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gien, fils d’Arnoul de Carinthie, était né en 893. Il fut reconnu roi de Germanie à la mort de son père (899), et empereur en 908. Trop faible pour chasser les Huns, qui avaient envahi l’Allemagne, et pour s’opposer aux prétentions d’Othon, duc de Saxe, et de Conrad, duc de Franconie, qui se disputaient ses États, il abandonna le trône, et s’enfuit à Ratisbonne, où il mourut en 911.

LOUIS V, de Bavière, fils de Louis le Sévère, duc de Bavière, né en 1284, fut élu empereur en 1314 par une partie des électeurs, tandis que les autres nommaient Frédéric le Bel. Louis vainquit Frédéric à Muhldorf (1322), le tint prisonnier jusqu’en 1325, et ne lui rendit la liberté qu’à condition qu’il renoncerait à l’empire. Mais le pape Jean XXII s’opposa à cet accord, ordonna à Louis d’abdiquer, et, sur son refus, l’excommunia. Louis entra alors en Italie (1327), ceignit à Milan la couronne de roi des Lombards, fit élire l’antipape Pierre de Corbière (Nicolas V), et se fit couronner par lui empereur en 1328 ; mais il fut excommunié de nouveau, en 1346, par Clément VI, qui fit élire à sa place Charles de Luxembourg. Louis mourut l’année suiv., d’une chute de cheval. C’est lui qui plaça 2 aigles dans le sceau de l’empire : d’où l’aigle à double tête.

II. Rois de France et princes français.

LOUIS I, dit le Débonnaire. V. LOUIS I, empereur.

LOUIS II, le Bègue, fils de Charles le Chauve, né en 846, fut fait roi d’Aquitaine par son père en 867, lui succéda dix ans après au trône de France, et mourut à Compiègne en 879. Incapable de résister aux grands vassaux, il prépara par ses concessions le triomphe de la féodalité. Il fut père de Louis III, de Carloman et de Charles le Simple.

LOUIS III, fils du préc., lui succéda en 879 conjointement avec son frère Carloman et eut en partage la Neustrie avec une portion occid. de l’Austrasie. Il battit les Normands en 881 à Saucourt (Ponthieu), et mourut d’accident l’année suivante, à 22 ans.

LOUIS IV, d’Outremer, fils de Charles le Simple, fut élevé en Angleterre (d’où son surnom) : sa mère l’avait emmené dans ce pays pour le soustraire aux factieux. Il succéda en 936 à Raoul, qui l’avait longtemps privé de sa couronna. Il ne put reprendre la Lorraine, dont Othon I s’était emparé. Il enleva la Normandie au jeune duc Richard, fils du duc Guillaume I ; mais il fut défait et pris par Harald, roi de Danemark, qui le livra en 944 à Hugues le Blanc, comte de Paris, son compétiteur. Enfermé à Laon, il ne recouvra la liberté que l’année suivante, après avoir été obligé de remettre la Normandie à Richard, et décéder le comté de Laon à Hugues ; mais il reconquit peu après ce dernier comté. Il mourut à Reims, en 954.

LOUIS V, le Fainéant, fils de Lothaire, lui succéda en 986 et se rendit maître, la même année, de la ville de Reims, au siége de laquelle il montra quelque valeur. Il mourut l’année suivante, à 20 ans, sans postérité ; il avait été, prétendit-on, empoisonné par la reine Blanche, sa femme, à l’instigation de Hugues-Capet. Il fut le dernier roi carlovingien en France.

LOUIS VI, le Gros, fils de Philippe I et de Berthe, fille d’un comte de Hollande, né en 1078, m. en 1137, fut associé au gouvernement en 1100, et devint seul roi en 1108. Il fit la guerre aux seigneurs qui avaient secoué le joug de l’autorité royale, entre autres les sires du Puiset, de Coucy et de Montlhéry, les comtes de Corbeil, de Mantes, d’Étampes, de Montfort, de Montmorency, etc. Il tenta ensuite de s’emparer de la Normandie, alors possédée par Henri I, roi d’Angleterre, pour la donner à Guillaume Cliton, neveu de ce prince ; mais il fut battu à Brenneville près d’Andely (1119) : c’est dans cette guerre que pour la 1re fois fut arborée l’oriflamme. Il vengea (1127) le meurtre de Charles le Bon, comte de Flandre, et donna ses États à Guillaume Cliton. En 1130, il convoqua un concile à Étampes au sujet de la rivalité d’Innocent II et d’Anaclet, et se prononça pour le premier. Ayant en 1131 perdu son fils aîné, Philippe, qu’il avait fait sacrer à Reims trois ans auparavant, il nomma, pour le remplacer, Louis, son 2e fils. Louis le Gros combattit de tout son pouvoir le système féodal et favorisa dans ce but l’institution des communes, qui devinrent un puissant auxiliaire pour la royauté contre les prétentions de la noblesse. Il eut pour ministre le sage Suger.

