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et à 8 kil. N. E. de Monaco; 5000 h. Ville industrieuse et commerçante. Petit port. Culture de l'oranger, du citronnier. Essences, huile de senteur. — On dérive le nom de Menton, par corruption, de Memoria Othonis, nom qui aurait été donné à ce lieu en mémoire d'une bataille qu'Othon y gagna sur Vitellius. Cette ville appartenait aux princes de Monaco depuis 1346; elle se rendit indépendante en 1848, et fut réunie à la France avec Roquebrune, en 1861, par traité avec le prince de Monaco.

MENTOR, ami d'Ulysse, à qui ce prince confia le soin de sa maison et l'éducation de son fils pendant qu'il était au siége de Troie, est célèbre par sa sagesse. Selon la Fable, Minerve avait pris sa figure pour instruire le fils d'Ulysse; cette tradition a été adoptée par Fénelon dans son Télémaque.

MENTOR, ciseleur grec du siècle de Périclès, excellait dans l'art de sculpter le bronze, l'argent et l'or. Parmi ses chefs-d'œuvre Pline cite 4 vases placés dans le temple de Diane à Éphèse et au Capitole. Ses ouvrages devinrent très-rares, et montèrent par suite à un prix exorbitant.

MENTOR, de Rhodes, frère de Memnon, commandait les Grecs soudoyés par Artaxerce Ochus, roi de Perse.

MENTSCHIKOFF. Voyez MENZIKOFF.

MENTZER (J. FISCHART, dit), c.-à-d. de Mayence, le Rabelais de l'Allemagne, né vers 1550, m. en 1614, s'adonna au genre burlesque et satirique. On connaît de lui plus de 37 ouvrages, prose ou vers, où l'on trouve, avec des plaisanteries grossières, des traits d'un haut comique. Il a donné une traduction libre du Gargantua. Ses Œuvres ont été rééditées à Leipsick en 1854 par Weller.

MENUTHIAS, nom donné par les anciens à une île de la mer Érythrée, qui est probablement l'île Comore. On a cru aussi que c'était Zanzibar ou même Madagascar.

MENZALEH, grand lac de la Basse-Égypte, à 50 kil. O. de Damiette, communique avec la Méditerranée par trois embouchures; 80 kil. sur 30. Beaucoup de poissons; plusieurs îles; eau salée qui devient douce lors de l'inondation du Nil. — Sur un de ses bords se trouve une ville de Menzaleh qui a 2000 h.

MENZIKOFF (Alexandre Danilovitch), 1er ministre et favori du czar Pierre le Grand, né près de Moscou en 1670, était fils d'un paysan et fut d'abord garçon pâtissier. Il plut au prince par sa physionomie et par la vivacité de ses reparties, et fut formé par lui aux affaires et aux armes. En 1704 il fut élevé au grade de général-major, décoré du titre de prince, et nommé gouverneur de l'Ingrie. En 1706, il défit les Suédois près de Kalicz; en 1709, il eut la plus grande part à la victoire de Pultawa. Après la mort de Pierre le Grand, il fit reconnaître impératrice Catherine, son épouse, et conserva sous elle toute son influence. A l'avènement de Pierre II, il fut nommé tuteur du jeune empereur et lui fiança sa fille; mais, ayant voulu tenir ce prince sous une rigoureuse tutelle, et s'étant d'ailleurs rendu odieux par ses violences et ses exactions, il fut subitement disgracié (1727) : Pierre II l'exila à Bérézof sous un des plus durs climats de la Sibérie. Il y mourut en 1729, après avoir supporté l'adversité avec un rare courage. — Son petit-fils, le prince Alex. Menzikoff (1789-1869), fut général, amiral et aide de camp de l'emp. Nicolas. Ambassadeur en Turquie en 1853, il montra une hauteur et des exigences qui amenèrent la guerre d'Orient, commanda l'armée russe en Crimée, fut battu à Alma et à Inkermann, et organisa la longue résistance de Sébastopol.

MENZINI (Benoît), poëte florentin, né en 1646, de parents pauvres, mort en 1704, embrassa l'état ecclésiastique; se rendit à Rome, où il fut accueilli par la reine Christine de Suède, qui l'admit dans son académie. On a de lui des odes, des poésies anacréontiques, des sonnets, des élégies, des hymnes sacrées, des fables, des satires, et un Art poétique, qui est un des meilleurs ouvrages de la langue italienne. Ses Œuvres complètes ont paru à Nice en 1783.

