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ferma aux Anglais le chemin du Canada. Mais, attaqué de toutes parts, surtout par le clergé, dont il avait réduit les immunités financières, il fut disgracié la même année, par l’effet des intrigues de Mme de Pompadour (1754). Il vécut depuis dans la retraite, dans sa terre d’Arnouville, près de Paris. Enfermé en 1794 aux Madelonnettes comme suspect, il mourut dans cette prison.

MACHECOUL, ch.-l. de cant. (Loire-inf.), à 32 k. S. O. de Nantes; 1600 hab. Jadis ch.-l. du duché de Retz, cette ville a beaucoup souffert dans les guerres de la Vendée.

MACHIAVEL, Niccolo Macchiavelli, né à Florence en 1469, d'une famille noble, mais pauvre, mort en 1627, fut pendant 14 ans, de 1499 à 1512, secrétaire de la république florentine, chargé de recueillir les délibérations du conseil des dix magistrats suprêmes et de rédiger les traités et la correspondance. Il exerça en cette qualité une grande influence sur les affaires, et remplit plusieurs missions en France, en Allemagne, à Rome. A la suite d'une révolution qui rappela les Médicis dans Florence (1512), il perdit son office. Impliqué peu après dans une accusation de conspiration contre le cardinal de Médicis (depuis Léon X), il fut mis à la torture, puis exilé; cependant il réussit au bout de quelques années à gagner la confiance des Médicis, et fut employé de nouveau (1521) : Laurent de Médicis le nomma historiographe de Florence. Il avait consacré aux lettres le temps de sa disgrâce, et c'est dans cet intervalle qu'il a composé la plupart de ses ouvrages. Les principaux sont : le Prince, où il enseigne aux tyrans les moyens de réussir, même au mépris de la justice et de l'humanité, et où il expose cette détestable politique qui a reçu depuis le nom de machiavélique : il adressa ce traité manuscrit en 1514 à Laurent de Médicis, devenu depuis peu maître de Florence, afin d'obtenir sa protection; Discours sur Tite-Live, écrits vers 1516, où il se montre profond penseur, mais où l'on retrouve des doctrines politiques non moins perverses; Histoire de Florence (de 1205 à 1424), écrite vers 1524 : c'est assurément son meilleur ouvrage; Legazioni, ou relation de ses ambassades; De l'Art de la guerre. On a aussi de lui quelques comédies dont la plus connue est la Mandragore, pièce très-licencieuse, et plusieurs nouvelles, parmi lesquelles on remarque Belphégor, qui a été imitée, ainsi que la comédie précédente, par La Fontaine. Ses œuvres n'ont été imprimées qu'après sa mort. Les éditions les plus estimées sont celles de Florence, 1S13, 8 vol. in-8, et 1818, 10 vol. in-8. Elles ont été trad. par Guiraudet et Hochet, 1799, 10 vol. in-8, et par Périès, 1823-26, 12 v. in-8. Canestrini a publié en 1857 à Florence ses Œuvres inédites, récemment retrouvées. Les écrits de Machiavel sont condamnés à Rome. Le Prince a été réfuté par Frédéric II, sous le titre d’Anti-Machiavel. M. L. J. de Bouillé a publié des Commentaires politiques et historiques sur le Traité du Prince de Machiavel et sur l'Anti-Machiavel de Frédéric II, 1827. Sous le titre de Machiavel, son génie et ses erreurs (1833), Artaud de Montor a donné une juste appréciation de son caractère et de ses écrits. Quelque opinion qu'on ait de la moralité de cet homme célèbre, on ne peut lui contester le titre de grand écrivain. On l'a souvent rapproché de Tacite.

MACHINE (la), bourg de France (Nièvre), à 6 kil. N. O. de Decize; 2000 h. Houille; forges.

MACHINE INFERNALE. On connaît spécialement sous ce nom une machine meurtrière qui fut dirigée contre le 1er consul Bonaparte le 3 nivôse an IX (24 déc. 1800) : elle consistait en un tonneau rempli d'artifices et de projectiles, qui devait éclater au moment du passage du consul par la rue St-Nicaise près des Tuileries. L'explosion eut lieu quelques instants après son passage; 46 maisons furent ébranlées et endommagées; il y eut 8 personnes tuées et 18 blessées grièvement. Il fut reconnu que c'était l’œuvre des royalistes : Carbon, St-Réjant, agents de George Cadoudal, furent exécutés; Limoëlan, leur complice, échappa.

