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français presque tous les classiques latins : Plaute, Lucrèce, Térence, Catulle, Virgile (en prose, puis en vers), Horace, Ovide, Sénèque le tragique, Lucain, Juvénal, Perse, Martial (en vers), Stace, ainsi qu’Aurélius Victor, Ammien Marcellin, etc. ; malheureusement, ces traductions ne sont guère remarquables que par leur platitude. Il a en outre traduit du grec Athénée. L’abbé de Marolles a laissé des Mémoires, qui sont instructifs, et a publié le Temple des Muses, 165,. avec figures de Blomaert. Il avait formé un riche cabinet d’estampes, qui se trouve auj. à la bibliothèque impériale.

MAROMME, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), sur le Cailly, à 6 kil. N. O. de Rouen ; 2300 hab. Blanchisserie, poudrerie, raffinerie, indiennes, filatures.

MARON (S.), pieux solitaire qui vivait en Syrie au Ve siècle, fut ordonné prêtre en 405, et mourut en 433. il habitait sur une montagne près de Cyr, et attira près de lui un grand nombre de disciples qui formèrent plusieurs monastères. On l’hon. le 9 et le 14 février. — Un autre Maron, Jean, patriarche de Syrie, qui vivait au VIIe siècle, est regardé comme le chef de l’église des Maronites. V. MARONITES.

MARONI, riv. de la Guyane française : sort des monts Tumacumaque, coule au N. E., puis au N., sépare les Guyanes hollandaise et française, tombe dans l’Océan Atlantique, après un cours de 600 k. On y trouve des cailloux semblables au diamant.

MARONITES. On nomme ainsi à la fois une peuplade de la Syrie, et une église particulière formée de cette peuplade. Ils habitent le pachalik de Tripoli, le Libah et l’Antiliban, entre les Nosaïris au N. et les Druses au S. ; ils occupent presque tout le Kesraouan. On en compte env. 400 000. Ils vivent presque entièrement indépendants. On fait remonter leur existence à l’année 634 : les Arabes ayant alors envahi la Syrie, un certain Joseph, prince de Byblos, se réfugia avec ses sujets dans les montagnes du Liban, où ils se sont maintenus. On donne pour fondateur à la secte des Maronites un certain J. Maron, moine, qui se serait aussi réfugié dans le Liban pour fuir la persécution et qui aurait vécu, selon les uns au Ve siècle, selon les autres au VIIe. D’autres font dériver leur nom d’un ancien bourg de Maronia, auj. détruit. Quoiqu’il en soit, les Maronites furent soumis par les Turcs ; mais ils conservèrent un chef de leur religion. Ils sont depuis les Croisades sous la protection de la France. Les Maronites professèrent d’abord le Monothélisme ; depuis, ils se soumirent à l’Église romaine, tout en conservant le rit syrien ; leur chef prend le titre de patriarche d’Antioche et étend sa juridiction sur Tyr, Damas, Tripoli, Alep et Nicosie ; il a longtemps résidé à Kanobin. Quoique rentrés dans le sein de l’Église romaine, ils en différaient jadis par quelques détails du culte, mais ils ont fini par s’y rallier entièrement sous Grégoire XIII. Clément XII leur fit même adopter, en 1736, les décisions du concile de Trente : aussi les nomme-t-on les Catholiques du Liban. Les Maronites possèdent à Rome depuis Grégoire XIII un séminaire d’où sont sortis un grand nombre d’hommes distingués, notamment Abraham Ecchellensis, Gabriel Sionita, les Assemani. En Syrie, les Maronites sont sans cesse en lutte avec les Druses, qui habitent comme eux le Liban : les Druses aidés des Turcs en ont fait en 1860 un horrible massacre, qui a nécessité l’intervention européenne.

MAROS, Marisus, riv. de Transylvanie et de Hongrie, devient navigable à Karlsburg, et tombe dans la Theiss vis-à-vis de Szegedin ; cours, 600 kil. Elle roule de l’or dans ses eaux. — Elle donne son nom à un comitat de la Transylvanie, dans le pays des Széklers, qui compte 195 000 hab. et qui a pour ch.-l. Maros-Vasarhély, ville de 10 000 h. Beau palais de Tekely, riche bibliothèque, collection de minéralogie, collége, etc.

