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de 11 ans un recueil des Élégances des langues latine et italienne, et donna à 14 ans, sous le-titre d’Orthographiæ ratio, un système’ d’orthographe latine fondé sur les manuscrits et les inscriptions. Il suivit d’abord son père à Rome ; mais il revint à Venise en 1565 pour se mettre à la tête de l’imprimerie Aldine. Abandonnant la typographie pour les lettres, il remit en 1555 son imprimerie à l’un de ses ouvriers. Nic. Manassi, et alla remplir une chaire d’éloquence, d’abord à Bologne, puis à Pise, et enfin à Rome (1589). Clément VIII lui confia la direction de l’imprimerie du Vatican en 1592. Il mourut avant l’âge, d’une suite de débauche. On lui doit, outre les écrits déjà cités, des explications (en italien) des Locutions des Lettres de Cicéron, 1575, ainsi que des Commentaires sur Cicéron, sur Térence, 1585 ; des Discours politiques sur Tite-Live, etc.

Ant. Aug. Renouard a publié les Annales de l’imprimerie des Aldes ou Histoire des trois Manuce et de leurs éditions, Paris, 1803, 1825 et 1834.

MANUEL I, COMNÈNE, empereur grec, fils de Jean Comnène, succéda en 1143 à son père, au détriment de son frère aîné Isaac En 1147, il trahit les Croisés, conduits par Conrad, empereur d’Allemagne, et Louis le Jeune, roi de France, et ne contribua pas peu, par ses intelligences avec les Turcs, à faire échouer leur entreprise ; il en fut puni par Roger, roi de Sicile, allié des princes croisés, qui pénétra en Grèce et pilla Thèbes et Corinthe. Il fut sans cesse en guerre, eut à combattre les Hongrois et les Serviens révoltés, se laissa impunément insulter par les Vénitiens, et vit en 1176 son armée exterminée près de Myriocéphales en Asie-Mineure, par Azeddyn, sultan d’Iconium. Cependant il remporta peu après à son tour une victoire sur Azeddyn près du Méandre. Il mourut en 1180, avec la réputation d’un bon guerrier, mais d’un prince sans mœurs et sans probité.

MANUEL II, PALÉOLOGUE, succéda en 1391 à son père Jean Paléologue, après s’être évadé de la cour du sultan Bajazet, où il était en otage. Deux fois, sous son règne, Constantinople fut assiégée, la 1re, par Bajazet, qui se retira après un blocus de 7 ans, pour faire face à Tamerlan, qui avait envahi ses États ; la 2e, par Amurat, qui dut aussi s’éloigner pour combattre un compétiteur au trône. Il avait imploré vainement le secours de l’Occident. Manuel mourut en 1425, à 77 ans. Il fut père de Jean Paléologue II, qui lui succéda, et de Constantin Dracosès, dernier empereur de Constantinople.

MANUEL (don Juan), petit-fils de Ferdinand III et neveu d’Alphonse X, rois de Castille, né vers 1267, mort en 1347, fut tuteur d’Alphonse XI et gouverneur des frontières des Maures. Il cultivait les lettres : on a de lui un recueil de nouvelles, intitulé : Le Comte Lucanor, imprimé à Séville en 15-75 : il y donne, sous la forme d’apologues, des leçons de politique et de morale. Comme écrivain, c’est un conteur naïf et gracieux : il a contribué puissamment à assouplir la prose castillane. Le Comte Lucanor a été trad. en français par Puibusque, Paris, 1854.

MANUEL (Pierre Louis), démagogue, né à Montargis en 1751, avait d’abord été Doctrinaire. Enfermé à la Bastille pour un pamphlet irréligieux, il en sortit plein de haine contre l’ancien régime, se fit remarquer dès le début de la Révolution par ses discours au club des Amis de la Constitution, fut élu en 1791 procureur de la Commune de Paris, concourut puissamment à l’insurrection du 20 juin, organisa celle du 10 août 1792, et fut nommé député à la Convention par les électeurs de Paris. Il demanda la déchéance de Louis XVI, et fit transférer au Temple ce malheureux prince avec la famille royale. Cependant, dans le procès du roi, il vota l’appel au peuple, disant qu’il ne voyait dans la Convention que des législateurs et non des juges. Devenu dès lors suspect à ses anciens amis, il fut obligé de donner sa démission : il fut traduit peu après devant le Tribunal révolutionnaire et décapité le 14 nov. 1793.

