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des. On lui doit la création d'un grand nombre de villes, de palais, de mosquées et de colléges. Il fonda en 1074 à Bagdad un observatoire, y rassembla des astronomes, fit réformer par eux le calendrier en fixant le 1er jour du printemps, jour auquel devait commencer l'année, et créa une nouvelle ère datant du 14 mars 1075 et appelée de son surnom ère djélaléenne. Il laissa trois fils, Barkiaroc, Mohammed et Sandjar, qui régnèrent après lui. — Son petit-fils, Mélik-Chah II, régna de 1152 à 1160, eut à lutter contre plusieurs compétiteurs, et finit par établir son autorité dans Hamadan et Ispahan. — Mélik-Arslan, sultan seldjoucide, fils de Togrul II, régna avec gloire sur la Perse occidentale, de 1160 à 1175. Il eut pour compétiteur son cousin Mohammed, fils de Seldjouk-Chah, mais il le battit à Kasbin.

MÉLIK-EL-AFDAHL, fils aîné du grand Saladin, se signala dès l'âge de 17 ans dans une expédition contre les Chrétiens, et tailla en pièces un corps de Templiers près de Tibériade (1187). A la mort de son père (1193), il hérita des royaumes de Damas et de Jérusalem, tandis que ses frères Mélik-el-Aziz-Othman et Mélik-ed-Dhaher-Ghazy recevaient, le premier l’Égypte, le second Alep ; mais il ne sut pas se maintenir dans ses États et fut dépouillé d'abord par ses frères, puis par son oncle Mélik-el-Adel (1199). Il mourut dans l'obscurité en 1225. Ce prince cultivait la poésie avec succès.

MÉLIK-EL-ADEL (Aboubekr-Mohammed), connu sous les noms de Malek-Adel et de Saphadin (pour Saïf-eddyn, épée de la religion), sultan d’Égypte et de Damas, de la dynastie des Ayoubites, était frère puîné du grand Saladin. Il contribua puissamment à établir la puissance de son frère, et obtint successivement les gouvernements de l’Égypte, d'Alep et de Damas. Pendant la 3e croisade, il enleva aux Chrétiens plusieurs places importantes en Palestine. Chargé par Saladin d'entrer en négociation avec Richard Cœur de Lion, il conclut une paix avantageuse : il devait, comme condition de la paix, épouser Jeanne, sœur du roi d'Angleterre, et être couronné avec elle roi de Jérusalem ; mais cette princesse refusa de donner sa main à un infidèle. Après la mort de Saladin, en 1193, Mélik-el-Adel sut, en semant la division parmi les fils de ce prince, les affaiblir tous et s'emparer des contrées qui leur étaient échues. En 1203, il était maître de l’Égypte, de Damas, de Jérusalem et de la plus grande partie de la Mésopotamie. Il tourna alors ses armes contre les Chrétiens ; mais il ne fut pas toujours heureux dans ses expéditions. En 1217, une armée de Croisés ravagea ses États et lui enleva Damiette. Il mourut en 1218, à 75 ans.

MÉLIK-EL-KAMEL-NASER-EDDYN, plus connu sous le nom de Mélédin, fils aîné de Mélik-el-Adel, succéda à son père sur le trône d’Égypte en 1218. Il recouvra en 1221 le port de Damiette, que les Chrétiens, pressés par la disette, se virent forcés d'évacuer. En 1229, une querelle s'étant élevée entre ses deux frères, qui régnaient, l'un en Syrie, l'autre en Palestine, il prit le parti du premier, et, pour affaiblir le second, il invita l'empereur Frédéric II à envahir la Palestine ; mais il se repentit bientôt d'avoir appelé un allié aussi redoutable, et fut obligé, pour s'en débarrasser, de lui céder Jérusalem. En 1238, son frère Aschraf étant mort, il s'empara des États de ce prince. Il mourut peu après, à 70 ans. Mélik-el-Kamel protégea les arts et les sciences, les cultiva lui-même avec succès, et fonda plusieurs édifices somptueux, entre autres un grand collége au Caire. Il fut tolérant envers les Juifs et les Chrétiens. — Il eut pour fils : 1° un second Mélik-el-Adel, qui lui succéda en Égypte, mais qui, méprisé pour ses débauches et son incapacité, fut déposé en 1240 et confiné dans une prison ; — 2° Mélik-el-Saleh-Nedjm-Eddyn, qui régna d'abord sur la Mésopotamie, et qui fut ensuite mis sur le trône d’Égypte à la place de Mélik-el-Adel II (1240).