MAROSIE, dame romaine, fille de la 1re Théodora, d’une famille riche et puissante, épousa vers 906 Albéric, comte de Tusculum et marquis de Camerino. Restée veuve de bonne heure, elle se remaria deux fois. Par ses richesses, sa beauté et son esprit d’intrigue, elle acquit un grand crédit sur les principaux seigneurs de Rome et put pendant plusieurs années faire et défaire les papes à sa fantaisie : elle se rendit maîtresse de la ville, fit élire Sergius III (904), Anastase III (911), Landon (913), fit déposer en 928 Jean X, qui avait été élu par l’influence de Théodora, sa sœur et sa rivale, et le fit périr avec le secours de Guido, duc de Toscane, son 2e époux ; puis, en 931, elle fit asseoir sur le siége pontifical, sous le nom de Jean XI, l’un de ses fils encore fort jeune (V. JEAN XI). En 932, elle épousa en 3e noces Hugues de Provence, devenu roi d’Italie ; mais, ce dernier ayant donné un soufflet au fils aîné de Marosie, nommé Albéric, le jeune homme pour s’en venger souleva la jeunesse romaine, massacra les gardes de son beau-père, le força à prendre la fuite, et renferma Marosie, dans le château St-Ange, où elle mourut. On ne connaît pas l’époque de sa mort.

MAROT (Clément), poëte, né à Cahors en 1495, m. en 1544, était fils de Jean Marot, valet de chambre de François I, et fut d’abord placé lui-même en qualité de valet de chambre auprès de Marguerite de Valois, sœur du roi. Il suivit François I dans son expédition d’Italie, et fut fait prisonnier avec lui à Pavie (1525). De retour en France, il fut jeté dans les prisons du Châtelet comme suspect d’hérésie ; il en sortit en 1526, grâce à l’intervention du roi, mais fut bientôt après incarcéré de nouveau et se vit contraint de fuir ; il se réfugia dans le Béarn (1535), puis à la cour de Ferrare et à Venise (1536). Il parvint à rentrer en France pour quelques années, mais ayant excité de nouvelles plaintes par une traduction des Psaumes que la Sorbonne condamna comme entachée de graves erreurs, il se retira à Genève (1543), et enfin à Turin, où il mourut dans l’indigence. Marot avait l’esprit enjoué et plein de saillies ; son style a un charme particulier qui tient surtout à un certain abandon, à la naïveté de l’expression et à la délicatesse des sentiments. Personne n’a mieux connu le ton qui convient à l’épigramme et n’a mieux manié la plaisanterie. Boileau le propose pour modèle en ce genre :

Imitez de Marot l’élégant badinage.

Ses meilleures poésies consistent en épigrammes, épîtres, rondeaux, ballades. Il en donna lui-même une édition à Lyon, 1538. Les meilleures éditions faites depuis sont celles de 1596, Niort ; de La Haye, 1731 ; de Paris, 1824, 3 vol. in-8, avec des notes et un glossaire ; de Ch. d’Héricault avec Étude sur la vie et les œuvres de Marot, 1866, 1 vol. in-8. Campenon a publié les Œuvres choisies, 1826. — Son père, Jean M., né au bourg de Mathieu, près Caen, était lui-même assez bon poëte. Il fut successivement attaché à Anne de Bretagne, à Louis XII et à François I comme valet de chambre, comme secrétaire et historiographe. Il avait accompagné Louis XII dans son expédition d’Italie, et avait célébré ses exploits dans deux poëmes (Voyage de Gênes, Voyage de Venise). Il fit aussi des vers en l’honneur de François I, composa des épîtres, des rondeaux, etc. On trouve ses Œuvres à la suite de celles de Clément Marot. M. G. Guiffrey a publié de lui en 1860 un poëme inédit composé à l’occasion de la convalescence de la reine Anne de Bretagne.

MAROT (Jean), architecte et graveur, né à Paris vers 1630, m. en 1679, construisit l’hôtel de Mortemart, la façade des Feuillantines (faubourg St-Jacques, à Paris), le château de Lavardin dans la Maine ; mais il est surtout connu par d’excellents dessins : Le magnifique château de Richelieu ; Plans et élévation des châteaux de Madrid, du Louvre, de Vincennes ; Architecture française, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des édifices de Paris, publiés par Mariette, 1727, in-fol. ; le Petit Marot, recueil de morceaux d’architecture, 1764, gr. in-4.

MAROZIA. V. MAROSIE.