On a aussi appliqué le nom de Machine infernale à l'appareil employé par Fieschi pour exterminer d'un seul coup toute la famille royale. V. FIESCHI.

MACIÉJOWICE, vge de Pologne, à 60 k. S. O. de Siedlec, sur l'Ockrzeicza. Les Polonais, commandés par Kosciuszko, y perdirent le 10 oct. 1794 une bat. décisive.

MACINE (le), historien arabe. V. ELMACIN.

MACK (Ch., baron de), général autrichien, né en 1752 en Franconie, m. à Vienne en 1828, avait fait avec distinction plusieurs campagnes, notamment celles des Pays-Bas contre la France en 1792 et 93, lorsqu'il fut envoyé en 1798 à Naples par l'empereur d'Autriche pour commander en chef l'armée napolitaine qui marchait contre les Français, maîtres de Rome. Il se fit battre honteusement par Macdonald et Championnet, puis tomba entre les mains de l'ennemi. Laissé prisonnier sur parole à Paris, il s'échappa. Chargé d'un nouveau commandement en Bavière, en 1806, il se laissa cerner par Napoléon et enfermer à Ulm, et fut forcé de se rendre à discrétion avec 30 000 hommes. Il fut condamné à mort; mais la peine fut commuée et il fut détenu 2 ans au Spielberg.

MACKAU (Armand, baron de), amiral français, né à Paris en 1788, d'une famille originaire d'Irlande, m. en 1855, s'empara en 1811, n'étant encore qu'enseigne, d'un brick anglais beaucoup mieux armé, fut en récompense promu immédiatement au grade de lieutenant de vaisseau, et fut nommé capitaine de frégate dès l'année suivante, après avoir capturé plusieurs corsaires. Chargé depuis la paix de plusieurs missions, il s'en acquitta avec succès : il dirigea notamment les négociations avec Haïti, porta en 1825 au Port-au-Prince l'ordonnance qui reconnaissait l'indépendance de la colonie et sut aplanir les difficultés qui se présentaient dans l'exécution. Il fut, à son retour, investi, avec le grade de contre-amiral, du commandement de la station des Antilles, obtint de la Nouv.-Grenade, sans coup férir, la réparation d'une insulte faite au consul français (1833), signa en 1840 avec le gouvernement de La Plata un traité destiné à mettre un terme aux différends survenus entre cette république et la France, et fut bientôt après nommé vice-amiral et pair de France. Appelé en 1843 au ministère de la marine, il s'attacha surtout à augmenter la flotte, à développer la marine à vapeur, à hâter, mais avec prudence, l'affranchissement des noirs, et fut élevé en 1847 à la dignité d'amiral. D'un caractère bon, généreux et sûr, administrateur aussi consciencieux qu'éclairé, le baron de Mackau joignait à la dignité et à l'autorité du commandement la bienveillance et l'affabilité qui font aimer.

MACKENZIE (le), fleuve de l'Amérique septentrionale, sort du lac de l'Esclave à l'O., arrose le pays des Grands Esquimaux en coulant au N. O., et tombe dans l'Océan Glacial arctique par 136° long. O., 69° 14' lat. N. ; cours, 1200 k. Exploré en 1789 par Alex. Mackenzie et en 1825 par John Franklin.

MACKENZIE (George), jurisconsulte écossais, né en 1636 à Dundee, dans le comté d'Angus, m. en 1691, vint étudier à l'Université de Bourges, acquit une grande réputation au barreau d’Édimbourg, et fut choisi comme défenseur par le marquis d'Argyle, accusé de trahison (1661); devint ensuite juge d'une cour criminelle, avocat du roi, et enfin l'un des lords du conseil privé en Écosse; il montra dans ces fonctions un tel zèle pour la cause du roi que les Covenantaires l'appelaient l’Avocat sanguinaire. Après la révolution de 1688, il quitta l’Écosse et se retira en Angleterre. On a de lui un grand nombre d'ouvrages de jurisprudence, de théologie et de morale, réunis à Édimbourg, 1716, 2 v. in-fol. ; on y remarque l’Arétin ou le Roman sérieux; Religio stoïci; Moral gallantry; Hist. morale de la Frugalité. Il avait fondé à Édimbourg la bibliothèque des avocats.

MACKENZIE (H.), écrivain, né à Édimbourg en 1745, m. en 1831, fut avocat général à la cour de l'échi-