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phonse XI et d'Éléonore de Guzman, né en 1333, m. en 1379, eut de longs démêlés avec son frère Pierre le Cruel, et usurpa sur lui la couronne de Castille, après l'avoir battu à Montiel et tué dans une entrevue, 1369. Quoique parvenu au trône par le crime, il se montra sage et bienfaisant, et eut des succès contre les rois de Portugal, de Navarre et d'Aragon.

HENRI III, dit l’Infirme, fils de Jean I, roi de Castille, lui succéda en 1390, à 11 ans. Après avoir secoué la tyrannique tutelle de ses deux oncles, il les combattit, les vainquit et leur pardonna (1395). Dans le schisme qui divisait l’Église, il se déclara pour Boniface III, mais, ayant été excommunié par lui pour avoir voulu introduire quelques modifications dans la discipline de l'Église, il reconnut Benoît XIII, son rival. Il obtint de grands succès sur les Portugais et les corsaires africains, et prit Tétouan. Il mourut en 1406, laissant le trône à Jean II, son fils.

HENRI IV, dit l’Impuissant, fils de Jean II, roi de Castille, lui succéda en 1454, à l'âge de 30 ans. Il eut d'abord à soutenir une guerre contre l'Aragon, qui fut terminée par la médiation de la France (1461). Il eut longtemps à lutter contre ses propres sujets qui refusaient de reconnaître sa fille (Jeanne) pour héritière du trône, contestant la légitimité de sa naissance, et qui le contraignirent à désigner Isabelle, sa sœur. Il tourna ensuite ses armes contre les Maures sans obtenir d'autre succès que de reprendre Gibraltar. Il mourut en 1474, haï et méprisé à cause de ses infâmes débauches et de sa lâche complaisance pour les désordres de sa femme.

HENRI de Bourgogne, tige des rois de Portugal, était petit-fils de Robert I, duc de Bourgogne, et arrière petit-fils de Robert, roi de France. Il se mit au service des rois de Castille Ferdinand et Alphonse VI, obtint de grands succès sur les Maures, en fut récompensé par la main de la fille naturelle d'Alphonse, et reçut, avec le titre de comte souverain (1095), la cession du Portugal, qu'il avait conquis sur les Infidèles. Il gouverna ses États avec sagesse et y fit refleurir la religion. Il fut tué au siège d'Astorga, en combattant les Maures, 1112. Son fils, Alphonse I, prit le 1er le titre de roi de Portugal.

HENRI de Portugal, duc de Viseu, surnommé le Navigateur, né en l394, mort vers 1463, était le 4e fils de Jean I, roi de Portugal. Il fit une étude approfondie de la géographie et de l'art de la navigation, et signala plusieurs fois son courage sur mer, notamment dans les expéditions contre Ceuta et Tanger. Ce prince appela autour de lui les marins et les voyageurs les plus célèbres et fonda une école nautique à Sagres près du cap St-Vincent. Il dirigea lui-même diverses expéditions : la découverte de l'île de Porto-Santo (1418), celle de Madère (1419) et des Açores (1432), ainsi que plusieurs voyages au Sénégal et aux côtes de Guinée, furent dues à ses soins. On lui attribue l'astrolabe et les cartes plates.

HENRI (le cardinal), roi de Portugal, 3e fils du roi Emmanuel, était archevêque de Braga et d'Evora lorsque la mort de son neveu Sébastien, qui périt en Afrique l'appela au trône (1578). Il se montra faible, irrésolu, et mourut sans s'être choisi un successeur, en 1580. Philippe II, roi d'Espagne, s'empara du Portugal après sa mort.

V. Personnages divers.

HENRI de Champagne, roi de Jérusalem, né vers 1150, m. en 1197, eut une part glorieuse à la 3e croisade, se distingua surtout au siège de Ptolémaïs et fut élevé sur le trône du consentement des seigneurs croisés en 1192. Il avait épousé Isabelle, veuve de Conrad, marquis de Tyr.

HENRI de Hainaut, empereur latin de Constantinople, de la maison de Flandres, né en 1174, prit part à la 4e croisade. Son frère Baudouin étant tombé entre les mains des Bulgares en 1205, il fut nommé régent, puis empereur en 1206. Après quelques guerres heureuses contre les Bulgares et les empereurs grecs, il mourut empoisonné, en 1216, au moment où il marchait contre Michel, despote de Servie.

