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tante, et fut secondé dans es travail par Leibnitz; mais il fut impossible d'arriver à un résultat. On a de lui quelques écrits, en latin, relatifs à la réunion, qui se trouvent dans les Œuvres de Bossuet.

MOLAY (Jacques de), dernier grand maître des Templiers, entra dans l'ordre vers 1265, et en devint grand maître à la mort de Guillaume de Beaujeu. Il se préparait à réparer les revers éprouvés par les Chrétiens dans l'Orient, lorsqu'il fut, en 1305, rappelé en France sous un prétexte par le pape Clément V, qui, de concert avec Philippe le Bel, avait décidé la suppression de l'ordre. Il reçut d'abord un très-bon accueil; mais, en 1306, le roi le fit arrêter à l'improviste en accusant tous les Templiers des crimes les plus odieux. Livré à la torture, Jacques de Molay fit quelques aveux, qu'il rétracta plus tard; il n'en fut pas moins condamné à mort : il fut brûlé vif le 18 mars 1314, à la pointe de l'île de la Cité, sur l'emplacement du terre-plein actuel du pont Neuf. On rapporte qu'il cita à jour fixe devant le tribunal de Dieu le pape et le roi, qui, en effet, ne tardèrent pas à y comparaître. Il est probable que les Templiers s'étaient livrés, en effet, à de coupables désordres; mais leur principal crime était de posséder d'immenses richesses qui excitèrent la cupidité de Philippe le Bel. Cette catastrophe a fourni à Raynouard le sujet de sa belle tragédie des Templiers. V. TEMPLIERS.

MOLD, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Flint, dans le pays de Galles, à 22 kil. O. de Chester; 5100 h. Jolie église, vieux château; filatures hydrauliques.

MOLDAU (la), riv. de Bohême, sort du Bœhmerwald, devient navigable à Hohenfurt, arrose Prague et Budweiss, et tombe dans l'Elbe vis à vis de Melnik, après un cours de 310 kil. Ses principaux affluents sont le Beraun et la Sazava.

MOLDAVA (la), riv. qui donne son nom à la Moldavie, naît en Galicie, traverse la Bukovine, puis entre en Moldavie, où elle arrose Baja et Roman, et tombe dans le Sereth, après un cours de 150 kil.

MOLDAVIE, appelée au moyen âge Bogdanie, une des Principautés danubiennes, vassale de la Turquie, bornée au N. et à l'E. par la Russie, à l'O. par la Transylvanie et la Valachie, au S. par le Danube et la Turquie; env. 6 millions d hectares; 1 600 000 h.; ch.-l., Jassy. Au N. s'étendent les monts Krapacks. Rivières : le Danube, le Prouth, le Sereth, la Moldava, la Bistritza. Climat très-variable; sol très-fertile en grains, vins, tabac, légumes, fruits, melons, etc.; vastes forêts, excellents pâturages. Bétail, abeilles innombrables; gibier et beaucoup de poisson. Quantité de nitre et de naphte; mines d'or, d'argent et de cuivre, riche mine de sel gemme (à Okna). Le pays est gouverné par un prince qui a porté indistinctement les noms d’hospodar et de vayvode. La population se distingue en boyards et paysans; les paysans, longtemps asservis à la glèbe, n'ont commencé à être affranchis qu'en 1746 et ce n'est qu'en 1855 que le servage a été aboli dans toute la principauté. La grande majorité des habitants professe la religion grecque. — La Moldavie a fait successivement partie de la Dacie Trajane, de l'empire des Goths, des Huns, des Avares; elle fut occupée du IXe au XIIIe siècle par les Petchenègues, les Cumans et les Mongols. Après l'expulsion de ces derniers, Bogdan vint vers 1290, selon les uns, vers 1352, selon les autres, avec des Valaques et des Polonais, fonder sur les bords de la Moldava un faible État qui prit le nom de Bogdanie, et qui, en 1432, finit par se reconnaître vassal de la Pologne. Sous Étienne le Grand (1458-1504), la Moldavie, placée entre la Turquie et la Pologne, qui s'en disputaient la suzeraineté, jouit de quelque indépendance; mais en 1513, Bogdan II se soumit à Sélim I. En 1538, Soliman II dépouilla Pierre Rarech, le dernier prince du sang de Bogdan, et mit à sa place Étienne Laputiet : depuis ce moment, la Porte nomma toujours le vayvode de Moldavie; elle le choisissait parmi les Grecs Fanariotes. Par le traité de Jassy, 1792, la Russie parvint à exercer sur cet État un droit de protection qui fut fortifié par le traité d'Andrinople (1829); elle s'en fit même céder en 1812 une province importante, la Bessarabie; mais cette province a été en partie restituée aux Moldaves après la guerre de Crimée, en 1856. A la même époque, une plus grande indépendance fut assurée à la Moldavie, ainsi qu'à la Valachie : par suite de la Convention de Paris (19 août 1858), le pouvoir fut confié dans chaque principauté à un hospodar élu à vie et à une assemblée élective, avec une commission centrale siégeant à Fokschani. Les deux principautés élurent un même chef, le colonel Couza, et s'unirent en 1866 en une seule principauté, la Roumanie. V. ce nom.

