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l’un de leurs beys, refusa le tribut, chassa le pacha, battit les armées turques, et se fit proclamer sultan d’Égypte; la trahison seule put mettre fin à sa révolte. Même après cet événement, les Mamelouks étaient restés indépendants de fait. Ils avaient pour chefs Mourad-Bey et Ibrahim-Bey lorsque Bonaparte débarqua en Égypte en 1798. Les victoires des Français les affaiblirent considérablement; néanmoins, ils se relevèrent encore après leur départ : en 1808, ils complotèrent de renverser Méhémet-Ali, alors pacha d’Égypte pour le sultan. Celui-ci, informé de leurs projets, les fit réunir le 1er mars 1811 sous prétexte d’une expédition, et fit massacrer sous ses yeux tous ceux qui s’étaient rendus à cette convocation. Quatremère a donné une Histoire des sultans Mamelouks, traduite de Makrizi, Paris, 1838, 4 vol. in-4o.

Pendant l’occupation de l’Égypte par les Français, le général Bonaparte prit à son service plusieurs cavaliers mamelouks; ils le suivirent en France, et formèrent depuis 1804 une compagnie de la garde de l’Empereur; ils portaient le costume oriental. Après l’abdication de Napoléon, ils furent dispersés.

MAMERCUS (L. Æmilius), consul en 484 et 478 av. J.-C., battit les Èques et les Véiens. De nouveau consul en 473, il eut à réprimer des troubles intérieurs et voulut faire battre de verges le centurion Publilius Volero, centurion qu'il avait dégradé et qui refusait de servir comme simple soldat; mais le peuple irrité le chassa du Forum et nomma Volero tribun du peuple. — Un autre Æm. Mamercus, consul en 438 av. J.-C., dictateur en 437, 433 et 426, défit, avec l'aide de L. Cincinnatus, maître de la cavalerie, les Fidénates et les Véiens, et obtint les honneurs du triomphe. En 431, il fit réduire à 18 mois la durée de la censure, qui était d'abord de 5 ans.

MAMERS, Mamerciæ, ch.-l. d'arr. (Sarthe), à 43 kil. N. E. du Mans, sur la Dive; 5304 hab. Tribunal de 1re inst. et de commerce; collége, bibliothèque. Fabriques de toiles, serges, calicots, basins, piqués; tanneries. Commerce de grains et bestiaux. — On croit que cette ville tire son nom d'un temple du dieu Mars, appelé Mamers par les Samnites, temple qui y aurait été construit par les Romains. Elle était jadis fortifiée : elle fut prise en 1359 et 1417 par les Anglais qui en rasèrent les fortifications.

MAMERT (S.), Mamertus, archevêque de Vienne en Dauphiné en 463, mort en 477, eut de vives querelles avec le roi de Bourgogne Gondioc, qui était arien. Ce prélat institua les Rogations (vers 468), pour remercier Dieu d'avoir délivré la ville de Vienne des fléaux qui la désolaient. On l'hon. le 11 mai.

MAMERT (Claudien), frère du préc., m. vers 474, reçut les ordres, partagea avec son frère le gouvernement de l'église de Vienne, fixa la liturgie, régla les fêtes, les offices, les cérémonies, et composa l’office des Rogations. Il aimait et cultivait avec succès la littérature : Sidoine Apollinaire le regardait comme le plus beau génie de son siècle. On a de lui un Traité de la nature de l'âme (Venise, 1482; Anvers, 1607J, où il combat Fauste de Riez, qui soutenait que les âmes des hommes et même celle de J.-C. sont corporelles, et où il démontre par des raisons solides la spiritualité pure. On lui attribue quelques hymnes, entre autres le Pange lingua, chanté le Vendredi saint, que d’autres donnent à Fortunat.

MAMERTE, Mamertum, auj. Oppido, v. d'Italie (Brutium), à 48 kil. S. d'Hipponium, en face de Messine en Sicile. V. MAMERTINS,

MAMERTIN (Claude), orateur de Trêves, passe pour être l'auteur de deux Panégyriques de l'empereur Maximien Hercule, prononcés, le 1er en 289, le 2e en 292. Il sont assez élégamment écrits, mais remplis d'adulation. — Un autre Claude Mamertin, que l'on suppose être son fils, fut consul en 362, sous Julien, puis préfet d'Italie et d'Illyrie. On lui attribue un Panégyrique de Julien. — On trouve ces 3 discours dans les recueils des Panegyrici veteres.

