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Unis, et cet État fut plusieurs fois le théâtre de la guerre. L’esclavage y fut aboli dès 1683.

MASSADA, place forte de la Judée, à l’E. de Jérusalem, et près de la mer Morte. Hérode y fit faire d’immenses travaux pour la rendre inexpugnable : ce prince y avait un magnifique palais. M. de Sauley a récemment retrouvé l’emplacement de cette ville.

MASSAGÈTES, Massagetæ, peuple scythe, qui habitait le littoral de la mer Caspienne, au N. et à l’E., entre l’Iaxarte et l’Imaüs. ils étaient nomades, pasteurs et ichthyophages, buvaient le lait de leurs cavales, et combattaient tantôt à pied, tantôt à cheval. On prétend qu’ils tuaient leurs vieillards et se nourrissaient de leur chair. Cyrus ne put les soumettre. V. THOMYRIS.

MAS-SAINTES-PUELLES (Le), bourg de France (Aude), à 6 kil. S. de Castelnaudary ; 1200 hab. Patrie de S. Pierre Nolasque. — Ce lieu, nommé jadis Recaudum, prit son nom de deux saintes filles qui y furent enterrées. Jadis ville forte : prise et brûlée par les Anglais (1355), et par Louis XIII (1623). Elle avait été vainement assiégée par Joyeuse en 1586.

MASSAT, ch.-l. de cant. (Ariége), à 23 kil. S. E. de St-Girons ; 7180 h. Aux envir., mines de fer.

MASSEGROS, ch.-l. de cant. (Lozère), arr. et près de Florac ; 350 hab.

MASSÉNA (André), prince d’Essling, maréchal de France, né à Leven, près Nice, en 1758, était fils d’un marchand de vins et s’enrôla fort jeune dans un régiment français. Ne pouvant dépasser les grades inférieurs, faute de naissance, il s’était retiré du service lorsqu’éclata la Révolution. Nommé en 1792 chef de bataillon, en 1793 général de brigade, il se distingua à l’armée du Midi, fut promu en 1795 au grade de général de division, et prit la part la plus glorieuse à la conquête de l’Italie par Bonaparte : c’est lui qui décida le gain de la bataille de Rivoli (1797) ; après ce combat, le général Bonaparte le proclama l’Enfant chéri de la victoire, surnom qui lui est resté. En 1798, il fut mis à la tête du corps d’armée chargé d’établir un gouvernement républicain dans l’État de l’Église ; mais il fut accusé de dilapidations par sa propre armée, et se vit contraint à se retirer. Cependant il reparut dès l’année suivante à l’armée d’Helvétie : il se couvrit de gloire en battant à Zurich les Russes, qui menaçaient la France d’une invasion. Envoyé ensuite en Italie pour s’opposer aux Autrichiens qui reprenaient les pays conquis, il se jeta dans Gênes avec une poignée de soldats, et parvint à retenir le général autrichien Mélas assez longtemps pour favoriser l’irruption de Bonaparte en Italie et préparer la victoire de Marengo. C’est à lui que Bonaparte remit le commandement quand il revint à Paris. En 1804, il fut fait maréch., et bientôt d. de Rivoli. En 1805 il reçut le commandement en chef de l’année d’Italie : vainqueur à Caldiero, à Vicence et sur la Brenta, il poursuivit avec vigueur le prince Charles, qui fut contraint de se retirer en Allemagne ; en 1806, il accompagna Joseph Bonaparte, qui allait se mettre en possession du royaume de Naples, prit Gaëte et battit plusieurs fois les rebelles de la Calabre. En 1809, il commanda en Autriche le corps de la grande armée, et sauva l’armée à Essling : Napoléon, en récompense, le créa prince d’Essling. Moins heureux en Portugal (1810), il ne put chasser de ce pays les Anglais, commandés par Wellington ; après le combat malheureux de Fuentes d’Onoro, il rentra en France (1811). Napoléon le laissa depuis sans emploi. Il mourut à Paris en 1817. Masséna devait plus à la nature qu’à l’éducation. Au dire de Napoléon, le bruit du canon éclaircissait ses idées, lui donnait de la pénétration et de la gaieté. Son caractère distinctif était l’opiniâtreté et la persévérance : il ne se décourageait jamais. Il a laissé des Mémoires, qui ont été rédigés et publiés par le général Kock, Paris, 1849.

MASSESSYLES ou MASSÉSYLIENS, Massessyli, peuple de la côte septentr. d’Afrique, entre les Massyles à l’O et la Mauritanie à l’E. V. NUMIDIE et SYPHAX.

