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L'Ordre de Malte, comme celui des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem dont il est la continuation, se partageait en 8 langues ou nations : Provence, Auvergne, France, Italie, Aragon, Allemagne, Castille, Anglo-Bavière : cette dernière remplaça au XVIIIe siècle la langue d’Angleterre (la 6e de l’ordre), qui n’existait plus depuis la Réforme. Chaque langue était subdivisée en prieurés ; ceux-ci en bailliages et les bailliages en commanderies. Les membres de l’ordre de Malte étaient divisés en trois classes : les chevaliers qui devaient être nobles : les chapelains et les servants d’armes, qui devaient seulement prouver qu’ils étaient nés de parents honorables, et qui ne s’étaient point mêlés d’arts et professions mécaniques ou basses. Le grand maître était élu par les chevaliers : il prenait le titre de Grand maître du St-Hôpital de St-Jean à Jérusalem ; il résidait à la Cité-Valette. Les membres de l’ordre portaient, dans l’établissement, une robe et un manteau noirs ; à la guerre, une cotte d’armes rouge. Ce vêtement était orné, sur le côté gauche, d’une croix blanche à 8 pointes, ayant des fleurs de lis dans les angles et suspendu à un ruban noir. — Aujourd’hui l’Ordre de Malte n’est plus qu’une institution charitable et purement honorifique. Néanmoins on reçoit encore des chevaliers : le mode de réception et les preuves exigées des chevaliers sont restés les mêmes qu’autrefois. Le chef de l’ordre, après avoir habité Catane, puis Ferrare (V. HOSPITALIERS), réside auj. à Rome ; il y entretient 2 hôpitaux. En outre, l’ordre compte encore quatre grands prieurés, ceux de Rome, de Lombardie, des Deux-Siciles, de Bohême, et 102 commanderies. — L’Histoire de l’ordre de Malte a été écrite par Vertot, 1726, et continuée jusqu’à nos jours par Clizé de Montagnac, 1863.

MALTE-BRUN (Malte Conrad BRUNN, dit), savant danois, né en 1775 à Trye dans le Jutland, m. à Paris en 1826, se fit d’abord connaître dans sa patrie comme poëte et comme écrivain politique ; fut contraint en 1796 de quitter le Danemark pour avoir écrit en faveur de la liberté de la presse et de l’affranchissement des paysans ; se réfugia en Suède, puis vint se fixer en France (1800). Il rédigea dans le Journal des Débats les articles de politique étrangère, et publia en même temps de savants ouvrages de géographie qui ont fait faire un grand pas à la science. On a de lui : Géographie mathématique, physique, politique (en société avec Mentelle), 16 vol. in-8, avec atlas, Paris, 1803-7 ; Précis de la Géographie universelle, 7 v. in-8, 1820-27. En outre, il a rédigé, avec Eyriès, les Annales des Voyages, de 1808 à 1826. Le Précis de Géographie, son ouvrage capital, a été plusieurs fois réimprimé : J. J. N. Huot, en 1841, Th. Lavallée, en 1855, V. Ad. Malte-brun, fils de l’auteur, de 1852 à 1858, M. Cortarabert, en 1858 et ann. suiv., en ont donné des éditions refondues et considérablement améliorées.

MALTHUS (Th. Robert), économiste anglais, né en 1766 à Rookery (Surrey), m. en 1834, était professeur d’histoire et d’économie politique au collége de la Compagnie des Indes orientales, dans le comté de Hartford. Il a publié de savants écrits d’économie et de statistique ; les principaux sont : Essai sur le principe de population, Londres, 1798, souvent réimprimé, traduit en français par Prévost de Genève ; Recherches sur la nature et les progrès du revenu, 1807 et 1815 ; Principes d’économie politique sous le rapport de leur application pratique, 1819 (trad. en français par Constancio, Paris, 1820, 2 vol. in-8). Effrayé de l’accroissement de la population, qui, selon lui, s’augmente dans une proportion géométrique, Malthus rechercha les moyens de prévenir cet accroissement : il recommandait par-dessus tout la plus grande circonspection dans le mariage. Ses opinions, bien qu’inspirées par la philanthropie, furent vivement attaquées : on se plut à le présenter comme un ennemi des classes inférieures. Malthus était membre de la Société royale de Londres et associé de l’Académie des sciences morales de France. M. Mignet a lu une excellente notice sur Malthus à l’Académie des sciences morales. Ch. Comte a aussi donné une Notice sur sa Vie et ses ouvrages, 1836.