MAMERTINS, corps de mercenaires recrutés dans l'origine à Mamerte, mais qui s'adjoignirent des hommes de tous pays. Après avoir servi en Sicile Agathocle et ses successeurs, ils finirent, après la mort de ce prince, par faire la guerre pour leur propre compte, et s'emparèrent perfidement de Messine, dont ils firent un repaire d'où ils infestaient toute la Sicile. Pressés par les Carthaginois, que les Siciliens avaient pour auxiliaires, ils appelèrent les Romains à leur secours, 264 av. J.-C., et devinrent ainsi l'occasion de la 1re guerre punique. Rome leur accorda son alliance et leur laissa de grands privilèges.

MAMMÉE (Julie), mère d'Alexandre Sévère, était fille de Julius Avitus et de Julie Mœsa. Elle éleva son fils avec le plus grand soin et sut le soustraire aux coups d'Héliogabale, sou cousin, qui cherchait à le faire périr; puis elle contribua à l'élever à l'empire. Malgré ses grandes qualités, elle se rendit odieuse par son orgueil et son avarice, et fut massacrée avec son fils par les soldats, à l'instigation de Maximin, en 235. Instruite par Origène des principes de la foi, cette princesse se montrait favorable aux Chrétiens.

MAMMON, dieu de la richesse chez les Syriens.

MAMORÉ, riv. de Bolivie, coule au N., sépare le Pérou du Brésil, reçoit le Guaporé et le Guapey, et tombe dans la Madeira, après un cours de 900 kil.

MAMURRA, chevalier romain, d'une illustre famille de Formies, accompagna César dans les Gaules comme préfet des ouvriers de l'armée, acquit dans ces fonctions de grandes richesses, et fit à son retour bâtir sur le mont Cœlius un palais magnifique qu'il fit revêtir de marbre : c'était la première fois que l'on voyait à Rome ce genre de luxe. Catulle a lancé plusieurs épigrammes contre ce Mamurra.

MAN (île de), Monabia ou Menavia, île anglaise de la mer d'Irlande, près de la pointe S. O. de l’Écosse; 50 kil. sur 22; 42 000 hab.; ch.-l., Castleton. Montagnes, plomb, fer, cuivre, granit, ardoises, chaux. Grains, légumes, fruits, chanvre; pâturages. Pêche au hareng. — Possédée longtemps par les comtes de Derby, puis par les ducs d'Athol, cette île fut achetée en 1765 par le gouvt anglais, qui chassa les contrebandiers dont elle était infestée. On y parle un dialecte du celtique.

MANA (la), riv. de la Guyane française, coule du S. au N., et se jette dans l'Atlantique à 160 kil. N. O. de Cayenne, après un cours d'environ 220 k. Bords insalubres. La France a tenté depuis 1820 d'y former des établissements qui n'ont pu prospérer; on y a récemment fondé une colonie agricole pour les nègres, qui est dirigée par des religieux de St-Joseph de Cluny.

MANAAR, île de la mer des Indes, au N. O. et près de Ceylan; 7 kil. sur 2; ch.-l. Manaar, sur la côte E. Petit port. Prise par les Portugais en 1560, par les Hollandais en 1658; elle appartient auj. aux Anglais. — Cette île donne son nom à un bras de mer situé entre la côte O. de Ceylan et la côte S. E. de Carnate dans l'Hindostan. Navigation difficile; pêche de perles.

MANABI, prov. de l’Équateur, est formée de l'anc. dép. colombien de Guayaquil; ch.-l., Puerto-Viéjo.

MANACOR, v. de l'île de Minorque, à 36 kil. E. de Palma; 8900 hab. Anc. palais des rois de Majorque.

MANAHEM, roi d'Israël, monta sur le trône en faisant mourir Sellum qui avait usurpé. Il régna 8 ans (766-754 av. J.-C.), et eut pour successeur Phacéia. Ce fut un roi cruel et impie.

MANASSÉ, fils aîné de Joseph, né en Égypte, fut adopté par Jacob, son grand-père, et devint chef d'une des 12 tribus des Hébreux.

MANASSÉ (Tribu de), la plus grande des 12 tribus de la Palestine, s'étendait à droite et à gauche du Jourdain, et se divisait en demi-tribu occid. et demi-tribu orient. de Manassé. Les 2 demi-tribus n'étaient point absolument contiguës : la première était placée entre les tribus d'Issachar au N., d'Éphraïm au S. et de Gad à l'O. (ch.-l., Thersa; autres villes : Samarie, Césarée) et contenait le mont Garizim; elle fit plus tard partie de la Samarie; — la deuxième entre l'Iturée, la Trachonitide, l'Idumée, les tribus de Gad,