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au pape, et s'exposa ainsi à toute la fureur du clergé de sa nation. Obligé de quitter Constaritraople, il se réfugia à Smyrne, puis dans la Morée, qui appartenait alors aux Vénitiens, se fixa à Modon et y fonda en 1708 un couvent de religieux arméniens (V. l'art. suiv.). Lorsque les Vénitiens eurent perdu la Morée, en 1717, il chercha un asile à Venise, et obtint la concession de l'île de St-Lazare, dans les lagunes de cette ville, où il fonda un nouveau couvent en y annexant une imprimerie arménienne. On lui doit une Bible arménienne, 1733, in-fol.; une Grammaire de l'arménien vulgaire et de l'arménien littéral, et un Dictionnaire arménien, en 2 vol. in-4, 1749-1769.

MÉKHITARISTES, savants bénédictins arméniens établis dans la petite île de St-Lazare, au milieu des lagunes de Venise, tirent leur nom de Pierre Mékhitar (V. ci-dessus). Ils ont pour mission de propager la foi catholique et les connaissances humaines parmi leurs compatriotes, et de faire connaître en Europe l'histoire et la langue arméniennes. Parmi leurs publications, on cite leurs éditions de la Chronique d'Eusèbe, en arménien et en latin, avec les parties grecques correspondantes, conservées par le Syncelle; la Chronique arménienne, de Moïse de Khorène; les Œuvres de S. Narsès; un grand Dictionnaire arménien-latin, Venise, 1836. — Outre leur collége de St-Lazare, les Mékhitaristes ont formé des établissements à Constantinople, à Trébizonde, à Vienne, à Trieste, à Paris.

MÉKRAN, l'anc. Gédrosie, prov. mérid. du Béloutchistan, entre le Kaboul et la mer des Indes; env. 770 k. de l'E. à l'O. sur 385 du S. au N.; ch.-l., Kedjé. Quelques vallées bien arrosées, mais presque partout d'horribles déserts de sable. Dattes renommées.

MÉLA (Pomponius), géographe latin, né en Bétique, vivait, à ce qu'on croit, sous Tibère et Claude; quelques-uns conjecturent qu'il était de la famille des Sénèque. Il écrivit vers l'an 43 un traité de géographie, De situ orbis, en 3 livres, qui nous est parvenu, et qui est une des sources les plus précieuses pour la géographie ancienne. Il y a mis à profit la plupart des travaux faits par ses prédécesseurs, Hérodote, Éphore, etc.; mais il ne les a pas toujours fondus avec assez de discernement; dans l'appréciation des distances il ne prend pas le soin de réduire toutes les mesures à une même échelle. Les meilleures éditions de Pomponius Méla sont celles de Jacques et Abraham Gronovius, Leyde, 1696 et 1722, cum notis variorum, et de Tzschucke, Leipsick, 1807 et ann. suiv., 7 vol. in-8. Il a été publié avec trad. française par M. Fradin, 1806, par M. Baudet, 1843 (dans la collection Panckouke), et par M. Huot (coll. Nisard).

MÉLAMPE, fameux devin et médecin grec de l'époque fabuleuse, de la famille royale de Pylos, guérit avec de l'ellébore les filles de Prœtus, roi d'Argos, que Junon avait rendues folles, et obtint l'aînée d'entre elles en mariage. Persécute par Nélée, roi de Pylos, il se retira auprès de son beau-père, qui lui donna une partie de ses États. Ses descendants y régnèrent pendant plusieurs générations. Mélampe prétendait comprendre le langage des animaux. On lui attribue l'introduction du culte de Bacchus en Grèce.

MÉLANCHTHON (Philippe), en all. Schwartz-Erde (c.-à-d. terre noire), un des chefs de la Réforme, né en 1497 à Bretten, dans le Bas-Palatinat, mort en 1560, était en 1518 professeur de grec à l'Académie de Wittemberg, où Luther enseignait la théologie. Autant Luther était fougueux, autant Mélanchthon était doux et modéré; néanmoins ces deux hommes se lièrent étroitement et se réunirent pour opérer une réforme dans l'Église. Luther joua jusqu'au bout le rôle d'ardent novateur; mais Mélanchthon essayait de concilier les partis. Il rédigea en 1530 la fameuse Confession d’Augsbourg, et y inséra quelques articles tendant à amener un rapprochement, mais elle ne fut pas acceptée. Il envoya au roi de France François I un mémoire conciliatif, dont le seul résultat fut de déchaîner contre lui les fanatiques de son propre parti. Pendant la guerre qui suivit la ligue de Smalkalde, il erra en divers lieux de l'Allemagne, fuyant le théâtre des discordes qu'il aurait voulu empêcher. Il assista en 1541 aux conférences de Ratisbonne, et rédigea en 1548 l’Interim d'Augsbourg, qui procura quelques moments de paix aux partisans de la Réforme. Mélanchthon était un des savants les plus distingués de l'Allemagne : on l'avait surnommé Præceptor Germaniæ. Il a laissé une foule d'écrits théologiques et littéraires, qui ont été réunis à Wittemberg, 1680-83, en 4 vol. in-fol., et réimprimés dans le Corpus Reformatorum de Bretschneider, Brunswick et Leipsich, 1834-60. On y remarque un Abrégé de morale (Moralis philosophiæ Epitome), une Grammaire latine, longtemps classique, et une Vie de Luther. On peut consulter la Vie de Mélanchthon, par Camerarius, en latin, ouvrage estimé, celle de C. Matthes, en allemand, 1841, et l’Histoire des Variations, où Bossuet a porté sur lui le jugement le plus vrai.

