Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vant contenir 8000 spectateurs, une basilique, avec un portique de 12 colonnes, la maison d'Argus, la villa dite des Papyrus. On y a trouvé fort peu d'argent et fort peu de cadavres, preuve que les habitants avaient eu presque tous le temps de s'enfuir. Un musée a été formé à Naples pour recueillir les objets d'antiquité trouvés dans les fouilles. On peut consulter sur les ruines d'Herculanum l'ouvrage publié par l'Académie de Naples sous le titre : Antichità di Ercolano, 9 vol. in-fol., Naples, 1757-92, et celui de Guill. Zahn, plus récent et plus complet (1828-44).

HERCULE, le plus célèbre des héros de l'antiquité, était, selon la Fable, fils de Jupiter et d'Alcmène, femme d'Amphitryon, roi de Tirynthe, et petit-fils d'Alcée (fils lui-même de Persée), ce qui le fait appeler Alcide. Il naquit à Thèbes. Il avait été conçu en même temps qu'Eurysthée, son cousin. Junon, qui le haïssait à cause de l'infidélité dont il était le fruit, avait fait jurer à Jupiter que celui des deux enfants qui naîtrait le premier aurait la supériorité sur l'autre, puis elle avait avancé la naissance d'Eurysthée, afin de lui assurer la supériorité. Dès qu'Hercule fut né, elle envoya deux serpents pour le dévorer ; mais l'enfant les étouffa de ses mains. Hercule devint en peu de temps d'une taille et d'une force extraordinaires, et se distingua par une foule d'exploits. Obligé par le destin d'obéir à Eurysthée, devenu roi de Mycènes, il entreprit par les ordres de ce prince ces travaux périlleux qui sont connus sous le nom des Douze travaux d'Hercule : il étouffa le lion de Némée, tua le sanglier d'Érymanthe et l'hydre de Lerne, perça de ses flèches les oiseaux du lac Stymphale, dompta le taureau de Crète, tua Diomède, roi de Thrace, qui nourrissait ses chevaux de chair humaine, enleva les bœufs de Géryon et les pommes d'or des Hespérides, atteignit la biche aux pieds d'airain, nettoya les étables d'Augias, défit les Amazones et fit prisonnière leur reine Hippolyte; tira Thésée des enfers et traîna Cerbère à la lumière du jour. Outre ces douze travaux, il exécuta une foule d'autres exploits : il lutta contre le géant Antée en Égypte, contre le brigand Cacus en Italie, contre les Centaures en Thessalie, et rendit Alceste à la lumière ; il sépara les montagnes de Calpé et d'Abyla, qui auparavant étaient réunies et qui formèrent depuis ce qu'on a nommé les Colonnes d'Hercule, tua le centaure Nessus, qui voulait enlever Déjanire, sa femme, délia Prométhée enchaîné sur le Caucase, délivra d'un monstre marin Hésione, fille de Laomédon, tua ce même Laomédon et prit Troie pour punir ce roi parjure de lui avoir refusé la récompense promise ; il s'empara de Pylos, d'Œchalie, etc. Ayant emmené d'Œchalie Iole, fille d'Euryte, il se disposait à épouser cette princesse, quand Déjanire, sa 1re femme, se voyant délaissée, lui envoya une tunique teinte du sang empoisonné du centaure Nessus, croyant ce présent propre à le ramener à elle. Mais Hercule ne se fut pas plus tôt revêtu de cette robe qu'elle se colla sur sa peau et le déchira cruellement : ne pouvant supporter ses souffrances, il éleva un immense bûcher sur le mont Œta, et s'y brûla. Philoctète, son ami, reçut son arc et ses flèches et recueillit ses cendres. Jupiter plaça le héros au ciel et lui donna Hébé pour épouse. Hercule eut plusieurs femmes, dont les plus connues sont Mégare, qu'il tua dans un accès de fureur, et Déjanire, dont il eut Hyllus. Il aima Omphale, reine de Lydie, et fila à ses pieds pour obtenir ses faveurs. Hercule avait été exclu de ses États héréditaires par Eurysthée : après sa mort, les Héraclides, ses descendants, firent de nombreux efforts pour les reconquérir, mais ils ne parvinrent à y rentrer qu'en 1190 av. J.-C. (V. HÉRACLIDES). — Le grand nombre des exploits qu'on attribue à Hercule fait croire qu'il a existé plusieurs personnages de ce nom. Varron en compte jusqu'à 43. Diodore en reconnaît 3 ; Cicéron en distingue 6, dont 3 grecs, un 4e Égyptien, fils du Nil, un 5e Crétois, et un Indien, appelé aussi Bélus. Les Grecs ont cru retrouver leur Hercule dans tous les pays qu'ils ont parcourus : ils l'ont vu sous les traits du Bel ou Baal de Syrie, du Melkart de Tyr, du Djom égyptien, du Rama hindou, de l'Ogmios gaulois. Quoi qu'il en soit, on doit au moins distinguer : 1° un Hercule-dieu, dont le culte serait originaire d'Orient et qui ne serait que la personnification du peuple phénicien et de ses migrations; 2° un Hercule-roi, issu de la famille de Persée et tige des Héraclides, auquel on a prêté tous les exploits merveilleux et allégoriques de l'Hercule-dieu. On place celui-ci au XIIIe ou au XIVe s. av. J.-C. (on le fait naître vers 1330 ou en 1262). Quelques savants ne voient dans Hercule qu'un personnage allégorique, et le confondent avec le soleil : ses douze travaux représenteraient les douze mois ou les douze signes du Zodiaque. Le plus souvent on fait d'Hercule le type de la force et du courage. Une ingénieuse allégorie, attribuée à Prodicus, le représente hésitant, au début de la vie, entre la Vertu et le Vice, Minerve et Vénus, et se décidant pour la Vertu. La plus belle représentation que l'antiquité nous ait laissée d'Hercule est l’Hercule Farnèse, œuvre de Glycon, actuellement à Naples : le héros est appuyé sur sa massue, et tient à la main les pommes d'or du jardin des Hespérides.

