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la garde à Agrippa d’Aubignè. Ruines de la cathédrale.

MAILLOTINS. On nomma ainsi des hommes du peuple qui, en 1382, s'insurgèrent à Paris pour s'opposer à la perception de nouvelles taxes établies par le duc d'Anjou, régent de France pendant la minorité de Charles VI; ils se portèrent en masse sur l'arsenal, s'y armèrent de maillets de fer dits maillotins (d'où leur nom), massacrèrent les percepteurs et élargirent les prisonniers. Cette sédition ne put être comprimée qu'après la victoire de Rosebecque et attira tur le peuple de cruelles punitions.

MAILLY, noble et anc. famille de Picardie, issue des comtes de Dijon, tire son nom de la terre de Mailly, près d'Amiens. Elle a produit un grand nombre d'hommes marquants : guerriers, prélats, hommes d'État, écrivains, etc. Elle possédait l'important marquisat de Nesle, ce qui valait au chef de la famille le titre de Premier marquis de France.

On connaît surtout : François de Mailly, marquis de Nesle (1658-1721), cardinal, archevêque d'Arles, puis de Reims, qui se prononça énergiquement contre le Jansénisme, soutint la bulle Unigenitus et tint tête au Régent et au Parlement; — le chevalier de Mailly, filleul de Louis XIV, auteur d'une Histoire de la république de Gênes, d'un Éloge de la Chasse, et de plusieurs autres écrits, singuliers pour la plupart; m. vers 1724; — J. Auguste, comte de Mailly-d'Haucourt, maréchal de France, qui fit avec distinction toutes les campagnes de Louis XV, gouverna le Roussillon où il fit fleurir l'agriculture, le commerce et les arts, et se signala au 10 août 1792 par son dévouement chevaleresque pour le roi : arrêté par ordre de Lebon, il périt sur l'échafaud à Arras en 1794, à 86 ans.

Quatre sœurs appartenant à cette famille, la comtesse de Mailly, la comtesse de Vintimille, la duchesse de Lauraguais, la marquise de la Toumelle (depuis duchesse de Châteauroux), filles de Louis de Mailly, commandant de la gendarmerie de France, acquirent à la cour de Louis XV une fâcheuse célébrité et ternirent l'honneur de leur maison en devenant successivement les maîtresses du roi. La plus connue est la duchesse de Châteauroux. V. ce nom.

MAIMATCHIN, bg de l'Empire chinois (Mongolie), vis à vis de la ville russe de Kiakhta. Grand entrepôt du commerce de la Chine avec la Russie.

MAIMBOURG (le P.), historien ecclésiastique, né en 1620 à Nancy, m. en 1686, entra chez les Jésuites, enseigna les humanités à Rouen, puis se livra à la prédication avec quelque succès, et enfin se consacra tout entier à la composition des ouvrages historiques qui l'ont rendu célèbre. En parlant des libertés de l'église gallicane, il se permit des attaques contre le St-Siége et mécontenta Innocent XI, qui, en 1685, le fit exclure de l'ordre des Jésuites. Louis XIV lui donna une pension et une retraite à l'abbaye de St-Victor, à Paris. Ses Œuvres ont été publiées à Paris, 1686-87, 14 vol. in-4, ou 26 vol. in-12; elles comprennent l’Histoire de l'Arianisme, — des Iconoclastes, — du Schisme des Grecs, — des Croisades, — de la Décadence de l'Empire depuis Charlemagne, — du grand Schisme d'Occident, — du Luthéranisme, — du Calvinisme, — de la Ligue, — de l'Église de Rome, — de Grégoire le Grand, — de S. Léon. Maimbourg ne manque ni d'érudition ni d'agrément, maïs son style est souvent diffus et l'on ne peut toujours se fier à son exactitude ni à son jugement. Bayle fit paraître une spirituelle Critique générale de l'Hist. du Calvinisme du P. Maimbourg.

MAIMON (Salomon), philosophe juif allemand, né en 1753 à Neschwitz (Lithuanie), m. en 1800, était fils d'un rabbin et cultiva d'abord la science talmudique et cabalistique; puis il se livra à la philosophie et obtint la protection de son co-religionnaire Mendelssohn; mais il s'en rendit bientôt indigne par son inconduite et tomba dans un tel état de misère qu'il fut réduit quelque temps à mendier. On a de lui : Histoire des progrès de la métaphysique en Allemagne depuis Leibnitz, 1793; Recherches critiques sur l'esprit humain, 1797; il a surtout excellé dans la réfutation du système de Kant.