MANUEL (Jacq. Ant.), orateur politique, né en 1776 à Barcelonnette (B.-Alpes), mort en 1827, s’enrôla comme volontaire en 1793, servit avec distinction jusqu’à la paix de Campo-Formio, puis entra au barreau d’Aix, et y acquit une grande réputation. Nommé représentant dans les Cent-Jours (1815), il se fit remarquer par son patriotisme. Élu député par le dép. de la Vendée en 1818, il combattit avec énergie la réaction royaliste, et irrita tellement par sa courageuse opposition le parti dominant qu’on l’expulsa violemment de la Chambre, en 1823. Son convoi donna lieu à une éclatante manifestation de l’opinion publique : il fut suivi par plus de 100 000 personnes. À la fermeté du caractère, Manuel Joignait l’éclat et l’énergie de la parole, ainsi qu’une logique serrée.

MANZANARÈS, riv. d’Espagne. V. MANÇANAREZ.

MANZAT, ch.-l. de cant. (Puy-de Dôme), sur la Morge, à 20 kil. N. O. de Riom ; 3000 hab.

MANZOLLI (Pierre Ange), poète latin du XVIe s., né à Stellata, près de Ferrare, vivait, à ce qu’on croit, à la cour du duc de Ferrare Hercule II. Il est auteur d’un poème latin fort curieux intitulé : Zodiacus vitæ, hoc est De hommis vita, studio ac moribus, qui parut à Bâle en 1537 : c’est une espèce de satire où il passe en revue toutes les professions, s’exprimant fort librement, surtout au sujet de l’Église romaine et du clergé. Pour échapper aux persécutions, il le publia sous le pseudonyme de Marcellus Palingenius, anagramme de ses noms ; ce n’est qu’en 1725 que Facciolati fit connaître le vrai nom de l’auteur. Du reste, on ne sait rien de sa vie. La meilleure édition de ce poëme est celle de Rotterdam, 1722. Il a été imité en vers français par Rivière, Paris, 1619, et traduit par Lamonnerie, 1731.

MARABOUTS (de l’arabe marbouth, cénobite, religieux), donné chez les Musulmans, notamment en Afrique, à des hommes qui se vouent à la vie spirituelle, qui sont en grande vénération ; la qualité de marabout se transmet de père en fils. Les marabouts desservent une espèce de chapelle qui reçoit elle-même le nom de marabout. — C’est de leur nom qu’on dérive celui d’Almoravides. V. ce mot.

MARACANDA, auj. Samarcand, v. de la Sogdiane, sur le Polytimète, fut détruite par Alexandre, maïs se releva depuis. V. SAMARCAND.

MARACAÏBO ou MARACAYBO, v. et port du Vénézuela, ch.-l. du dép. de Zulia, sur le bord O. du lac de Maracaïbo, à 560 kil. de Caracas, par 74° 6′ long. O., 10° 40′ lat. N. ; 20 000 hab. Port fermé par une barre ; deux forts ; chantiers de construction navale. Café cacao, copahu, salsepareille, cuirs, bois, jaunes, etc. — Le dép. de Maracaïbo, qui s’étend à l’O. et au S. O. du lac, compte environ 60 000 hab. et a pour villes principales, outre Maracaïbo, Perija, Alta-Gracia, Gibraltar. — Le lac a env. 280 k. sur 160. Il communique par un détroit avec le golfe de Maracaïbo, dans la mer des Antilles, et reçoit les rivières de Zulia, Chama, Motatan, etc. Bords malsains.

MARACAÏBO (Golfe de), dans la mer des Antilles, le long de la côte N. de la Colombie, s’étend entre 10° 42′-12° lat. N., 72° 15′-30° 30′, long. O. ; sa largeur varie de 100 à 250 kil. ; il s’enfonce dans les terres jusqu’à 190 kil. Il reçoit les eaux du lac Maracaïbo.

MARACH, Germanica Cæsarea, v. murée de la Turquie d’Asie, anc. ch.-l. de pachalik, auj. simple ch.-l. de livah, à 140 kil. N. O. d’Alep. Château. — Le pachalik, entre ceux de Roum au N., de Diarbékir à l’E, d’Alep au S., d’Adana à l’O., a 310 k. sur 220 ; 250 000 hab. Il comprend 5 livahs : Marach, Aïntab, Kars, Semisat, Malatia. Il est traversé par l’Almadagh, une des branches du Taurus, et arrosé par l’Euphrate. Climat et sol varié, fruits délicieux, industrie nulle. Ce pachalik occupe une partie de l’ancienne Comagène et de la Petite-Arménie. Il est actuellement compris dans celui de Kharbout. V. ce nom.

MARAGHA, v. de Perse (Aderbaïdjan), à 80 k. S. de Tauris ; 15 000 h. Place forte. Tombeau d’Houlagou.