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tairerédacteur de la Chambre des députés, remplaça Andrieux comme professeur de belles-lettres à l’École polytechnique, et fut à la fin de sa vie bibliothécaire à Ste-Geneviève. Élève et ami de Bernardin de Saint-Pierre, il recueillit ses œuvres, épousa sa veuve et adopta sa fille Virginie. Il publia en 1810 les Lettres à Sophie sur la physique, la chimie et l’histoire naturelle, dans lesquelles il mettait la science à la portée de tous, en lui prêtant, à l’exemple de Demoustier, l’ornement de la poésie ; en 1834, l’Éducation des mères de famille, couronnée par l’Institut. On lui doit la publication des Œuvres complètes de Bernardin de St-Pierre, avec un Essai sur sa vie et ses ouvrages (1817-1819, 12 vol. in-8), et d’excellentes éditons annotées de Racine, La Rochefoucauld, Molière, (1821-1824), dans la belle collection Lefèvre, et du traite de l’Existence de Dieu de Fénelon.

MARTIN (John), peintre anglais, né en 1789 à Haydon-Bridge, près de Hexham, m. en 1854, travailla d’abord chez un carrossier à l’ornementation des voitures. Il vint à Londres en 1806, et s’y fit, au bout de peu d’années, une telle réputation par la hardiesse de ses conceptions que ses admirateurs le comparaient à Michel-Ange. Ses meilleures toiles sont : la Chute de Babylone, 1819 ; le Festin de Balthasar, 1821 ; la Destruction d’Herculanum, 1822 ; les Sept plaies, 1823 ; la Création, 1824 ; le Déluge, 1826 ; la Chute de Ninive, 1828. il se distingue par la puissance des images et la magie des contrastes ; mais il vise trop à l’effet et ne sait qu’imparfaitement employer la couleur. J. Martin a gravé lui-même ses principales compositions ; on lui doit aussi de belles illustrations de Shakspeare et de Milton.

MARTIN (LE BEAU), graveur. V. SCHŒN.

MARTINACH. V. MARTIGNY.

MARTINEZ, nom de plusieurs peintres espagnols, dont le plus célèbre est Sébastien Martinez, l’un des plus grands maîtres de l’école de Séville, né à Jaën en 1602, m. à Madrid en 1667. Il réussit également dans l’histoire et dans le paysage, et se distingua à la fois par la pureté du dessin et par un coloris plein de grâce et d’harmonie. Il reçut en 1660 le titre de peintre de Philippe IV. On cite de lui : la Nativité de S. Jérôme, S. François, la Conception, un Christ, qu’il fit pour les religieuses du Sacré-Corps à Cordoue, et le célèbre tableau de S. Sébastien qui orne la cathédrale de Jaën. — Un autre Martinez, José Luxan, de Saragosse, 1710-85, orna de ses œuvres Saragosse, Huesca, Calahorra, Calatayud, fut nommé en 1741 peintre du roi (Philippe V), et fonda à Saragosse l’Académie dite de St-Louis, d’où sortirent plusieurs artistes distingués. Sa couleur est suave, son exécution large et facile.

MARTINEZ PASQUALIS, chef de la secte des Martinistes, né vers 1710, était Portugais et Juif. Il institua en 1754 un rite cabalistique d’élus, qu’il appelait les Cohens (c.-à-d. en hébreu prêtres), introduisit ce rite dans quelques loges maçonniques de France, à Marseille, à Toulouse et à Bordeaux, puis vint prêcher sa doctrine à Paris ; quitta soudain cette ville en 1778, s’embarqua pour St-Domingue, et termina sa carrière au Port-au-Prince en 1779. Il eut entre autres disciples le célèbre St-Martin.

