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pendant les fêtes de Minerve, aux maîtres dont ils fréquentaient les écoles. Ces fêtes avaient lieu le XIVe jour des calendes d’avril (19 mars).

MINERVE, Athênê et Pallas chez les Grecs, déesse de la sagesse, des arts et de la guerre, était fille de Jupiter : selon la Fable, elle sortit tout armée du cerveau de ce dieu. Lorsque Cécrops bâtit la capitale de son royaume, Neptune et Minerve se disputèrent l’honneur de donner un nom à la ville nouvelle : cet honneur ayant été réservé à la divinité qui produirait la chose la plus utile à la ville, la déesse créa l’olivier, symbole de paix et d’abondance, tandis que son rival fit sortir de terre un cheval, symbole de guerre ; le prix fut adjugé à Minerve, et elle donna à la ville le nom d’Athènes (qui n’est autre que son propre nom en grec). On raconte que Minerve disputa à Vénus et à Junon, sur le mont Ida, la pomme d’or qui devait être le prix de la beauté ; qu’elle anima l’homme formé par Prométhée du limon de la terre, qu’elle donna à Pandore l’adresse et le don de broder et de coudre ; qu’elle changea Arachné en araignée pour avoir osé lutter avec elle dans l’art de filer, qu’elle institua l’Aréopage pour juger Oreste, etc. Comme déesse de la guerre, elle protège le courage dirigé par l’intelligence et aidé par l’adresse, en opposition avec Mars, qui est le dieu du courage brutal : c’est à ce titre qu’elle favorise les plus grands héros, Hercule, Persée, Bellérophon, Ulysse, qu’elle prend parti pour les Grecs dans la guerre de Troie et qu’elle leur inspire l’idée du cheval de bois. Minerve est en outre la Vierge par excellence (parthénos) ; elle punit les regards indiscrets de Tirésias, en le privant de la vue ; dans les processions, on ne promenait son image que voilée. On représente Minerve vêtue de la tunique spartiate sans manches et recouverte du peplum, avec le casque sur la tête, la poitrine défendue par l’égide, formée de l’écaille d’un reptile monstrueux dont elle délivra la Libye, tenant d’une main une lance et de l’autre un bouclier argolique qui porte la tête affreuse de Méduse (on donne aussi, mais à tort, le nom d’égide à ce bouclier), ayant auprès d’elle une chouette, son oiseau favori, et divers instruments de mathématiques. Les anciens célébraient beaucoup de fêtes en l’honneur de cette divinité ; les plus remarquables étaient les Panathénées chez les Athéniens, les Minervales ou Quinquatries chez les Romains. Elle avait des temples par toute la Grèce : le plus célèbre est le Parthénon d’Athènes, où se trouvait une admirable statue colossale de la divinité exécutée par Phidias en or et en ivoire (elle a été reproduite de nos jours par Simart). Dans les temps les plus anciens, elle avait été représentée par une statue grossière en bois dite Palladium. V. ce mot.

MINERVE, vge du dép. de l’Hérault, à 17 kil. S. de St-Pons ; 400 hab. Ville jadis forte et florissante : Simon de Montfort y fit brûler 4000 hérétiques.

MINESOTA. V. MINNESOTA.

MINEURS (Frères). V. FRANCISCAINS et CORDELIERS.

MINGRÉLIE, l’ancienne Colchide, région du gouvt russe du Caucase, entre le Caucase au N., l’Iméréthie à l’E., la mer Noire à l’O. : 93 kil. sur 78 ; env. 1 000 000 d’hab. ; chef-lieu, Redout-Kaleh. Sol plat et très-fertile. Les Mingréliens sont de même race que les Circassiens et les Géorgiens ; ils sont gouvernés par un prince nommé le dadian, devenu vassal des Russes depuis 1803 ; les habitants sont divisés en trois castes les princes, les nobles et les bourgeois, et les distinctions de classes y subsistent dans toute leur force. Ils ont un évêché grec-russe.

MINHO, Minius, riv. d’Espagne et de Portugal, naît dans la Galice, coule au S. et au S. O., forme depuis Melgaza la limite des deux royaumes, et tombe dans l’Océan Atlantique à la Guardia, à 60 kil. S. O. de Vigo ; cours, 270 kil. Ce fleuve tire, dit-on, son nom du vermillon (minium) qu’on trouve sur ses bords. — Le Minho donne son nom à une province du Portugal, bornée au N. par ce fleuve, qui la sépare de l’Espagne, à l’O. par l’océan Atlantique, au S. par le Douro, qui la sépare de la prov. de Beira,. et à l’E. par la province de Tras-os-Montes, 7344 kil. carrés ; 855 000 hab. ; ch.-l., Oporto. Sol fertile en céréales, fruits, vins ; beaux pâturages.

