Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus haute antiquité un Etat puissant : il semble avoir précédé l’Égypte elle-même dans la civilisation et lui avoir donné, avec ses habitants, ses institutions religieuses et politiques. On croit que Thèbes n'était qu'une de ses colonies. Les monuments du Méroé sont aussi nombreux que ceux de l’Égypte et offrent le même caractère colossal : ce sont comme en Égypte des temples, de vastes tombeaux couverts de sculptures remarquables. — L'empire de Méroé donna probablement des maîtres à quelques parties de l’Égypte; on pense que la 25e dynastie, ou dynastie éthiopienne, était sortie du Méroé; mais il est indubitable que Sésostris (Ramsès III) en fit la conquête. Le gouvt du Méroé fut longtemps entièrement théocratique : il y avait un roi, mais au-dessus de lui s'élevait le prêtre, qui pouvait le mettre à mort au nom de la divinité. Un certain Ergamène, roi du Méroé au IIIe siècle av. J.-C. (du temps de Ptolémée II), opéra une révolution et massacra tous les prêtres dans leur temple. — Méroé, la capitale, située au N. E. de Chendi, probablement près du village actuel d’Assour, était remarquable par son commerce, ses monuments, son oracle d'Ammon et son collège de prêtres. Il en reste de belles ruines. — Le pays de Méroé n'a été exploré par des Européens que dans le dernier siècle. Caillaud, qui a visité cette contrée de 1819 à 1822, et Hoskins, qui l'explora en 1834, sont ceux à qui l'on doit les renseignements les plus positifs.

MÉROPE, fille de Cypsélus, roi d'Arcadie, épousa (vers 1190 av. J.-C.) Cresphonte, un des Héraclides, et roi de Messénie, dont elle eut 3 enfants. Polyphonte réussit, à la faveur d'une attaque nocturne, à tuer l'époux de Mérope et deux de ses fils, et il allait la contraindre à l'accepter lui-même pour époux et à lui donner la couronne, quand Épytus (autrement Téléphonte), 3e fils de la reine, élevé en secret par Cypsélus, reparut et tua l'assassin de son père. Les malheurs de Mérope ont été plusieurs fois mis sur la scène, notamment par Maffei, puis par Voltaire, à qui ils ont inspiré un de ses chefs-d'œuvre.

MÉROVÉE, roi franc, que l'on considère comme le 3e  de nos rois, était fils ou gendre de Clodion. Il naquit vers 411, vint à Rome dans sa jeunesse afin de faire confirmer par Valentinien III la paix qu'Aétius avait conclue avec les Francs, et resta depuis l'ami des Romains. D'abord associé au trône par son père, il lui succéda en 448 ou 451. Il s'unit en 451 au général romain Aétius contre Attila, roi des Huns, et remporta sur le roi barbare une victoire sanglante dans les Champs Catalauniens. Il m. en 457 et eut pour successeur son fils Childéric I. On a donné d'après lui le nom de Mérovingiens aux rois de la 1re  race.

MÉROVÉE, fils de Chilpéric I, fut séduit par les charmes de Brunehaut, sa tante, alors captive à Rouen, et l'épousa malgré son père (576). Poursuivi par Chilpéric, à l'instigation de Frédégonde, il se réfugia dans une église; mais il tomba peu après entre les mains de son père qui l'enferma dans un monastère. Après avoir tenté vainement de se réunir à Brunehaut en Austrasie, il se fit tuer pour ne pas tomber entre les mains de Frédégonde, 577.

MÉROVINGIENS, nom donné aux rois de France de la 1re  race, est tiré de Mérovée, fils de Clodion et aïeul de Clovis. Pour la série de ces princes, V. FRANCE.

MERRIMACK, riv. des États-Unis, naît dans le New-Hampshire, où elle sort des White-Mountains, coule au S., puis au N. E., traverse le Massachussets, et tombe dans l'Atlantique à Newbury-Port, après un s cours de 280 kil.

MERRY ou MÉDÉRIC (S.), Medericus, né près d'Autun au VIIe siècle, entra dans l'ordre de S.-Benoît. Élevé, malgré ses refus, à la dignité d'abbé, il quitta son couvent par humilité; mais il fut rappelé par les instances de ses religieux et des fidèles. Dans sa vieillesse il voulut visiter le tombeau de S. Denis; mais, surpris à Paris par une maladie, et ne pouvant aller plus loin, il s'arrêta dans une caverne près d'une chapelle de St-Pierre et y mourut. Cette chapelle est devenue l'église St-Merry, qu'on voit encore à Paris, rue St-Denis. On le fête le 29 août.