Souverains de la Moldavie.
Bogdan I ou Dragoch, 1352 Roman II, 1447
Sas, 1361 Pierre III, 1448
Pierre I? Étienne V, 1449
Étienne II? Alexandre II, 1450
Latsko, 1365 Bogdan III,
Bogdan II, 1373 Pierre IV, 1456
Pierre II, 1379 Étienne VI, le Grand, 1458
Étienne III (ou I), 1390 Bogdan IV, 1504
Jaga et Roman I, 1400 Étienne VII, 1517
Alexandre I, le Bon, 1401 Étienne VIII, 1526
Élie et Étienne IV, 1432 Pierre V (Rarech), 1527-38

MOLÉ (Édouard), illustre magistrat, né à Paris en 1558, m. en 1614, était fils d'un conseiller au parlement de Paris, et devint lui-même conseiller. Enveloppé avec toute sa compagnie dans les persécutions qu'eut à subir le parlement en 1589, il fut quelque temps emprisonné à la Bastille par les Ligueurs, puis contraint d'accepter d'eux les fonctions de procureur général et de prêter serment à la Ligue. Quoique exposé à mille dangers, il resta fidèle de cœur à la cause royale, négocia en secret l'abjuration de Henri IV, et fit rendre par le parlement l'arrêt qui assura la couronne à ce, prince en excluant du trône les femmes et les étrangers (28 juin 1593). Il fut nommé en 1602 président à mortier, charge qui resta dans sa famille jusqu'à la Révolution.

MOLÉ (Matthieu), fils du préc., né en 1584, m. en 1656, fut nommé conseiller au parlement en 1606, procureur général en 1614, 1er président en 1641, et enfin garde des sceaux en 1650. Dans sa longue carrière il déploya une fermeté à toute épreuve, et sut concilier les devoirs d'un grand citoyen avec l'obéissance due à l'autorité royale. Pendant les troubles de la Fronde, il alla, à travers les barricades et au risque de sa vie, réclamer à la cour deux conseillers arbitrairement arrêtés (1648). Député à Rueil auprès de la reine pour proposer un accommodement, entre la cour et les Frondeurs (1649), il parvint par ses efforts à rapprocher les partis. Apprenant que sa présence au ministère était pour quelques-uns un obstacle à la réconciliation, il s'empressa de résigner les sceaux; mais on fut bientôt obligé de les lui rendre, et il les conserva jusqu'à sa mort. On cite de ce magistrat plusieurs traits qui prouvent que le courage civil ne le cède en rien au courage militaire. Matthieu Molé a laissé de précieux Mémoires, qui ont été publiés pour la Société de l'histoire de France par Aimé Champollion-Figeac, Paris, 1855-58, 4 vol. in-8.

MOLÉ (Matthieu Louis), homme d'État, issu de famille parlementaire, né à Paris en 1781, m. en 1855, avait pour père le président Molé de Champlâtreux, qui périt en 1794 sous la hache révolutionnaire. Emmené par sa mère à l'étranger, il revint en France en 1796, se fit admettre à l'École centrale des travaux publics (École polytechnique), publia dès 1806 des Essais de morale et de politique, qui attirèrent sur lui l'attention du public et celle de Napoléon; devint successivement maître des requêtes au Conseil d'État (1806), préfet de la Côte-d'Or (1807), conseiller d'État, directeur général des ponts et chaussées (1809), remplaça en 1813 le duc de Massa, dans les fonctions de grand juge (ministre de la justice), et reçut alors le titre de comte de l'Empire. Néanmoins, il refusa pendant les Cent-jours (1815) de si-