MINIEH, v. de la Moyenne Égypte, ch.-l. de prov., à 206 kil. S. S. O. du Caire. Filatures de coton à l’européenne ; fabriques de vases pour rafraîchir l’eau. — La prov. de Minieh, entre celles de Beni-Soueyf au N. et de Syout au S., est traversée par le canal de Joseph, qui y joint le Nil ; env. 160 000 hab.

MINIMES, religieux de l’ordre des Franciscains, fondés en 1435 par S. François de Paul. V. ce nom.

MINIUS, rivière d’Hispanie. V. MINHO.

MINNESINGER (c.-à-d. chantre d’amour), nom donné en Allemagne pendant le moyen âge à des poëtes analogues à nos troubadours et à nos trouvères. Ils étaient nobles pour la plupart et vivaient à la cour des princes. L’empereur Frédéric II, l’archiduc d’Autriche Léopold IV, le roi de Bohême Wenceslas, leur accordèrent une protection particulière. Les plus distingués de ces poëtes vécurent à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIIe. Les plus célèbres sont Henri de Weldek, Ulrich de Lichtenstein, Wolfram d’Eschenbach, Henri d’Ofterdingen, Conrad de Wurzbourg, J. Hadlub. Une collection de leurs chants fut faite au XIVe siècle par Rudger de Menesse ; ils ont été publ. de nouveau à Leipsick, de 1838 à 1856, par Von der Hagen, en 5 vol. in-4.

MINNESOTA, nouvel État de l’Union américaine, au N. de l’Iowa et à l’O. du Wisconsin, est ainsi appelé d’une riv. qui l’arrose, et qui est un des affluents de droite du Mississipi. Il formait précédemment le district des Mandanes. Il a été admis comme Territoire en 1849, et comme État en 1858. Il compte env. 200 000 h. et a pour capit. St-Paul.

MINOA, petite île du golfe Saronique, sur la côte de la Mégaride, était jointe par un pont à Nisée, qui portait elle-même le nom de Minoa. — C’est aussi le nom de quelques villes de Grèce dont une dans l’île de Crète, sur la côte N. et vraisemblablement sur l’emplacement de la ville moderne de La Canée.

MINORQUE, Balearis Minor en latin, Menorca en espagnol, une des îles Baléares, par 1° 31′ 2° 8′ long. E. et 39° 47′ 40° 41′ lat. N., est la 2e en grandeur, et a 53 kil. sur 22 ; 40 000 hab. ; ch.-l., Port-Manon. Côtes échancrées (baies, ports, anses). Sol varié ; climat plus chaud que celui des autres Baléares ; très-peu d’eau douce. Grand commerce de cabotage. — Les Carthaginois firent de bonne heure la conquête de cette île et y fondèrent les villes de Mahon et de Jamnon ; ensuite Minorque passa successivement sous la domination des Romains, des Vandales, des Maures, des Aragonais et des Castillans. Elle tomba au pouvoir des Anglais en 1708, leur fut reprise par les Français en 1756, et rendue en 1763 ; elle revint en 1779 aux Espagnols, à qui la paix de Paris en confirma la possession (1783).

MINOS, roi de Crète et législateur des Crétois, passait pour être fils de Jupiter et d’Europe. Il vint d’Asie s’établir en Crète, et gouverna avec tant de sagesse que les poëtes en ont fait un des juges des Enfers. Il épousa Pasiphaé et en eut un fils nommé Androgée, que les Athéniens firent périr. Il vengea la mort de ce prince en ravageant l’Attique, et en imposant à Égée, roi de cette contrée, un tribut annuel de sept jeunes filles et de sept jeunes garçons, qui devaient être dévorés par le Minotaure. Il fit construire par Dédale le célèbre labyrinthe de Crète pour y enfermer le Minotaure ; plus tard il y enferma Dédale lui-même avec son fils Icare. — Quelques historiens distinguent deux Minos, dont l’un aurait régné vers 1500 av. J.-C., et l’autre vers 1330. C’est ce dernier qui serait le père d’Androgée et le juge des Enfers : il était frère de Rhadamante.

MINOTAURE, monstre de Crète, moitié homme, moitié taureau, né du commerce de Pasiphaé avec un taureau, fut enfermé dans un labyrinthe construit par Dédale, où on le nourrissait de chair humaine