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toire. Cependant il allait rappeler les exilés lorsqu'il mourut, en 1469.

MÉDICIS (Laurent de), le Magnifique, né en 1448, m. en 1492, succéda à son père Pierre I, conjointement avec son frère Julien, 1469. Il assura bientôt son empire sur les cœurs par son éloquence entraînante, par la noblesse, la franchise de ses manières, et par sa générosité, qui lui valut son surnom. Il eut à surmonter de grandes difficultés : le pape Sixte IV, ennemi des Médicis, forma contre Florence, avec Ferdinand, roi de Naples, le comte d'Urbin et les Siennois, une ligue qui mit l’État en péril; en même temps les puissante familles des Pazzi et des Salviati formaient un complot contre la vie même des Médicis : Julien fut assassiné par les Pazzi, et Laurent blessé (1478); enfin l'armée florentine avait été défaite à Poggibonzi; mais en 1480 une invasion imprévue des Turcs en Italie fit conclure la paix, en appelant de ce côté toutes les forces des ennemis. Depuis ce temps, Laurent de Médicis jouit assez paisiblement du pouvoir. Cependant les prédications de Savonarole, la turbulence du parti démocratique et la banqueroute de Florence (1490) troublèrent ses dernières années. Ce prince aima les lettres, les cultiva même, et fut le protecteur des savants et des grands artistes de cette époque, tels que Ange Politien, Pic de la Mirandole, Michel-Ange. L'abbé Serassi a donné une édition de ses Poésies à Bergame, 1763. La vie de Laurent de Médicis a été écrite en italien par Fabroni et en anglais par W. Roscoë (trad. par Thurot, 1799). — Laurent a laissé plusieurs enfants : Pierre II et Julien, qui régnèrent après lui; Jean, pape sous le nom de Léon X, et un neveu, Jules, pape sous le nom de Clément VII.

MÉDICIS (Pierre II de), fils de Laurent, lui succéda en 1492; mais il ne montra que de l'incapacité. En 1494. le roi de France, Charles VIII, qui marchait sur Naples, s'étant emparé de plusieurs places qui appartenaient à la république, Pierre se rendit au camp du roi pour traiter avec lui; mais, au lieu de défendre les intérêts qui lui étaient confiés, il céda dès la première demande les forteresses dont la conservation était l'objet de sa démarche, et il y ajouta bientôt les villes de Pise et de Livourne. Les Florentins indignés le chassèrent. Il se réfugia successivement à Bologne et à Venise, et tenta plusieurs fois, mais en vain, de ressaisir le pouvoir; il suivit les armées françaises en 1503 dans le roy. de Naples, et périt cette même année dans un naufrage en vue de Gaëte.

MÉDICIS (Julien de), 3e fils de Laurent, né en 1478, partagea l'exil de son frère, Pierre II, fut ramené à Florence et placé à la tête du gouvernement par le pape Jules II en 1512, et se démit l'année suivante en faveur de son neveu Laurent II. Il épousa en 1515 une tante du roi de France François I, et reçut à cette occasion le titre de duc de Nemours. Il mourut en 1516, ne laissant qu'un bâtard, le cardinal Hippolyte de Médicis (V. ci-après).

MÉDICIS (Laurent II de), fils de Pierre II, né en 1492, m. en 1519, suivit son père en exil, revint en 1512 avec son oncle Julien, et devint en 1513 chef de la république florentine par l'abdication de son oncle. Il se laissa diriger par le pape Léon X, son oncle, et fut investi par lui en 1516 du duché d'Urbin, enlevé à la maison de la Rovère. Il gouverna despotiquement et se rendit odieux par sa hauteur et sa tyrannie. Il avait épousé Madeleine de La Tour d'Auvergne, dont il eut Catherine de Médicis.

