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Loire, Fécamp, la Trinité de Vendôme, et produisit un grand nombre de personnages distingués (V. BÉNÉDICTINS). L’Histoire de la congrégation de St-Maur a été écrite par dom Tassin, 1770. — V. ST-MAUR.

MAURE, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 29 kil. N. de Redon ; 300 hab.

MAUREPAS (Jean Frédéric PHÉLIPPEAUX, comte de), ministre de Louis XV, né à Versailles en 1701, mort en 1781, était petit-fils du chancelier de Pontchartrain. Il fut, dès l’âge de 24 ans, chargé du département de la marine, et y joignit celui de la maison du roi, qui embrassait Paris et la cour. Il embellit Paris, fit fermer les maisons de jeu, encouragea les sciences et leurs applications, envoya La Condamine, Maupertuis et plusieurs autres savants sous l’équateur et près du pôle boréal pour mesurer deux degrés du méridien ; fit partir des officiers pour examiner les côtes et dresser des cartes ; chargea Sevin et Fourmont de visiter la Grèce et l’Orient ; Jussieu, d’aller étudier les plantes du Pérou. Exilé en 1749 pour avoir fait une épigramme contre Mme de Pompadour, il resta 25 ans éloigné des affaires. Il y fut rappelé par Louis XVI à son avènement (1774), et, sans avoir de portefeuille, présida le Conseil d’État. Il fit réintégrer les parlements exilés par Louis XV (V. MAUPEOU) ; amena le roi à signer un traité d’union avec les insurgés d’Amérique, et fit confier le ministère des finances à Turgot, puis à Necker ; mais il les fit disgracier l’un et l’autre lorsqu’il vit en eux des rivaux redoutables. Il mourut six mois après la disgrâce du dernier (oct. 1781). Maurepas avait de la pénétration et de la finesse ; mais ce ministre léger, insouciant et frivole, était peu capable de conjurer l’orage qui menaçait le trône. Des Mémoires ont été publiés sous son nom par Sallé, son secrétaire, 1790-92, 4 vol. in-8.

MAURES, Mauri, Mauritani. Ce nom, que l’on dérive du mot Maghreb, pays occidental, était restreint chez les anciens aux habitants de la Mauritanie occid., à l’O. du Muluchas ; il fut ensuite étendu aux habitants de cette portion de la Numidie qui forma depuis les Mauritanies césarienne et sitifine. Il est appliqué de nos jours à une forte partie des indigènes de l’Algérie, du Maroc, du Bilédulgérid, de l’État de Sidy-Hescham et du Sahara. Ils sont sédentaires ; la plupart habitent les villes, surtout celles du littoral ; l’organisation en tribus est moins marquée chez eux que chez les Arabes et les Kabyles. Ils sont en général très-forts et de complexion sèche ; ils ont de beaux yeux et de belles dents ; ils ont la peau plus blanche que les Arabes, le visage plus plein, le nez moins aigu, le profil moins anguleux, tous les traits de la physionomie moins prononcés. Ils se livrent au commerce et à l’industrie et possèdent des biens de campagne. Ils professent le Mahométisme.

Dans l’histoire d’Espagne il ne faut pas confondre les Arabes et les Maures : la période de la conquête de l’Espagne et du califat de Cordoue est arabe ; celle des Almoravides et des Almohades est maure. Les Maures furent bannis d’Espagne en 1609.

MAUREVEL, assassin aposté par le duc de Guise, tira un coup d’arquebuse sur Coligny le 20 août 1572, quelques jours avant la St-Barthélemy.

MAURIAC, ch.-l. d’arr. (Cantal), à 36 k. N. O. d’Aurillac, sur l’Auze, au pied d’une colline volcanique ; 3420 hab. Trib. de 1re inst., collége (cet établissement, fondé par Duprat, appartenait autrefois aux Jésuites) ; église Notre-Dame des Miracles, du XIIIe siècle. Commerce de chevaux, mulets, bestiaux ; étoffes de laine, cuirs, cire jaune, fromages. Près de la ville est une antique chapelle de S. Mary ou S. Marius, apôtre de la Hte-Auvergne.

