Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1832, 13 et 14 avril 1834); l’arrestation de la duchesse de Berry, qui tentait de soulever l’Ouest (8 nov. 1832); la Quadruple alliance entre la France, l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal, pour assurer la paix de la Péninsule troublée par des prétendants (22 avril 1834); le payement d’une créance de 25 millions réclamée par les États-Unis (18 av. 1835); l’horrible attentat de Fieschi, dirigé contre le roi et ses fils (28 juillet 1835); le vote des lois répressives dites de septembre proposées à cette occasion; l’avénement du ministère Molé, qui débute par une amnistie (8 mai 1837), mais dont l’action conciliatrice est entravée par une regrettable coalition; le mariage du duc d’Orléans, fils aîné du roi, avec une princesse protestante, Hélène de Mecklembourg (mai 1837); la guerre avec les Mexicains, le bombardement et la prise de St-Jean-d’Ulloa par l’amiral Baudin (27 nov. 1838); les démêlés avec la république Argentine (1838), auxquels mit fin un traité conclu par l’amiral de Mackau (oct. 1840); la demande d’une dotation pour le duc de Nemours, demande dont le rejet entraîne un changement de ministère (1er mars 1840); l’appui donné par le nouveau cabinet au pacha d'Égypte en guerre avec le sultan, appui qui est le prétexte de la conclusion d’un traité signé entre les grandes puissances, à l’exclusion de la France, pour arrêter les progrès de Méhémet-Ali (15 juillet 1840); la rentrée de la France dans le concert européen par le traité des Détroits (13 juillet 1841), et par le traité du droit de visite (déc. 1841); la translation en France des restes de Napoléon (15 déc. 1840), et l’inauguration de la colonne de la grande armée à Boulogne (15 août 1841); la mort déplorable du duc d’Orléans (13 juillet 1842), et la loi qui défère la régence au duc de Nemours; l’occupation par l’amiral Du Petit-Thouars des îles Marquises (1er mai 1842) et de la Société (sept. 1842, novemb. 1843); un traité de commerce conclu avec la Chine (24 octobre 1844); une convention avec l’Angleterre pour la suppression de la traite (29 mai 1845); le mariage du duc de Montpensier avec la sœur de la reine d’Espagne, effectué malgré l’opposition du cabinet anglais (10 octobre 1846). Pendant le même temps, notre domination s’étendait en Afrique, où les fils du roi prenaient la part la plus active et la plus glorieuse à nos succès (V. ALGÉRIE, et l’art. du duc d’ORLÉANS). — En outre, un grand nombre de lois étaient rendues sur les matières les plus importantes : sur la presse (8 oct. et 29 nov. 1830, 28 août 1835), le jury (11 janvier 1831), la garde nationale (22 mars 1831), les élections (19 avril), la réforme du Code pénal (7 déc. 1831 et 28 av. 1832), la répression de la traite (15 janvier 1831) et l’émancipation progressive des esclaves; l’instruction primaire (28 juin 1833), les écoles de médecine (27 sept. et 13 oct. 1840), et la fondation d’une école française à Athènes (11 septembre 1846); la suppression des maisons de jeu et de la loterie (1er janv. 1838, 1er janv. 1839), le travail des enfants dans les manufactures (13 mars 1842), le recrutement de l’armée (26 avril 1843). — Enfin, un grand nombre de monuments et de travaux d’utilité publique étaient entrepris ou achevés, entre autres la colonne de Juillet et la colonne de Boulogne, l’Arc de triomphe, la Madeleine, Notre-Dame de Lorette, St-Vincent de Paul, l’Hôtel de ville de Paris, le palais du quai d’Orsay, les ponts Louis-Philippe et du Carrousel, l’hôpital Louis-Philippe; les châteaux royaux étaient splendidement restaurés; le palais de Versailles était converti en un musée historique consacré à toutes les gloires de la France (1837); Paris était entouré de fortifications (1840-46), ainsi que Lyon et Grenoble; la construction des grandes lignes de chemins de fer était décrétée (loi du 8 juin 1842). — Un règne si prospère finit cependant par une grande catastrophe : depuis longtemps des réformes étaient réclamées dans le système électoral et parlementaire; plusieurs propositions avaient été faites à cet égard, mais toutes avaient été rejetées : de là un mécontentement et une agitation qui, à la fin de 1847 et au commencement de 1848, furent exaltés par les banquets de réformistes que présidaient les chefs de l’opposition. Un banquet annoncé à Paris pour le 22 février ayant été défendu, il s’ensuivit une collision; le roi changea son ministère pour éviter l’effusion du sang, et forma un cabinet favorable à la réforme (23 février); puis, ces concessions ne suffisant plus, il abdiqua en faveur de son petit-fils le comte de Paris sous la régence de la duchesse d’Orléans (24); mais cette abdication fut considérée comme non avenue : un gouvernement provisoire fut établi, et la République proclamée. Louis-Philippe retourna une dernière fois en Angleterre, où il prit le nom de comte de Neuilly; il y mourut en 1850, au château de Claremont, dans sa 77e année. — Tous reconnaissent en Louis-Philippe une haute capacité; mais ses adversaires l’ont accusé, les uns d’avoir usurpé, en acceptant la couronne au détriment de l’héritier légitime, le duc de Bordeaux; les autres d’avoir manqué à son origine en comprimant l’esprit libéral et en se refusant obstinément à toute réforme; d’avoir trop fait prédominer sa volonté personnelle; d’avoir favorisé la corruption politique; d’avoir voulu la paix à tout prix; plusieurs même l’accusaient de thésauriser, tandis qu’il contractait plus de trente millions de dettes dans un intérêt public. Quoi qu’il en soit de ces accusations, on doit reconnaître que ce prince respecta constamment la Charte qu’il avait jurée; qu’il réussit à rétablir l’ordre à l’intérieur, à maintenir la paix à l’extérieur, que la France a joui sous son règne de la liberté la plus étendue, de la prospérité la plus grande; qu’il encouragea de tout son pouvoir les lettres, les arts, l’industrie, enfin qu’il donna aux travaux publics une immense impulsion, ce qui l’avait fait surnommer le Napoléon de la paix. En outre, il offrit sur le trône l’exemple des vertus privées, éleva ses fils dans des sentiments tout nationaux, et répandit ses bienfaits sur les malheureux de toute opinion; enfin il se montra clément, et se refusa toujours à relever l’échafaud politique. Néanmoins, peu de princes ont été l’objet d'attentats aussi répétés : indépendamment des conspirations de toute espèce dirigées contre son trône, sa vie fut attaquée sept fois.