MARTINEZ DE LA ROSA (Franç.), littérateur et homme d’État, né en 1789 à Grenade, m. en 1862, prit part au mouvement national contre l’invasion française, célébra dans le poëme de Saragosse l’héroïque défense de cette ville (1811), fut élu député aux Cortès en 1812 et y soutint avec ardeur les opinions les plus avancées ; fut, pour ce motif, condamné par Ferdinand VII à 10 ans d’emprisonnement dans un des présides du Maroc, ne recouvra la liberté qu’à la faveur de la révolution de 1820, fut aussitôt élu de nouveau député aux Cortès et devint en 1822 président du Conseil. Il combattit les idées ultra-démocratiques et s’efforça de concilier l’ordre avec la liberté, mais il fut renversé du pouvoir en 1823 par une émeute que suivit bientôt l’intervention française. Il se retira à Paris, où il passa huit années et ou il fit représenter le drame d’Aben-Humeya ou la Révolte des Maures sous Philippe, ouvrage écrit en français. Rappelé aux affaires en 1834 par la régente Marie-Christine, il devint chef d’un cabinet franchement constitutionnel, qui fit voter l’Estatuto real et signa la Quadruple alliance (V. ce mot), mais il ne put prévenir le retour des émeutes à Madrid, ni dominer le soulèvement démocratique des juntes provinciales, et se retira dès 1835. Rentré au pouvoir avec Narvaez en 1843 après la chute d’Espartero, il en sortit en 1846, fut depuis ambassadeur en France, à Rome, président du conseil d’État et enfin président des Cortès, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. Libéral, mais modéré, Martinez de la Rosa lutta à la fois contre les excès de la démocratie et contre ceux de l’absolutisme ; il honora sa cause par sa probité et son éloquence ; mais il parut plusieurs fois manquer d’initiative et de fermeté et ne put rien fonder. Consacrant aux lettres les loisirs que lui laissaient les affaires, il a publié, outre les écrits déjà mentionnés, des Poésies lyriques forts estimées, surtout son Ode sur la mort de la duchesse de Frias, un Art poétique, dans lequel il applique les règles de Boileau à la littérature espagnole ; des tragédies : la Veuve de Padilla et Œdipe ; des drames, dont le plus remarquable est la Conjuration de Venise ; des comédies fort goûtées : Ce que peut un emploi, la Fille à la maison et la Mère au bal (imitée en français), des romans dans le genre de W. Scott, mais fort inférieurs ; enfin l’Esprit du siècle, essai historique et philosophique sur la révolution française. Il était secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Madrid.

MARTIN-GARCIA, petite île de l’Amérique mérid., au confluent de l’Uruguay et du Rio de la Plata, a été occupée en 1838 par les Français, alors en guerre avec la république de Buénos-Ayres, et évacuée en 1840.

MARTINI (Martin), missionnaire jésuite, né à Trente en 1614, m. en 1661, opéra un grand nombre de conversions en Chine. On a de lui : Atlas sinensis, Amst., 1655 ; Sinica historia ad Christum natum, Munich, 1658 ; de Bello tarlarico in Sinis, Rome, 1654. Tous ces ouvrages ont été trad. en français.

MARTINI (le P. J. B.), musicien érudit, né à Bologne en 1706, m. en 1784, était cordelier. Il fit faire de grands progrès à l’enseignement de la musique et ouvrit à Bologne une école de composition d’où sortirent Sabbatini, Sarti, Mattei, etc. Il a composé nombre de messes, de motets, de sonates, et a rédigé une excellente Histoire de la musique, Bologne, 1757-81, 3 vol. in-f., et un Essai sur le contrepoint, 1774-75, 2 vol. in-4. Il avait formé une bibliothèque musicale de 17 000 volumes.

MARTINI (J. L. Égide), compositeur, né en 1741 à Freystadt, dans le Ht-Palatinat, m. à Paris en 1816, vint de bonne heure se fixer en France, et servit quelque temps dans les hussards. On a de lui des marches militaires, des morceaux d’harmonie, de la musique d’église, des romances (entre autres : Plaisir d’amour, restée populaire), plusieurs opéras : l’Amoureux de quinze ans, 1771 ; la Bataille d’Ivry, 1774 ; le Droit du seigneur, 1783 ; Sapho, 1794 ; Annette et Lubin, 1800, et un traité De la Mélopée moderne, 1790.

MARTINI, peintre, V. MEMMI.

MARTINIQUE (LA), une des Petites-Antilles françaises, par 63° 11'-63° 38' long. O., 14° 28'-14° 52' lat. N., à 110 kil. S. E. de la Guadeloupe, 94 k sur 35 ; 98 900 hect. ; 142 000 hab., dont à peine 10 000 blancs. Cette île est formée de deux presqu’îles réunies par un isthme. Elle forme un gouvt divisé en deux arrondissements, qui ont pour ch.-lx Fort-de-France et St-Pierre. Hautes montagnes, qui sont pour la plupart des volcans éteints, et parmi lesquelles on remarque la Montagne Pelée, le Carbet, la Soufrière. Beaucoup de mornes, collines de lave, d’où coulent des ruisseaux qui au temps des pluies deviennent des torrents dangereux. Côtes très-découpées, formant une multitude d’anses, de rades, et de