HERCULE (Maximien), empereur. V. MAXIMIEN.

HERCULE D'ESTE. V. ESTE.

HERCULE (Les Colonnes d'). Les anciens nommaient ainsi les deux monts Abyla et Calpé (le 1er en Afrique et le 2e en Espagne), qui jadis, dit-on, ne formaient qu'une seule montagne et qu'Hercule sépara pour faire communiquer la Méditerranée avec l'Océan. C'était, selon la Fable, le point où le héros s'était arrêté dans ses voyages. On croit que les véritables colonnes d'Hercule ne sont que les deux colonnes du temple de Melkart à Gadès, colonnes qu'on retrouve dans tous les temples phéniciens.

HERCULIS PORTUS, nom commun à plusieurs ports dont la fondation était attribuée à Hercule. Les principaux sont : 1° Herculis Cosani portus, auj. Porto-Ercole, petite ville de l’Étrurie mérid., près de Cosa, à laquelle elle servait de port; 2° Herculis Liburni portus, lieu de l’Étrurie septent., au S. de l'emb. de l'Arnus, et sur l'emplacement où est auj. Livourne; 3° Herculis Monoeci portus, auj. Monaco, ville de Ligurie, auprès de Nicæa (Nice).

HERCYNIENNE (forêt), Hercynia Silva, immense forêt qui couvrait presque toute la Germanie, s'étendait du Rhin à l'Erzgebirge (Hercynii Montes) et au Bœhmerwald (Gabreta mons). La Forêt-Noire, ainsi que les bois qui couvrent les montagnes du Hartz et de l'Erzgebirge, n'en sont que des restes. Harz, Erz sont probablement les radicaux du mot Hercynia.

HERDER (J. GOTTFRIED), écrivain, né en 1744 à Mohrungen (Prusse orient.), d'une famille pauvre, mort en 1803, était fils d'un simple maître d'école, et s'éleva par ses seuls efforts. Il embrassa l'état ecclésiastique, fut successivement prédicateur à Riga, à Schaumbourg-Lippe, à Weimar, et devint président du consistoire de cette dernière ville. Il s'exerça dans les genres les plus divers et laissa une foule d'écrits qui se rattachent soit à la religion et à la théologie, soit à la philosophie, soit à l'histoire, à l'archéologie, à la littérature et aux arts, et dont le recueil, publié après sa mort par Ch. G. Heyne et Müller, ne forme pas moins de 45 vol. in-8, Tubingue, 1805-10. Le plus célèbre est intitulé : Idées sur la philosophie de l'histoire de l'humanité (trad. par Quinet, 1827) : il y montre la marche progressive de l'humanité et tâche de dévoiler les desseins de la Providence sur l'homme. On remarque en outre son Hist. de la poésie des Hébreux (trad. par Mme Carlowitz, 1850), ses Dissertations sur la langue allemande; — Sur les rapports de la poésie allemande avec celle des Orientaux; — Sur la théorie du beau dans les arts; — Sur les causes de la décadence du goût; et des Sermons, pleins d'onction, qui l'ont fait appeler le Fénelon de l'Allemagne. En philosophie, il combattit Kant et tenta de réhabiliter Spinosa,