Louis-Philippe eut 8 enfants : 1° Ferdinand, duc d’Orléans, né en 1810, mort en 1842, marié à la princesse Hélène de Mecklembourg, dont il eut deux fils, Louis-Philippe, comte de Paris, né en 1838, et Ferdinand, duc de Chartres, né en 1840; 2° Louise, née en 1812, mariée au prince Léopold, roi des Belges, morte en 1850; 3° Marie, née en 1813, mariée au prince Alexandre de Wurtemberg, morte en 1839; 4° Louis-Charles, duc de Nemours, né en 1814, marié à une princesse de Saxe-Cobourg-Gotha; 5° Clémentine, née en 1817, mariée à un prince de Saxe-Cobourg-Cohari; 6° François-Ferdinand, prince de Joinville, né en 1818, marié à une princesse du Brésil; 7° Henri-Eugène, duc d’Aumale, né en 1822, marié à une princesse de Naples; 8° Antoine-Philippe, duc de Montpensier, né en 1824, marié à la princesse Louise, sœur de la reine d’Espagne.

L’Histoire de Louis-Philippe a été écrite par Am. Boudin et Félix Mouttet, 1846; par Capefigue (l’Europe depuis l'avénement de Louis-Philippe), par Alexandre Dumas (Louis-Philippe, Histoire de sa vie politique et privée), 1852, et par V. de Nouvion, 1857-60. M. Fr. Groiseilliez, en 1851, et M. Granier de Cassagnac, en 1857, ont publié l’Histoire de la chute de Louis-Philippe. L’Histoire de dix ans, par Louis Blanc (1840, continuée par l’Histoire de huit ans d'Élias Regnault, 1851), est surtout une œuvre de parti. Louis-Philippe a laissé des Mémoires, mais ils n’ont pas encore vu le jour.

LOUIS, le Grand Dauphin, fils unique de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche, né en 1661, m. en 1711, eut pour gouverneur le duc de Montausier at