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HENRI VII, duc de Luxembourg, né en 1282, fut élu empereur en 1308, après une vacance de 7 mois. Il voulut faire revivre les anciens droits de l'empire sur l'Italie et se fit couronner roi de Lombardie à Milan. Invité par les Gibelins à passer les monts, il soutint une longue et sanglante lutte contre le roi de Naples et le parti guelfe; il entra de force dans Rome, mais ne put se faire couronner empereur qu'en usant de violence. La mort l'arrêta au milieu de cette guerre en 1313. Louis V de Bavière lui succéda.

HENRI, dit le Raspon, landgrave de Thuringe et anti-empereur, fut opposé en 1246 par les évêques électeurs à Frédéric II, qu'Innocent IV venait de déposer : on le nomma pour cette raison le roi des prêtres. Il défit près de Francfort Conrad, fils de Frédéric II; mais il fut peu après blessé mortellement, au siège d'Ulm, en 1247.

HENRI le Querelleur, 2e fils d'Henri l'Oiseleur, fut duc de Lorraine et plus tard de Bavière. Il se révolta trois fois contre son frère Othon le Grand, qui lui pardonna toujours. Il mourut en 955.

HENRI le Superbe, neveu de Guelfe II et fils de Henri le Noir, duc de Bavière, succéda à son père en 1126. L'empereur Lothaire II lui donna sa fille, avec le duché de Saxe, et y ajouta dans la suite la Toscane et les États de la comtesse Mathilde, en récompense des services qu'il lui avait rendus en Italie. Devenu par là le plus puissant prince de l'Allemagne, il semblait, à la mort de Lothaire, assuré de l'empire; mais, son orgueil ayant exaspéré les électeurs, ce fut Conrad de Hohenstaufen qui fut élu (1138). Henri refusa de prêter serment de fidélité : il fut aussitôt mis au ban de l'empire et dépouillé de ses États. Il fit enfin sa paix avec Conrad, qui lui rendit seulement le duché de Saxe; il mourut en 1139, lorsqu'il se préparait à reconquérir la Bavière.

HENRI le Lion (1139-1180), fils de Henri le Superbe, fut à la mort de son père dépouillé de son héritage par l'empereur Conrad; mais il recouvra, sous l'empereur Frédéric I, les duchés de Saxe et de Bavière (1152), et fut quelque temps la plus puissant prince de l'Allemagne. Ayant refusé à l'empereur Frédéric des secours pour défendre l'Italie, ce prince, irrité de son ingratitude, le cita devant plusieurs diètes et le fit dépouiller de ses deux grands duchés (1180) : il fut réduit à la possession de Brunswick et de Lunébourg. Il mourut à Brunswick en 1195. Il avait épousé Mathilde, sœur de Richard Cœur de Lion. Il est la tige de la maison de Brunswick ou de Hanovre qui règne encore auj. sur le Brunswick, le Hanovre et l'Angleterre.

HENRI de Prusse (le prince), 3e fils du roi Frédéric-Guillaume et frère de Frédéric II, contribua puissamment aux succès de son frère pendant la guerre de Sept ans : ses principaux faits d'armes sont la délivrance de Breslaw, 1760, et la victoire de Freyberg, 1762, où il battit les Impériaux. Les Polonais, charmés de sa valeur, lui offrirent la couronne ; mais la Russie empêcha l'exécution de ce projet. Ami de la France, il était venu à Paris en 1788 pour y passer la fin de sa vie; mais la Révolution le força de s'éloigner. Il mourut à son château de Rheinsberg en 1802. On a une Vie du prince Henri de Prusse, par M. L. J. de Bouillé, Paris, 1809.

II. Rois de France.

HENRI I, fils de Robert et petit-fils de Hugues Capet, né en 1005, m. en 1060, succéda à son père en 1031, après avoir vaincu sa mère Constance et les grands vassaux qui voulaient donner la couronne à son frère cadet Robert; toutefois, il céda à ce frère le duché de Bourgogne. Il intervint dans toutes les guerres survenues entre ses vassaux, défendit et raffermit sur son trône ducal Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, mais il se brouilla dans la suite avec ce prince, et fut vaincu par lui à Mortemer (1054). C'est sous son règne que la dignité de connétable fut instituée et que le comté de Sens fut acquis. Henri avait épousé Anne de Russie, fille du grand-duc Iaroslav, dont il eut Philippe I.

