès plusieurs missions difficiles; — et le comte Ambroise Anatole Augustin de M.-Fezensac, né en 1788, fils de la comtesse de Montesquiou, gouvernante du roi de Rome. Colonel et aide de camp de l'Empereur en 1804, il voulut le suivre à l'île d'Elbe, mais ne put en obtenir la permission. Élevé à la pairie par Louis-Philippe, il fut un des soutiens de la nouvelle monarchie. Ami des lettres, il a donné une traduction de Pétrarque en vers, et un recueil de poésies originales, sous le titre de Chants divers, 1843.

MONTESSON (Jeanne BÉRAUD DE LA HAYE DE RIOU, marquise de), née en 1737, d'une famille noble de Bretagne, morte en 1806, épousa jeune le marquis de Montesson, lieutenant général, et resta veuve à 32 ans. Pleine de grâces et de talents, elle inspira une vive passion au duc d'Orléans, petit-fils du régent; ce prince l'épousa en 1772, mais leur mariage dut rester secret. Elle fit le bonheur du prince en lui ménageant les plaisirs les plus variés, et établit chez elle un petit théâtre où elle jouait avec une société des pièces faites en partie par elle-même. Redevenue veuve en 1785, elle fit un noble usage du douaire que Louis XVI lui reconnut. Respectée par la Révolution, elle fut fort bien traitée par l'empereur Napoléon. Elle imprima ses œuvres en 1782 sous le titre d’Œuvres anonymes, 8 vol. in-8, à un très-petit nombre d'exemplaires. On y trouve des drames, des comédies, des poësies diverses, des romans, etc.

MONTET-AUX-MOINES (Le), ch.-l. de cant. (Allier), à 30 kil. S. O. de Moulins; 500 hab. Houille.

MONTEVERDE, ville d'Italie (Principauté Ultérieure), sur l'Ofanto, à 12 kil. O. de Melfi; 2200 hab. Évêché. Château fort.

MONTEVIDEO ou SAN-FELIPE, v. de l'Amérique mérid., capit. de la République de l'Uruguay et du dép. de Montevideo, sur la r. g. du Rio de la Plata, à 200 kil. de son embouchure et à 200 kil. N. E. de Buénos-Ayres, sur une petite péninsule ; env. 250 000 hab. Port ouvert aux vents d'ouest, dits pamperos. La ville est bâtie en amphithéâtre et assez régulière; mais elle n'est point pavée; on y manque d'eau dans les sécheresses ; l'hiver y est souvent très-froid, et l'été brûlant, orageux et insupportable. Grand commerce d'exportation : peaux brutes, cornes, crins, viandes salées, suif, laines, tabac, plumes d'autruche. Importation de farines, boissons, tissus, verreries, chapellerie, livres, mercerie, parfumerie, tabletterie, sel, fer, acier, houille, bois, goudron, cordages. — Cette ville a été fondée par une colonie de Buénos-Ayres. Elle souffrit beaucoup tant des guerres entre cette République et le Brésil que de celles qu'elle eut elle-même à soutenir contre Buénos-Ayres : elle fut bloquée par les Buenos-Ayriens de 1842 à 1848. — Le dép. de Montevideo, entre le Paraguay au N. O., le Brésil à l'E., l'Océan au S. E., le Buénos-Ayres au S., et l'Entre-Rios à l'O., est arrosé par l'Uruguay et le Rio-Negro. Ce pays fut enlevé en 1821 à l'État de Buénos-Ayres par les Brésiliens, qui lui donnèrent le nom de province Cisplatine. Il se rendit indépendant en 1828 sous le nom de République Cisplatine, et s'unit à la République de l'Uruguay.

MONTÉZUMA, roi du Mexique, régnait depuis 1502 et avait étendu au loin sa domination par ses conquêtes, lorsque les Espagnols, conduits par Cortez, débarquèrent dans ses États, en 1519. Quoiqu'ils eussent été assez bien accueillis par ce malheureux prince, les Espagnols s'emparèrent de sa personne, sous le prétexte d'une trahison, et le gardèrent en otage. Dans une insurrection que ses sujets avaient suscitée pour le délivrer, il fut blessé au moment où il s'avançait pour les engager à se soumettre. Il refusa de recevoir aucun secours et de prendre aucune nourriture, et se laissa mourir (1520). Il avait eu plusieurs enfants, dont le 4e, baptisé par les Espagnols, sous le nom de don Pedro, devint la tige des comtes de Montézuma et de Tula, dont le dernier rejeton est mort en 1836 à la Nouv.-Orléans. — Un autre Montézuma, dit le Vieux, avait déjà régné au Mexique avant l'arrivée des Espagnols, 1445-83.