LOUIS VII, le Jeune, fils du préc., né en 1120, m. en 1180, épousa Éléonore de Guyenne avant de monter sur le trôna et succéda à son père en 1137. Il fit la guerre à Thibaut, comte de Champagne, saccagea Vitry, qui appartenait à ce seigneur, mit le feu à l’église et fit ainsi périr 1300 personnes qui s’y étaient réfugiées (c’est depuis cet événement que la ville reçut le nom de Vitry le Brûlé). Pour expier ce crime, il se croisa, malgré les remontrances de Suger, son ministre (1147). Il fit dans cette expédition des prodiges de valeur, mais il perdit une partie de son armée dans les plaines de l’Asie-Mineure et devant Antioche, assiégea vainement Damas, et fut obligé de revenir en France sans avoir obtenu aucun résultat, 1149. Peu après (1152), il répudia Éléonore, qu’il soupçonnait d’adultère : ce divorce impolitique lui fit perdre la Guyenne et plusieurs autres provinces, qui furent livrées aux Anglais par suite du mariage qu’Éléonore s’empressa de contracter avec Henri, l’héritier de la couronne d’Angleterre. Ennemi juré de ce prince, il soutint contre lui dans la suite ses fils révoltés et accueillit Thomas Becket, qui était en lutte avec lui.

LOUIS VIII, le Lion, fils et successeur de Philippe-Auguste, né en 1187, roi en 1223, prit aux Anglais le Poitou, le Limousin, le Périgord, l’Aunis, la Saintonge, malgré les excommunications du pape. Héritier des droits d’Amaury de Montfort sur le comté de Toulouse, il fit la guerre au comte Raymond VII et aux Albigeois, prit Avignon, soumit tout le Languedoc, à l’exception de la capitale, qu’il se préparait à assiéger quand il mourut à Montpensier (Auvergne) en 1226. On soupçonna Thibaut, comte de Champagne, de l’avoir empoisonné. Avant son avénement, Louis avait été appelé en Angleterre par les nobles qui combattaient Jean sans Terre et avait été un instant reconnu roi de ce pays ; mais, à la mort de Jean sans Terre (1216), il fut abandonné des Anglais, qui se rallièrent au fils de Jean, Henri III. Il avait épousé Blanche de Castille, et en avait eu 11 enfants : le plus célèbre est S. Louis.

LOUIS IX ou S. LOUIS, fils du préc. et de Blanche de Castille, né à Poissy en 1215, roi en 1226, fut élevé avec le plus grand soin par sa mère, qui gouverna en qualité de régente pendant sa minorité. Majeur en 1236, il s’appliqua d’abord à faire régner la justice dans ses États, et à établir la plus grande économie dans l’administration de ses domaines ; mais il eut à combattre les révoltes de ses grands vassaux. Il fit la guerre au comte de la Marche, qui lui refusait l’hommage, et à Henri III, roi d’Angleterre, allié du comte ; remporta sur celui-ci les victoires de Taillebourg et de Saintes (1242) ; accorda au comte la paix avec le pardon de ses fautes, et au roi d’Angleterre une trêve de 5 ans. Atteint d’une maladie dangereuse en 1244, Louis IX avait fait vœu d’aller combattre les Infidèles en Palestine ; il partit d’Aigues-Mortes en 1248, entra en Égypte, prit Damiette (1249) et même vainquit à Mansourah (1250) ; mais bientôt, contraint à la retraite par la disette et par les maladies, il tomba avec deux de ses frères entre les mains de l’ennemi. Il fut obligé, pour obtenir sa liberté, de payer 8000 besants d’or (environ 7 millions de francs), et d’abandonner Damiette. Pendant sa captivité, il avait excité le respect et l’admiration de l’ennemi même par sa fermeté et sa grandeur d’âme. D’Égypte il passa en Palestine : il y resta 4 ans, malgré les sollicitations de sa mère, qu’il avait instituée régente en son absence, et qui pressait son retour. Il employa ce temps à réparer les places qui restaient encore aux chrétiens, Césarée, Jaffa, Sidon, St-Jean-d’Acre, et racheta aux infidèles plus de 10 000 chrétiens captifs. De retour dans son