HENRI II, né en 1518, fils de François I, lui succéda en 1547. Le but constant de sa politique fut d'affaiblir la puissance espagnole. Après avoir racheté Boulogne des mains des Anglais en 1550, il s'allia aux Protestants d'Allemagne, insurgés contre Charles-Quint, et commença la guerre par la prise de Metz, Toul et Verdun, en 1552. Charles, accouru avec une nombreuse armée, assiégea Metz sans succès, et, après la défaite d'une partie de son armée à Renti, signa à Vaucelles une trêve de 5 ans, en 1556. Henri II rompit la trêve après l'abdication de Charles-Quint. A la reprise des hostilités, le général français (le connétable de Montmorency) fut battu à St-Quentin; mais le duc de Guise, qui fut aussitôt rappelé d'Italie, où il avait gagné plusieurs batailles, releva les affaires de Henri II : il reprit en 1558 sur les Anglais la ville de Calais, qui depuis 210 ans était séparée de la couronne, et obtint sur les Espagnols de grands succès. Néanmoins Henri II conclut en 1559 à Cateau-Cambrésis une paix peu honorable, par laquelle la France perdait une grande partie de ses conquêtes (Thionville, Marienbourg, Montmédy, Hesdin, Thérouanne, Yvoy, Bouillon, la Corse, le Montferrat, la plus grande partie, de la Savoie, de la Bresse et du Piémont). Il mourut le 10 juillet de la même année, d'une blessure que lui fit dans un tournoi le comte de Montgomery. Fort rigoureux envers les Calvinistes, Henri II rendit contre eux les édits de Châteaubriant, 1551, et d'Écouen, 1553, qui prononçaient la mort contre les protestants surpris dans l'exercice clandestin de leur culte; en 1559, deux membres du parlement, Dufaur de Pibrac et Anne Dubourg furent incarcérés, pour s'être fait les défenseurs de la liberté de conscience. Henri II avait eu pour femme Catherine de Médicis, et il eut d'elle 10 enfants dont plusieurs moururent jeunes et dont 3 occupèrent le trône (François II, Charles IX, Henri III). Il eut pour maîtresse avouée la célèbre Diane de Poitiers.

HENRI III, 3e fils de Henri II, né en 1551, porta d'abord le titre de duc d'Anjou. Avant de monter sur le trône, il s'était acquis une grande réputation par les victoires de Jarnac et de Moncontour, remportées sur les Huguenots, ce qui le fit élire roi de Pologne en 1573. Mais il abandonna ce royaume dès l'année suivante pour venir succéder en France à Charles IX. Le pays était alors divisé en trois partis : les Protestants, qui reconnaissaient pour chefs le prince de Condé et Henri de Navarre; les Politiques ou Catholiques modérés, qui s'étaient alliés aux Protestants et se trouvaient sous l'influence du duc d'Alençon, frère du roi; enfin, les Catholiques exaltés, qui reconnaissaient pour chef le duc de Guise. Après quelques hostilités contre les Protestants et les Politiques, Henri III leur accorda, en 1576, la paix de Loches ou de Beaulieu, à des conditions honorables; mais les Catholiques, irrités de ces concessions, craignant pour la religion et excités par le duc de Guise, formèrent la Ligue ou Sainte Union, dans laquelle devaient entrer tous les citoyens sous peine d'être traités en ennemis. Le but ostensible de la Ligue était de sauver la religion en exterminant les Calvinistes; mais, on voulait en outre enfermer le roi dans un monastère et donner la couronne au duc de Guise. Dans le but de neutraliser cette Ligue, Henri s'en déclara le chef, mais il ne réussit pas à ramener à lui les Catholiques : les États de Blois sous l'influence des Ligueurs, le forcèrent à recommencer la guerre contre les Protestants. Il leur accorda de nouveau la paix à Nérac en 1580 ; mais cette paix ne fut pas de longue durée, et la guerre devint plus acharnée lorsque, en 1584, par la mort du duc d'Alençon, frère du roi, un prince protestant, Henri de Navarre, fut devenu l'héritier présomptif de la couronne. Henri III, qui soupçonnait le vrai but de la Ligue, n'osait cependant pas encore se brouiller avec le duc de Guise. La Journée des Barricades