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— L’intend. de Lugo, formée de la partie N. E. de la Galice, compte 446 000 hab.

LUGO, Lucus et Forum Lucium, v. d’Italie (prov. de Ferrare), sur le Senio, à 50 k. S. E. de Ferrare ; 4000 hab. Jadis forte. Prise par les Français en 1796.

LUGO (Jean de), cardinal, né à Madrid en 1583, m. en 1660, entra en 1603 chez les Jésuites, professa la philosophie et la théologie dans plusieurs colléges, notamment à Rome, et reçut la pourpre en 1643. Ses ouvrages forment 7 vol. in-fol., Lyon, 1633-1660. La partie la plus estimée est le Traité de la Pénitence. Versé dans les sciences naturelles, J. de Lugo fut un des premiers à répandre l’usage du quinquina, qui fut longtemps appelé Poudre de Lugo.

LUGOS ou LUGOSCH, bg de Hongrie, ch.-l. du comitat de Krassova, sur la r. g. du Témès, à 55 kil. E. de Temesvar. On le nomme Deutsch Lugosch, pour le distinguer de Wallachisch Lugosch, situé en Valachie, sur la rive opposée du Témès. Les deux Lugosch réunis comptent env. 8000 hab.

LUINI (Bernardino), peintre lombard du XVIe s., né vers 1530 à Luino sur le lac Majeur, florissait en 1580. Il passe pour être l’élève de Léonard de Vinci. Il imita ce maître avec tant de succès que très-souvent on les confond. Les églises de Milan, le musée de la Brera, la Bibliothèque ambrosienne contiennent des fresques, des tableaux et des dessins admirables de Luini, entre autres, la Vierge aux Rochers, le Christ couronné d’épines, la Passion. Le musée du Louvre possède de lui une Sainte Famille. À l’intelligence du clair-obscur il joint une grande vérité de carnation.

LUITPERT, roi des Lombards, monta sur le trône en 700, à la mort de Cunibert, son père, et fut placé sous la tutelle d’Ansprand ; mais il tomba entre les mains d’Aribert II, son compétiteur, qui le fit mourir et s’empara de la couronne, 701.

LUITPRAND, roi des Lombards de 712 à 744. Profitant des dissensions qui s’étaient élevées entre l’empereur Léon l’Isaurien et le pape Grégoire II, il enleva aux Grecs, en 728, Ravenne, Bologne, la Pentapole et tout ce qu’ils possédaient au N. de Rome. En 739, il vint au secours de Charles-Martel, pressé par les Sarrasins, et contraignit ces derniers d’évacuer la Provence ; en 740, il soumit les ducs de Spolète et de Bénévent, révoltés contre lui, et attaqua le pape Grégoire III, qui avait favorisé la révolte.

LUITPRAND, évêque de Crémone au Xe siècle, fut envoyé deux fois à Constantinople en qualité d’ambassadeur par l’empereur Othon. C’était un des hommes les plus érudits de son siècle. Il a laissé une Histoire de l’Allemagne de 862 à 964, et un Récit de son ambassade auprès de Nicephore Phocas. Ses Œuvres ont paru à Anvers, 1640.

LULÉA, riv. de Suède (Botnie orientale), sort du lac Luléa-Wainen, coule 210 kil. au S. E., forme plusieurs cataractes, notamment celle de Niaumelsakas, et tombe dans le golfe de Botnie à Luléa, ville de 1200 âmes, située à 92 kil. S. O. de Turnéa.

