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MERCATOR (Nic.), géomètre, dont le vrai, nom était Kauffmann, né vers 1625 dans le Hoistein, m. à Paris en 1687, passa en 1660 en Angleterre, où il fut élu membre de la Société royale de Londres, puis vint se fixer en France, où il fut employé, à cause de ses connaissances dans l’hydraulique, à l’établissement des fontaines de Versailles. On a de lui : Cosmographia, sive Descriptio cœli et terræ, Dantzick, 1651 ; Rationes mathematicæ, 1653 ; Logarithmotechnia. Londres, 1668-1674.

MERCENAIRES (Guerre des), guerre terrible que Carthage eut à soutenir en Afrique contre ses troupes mercenaires, qui s’étaient révoltées parce qu’elles n’étaient pas payées. Elle eut lieu pendant l’intervalle de la 1re à la 2e guerre punique (241-38). Mathos et Spendius furent les principaux chefs des rebelles ; Amilcar, chargé de les combattre, réussit à enfermer dans un défilé un corps d’insurgés, et les fit tous massacrer à mesure qu’ils en sortaient : de 40 000 hommes, pas un n’échappa. On nomma cette guerre la Guerre inexpiable, à cause des fureurs auxquelles elle donna lieu de part et d’autre.

MERCI (Ordre de la) ou DE LA RÉDEMPTION, ordre religieux institué en 1223 à Barcelone en Espagne, par Pierre de Nolasque, gentilhomme français, pour la rédemption des chrétiens réduits en esclavage par les Infidèles, suivait la règle de S.-Augustin. Les membres prirent le nom de Confrères de la Congrégation de Notre-Dame de Miséricorde. Primitivement, Ils étaient généralement des laïques : ce n’est qu’à partir de 1308 qu’ils ont suivi l’usage adopté par les autres ordres religieux de se faire ordonner prêtres. Le P. Gonzalès y introduisit vers 1600 une réforme, qui fut approuvée par Clément VIII : ceux qui la suivirent allaient nu-pieds, pratiquaient la retraite, la pauvreté et l’abstinence.

MERCIE, un des sept royaumes de l’Heptarchie anglo-saxonne, était situé au centre de la Grande-Bretagne, comprenait les comtés actuels de Glocester, Worcester, Leicester, Northampton, Bedford, Buckingham, Derby, Nottingham, Hereford, Warwick, Chester, Lincoln, et avait Lincoln, pour capitale. Il fut fondé en 584 (le dernier de l’Heptarchie) par Creoda ou Crida, chef angle. - Ses principaux princes furent : Penda (625-55) ; Ethelreld, qui réunit à ses États le comté de Lincoln (679) ; Kenred, qui se fit moine à Rome en 709 ; Offa (757-96), qui fut sur le point de régner sur les sept royaumes ; Wiglef, vaincu en 824 par Egbert, roi de Wessex. Ce roy. fut détruit eu 918 par Édouard, roi d’Angleterre. — Mercie vient de mark (frontière) ; ce royaume, le plus méridional des trois royaumes angles, en formait en effet la frontière.

MERCIER (L. Sébastien), écrivain, né à Paris en 1740, m. en 1814, débuta par des héroïdes et par des pièces de théâtre qui eurent peu de succès ; il se mit alors à déclamer contre nos poëtes classiques, et composa un Essai sur l’art dramatique, où il recommandait un genre analogue à celui qu’on a depuis nommé romantique. En 1771, il publia l’An 2440, ou Rêve s’il en fut jamais, espèce de roman politique, dans lequel il annonçait des changements qui devaient bientôt se réaliser en partie. Il fit paraître en 1781 le Tableau de Paris, composition indigeste, qui néanmoins obtint la vogue, grâce à d’excellentes remarques sur les mœurs et à l’indication de réformes utiles ; poursuivi pour cet ouvrage, il se réfugia en Suisse, où il l’acheva. De retour en France au moment de la Révolution, il rédigea, avec Carra, les Annales patriotiques, journal libéral, mais modéré ; fut député à la Convention, puis entra au Conseil des Cinq-Cents. Il fut nommé membre de l’Institut et professeur d’histoire aux Écoles centrales lors de la création de ces établissements. Mercier avait la manie du paradoxe ; non content d’attaquer Boileau, Corneille, Racine, Voltaire, il voulut encore réfuter le système de Newton, qu’il ne comprenait pas ; il déclama aussi contre la philosophie et les sciences, ce qui le fit surnommer le Singe de Jean-Jacques. On trouve dans ses écrits un néologisme révoltant. Outre les ouvrages cités, on a de lui son Théâtre, 4 vol. in.-8,1778-84 (on y remarque l’Habitant de la Guadeloupe, la Brouette du Vinaigrier, Jean Hennuyer) ; Néologie ou Vocabulaire des mots nouveaux ou à renouveler, 1801.