MÉLIK-EL-MOADHAM-CHERIF-EDDYN nommé par corruption Coradin, fils de Mélik-el-Adel, s'empara de Damas après la mort de son père, en 1218, et régna dix ans sur la Syrie. Il alla au secours de Damiette, assiégée par les Chrétiens, leur fit la guerre avec succès en Palestine, prit Césarée, et contribua à faire rentrer Damiette sous la domination des Musulmans. Il se brouilla avec ses frères Mélik-el-Aschraf et Mélik-el-Kamel, ce qui eut pour résultat principal l'expédition de l'empereur Frédéric II en Palestine (V. MÉLIK-EL-KAMEL) et l'affaiblissement des Musulmans. Il mourut en 1227, à 49 ans, laissant le trône de Damas à son fils Mélik-el-Nasser, qui fut bientôt dépouillé par ses oncles Mélik-el-Kamel et Mélik-el-Aschraf, et qui, plusieurs fois, rétabli et renversé, fut enfin réduit à se réfugier dans le désert d'Arabie, où il mena une vie nomade.

MÉLIK-EL-MOADHAM-GAIATH-EBDYN-TOURAN-CHAH, sultan ayoubite d’Égypte, petit-fils de Mélik-el-Kamel, régna d'abord sur la Mésopotamie, et monta sur le trône d’Égypte en 1249, après avoir assassiné son frère Adel-Chah. Il coupa les vivres à l'armée de S. Louis, et la força ainsi à cette funeste retraite de la Mansourah, qui coûta la vie ou la liberté à plus de 30 000 Français ; il fit massacrer ses prisonniers et ne respecta que S. Louis. Sa conduite tyrannique envers ses propres sujets, ses débauches, son ingratitude envers les Mamelouks Baharites, à qui il devait ses succès, le rendirent odieux : il fut détrôné et mis à mort par Bibars en 1250. En lui s'éteignit la dynastie des Ayoubites.

MELILLA, Rusadir, v. forte et port du Maroc, à 225 kil. N. E. de Fez, et à 50 kil. E. de Ceuta ; 2500 hab. Elle appartient aux Espagnols depuis 1496 : c'est un de leurs présides ou lieux de déportation. Elle doit, dit-on, son nom au miel renommé qu'on recueille dans ses environs.

MÉLINDE, v. d'Afrique, sur la côte de Zanguebar, capit. du roy. de Mélinde, à l'embouchure du Quilimancy, sur la r. dr. du fleuve, par 38° 42' long. E., 3° lat. S. Cette ville a été très-florissante et a compté, dit-on, 200 000 hab.; ce n'est plus auj. qu'une triste solitude. Il s'y fait encore un peu de commerce avec la Perse, l'Arabie et l'Inde. Mélinde fut prise par les Portugais au XVIe siècle ; mais les Arabes la leur enlevèrent en 1698. — Le roy. de Mélinde s'étend le long de la mer, entre les États de Juba au N., de Zanzibar au S. Il était censé possession portugaise et faisait partie de la capitainerie générale de Sofala-et-Mozambique.

MELISEY, ch.-l. de cant. (Hte-Saône), sur l'Ognon, à 10 kil. N. E. de Lure ; 2000 hab. Toiles de coton, mousselines, fromages.

MÉLISSUS, philosophe éléatique, natif de Samos, disciple de Parménide, florissait vers 460 av. J.-C. Homme d'État et général habile en même temps que philosophe, il commanda la flotte des Samiens contre les Athéniens, et remporta quelques avantages sur Périclès ; mais il ne put empêcher sa patrie de succomber, 440. Il professait l'idéalisme, et soutenait que l'univers est un être unique et indivisible, que les formes diverses des êtres ne sont que des apparences, que le mouvement n'a rien de réel, etc. Il ne reste aucun de ses ouvrages ; il n'est connu que par les citations de quelques auteurs grecs, notamment d'Aristote et d'Eusèbe. On trouve ce qui nous reste de Mélissus dans les Fragmenta philosophorum græc. de la collection Didot.

MÉLITE. V. MALTE, MELEDA, MÉLITÈNE.

MÉLITÈNE, auj. Meledni, petit pays situé entre la Cappadoce et l'Euphrate, avait jadis appartenu à l'Arménie ; il fut ensuite annexé à la Cappadoce, et plus tard, lors de la formation de la Petite-Arménie, devint une des 5 préfectures de cette province. Son ch.-l. était Mélite ou Mélitène (auj. Malatia), sur l'Euphrate, près de son confluent avec le Mélas. Cette ville avait été fondée par Trajan, et était la capitale de la Petite-Arménie. C'est là que Polyeucte subit le martyre. Mélite fut longtemps le siége d'une