HENRI l'Hermite, hérésiarque du XIIe s., qu'on croit originaire d'Italie, vécut d'abord en anachorète. Il rejetait une grande partie des Écritures, ne voulait pas d'églises, ne donnait le baptême qu'aux adultes, niait la présence réelle et supprimait la messe, proscrivait les croix, le culte des morts, etc. Chassé du Mans par Hildebert, évêque de cette ville, il se rendit à Lausanne, puis partit de cette ville en 1116 pour parcourir le midi de la France avec Pierre de Bruys, et fit un si grand nombre de prosélytes que le pape Eugène III fut obligé d'envoyer un légat pour combattre ses erreurs (1147). Il trouva dans S. Bernard un adversaire redoutable. Il fut pris et enfermé à l'abbaye de Clairvaux, ou il mourut. Ses partisans sont connus sous les noms d’Henriciens et de Pétrobusiens. Ils se confondirent avec les Albigeois.

HENRI DE GAND, Henricus Gandavensis, théologien scolastique, surnommé Doctor solemnis à cause de l'autorité de ses doctrines, né en 1220, à Muda près de Gand, mort en 1295, enseigna longtemps à l'Université de Paris et devint archidiacre de Tournay. On a de lui : Quodlibeta theologica, Paris, 1518; Summa theologiæ, 1520; De scriptoribus ecclesiasticis, etc. Il était réaliste et associait les idées de Platon aux formes aristotéliques.

HENRI DE CONDÉ, DE GUISE, etc. V. CONDÉ, etc.

HENRI I, roi d'Haïti. V. CHRISTOPHE.

HENRI, écrivain anglais, etc. V. HENRY.

HENRICHEMONT, ch.-l. de cant. (Cher), à23kil. O. de Sancerre; 1401 hab. Cette ville donnait son nom à une petite principauté.

HENRICHEMONT (Principauté de), ou de Bois-Belle, petit État jadis indépendant, était enclavé dans le Ht-Berry et comptait env. 6000 h. Outre Henrichemont, on y trouvait Bois-Belle, Mennetou-Sallon, Quantilly. Sully acheta en 1597 cette pté à Charles de Gonzague, et fit bâtir près de Bois-Belle la petite ville d’Henrichemont, qu'il nomma ainsi en l'honneur d'Henri IV. La principauté fut réunie à la couronne en 1766.

HENRICIENS, hérétiques. V. HENRI l'Hermite.

HENRIETTE DE FRANCE, reine d'Angleterre, fille de Henri IV et de Marie de Médicis, née à Paris, en 1609, épousa en 1625, à Londres, le roi Charles I, qui venait de monter sur le trône d'Angleterre. Lorsque la guerre civile qui causa la perte de son époux commença à éclater, Henriette, qui professait la religion catholique, fut accusée d'aigrir le roi contre les Protestants, et en 1644, elle se vit forcée de fuir vers les côtes de France, poursuivie par le canon anglais. Cette malheureuse princesse, après la fin déplorable de son époux (1649), se retira dans le couvent de la Visitation, qu'elle fonda à Chaillot. En 1660, à l'avènement de son fils Charles II, elle revit en reine l'Angleterre; mais elle revint bientôt à Chaillot. Elle mourut en 1669, à Colombes, où elle passait l'été. Bossuet prononça son Oraison funèbre : c'est un de ses chefs-d'œuvre. Ch. Cotolendi a donné l’Histoire de cette princesse, avec un Journal de sa vie, Paris, 1690. Ses Lettres à Charles I ont été publiées à Londres en 1857.

HENRIETTE D'ANGLETERRE, duchesse d'Orléans, fille de la précéd. et de Charles I, née à Exeter en 1644, épousa en 1661 Philippe, duc d'Orléans, frère de Louis XIV. Belle et spirituelle, elle obtint un brillant succès à la cour de Louis XIV; négligée par son mari, elle ne sut pas se garantir des séductions. En 1670, elle fut chargée par Louis XIV d'une mission secrète auprès du roi d'Angleterre Charles II, son frère, dans le but de détacher ce prince de l'alliance des Hollandais : au bout de dix jours, elle était de retour après avoir obtenu un plein succès. Peu de jours après, le 29 juin, elle mourut presque subitement, après avoir bu un verre d'eau de chicorée : elle n'avait que 26 ans. On soupçonna qu'elle avait été empoisonnée, et l'opinion accusa le chevalier de Lorraine, qu'elle avait fait exiler; mais il n'y a pas de