MONTFAUCON, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), sur la Moine, à 14 kil. S. O. de Baupréau ; 800 hab. Il y fut conclu en 1800 un traité avec les chefs vendéens. — Ch.-l. de cant. (H.-Loire), à 15 kil. N. E. d'Yssingeaux; 800 hab. Rubans, scieries dé planches. — Ch.-l. de cant. (Meuse), à 34 kil. S. E. de Montmédy; 1000 h. Anc. abbaye, fondée en 650. Le roi Eudes y battit les Normands en 888.

MONTFAUCON, éminence voisine de Paris, entre les faubourgs St-Martin et du Temple, à 500m du bassin de La Villette. On y voyait jadis plusieurs gibets qui avaient été construits au commencement du XIVe siècle, selon les uns, par Enguerrand de Marigny ou par Pierre de la Brosse; selon d'autres, par Pierre Rémi. La tradition ajoute que le fondateur des gibets de Montfaucon y fut le premier pendu. On attachait à ces gibets tous les corps des criminels suppliciés à Paris, et leurs cadavres y restaient fort longtemps suspendus. A la Révolution, les gibets furent détruits, et Montfaucon devint une voirie pour les immondices de Paris et l'écarrissage des chevaux. En 1841, ce foyer d'infection, qui était situé aux portes mêmes de Paris, a été transporté dans la plaine des Vertus.

MONTFAUCON (Bernard de), savant bénédictin de la congrégation de St-Maur, ne en 1655, au château de Soulage près de Limoux (Aude), d'une famille noble, m. en 1741, servit d'abord avec distinction sous Turenne; mais, ayant perdu en peu de temps son père et sa mère, il renonça au monde et prit l'habit de St-Benoît à Toulouse en 1675. Il se livra avec ardeur à l'étude des langues et aux travaux d'érudition; fut appelé à Paris en 1687, s'y lia avec Ducange; puis visita les principales villes d'Italie, Rome surtout, où il fut fort bien accueilli du pape (1698). De retour dans sa patrie, il mit en ordre les riches matériaux qu'il avait recueillis, et publia plusieurs ouvrages étendus, remarquables par une érudition abondante et solide. Il fut reçu à l'Académie des inscriptions en 1719, et mourut à l'Abbaye de St-Germain, âgé de 87 ans. Ses principaux ouvrages sont : Diarium italicum, sive Monumentorum veterum, bibliothecarum notitiæ singulares, Paris, 1702, in-4; Collectio nova Patrum græcorum, 1706, 2 vol. in-fol.; Palæographia græca, 1708, in-fol.; l’Antiquité expliquée et représentée en figures, latin et français, 1719-24, 15 vol. in-fol. (ouvrage immense et qui, bien qu'imparfait, suffirait seul à la gloire de l'auteur); les Monuments de la monarchie française (jusqu'à Henri IV), 1729-33, 5 vol. in-fol.; Bibliotheca Bibliothecarum manuscriptorum nova, 1739, 2 vol. in-fol.; d'excellentes éditions de S. Athanase, Origène, S. Jean Chrysostôme; une trad. française des livres grecs de Philon sur la Vie contemplative, 1709, in-12. etc. Une partie de sa Correspondance a été publiée à Liége en 1855.

MONTFERRAND. V. CLERMONT-FERRAND.

MONTFERRAT, en ital. Monteferrato, ancien duché d'Italie, bornée au N. et à l'O. par le Piémont, au S. par la république de Gênes, à l'E. par le Milanais, avait pour capit. Casal. — Ce petit pays porta le titre de marquisat dès le Xe s., et fut possédé jusqu'au XVIe par des princes particuliers (V. ci-après). Il passa ensuite aux ducs de Mantoue (1586), pour lesquels il fut érigé en duché (1573). En 1631, le duc de Mantoue en céda une partie aux ducs de Savoie, qui furent investis du reste par l'empereur en 1708. En 1797 le Montferrat entra dans la république Cisalpine; en 1805 il fut compris dans le roy. d'Italie où il fit partie des dép. de Marengo, Sesia, Pô, Sture, Montenotte et Gênes. En 1815 il fut donné