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cession de la Corse à la France par les Génois (1768), chargé d'occuper l'île, eut à combattre Paoli, finit, après quelques échecs, par rester maître du pays, le gouverna jusqu'en 1781, sut y faire accepter la domination française, et fut en récompense fait marquis. Il protégea la famille Bonaparte, et fit admettre le jeune Napoléon à l'école de Brienne. Un fort élevé sur la côte O. de la Corse, entre Calvi et Ajaccio, a reçu son nom. D'immenses jardins qu'il possédait sur les Champs-Élysées, à Paris, furent en 1794 déclarés propriété nationale, puis vendus et dépecés. On y établit plus tard le Jardin Marbeuf, dont une rue rappelle encore aujourd'hui le nom.

MARBODE, chef marcoman. V. MAROBODUUS.

MARBODE, évêque de Rennes, né en 1035, d'une famille illustre de l'Anjou, m. en 1123, était fort lettré et remplit longtemps l'emploi de maître d'éloquence à Angers. Il fut sacré évêque en 1095 ou 96, se démit de son évêché sur la fin de sa vie, et se retira à l'abbaye de St-Aubin. On a de lui des Lettres, la Vie de plusieurs saints, un livre des Dix chapitres, espèce d'encyclopédie, un traité De ornamentis verborum, et plusieurs poëmes latins, parmi lesquels on remarque le Martyre des Machabées et les Pierres précieuses. Ses Œuvres ont été réunies par D. Legendre, à la suite de celles de J. Hildebert, Paris, 1708, in-f.

MARBOURG, Mattium, Mattiacum, Amasia Cattorum, en latin moderne Marpurgum, v. de Hesse-Cassel (Prusse), sur la Lahn, à 80 kil. S. O. de Cassel; 8000 hab. Cour d'appel, université, fondée en 1527; gymnase, école des arts et métiers, école vétérinaire; bibliothèque, jardin botanique, observatoire; consistoire luthérien. Rues étroites, tortueuses et sales. Anc. château des landgraves de Thuringe, qui sert de maison de force. Belle église Ste-Élisabeth, du XIIIe s. Anc. palais de l'Ordre Teutonique. Fabriques de pipes et de poterie, bonneterie, lainages, tabac; tanneries. — Marbourg, érigée en ville en 1227, était une des résidences des landgraves de Thuringe, et fut pendant quelque temps le ch.-l. de l'Ordre Teutonique. Il s'y tint un célèbre colloque en 1529. Ses fortifications furent démolies en 1807 par les Français.

MARBOURG, v. des États autrichiens (Styrie), ch.-l. de cercle sur la Drave, à 60 kil. S. de Grætz; 7000 h.

MARBRES D'ARUNDEL. V. ARUNDEL et PAROS.

MARBRES CAPITOLINS. V. FASTES dans notre Dictionnaire universel des Sciences.

MARC (S.), un des quatre évangélistes, né, à ce qu'on croit, dans la Cyrénaïque, s'attacha de bonne heure à S. Pierre, l'accompagna dans ses travaux, le suivit à Rome, où il lui servit d'interprète; alla prêcher l'Évangile dans la Pentapole de Cyrénaïque et en Égypte, où il fonda, vers l'an 52, l'église d'Alexandrie. Il fut pris et mis à mort dans cette ville par les idolâtres pendant les fêtes de Sérapis (vers 68). Cet évangéliste a pour emblème le lion. On célèbre sa fête le 25 avril. S. Marc écrivit son Évangile en grec; il le rédigea 10 ans après l'Ascension de J.-C., à l'aide des conversations qu'il avait eues avec S. Pierre : cet Évangile n'est souvent qu'un abrégé de celui de S. Matthieu. On attribue à S. Marc une liturgie particulière, qui est en usage dans l'église d'Alexandrie. Les Vénitiens croient posséder le corps de ce saint, qui aurait été transporté chez eux en 815; ils lui vouent un culte particulier.

MARC (S.), pape en 336, ne régna que 8 mois.

MARC, hérésiarque du IIe siècle, disciple de Valentin, attribuait à la parole et aux lettres dont les mots se composent une force créatrice, substituait à la Trinité catholique une Quaternité de son invention (il admettait en Dieu l’Ineffable, le Silence, le Père, la Vérité) et rejetait les sacrements, même le baptême. Il attira un grand nombre de partisans par des prestiges et de prétendues prophéties, ainsi que par la licence de sa morale : il enseignait que tout est permis aux adeptes.

MARC-ANTOINE. V. ANTOINE et RAIMONDI.