MÉON (D. Mart.), un des conservateurs de la Bibliothèque royale, né en 1748 à St-Nicolas (Meurthe), mort en 1829, s'est livré à d'intéressantes recherches sur le moyen âge, et a publié : Blasons et poésies des XVe et XVIe siècles, Paris, 1807; Fabliaux et contes des poëtes français du XIe au XVe siècle, 1808 (déjà publiés par Barbazan); le Roman de la Rose, 1813; Nouveau recueil de fabliaux, 1823-24; le Roman du Renard, avec glossaire, 1825.

MÉONIE, nom donné par les poëtes à la Lydie, est tiré de celui de Méon, le plus ancien roi du pays. — On donne les noms de Vieillard de Méonie, de Poëte de Méonie, à Homère, que l'on croyait natif de ce pays. — On nommait aussi les Muses Méonides, à cause du culte qu'on leur rendait en Méonie.

MÉOTIDE (PALUS-), Mæotis Palus, auj. mer d’Azov, golfe qui terminait au N. le Pont-Euxin, communiquait avec cette mer par le Bosphore Cimmérien. Il tirait son nom des Méotes, peuple scythe, qui s'était établi sur ses bords.

MÉQUINENZA, Octogesa, v. d'Espagne (Saragosse), à 100 kil. S. E. de Saragosse, au confluent de l'Èbre et de la Sègre; 1500 h. Château fort sur une hauteur. — Prise par les Français en 1810.

MEQUINEZ, v. du Maroc (Fez), à 52 k. O. S. O. de Fez; env. 60 000 h. Elle est défendue par un triple mur, flanqué de tours. Palais de l'empereur (qui y réside une partie de l'année). — Fondée vers 940.

MER ou MÉNARS-LA-VILLE, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 19 kil. N. E. de Blois. Église calviniste; 3878 hab. Station du chemin de fer de Bordeaux. Tanneries; vins, vinaigre. Patrie du ministre protestant Jurieu. Cette ville faisait partie du marquisat de Ménars, érigé en 1677.

MÉRAN, v. des États autrichiens (Tyrol), à 20 k. N. O. de Botzen ou Bolzano, sur la r. g. de l'Adige, qui offre près de là une belle cascade; 2800 hab. Anc. capitale du duché de Méranie.

MÉRANIE (duché de), anc. État de l'empire d'Allemagne, dans le Tyrol, recevait son nom de la ville de Méran, qui en était la capitale. Les seigneurs de Méranie possédaient la plus grande partie du Tyrol et même de l'Istrie, mais comme vassaux de la Bavière. A la chute de Henri le Lion (1180), dont ils étaient vassaux, leurs possessions furent déclarées fiefs immédiats de l'empire. La maison de Méranie s'éteignit dans les mâles dès 1248 par la mort d'Othon II, et ses possessions furent divisées entre la maison de Châlon, celle de Gœrz, la Bavière, Venise, etc. Les Méran étaient la ligne principale de la maison d'Andechs ou Zæhringen. — V. AGNÈS DE MÉRANIE.

MÉRAT (F. Victor), savant médecin, né à Paris en 1780, m. en 1851, était membre de l'Académie de médecine. On lui doit une Flore des environs de Paris, 1812; des Éléments de Botanique, 1822; et un Dictionnaire universel de matière médicale (avec De Lens), 7 vol. in-8, 1829-46, ouvrage capital.

MERCATOR (Isidore), cénobite du VIIIe s., à qui l'on a longtemps attribué un recueil de fausses Décrétales, apporté d'Espagne en France vers 811 par Riculfe, archevêque de Mayence, lequel paraît être le véritable auteur de la fabrication de ces Décrétales.

MERCATOR (Gérard), géographe, né à Rupelmonde en 1512, m. à Duisbourg en 1594, fut honoré de l'estime de Charles-Quint qui l'attacha à sa maison, et eut le titre de cosmographe du duc de Juliers. On a de lui : Chronologia a mundi exordia, ex eclipsibus, observationibus, etc., Cologne, 1568,in-f.; Tabulæ geographicæ ad mentem Ptolemæi restitutæ et emendatæ, 1578, in-f.; et un Atlas, précédé d'une dissertation De creatione ac fabrica mundi, 1595 et 1609. Mercator a donné son nom à la projection employée dans les cartes marines, où les parallèles coupent les méridiens à angle droit, et où les uns et les autres sont des lignes droites : c'est en 1569 qu'il publia la 1re carte de ce genre.