MÉDICIS (Jean de), surnommé le Grand Diable, descendant de Laurent, frère de Cosme l'Ancien, né en 1498, fut employé par le pape Léon X à soumettre les petits tyrans de la marche d'Ancône, combattit en 1524 les Français dans la Lombardie, et prit d'assaut les villes de Caravaggio et de Biagrasso, dans lesquelles il commit d'horribles cruautés : c'est ce qui lui valut son surnom. A la fin de 1524, il entra au service de la France, et fut blessé mortellement en 1526 près de Mantoue,

MÉDICIS (Alexandre de), fils naturel de Laurent II de Médicis, ou, suivant d'autres, de Jules de Médicis (depuis Clément VII), fut imposé comme chef à Florence en 1530, après un siége meurtrier soutenu par les Florentins contre les troupes réunies de Clément VII et de Charles-Quint, et fut fait par le pape duc de Civita-di-Penne. Il désarma le peuple, éleva une forteresse pour commander la ville, multiplia les sentences d'exil et de confiscation, fit empoisonner son cousin, le cardinal Hippolyte de Médicis, et s'adonna aux plus honteuses débauches. Il fut assassiné en 1537 par Lorenzino de Médicis, son parent. Il avait épousé Marguerite d'Autriche, fille naturelle de Charles-Quint, mais il n'en eut pas d'enfant.

MÉDICIS (Cosme I de), 1er grand-duc de Toscane, né en 1519, mort en 1574, était fils de Jean de Médicis. En 1537, après le meurtre d'Alexandre, il devint chef de la république florentine avec l'appui de Charles-Quint, qui, pour prix de sa protection, obtint de mettre garnison dans les forteresses de Florence, Pise et Livourne. Comme son prédécesseur, Cosme fut un odieux tyran; il supprima les magistratures républicaines et s'attribua le monopole du commerce. Il est soupçonné d'avoir fait périr plusieurs personnes de sa famille et même deux de ses fils. Allié de Philippe II. roi d'Espagne, il sévit, comme ce prince, contre les Réformés et introduisit l'Inquisition dans ses États. Le pape Pie V lui conféra en 1569 le titre de grand-duc de Toscane.

MÉDICIS (François de), 2e grand-duc de Toscane, fils et successeur de Cosme I, régna de 1574 à 1587, et surpassa en tyrannie son père lui-même. Il ruina par des confiscations les premières familles, se livra aux plus honteuses débauches, et se montra tout dévoué à Philippe II, roi d'Espagne. Après la mort de la grande-duchesse, sa femme, il avait épousé la Vénitienne Blanche Capello. (V. CAPELLO), qui eut sur les affaires une funeste influence. Néanmoins il protégea les lettres et les arts, fonda la superbe galerie de Florence (1580), et vit se former l'Académie della Crusca. Il fut père de Marie de Médicis.

MÉDICIS (Ferdinand I de), grand-duc de Toscane, frère et successeur du précédent, né en 1551, mort en 1609, était cardinal lorsqu'il fut appelé à lui succéder en 1587. Il était généreux, affable dans ses manières, noble dans les affaires politiques, zélé pour la prospérité publique; il remit les lois en vigueur, fit refleurir le commerce, l'agriculture et les beaux-arts; Jean de Bologne, Jules Romain, Galilée eurent en lui un protecteur. Il secourut l'empereur Rodolphe II, attaqué par les Turcs, et aida le roi de France Henri IV à conquérir son royaume en lui faisant passer de forts subsides. Cependant il finit par s'éloigner de Henri, qui avait fait la paix avec le duo de Savoie, ennemi de Florence, et il s'allia lui-même avec l'Espagne, ennemie de la France.

MÉDICIS (Cosme II de), né en 1590, mort en 1621, succéda à son père Ferdinand I en 1609, et, comme lui, fit fleurir le commerce, l'agriculture et les arts. Il réprima la piraterie des Barbaresques et fit redouter le pavillon toscan dans toute la Méditerranée.

MÉDICIS (Ferdinand II de), grand-duc de Toscane succéda en 1621, à l'âge de 11 ans, à Cosme II, son père, sous la tutelle de sa mère et de son aïeule, et régna jusqu'en 1670. Il se montra bon et généreux, mais faible; il laissa le pape s'emparer du duché d'Urbin, dont l'héritière lui était fiancée. Du reste, il encouragea les sciences, les lettres et les arts : il fut l'ami de Galilée, de Torricelli, de Redi et de Viviani.

MÉDICIS (Cosme III de), grand-duc de Toscane de 1670 à 1723, succéda, à l'âge de 27 ans, à son père Ferdinand II, mais n'hérita point de ses vertus. Il accabla le peuple d'impôts, laissa dépérir le commerce et l'agriculture, et n'encouragea que les poëtes disposés à le flatter. Il avait épousé en 1661 Marguerite-Louise d'Orléans, nièce de Louis XIV, qui montra toujours de l'éloignement pour lui; il en eut néanmoins deux fils, Ferdinand et Jean Gaston, et une