MARC-AURÈLE. V. AURÈLE.

MARCA (Pierre de), savant prélat, né en 1594 à Gan, près de Pau, dans le Béarn, d'une famille originaire d'Espagne, m. en 1662, devint en 1621 président du parlement de Pau, fut appelé en 1639 au conseil d'État par Richelieu, fut ensuite nommé intendant de la Catalogne, et y fit aimer l'administration française. Devenu veuf, il reçut les ordres et fut successivement élevé sur les siéges de Conserans, de Toulouse, enfin de Paris (1662), mais il mourut avant d'avoir pris possession de ce dernier siége. Il rédigea, pour réfuter l’Optatus gallus d'Hersent, un fameux traité De Concordia sacerdotii et imperii (1641), où il tentait de concilier l'autorité du pape et les libertés gallicanes; il le retoucha depuis pour plaire à la cour de Rome, mais sa véritable opinion fut rétablie dans l'édition publiée par Baluze en 1663. On lui doit aussi une Histoire du Béarn, 1650, et Marca hispanica, 1680, savante description des provinces d'Espagne limitrophes de la France.

MARCEAU ou MARCEL (S.). V. MARCEL (S.).

MARCEAU (le général), né en 1769 à Chartres, d'un procureur au bailliage, s'engagea à 15 ans, fut nommé en 1791 chef du 1er bataillon des volontaires d'Eure-et-Loir, fut envoyé en 1793 en Vendée avec le grade de capitaine, et fut nommé à 24 ans, sur la recommandation de Kléber, général en chef de l'armée de l'Ouest : il gagna sur les Vendéens la sanglante bataille du Mans (12 déc. 1793). Employé en 1794 à l'armée de Sambre-et-Meuse comme général de division, il contribua puissamment au gain de la bataille de Fleurus. Il protégea en 1796 la retraite de l'armée de Jourdan; déjà il avait plusieurs fois repoussé l'ennemi, lorsqu'il fut blessé mortellement près d'Altenkirchen; il n'avait que 27 ans. Les ennemis s'unirent aux Français pour lui rendre les honneurs militaires. Marceau ne se faisait pas moins remarquer par son humanité et son désintéressement que par son courage et ses talents stratégiques. Chartres lui a érigé une statue.

MARCEL I, pape de 308 à 309, natif de Rome, succéda à S. Marcellin, avec lequel on l'a quelquefois confondu à tort. Il fut banni par l'empereur Maxence sous prétexte qu'il causait des troubles par sa sévérité envers les Tombés (chrétiens qui avaient fléchi pendant les persécutions). On le fête le 16 janvier.

MARCEL II, élu en 1555, ne régna que 21 jours.

MARCEL (S.), évêque de Paris, célèbre par sa piété, fut élevé sur ce siége épiscopal à la fin du IVe siècle, et l'occupa jusqu'à sa mort, vers 440. Il fut enterré près de Paris dans un village qui forme auj. le faubourg St-Marcel ou St-Marceau. On le fête le 3 novembre. Selon la légende, ce saint évêque délivra le pays d'un serpent monstrueux.

MARCEL (Étienne), prévôt des marchands de Paris, se signala par son audace pendant la captivité du roi Jean; souleva le peuple contre l'autorité du dauphin (depuis Charles V) et contre la noblesse; porta le trouble dans les États généraux convoqués en 1356, en engageant les députés du Tiers à refuser des subsides et à réclamer des réformes radicales, puis fit assassiner sous les yeux du dauphin Robert de Clermont, maréchal de Normandie, et Jean de Conflans, maréchal de Champagne, conseillers du prince (1358). Il allait ouvrir l'une des portes de Paris à Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui assiégeait la ville, lorsqu'il fut tué à coups de hache par Jean Maillart. M. Naudet a écrit l'histoire de la Conjuration d'Étienne Marcel, 1815; M. Ferrens a publié en 1860 Marcel ou le Gouvernement de la bourgeoisie.

MARCEL, maître de danse en vogue au XVIIIe siècle, mort vers 1757, a composé quelques ballets. C'est lui qui s'écriait : « Que de choses dans un menuet! » En voyant danser un Anglais, il dit : « On saute dans les autres pays, on ne danse qu'à Paris. »

MARCEL (Guill.), historien, né à Toulouse en 1647, mort en 1708, fut sous-bibliothécaire de l'abbaye de St-Victor à Paris, puis avocat au conseil, fut charge en 1677 de conclure avec le dey d'Alger un traité qui rétablissait les relations commerciales, puis fut nommé commissaire de la marine en Provence. On a