MERCIER DE ST-LÉGER (l’abbé Barthélémy), bibliographe, né à Lyon en 1734, m. à Paris en 1799, entra chez les Génovéfains, devint bibliothécaire à Ste-Geneviève et obtint de Louis XV l’abbaye de St-Léger. Il fut nommé en 1792 membre de la Commission des monuments. On a de lui : Supplément à l’histoire de l’Imprimerie de Prosper Marchand, 1775 ; Lettres au baron de Heiss sur des éditions rares du XVe siècle, 1783. Il a travaillé aux Mémoires de Trévoux, à l’Année littéraire et au Journal des Savants.

MERCŒUR, ch.-l. de cant. du dép. de la Corrèze, à 40 kil. S. E. de Tulle, 1000 h. - Mercœur a donné son nom à une anc. maison d’Auvergne qui remonte au Xe siècle et dont les biens finirent par passer dans la maison de Bourbon. Confisqué sur le connétable de Bourbon, ce domaine fut donné par François I à Antoine, duc de Lorraine, qui avait épousé Renée de Bourbon (sœur cadette du connétable) ; il.fut érigé en duché par Charles IX en faveur de Nic. de Lorraine, fils d’Antoine (1569), puis passa dans la maison de Conti.

MERCŒUR (Phil. Emm. DE LORRAINE, duc de), vaillant capitaine, fils de Nic. de Lorraine, comte de Vaudemont et 1er  duc de Mercœur, né a Nomény en 1558, épousa Marie, héritière de Sébastien de Luxembourg, duc de Penthièvre, et fut nommé en 1582 gouverneur de la Bretagne par Henri III, qui avait épousé sa sœur, Louise de Lorraine. Il entra dans la Ligue, se déclara le chef des Ligueurs en Bretagne après l’assassinat des Guises (1588), traita directement avec les Espagnols et leur livra le port de Blavet. Il signa une trêve avec Henri IV en 1595, se soumit entièrement en 1598, et maria sa fille unique au duc de Vendôme, bâtard du roi. En 1601, il alla commander en Hongrie l’armée de Rodolphe II, attaqué par les Turcs, et obtint quelques succès. Il mourut pendant son retour, à Nuremberg, en 1602.

MERCŒUR (Élisa), jeune fille poëte, née à Nantes en 1809, déploya un talent précoce et, publia dès 1827, à Nantes, un recueil de Poésies, qui fut bien accueilli ; mais, sans fortune, obligée de soutenir sa mère par son travail, elle eut sans cesse à lutter contre la gêne. Elle vint se fixera Paris en 1828, et y obtint une pension de 1200 fr. ; épuisée par le chagrin et le travail, elle succomba en 1835 à une maladie de langueur. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1843, avec une Notice par sa mère. Ses poésies sont pleines de sensibilité et de grâce.

MERCURE, Mercurius, fils de Jupiter et de la nymphe Maia, est le dieu de l’éloquence, du commerce et des voleurs ; il remplissait aussi les fonctions de messager des dieux et conduisait les âmes des morts aux enfers. On le fait naître sur le mont Cyllène, en Arcadie. Dès son enfance, il se signala par son adresse et ses larcins : il déroba le trident de Neptune, l’épée de Mars, la ceinture de Vénus ; il fut pour ces méfaits exilé sur la terre, et réduit, ainsi qu’Apollon, à garder les troupeaux d’Admète. Il changea l’indiscret Battus en pierre de touche, déroba les troupeaux, les armes et la lyre d’Apollon, et se servit de cette dernière pour endormir Argus, le gardien de la vache Io ; il délivra Mars de la prison où Vulcain l’avait enfermé, et enchaîna Prométhée sur le mont Caucase, etc. On le représente sous la figure d’un beau jeune homme, coiffé du pétase, avec des ailes aux épaules et aux talons, et tenant un caducée à la main. Les Grecs donnaient à ce dieu le nom d’Hermès. V. HERMÈS.

MERCUREY, vge de France (Saône-et-Loire), à 13 kil. N. O. de Châlon ; 700 hab. Bons vins.

MERCURIALIS (Jérôme), médecin, né à Forli en 1530, mort en 1606, enseigna et exerça son art à Padoue, à Bologne, à Pise, et fut appelé à Vienne par