LULLE (Raymond), né vers 1235 à Palma dans l’île Majorque, d’une famille noble et riche, passa sa jeunesse à la cour de Jacques I, roi d’Aragon ; fut quelque temps sénéchal du palais, et mena d’abord une vie fort dissipée ; mais, vers l’âge de 30 ans, il quitta le monde et prit l’habit de St-François, quoiqu’il fût marié et eût des enfants. Tandis que les princes de l’Europe ne songeaient à combattre les infidèles que par les armes, il conçut l’idée d’une croisade spirituelle, et voulut former une espèce de milice de théologiens destinée à convertir les Musulmans par la raison. Il se mit dans ce but à apprendre les langues orientales, à lire les livres arabes, et surtout à étudier les philosophes afin de s’armer de tous les moyens de convaincre. Il se trouva conduit par ses études à inventer un art nouveau, qu’il nomma l’Art universel, le Grand art : cet art consistait à combiner les noms exprimant les idées les plus abstraites et les plus générales d’après certains procédés purement mécaniques, afin de juger par là de la justesse des propositions ou même de découvrir des vérités nouvelles. Il parcourut divers États de l’Europe afin d’intéresser les rois et le pape à son entreprise ; il enseigna ses doctrines à Montpellier (1276), à Paris (1281), à Gênes (1289), à Rome (1291), et fit créer en France, en Italie, en Espagne, plusieurs colléges pour l’étude des langues orientales et du grand art ; mais, n’obtenant pas des souverains les moyens d’accomplir la croisade pacifique qu’il avait méditée, il résolut d’aller travailler seul à la conversion des infidèles. Il fit dans ce but trois voyages : dans le premier il alla à Tunis (1292), dans le deuxième à Bone et à Alger (1309) ; dans le troisième, il retourna à Tunis (1314), quoique âgé de 80 ans. Il avait obtenu quelques succès, notamment à Tunis, à Bone, à Alger ; mais ce n’était qu’en courant les plus grands dangers. À son dernier voyage, il fut lapidé par les habitants de Tunis et laissé pour mort sur la place ; un vaisseau génois le recueillit, et le conduisit à Majorque, où il expira le 30 juin 1315 et où il fut inhumé. Ses compatriotes lui décernèrent la couronne de martyr. Les uns regardent R. Lulle comme un saint et un inspiré ; d’autres, comme un insensé et un hérétique. Cet auteur a laissé un nombre prodigieux d’ouvrages, que quelques-uns portent à plus de 1000. Les principaux sont : Ars generalis sive magna, quarumcumque artium et scientiarum assecutrix et clavigera, comprenant : Ars demonstrativa, Ars inventiva, Ars expositiva, Arbor scientiæ, Ars brevis, Libri XII contra Averroïstas, Logica nova. Lulle a en outre écrit sur la théologie, la grammaire, la mnémonique, les mathématiques, la physique, la chimie. Il fut le plus grand chimiste de son époque : en cherchant la pierre philosophale par la voie humide et en employant la distillation comme moyen, il fixa l’attention sur quelques produits volatils de la décomposition des corps. On lui attribue aussi des écrits sur la cabale et la magie. Le recueil le plus complet de ses œuvres a été publié par Bucholius et Salzinger à Mayence, 1721, 10 v. in-f. L’art de Lulle, après avoir régné pendant près de quatre siècles, a été condamné, depuis la régénération de la philosophie, par les esprits les plus sages, comme substituant les mots aux choses, et ne servant qu’à faire discourir sans jugement de ce qu’on ne savait pas. M. de Gérando a lu en 1814 et 1819 à l’Académie des inscriptions trois notices sur la vie, les écrits et le grand art de Raymond Lulle.

LULLI (J. B.), célèbre musicien du siècle de Louis XIV, né à Florence en 1633, m. en 1687, vint à Paris dès l’âge de 13 ans et y resta jusqu’à sa mort. Il se fit d’abord remarquer par son talent sur le violon, puis se livra avec le plus grand succès à la composition. Il fut nommé en 1661 surintendant de la musique du roi, et obtint en 1672 le privilège de l’Académie royale de musique : c’est de cette époque que date la prospérité de cet établissement. Lulli composa en quinze ans 19 grands opéras, dont les paroles étaient le plus souvent fournies par Quinault et qui eurent un grand succès ; les principaux sont : Alceste, 1674 ; Thésée, 1675 ; Atys, 1676 ; Bellérophon, 1679 ; Proserpine, 1680 ; Persée, 1682 ; Armide, 1686. C’est lui qui faisait la musique des ballets et intermèdes qu’on jouait à la cour ; on lui doit aussi la partie chantante et dansante de plusieurs des pièces de Molière, le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire, etc. Il a en outre écrit une multitude de symphonies, d’airs de violon, de trios ; enfin il excellait également dans la musique religieuse. La musique des opéras de Lulli paraît aujourd’hui froide et monotone ; cependant, malgré le défaut de variété, le sentiment dramatique a longtemps soutenu ses ouvrages, dont le récitatif est remarquable par la vérité de la déclamation.

LUMBRES, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 14 k. S. O. de St-Omer, près de l’Aa ; 800 hab.

LUNA, auj. Luni ou Lunegiano, v. maritime de l’anc. Étrurie, au N., sur la Macra, près de son embouchure, avait un bon port, en forme de croissant : d’où le nom de la ville. Anc. évêché transféré à Sar-