MERSEBOURG, v. des États prussiens (Saxe pruss.), ch.-l. de la régence de son nom, sur la r. g. de la Saale à 90 kil. S. S. E. de Magdebourg ; 12 000 h., Cathédrale (possédant le plus grand jeu d'orgues de l'Allemagne et 4 très-belles tours), palais épiscopal, gymnase, institutions de bienfaisance. Poudre, amidon, vinaigre, etc.; haras royal. Henri l'Oiseleur y battit les Hongrois en 933. Aux env. est Mœlsen, fameux par la bataille où fut tué, en 1080, Rodolphe de Rheinfelden, dont on voit le tombeau dans la cathédrale. — La régence de Mersebourg, entre celles de Magdebourg et de Francfort-sur-l'Oder, a 196 kil. sur 106, et env. 700 000 hab. Elle est divisée en 17 cercles. Le sol en est fertile. On y exploite des mines d'argent, fer, cuivre, houille, et de nombreuses carrières.

MERS-EL-KÉBIR (c.-à-d. le grand port), Portus Magnus, v. de l'Algérie occid., sur la mer, à 8 kil. N. O. d'Oran, dont elle est le port; 4000 hab. Château fort. Riches bancs de corail. Prise par les Espagnols en 1506; reprise par les Maures en 1732, occupée par les Français depuis 1830. Poste important.

MERSEN, v. de l'anc. Austrasie, à 26 kil. N. O. d'Aix-la-Chapelle, est auj. comprise dans le Limbourg hollandais. Les trois fils de Louis le Débonnaire y conclurent en 847 un [[w:Traité de Meerssen|traité] d'alliance offensive et défensive. Par un 2e  traité, conclu en 870, Charles le Chauve et Louis le Germanique se partagèrent la Lorraine, qui, par la mort du roi Lothaire le Jeune, devait revenir à Louis II, son frère.

MERSENNE (le P. Marin), savant minime, né en 1588, à Oizé dans le Maine, m. à Paris en 1648, fut le condisciple de Descartes au collége de La Flèche, et resta son ami jusqu'à sa mort. Il était lui-même très-versé dans les sciences, mais il est surtout connu par ses liaisons avec les principaux savants : fixé à Paris, il entretenait correspondance avec eux et était leur intermédiaire. Outre plusieurs ouvrages de théologie, on a du P. Mersenne : les Méchaniques de Galilée, trad. de l'italien, Paris, 1634; Harmonie universelle, contenant la théorie et la pratique de la musique, etc., 1636; la Vérité des sciences, contre tes Sceptiques et les Pyrrhoniens, 1638; Cogitata physico-mathematica, 1644; Universæ geometriæ mixtæque mathematicæ sypnosis, 1644; Novæ observationes physico-mathematicæ, quibus accessit Aristarchus Samius, 1647; Caloptrique, 1652 (posthume). Sa Vie a été écrite par le P. Hilarion de Coste, 1649.

MERSEY, riv. d'Angleterre, se forme dans le comté de Chester de la réunion de l'Etherow et du Goyt, à 6 kil. E. de Stockport, sépare le comté de Chester de celui de Lancastre, reçoit la Tame, l'Irwell et le Wewer et se jette par un vaste estuaire dans la mer d'Irlande, à 4 kil. au-dessous de Liverpool, après un cours de 100 kil. Navigation très-active.

MERTHYR-TYDVIL, v. d'Angleterre (Glamorgan), dans le pays de Galles, sur le Taff, à 36 kil. N. O. de Cardiff; 64 500 hab. Canal, chemin de fer, grandes usines. Ce n'était qu'un petit village avant 1755. Riches mines de houille et de fer, la ville la plus importante du pays pour ces produits; 6000 personnes travaillent à la houille, et 11 000 au fer.

MÉRU, ch.-l. de c. (Oise), à 26 kil. de Beauvais; 2700 hab. Tabletterie; mégisserie, etc.

MÉRULA (c.-à-d. merle), surnom d'une branche de la famille Cornelia qui a fourni à la république romaine plusieurs magistrats distingués, notamment L. Cornelius Mérula, consul l'an 193 av. J.-C., qui battit les Boïens près de Mutine (Modène); et un autre L. Cornelius Mérula, qui fut nommé consul l'an 87 av. J.-C. en remplacement de Cinna, mais qui, après le retour de Marius, fut obligé de se démettre en faveur de son adversaire, et se donna la mort.

MÉRULA (George), en ital. Merlo, l'un des restaurateurs des études en Italie, né vers 1424 à Alexandrie, mort en 1494, vint en 1482 se fixer à Milan sur l'invitation du duc Ludovic Sforce, qui le char-