MALUS (Ét. Louis), physicien français, né à Paris en 1775, mort en 1813, était fils d’un trésorier de France. Il entra dès l’âge de 17 ans à l’école du génie militaire de Mézières, fut un des premiers élèves de l’École polytechnique, servit avec distinction comme capitaine du génie à l’armée de Sambre-et-Meuse et en Égypte, exécuta des constructions importantes à Anvers, à Strasbourg, et fut enfin fixé à Paris comme examinateur à l’École polytechnique. Malus s’est immortalisé par ses travaux sur la lumière : dès 1807, il avait présenté à l’Académie des sciences un Traité d’optique analytique, qui fut inséré dans le Recueil des savants étrangers, et un Mémoire sur le pouvoir réfringent des corps opaques ; il remporta en 1808 le prix proposé par l’Académie pour une Théorie mathématique de la double réfraction ; mais « a grande découverte est celle de la polarisation de la lumière, qu’il fit en 1810. Cette même année, il remplaça Montgolfier à l’Académie des sciences ; en 1811, la Société royale de Londres lui décerna la médaille fondée par Rumford.

MALVA, Mulucha, riv. d’Afrique. V. MOLOKATH.

MALVERN, collines des comtés de Worcester et de Hereford, offrent des sites pittoresques.

MALVOISIE ou MALVASIA, petite île de la Grèce, qui se rattache à la Laconie et qui donne son nom à Napoli di Malvasia ou Nauplie, sa ville principale. Elle produit le célèbre vin de Malvoisie. — On récolte aussi le vin dit de Malvoisie au mont Ida, dans l’île de Candie, et à Ténériffe. V. MONEMBASIE, NAUPLIE et TÉNÉRIFFE.

MALWA ou MALOUAH, anc. prov. de l’Hindoustan, bornée par celles d’Adjmir et d’Agra au N., de Gandouana et de Kandeich au S., d’Allahabad à l’E., a env. 140 kil. de l’E. à l’O. sur 200 de large, et contient au moins 4 000 000 d’hab. Elle se divise auj. en Malwa indépendant (qui fait partie du roy. de Sindhia ; ch.-l, Oudjein), et Malwa tributaire des Anglais, lequel se subdivise à son tour en trois roy., Bopal, Dara, État de Holkar (capit., Bopal, Dara, Indore). Région d’une fertilité extrême : le tabac surtout y est parfait. On exporte du coton, de l’opium, de belles toiles.

MALZIEU (Le), ch.-l. de canton (Lozère), à 41 kil. N. E. de Marvejols ; 1Ï00 hab. Couvertures de laine.

MAMBRÉ, vallée de la Palestine, entre Hébron et Jérusalem, fut longtemps la résidence d’Abraham.

MAMELOUKS (d’un mot arabe qui veut, dire esclave), nom donné en Égypte à une sorte de milice dont l’origine remonte aux invasions de Gengis-Khan. Elle se composa d’abord des jeunes gens esclaves (surtout Circassiens et Mingréliens), que les Mongols avaient enlevés dans leurs excursions, et dont les sultans ayoubites d’Égypte achetèrent un grand nombre vers l’an 1230. Dans la suite, elle se recruta par les mêmes moyens qui avaient servi à l’établir. Les Mamelouks formèrent une légion des plus beaux et des meilleurs soldats de l’Asie, mais leur puissance devint bientôt redoutable aux sultans : en effet, dès l’an 1254, Noureddin-Ali, leur chef, fut placé par ses compagnons sur le trône d’Égypte. Depuis cette époque jusqu’à 1617, l’Égypte fut gouvernée par les Mamelouks ; ils formèrent deux séries de sultans, les Baharites (1254-1382) et les Bordjites (1382-1517) ; mais ce ne fut qu’une longue anarchie, et, à l’exception de Noureddin, tous les chefs que se donna cette milice turbulente furent déposés ou périrent de mort violente (V. ÉGYPTE). En 1517, Sélim, sultan des Ottomans, ayant vaincu et fait pendre Touman-Bey, dernier chef des Mamelouks, les dépouilla de l’autorité suprême, et ne leur laissa que le gouvernement des provinces, avec le titre de beys, sous le commandement d’un pacha nommé par la Porte. Cependant ils conservèrent encore une grande influence, et à la fin du XVIIIe siècle ils avaient presque reconquis leur ancienne puissance en Égypte, En 1766, Ali-Bey,