MASSEUBE, ch.-l. de cant. (Gers), sur la r. g. du Gers, à 21 kil. S. E. de Mirande ; 1500 hab. Grand commerce de mulets.

MASSEVAUX, en all. Masmunster, v. d’Alsace-Lorraine, à 20. kil. E. N. E. de Belfort, sur le Doller ; 3356 hab. Tissus de coton ; forges. Il doit son nom à une célèbre abbaye de chanoinesses augustines, dont les bâtiments servent auj. de filature.

MASSIAC, ch.-l. de cant. (Cantal), sur l’Alagnon, à 30 kil. N. de St-Flour ; 1600 h. Château. Station.

MASSIEU (Guill.), littérateur, né à Caen en 1665, m. en 1722, entra fort jeune chez les Jésuites, en sortit bientôt pour se livrer aux lettres, devint professeur de langue grecque au Collége de France, membre de l’Académie française et de l’Académie des inscriptions, et se fit une réputation par une Histoire de la poésie française, 1734 (1 vol. in-12), qui est cependant un ouvrage peu exact. On a aussi de lui une traduction de Pindare et un poëme latin sur le café. — Un autre Massieu, J. B., 1742-1818, conventionnel et évêque constitutionnel de l’Oise, a donné une traduction de Lucien, 1781-67, 6 vol. in-12.

MASSILIE, Massilia, v. de Gaule. V. MARSEILLE.

MASSILLON (J. B.), célèbre prédicateur, né en 1663, à Hyères en Provence, m. en 1742, entra jeune dans la congrégation de l’Oratoire, professa les belles lettres et la théologie à Pézenas, à Montbrison, à Vienne ; vint à Paris en 1696 pour diriger le séminaire de St-Magloire ; fut chargé en 1698 par le roi d’une mission à Montpellier, dans laquelle il commença sa réputation ; prêcha en 1699 le carême dans l’église de l’Oratoire et l’avent à Versailles, et se plaça dès lors au premier rang des orateurs de la chaire. Louis XIV se plaisait à l’entendre, mais il ne fit rien pour son avancement ; le Régent fut plus juste et le nomma en 1717 évêque de Clermont-Ferrand. Il fut reçu à l’Académie en 1719. Il passa le reste de sa vie dans son diocèse, et s’y fit bénir par sa charité et ses vertus évangéliques. On a de Massillon : 1o des Sermons, au nombre de près de 100, parmi lesquels on remarque surtout les sermons réunis sous le titre de Petit Carême, prononcés en 1717 devant le jeune roi Louis XV et où il traite des devoirs des grands ; le sermon sur l’Aumône, et celui sur le Petit nombre des élus : ce dernier contient une prosopopée célèbre sur le jugement dernier qui fit tressaillir tout son auditoire d’un mouvement commun d’effroi ; 2o des Mystères et des Panégyriques de saints ; 3o des Oraisons funèbres, dont la plus belle est celle de Louis XIV ; 4o des Conférences ecclésiastiques, Mandements, Discours synodaux ; 5o des Paraphrases de psaumes. Le genre de Massillon est une éloquence douce, insinuante, pleine d’onction, souvent pathétique, harmonieuse et abondante en développements : on l’a surnommé le Racine de la chaire. Vivant dans un siècle de philosophie, il s’adresse à la raison autant qu’à la loi. Moraliste profond, il avait fait une étude assidue du cœur humain, et il en suit avec une admirable pénétration tous les replis. Ses Œuvres ont été réunies par son neveu, Joseph Massillon, 1745-48 ; elles ont été souvent réimprimées avec des additions, notamment par Renouard, 1810, 13 vol. in-8 ; Méquignon, 1818, 15 vol. in-12 ; l’abbé Guillon, 1828, 16 vol. in-12. Tabaraud a donné les Œuvres choisies de Massillon, 1824, 6 v. in-8, et Renouard, des Morceaux choisis de ses écrits, à l’usage des classes, 1812. D’Alembert prononça son Éloge. La ville d’Hyères lui a élevé une statue.

MASSINGER (Phil.), poëte dramatique, né en 1584 à Salisbury, où son père était au service chez le comte de Pembroke, m. en 1640, se fixa de bonne heure à Londres, travailla pour le théâtre avec Fletcher, Rowley, Dekker, réussit dans la comédie et la tragédie et égala presque Ben-Jonson. On estime surtout sa tragédie du Duc de Milan, et les comédies intitulées le Tuteur, la Nouvelle méthode de payer ses dettes, 1633. La meilleure édition de ses Œuvres est due à W. Gifford, 4 vol. in-8, 1805 et 1813.

MASSINISSA. V. MASINISSA.