MAIMONIDE (Moses), célèbre rabbin, né à Cordoue vers 1135, m. en 1204, étudia la philosophie et la médecine sous Tophaïl et Averrhoès, passa de bonne heure en Égypte, et devint premier médecin de Saladin et de ses successeurs. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages sur la religion juive, sur la philosophie et la médecine; les plus connus sont : un Commentaire sur la Mischna; la Main forte, abrégé du Talmud; le Docteur des Perplexes (en hébreu More Nevokim), traité de philosophie et de théologie, où il explique les passages ambigus de l’Écriture, et qui excita de vives contestations parmi les Juifs. La plupart de ses ouvrages sont écrits en arabe. Les Juifs le regardent comme leur premier écrivain, comme leur Platon. Le More Nevokim a été publié, avec traduction française, par M. Munk, sous le titre de Guide des Égarés, Paris, 1856-61, 2 vol, in-8.

MAIN ou MAYN, riv. d'Allemagne. V. MEIN.

MAÏNA ou MAGNE, pays de Grèce (Morée), comprend la partie S. E. de l'ancienne Laonie, entre les golfes de Coron à l'O. et de Kolokythia à l'E. On y compte environ 60 000 hab. dits Maïnotes. Ils sont très-braves, mais indisciplinables et pirates déterminés. Sol montagneux, inaccessible en beaucoup d'endroits, et cependant fertile. Forêts et pâturages. Bons ports. — Le Maïna était jadis habile par les Éleuthéro-Lacons, dont les Maïnotes actuels prétendent descendre, et qui, comme ces derniers, se sont rendus célèbres par leur ardent amour pour l'indépendance. Ils luttèrent sans cesse contre la domination des Turcs, qui n'obtinrent jamais d'eux qu'un léger tribut; ils ont puissamment contribué à conquérir l'indépendance de la Grèce. Les Maïnotes étaient régis par des chefs de leur choix dits gérontes (vieillards); leur chef suprême se nomme protogéronte. Cette dignité a été jusqu'au XVIIe siècle héréditaire dans une branche de la famille Comnène issue de David Comnène, dernier empereur de Trébizonde. Ce pays est maintenant compris dans les diocèses de Laconie et de Basse-Messénie et a pour principales villes Maïna, Kolokythia, Chimova et Platza.

MAINE (le), ancienne province de France, bornée au N. par la Normandie, à l'E. par l'Orléanais, au S. par l'Anjou et la Touraine, et à l'O. par la Bretagne, formait, avec le Perche, le grand, gouvt de Maine-et-Perche, et avait pour capitale le Mans. On le divisait en Haut et Bas Maine, auxquels on joignait le pays ou comté de Laval. Ce pays forme auj. les départements de la Sarthe et de la Mayenne. Sol ondulé, généralement fertile; volailles estimées. — Le Maine tire son nom des Cenomani qui l'habitaient autrefois, ou bien de la Maine ou Mayenne, qui l'arrose. Sons les Romains, il fit partie de la 3e Lyonnaise. Il forma au Xe s. un comté héréditaire, qui fut ensuite compris dans les possessions des comtes d'Anjou ; il passa sous la domination anglaise lorsque Henri Plantagenet, comte d'Anjou, devint roi d'Angleterre (1154). Philippe-Auguste l'enleva à Jean sans Terre en 1203. S. Louis le donna avec l'Anjou à son frère Charles, dont les descendants le possédèrent jusqu'en 1481; Louis XI, à qui il échut alors par héritage, le réunit à la couronne. Henri II le donna en apanage à son troisième fils, Henri (depuis Henri III); celui-ci le céda à François, duc d'Alençon, son frère. Ce dernier étant mort sans enfants en 1584, le Maine fut réuni définitivement à la couronne. Louis XIV donna le titre de duc du Maine à l'un des fils qu'ils avait eus de Mme de Montespan — V. ci-après.

MAINE (le), un des États-Unis de l'Amérique duN., au N. E., entre 67° 20'-71° 10' long. O. et 43°-46° 15' lat. N., a pour bornes au N. le B.-Canada, à l'E. le Nouv.-Brunswick, à l'O. le New-Hampshire, au S. et au S. E. l'Atlantique; 450 k. sur 200; 600 000 hab.; ch.-l., Augusta. Sol plat, ingrat le long des côtes, fertile dans l'intérieur. On y cultivait jadis le tabac et l'in-