MÉLANÉSIE, c.-à-d. Îles Noires, nom donné à la partie S. O. de l'Océanie, habitée par des hommes de race noire; elle comprend la Nouv.-Guinée avec les îles qui l'avoisinent, ainsi que toutes celles qui s'étendent à l'E. et au S.: îles Salomon, Nouv.-Irlande, Nouv.-Bretagne du Sud, Diéménie, Nouv.-Calédonie, etc.

MÉLANIE (Ste), fille de Ste Albine, femme aussi illustre par sa piété que par sa naissance, avait été mariée dés l'âge de 13 ans à Pinien, fils de Sévère, préfet de Rome, et était parente de S. Paulin. Ayant perdu de bonne heure ses enfants, elle se retira d'abord à Hippone, près de S. Augustin, puis à Jérusalem; elle y embrassa la vie monastique et fit élever sur le mont des Oliviers un couvent où elle mourut en 439. On la fête le 31 déc.

MÉLAR (le lac). V. MÆLAR.

MÉLAS, c.-à-d. Noir, auj. le Géri, riv. de l'anc. Thrace, coulait du N. au S., se jetait dans la mer Égée à l'O. de la Chersonèse de Thrace, et y formait le golfe appelé de son nom G. Mélane (auj. de Saros). — Riv. de l'anc. Cappadoce, sortait du Taurus, et s'unissait à l'Euphrate près de Mélitène : c'est auj. le Kara-sou. — Riv. de Pamphylie (auj. le Ménovgat), se jetait dans la mer Intérieure près et à l'E. de Side.

MÉLAS (le baron de), général autrichien, né en 1730, m. en 1806, commandait en chef l'armée autrichienne contre l'armée française d'Italie en 1796. Opérant en commun avec Souwarow, il remporta en 1799 quelques avantages à Cassano, sur la Trebbia, à Novi, et à Genola, et s'empara de Coni; mais l'année suivante il perdit contre Bonaparte la bataille décisive de Marengo, et dut se retirer derrière le Mincio.

MELAZZO ou MILAZZO, Mylæ, v. forte de Sicile (Messine), à 35 kil. O. de Messine, sur la côte N. E., et sur une baie de même nom; 9000 hab. Pêche de thons; vins, huile, manne. Les Espagnols assiégèrent vainement cette place en 1719. Garibaldi l'enleva au roi des Deux-Siciles le 20 juillet 1860. V. MYLES.

MELBOURNE (W. LAMB, vicomte), homme d'État anglais, né en 1779, d'une famille de robe récemment anoblie, mort en 1848, fut élu en 1805 membre de la chambre des communes sous le patronage des whigs, fut nommé par Canning secrétaire d'État pour l'Irlande et acquit dans ce pays une grande popularité; remplaça son père en 1828 à la Chambre des Lords, fut appelé en 1830 par lord Grey au ministère de l'intérieur, contribua à faire adopter la réforme parlementaire, devint en 1834 premier lord de la Trésorerie et chef du cabinet whig, et, sauf une courte interruption, garda ce poste jusqu'en 1841. C'est sous lui qu'eut lieu la rupture de l'alliance française à l'occasion des affaires d'Orient (1840), et que furent entreprises des guerres injustes ou désastreuses contre les peuples situés à l'O. de l'Indus et contre la Chine. D'un caractère insouciant, lord Melbourne était peu capable de gouverner dans des circonstances critiques; mais il était conciliant, et, quoique whig, il ralliait par sa modération un grand nombre do tories.

MELBOURNE, v. d'Australie, capitale de la colonie anglaise de Victoria, sur la Yarra, pres de son embouch.