MAURICE (S.), chef de la légion thébéenne (c.-à-d. levée en Thébaïde), composée de chrétiens, subit le martyre avec ses compagnons, pour avoir refusé d’obéir à l’empereur Maximien qui leur ordonnait de sacrifier aux faux dieux. Cet événement, qu’on place en 286 ou 303, eut lieu entre Agaunum (St-Maurice) et Octodurus (Martigny), dans le Valais actuel. On fête S. Maurice et ses compagnons le 22 sept. Sigismond, roi de Bourgogne, fit bâtir au VIe s., sur le lieu où leurs corps avaient été miraculeusement retrouvés, une abbaye devenue célèbre (V. ST-MAURICE). — En 1434, Amédée VIII, duc de Savoie, créa sous le nom d’Ordre de S.-Maurice un ordre militaire, qui fut en 1572 renouvelé par le duc Emm. Philibert et réuni à celui de St-Lazare. Cet ordre a été réorganisé en 1816 et conféré dès lors aux services civils aussi bien que militaires. Il a pour insignes une croix blanche à 4 branches, surmontée d’une couronne, et croisée d’une croix verte, qui est celle de St-Lazare ; le ruban est vert.

La Lance de S. Maurice était le symbole de la puissance souveraine dans le royaume d’Arles.

MAURICE, Mauritius Tiberius, empereur d’Orient, né en 539 à Arabissus en Cappadoce, était gendre de Tibère II et fut proclamé en 582. Il rétablit Chosroès II, roi de Perse, expulsé par ses sujets ; secourut l’Italie contre les Lombards, mais eut lui-même à se défendre contre les attaques et les perfidies du roi des Avares. Phocas se révolta contre lui, le prit et le fit tuer avec ses six fils, 602. On a de cet empereur 12 livres sur l’Art militaire, publ. avec trad. lat. par J. Scheffer, Upsal, 1664 (avec Arrien).

MAURICE DE NASSAU, de SAXE, etc. V. NASSAU, SAXE.

MAURICE (île) ou ÎLE-DE-FRANCE, grande île de l’Océan indien, l’une des Mascareignes, au S. E. de l’Afrique, par 54° 56'-55° 26' long. E., 19° 58'-20° 31′ lat. S. ; 60 kil. sur 35 ; 160 000 hab. ; ch.-l. Port-Louis. Côtes sinueuses, baies, anses, deux ports. Pays montagneux, autrefois volcanique, traversé par 4 chaînes de montagnes, dont la plus élevée, le Piton des Neiges, a 3150m ; nombreuses rivières, mais peu considérables. Au N. E. est le quartier des Pamplemousses, célébré par Bernardin de St-Pierre. Climat sain ; grands ouragans ; terrain sec, mais fertile ; denrées tropicales ; épaisses forêts, qui ont été en partie détruites : on y trouve une grande quantité de singes. Vastes savanes, où l’on engraisse des bestiaux. On exporte du sucre, du rhum, du café, et des bois estimés (bois de fer, bois de natte, benjoin, mangliers, palmiers, etc.). P. Poivre y introduisit au XVIIIe siècle la culture des épices des Moluques (cannelle, muscade, girofle, etc.). — L’île fut découverte en 1505, par le Portugais P. Mascarenhas, qui la nomma Cerno ; en 1598, elle fut occupée pour la Hollande par Van Neck, qui la nomma Mauritius en l’honneur de Maurice, prince d’Orange ; mais elle fut abandonnée en 1712. Les Français la possédèrent de 1713 à 1810 et lui donnèrent le nom d’Île-de-France. Elle fut prise en 1810, après une glorieuse résistance, par les Anglais, qui l’ont gardée depuis. Néanmoins l’usage officiel de la langue française y a été maintenu jusqu’en 1847, et il domine encore dans la majorité de la population.

MAURIENNE (Vallée de), en italien Moriana, en latin Garocelia vallis et Maurianæ comitatus, anc. prov. des États sardes, auj. à la France, entre les provinces de Savoie supérieure et de Tarentaise au N., la division de Turin au S., et la Savoie propre à l’O. ; 90 k. sur 26 ; ch.-l., St-Jean de Maurienne. C’est une vallée encaissée entre les Alpes Cottiennes et les Alpes Grecques, arrosée par l’Arc et ses affluents. On y trouve beaucoup de goitreux. — Ce pays a porté depuis le XIe s. le titre de comté : il est regardé comme le premier héritage des comtes de Savoie. Il a été cédé à la France en 1860 et fait partie du dép. de Savoie.

MAURITANIE, Mauretania et Mauritania (auj. roy. de Fez dans le Maroc et partie O. de l’Algérie), contrée de l’Afrique ancienne, au N. O., entre la Numidie à l’E., l’Atlantique à l’O., la Méditerranée au N. ; ses limites au S. étaient vagues ; à l’E. elles varièrent souvent : jusqu’en 108 av. J.-C., la Mauritanie s’arrêta au Mutuchas (Molokath) ; depuis cette époque, elle alla jusqu’à l’Ampsagas (Oued-el-Kébir). De là deux Mauritanies, l’une Orientale, l’autre Occidentale, séparées