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struite sous la Tamise; des docks magnifiques pour recevoir les vaisseaux et les marchandises, surtout les docks dits de Londres, des Indes occidentales, des Indes orientales; plusieurs jardins publics ou parcs, le parc St-James, Hyde-Park, Regent's-Park, Green-Park, Pall-Mall, le Vauxhall, le jardin zoologique; un grand nombre de monuments publics; la cathédrale de St-Paul, construite de 1675 à 1710, l'abbaye de Westminster, bâtie sous Henri III et Édouard I, par Ch. Wren (les rois y sont couronnés et les grands hommes y ont des monuments); les églises de St-Étienne, St-Martin, St-George, St-Jean l'Évangéliste : le palais de l'archevêque de Cantorbéry; les palais de St-James, de Buckingham, de Kensington, de Carlton-House; Whitehall, la Tour de Londres, ancienne prison d'État, qui contient auj. un musée d'armes et les joyaux de la couronne; la Banque, la Bourse, Guildhall, le Trésor, la Nouv.-Monnaie, l'Hôtel des Douanes (Custom house), l'Excise, Somerset-House, l'hôtel de la Compagnie des Indes orientales; le Colosseum, le Panthéon, le Monument, colonne destinée à perpétuer le souvenir de l'incendie de 1666; les beaux bâtiments de l'Institut de Londres, du Musée anglais, de l'Université, du King's-college, de l'Athenæum-Club; l'Opéra-Italien, les théâtres de Drury-Lane, de Covent-Garden, de Hay-Market, le Diorama; les hôpitaux de Bedlam, St-Barthélemy, New-Foundling et Guy, les deux prisons de Coldbathfield et de Newgate, le pénitencier de Millbank. Malgré la grandeur et la beauté de ses monuments, Londres est une ville triste : elle n'a ni quais, ni boulevards : elle est envahie pendant plusieurs mois par d'épais brouillards qui y répandent l'obscurité, et en tout temps par une fumée de charbon de terre qui souille tout. — L'industrie, extraordinairement développée à Londres, consiste principalement en soieries, lainages, cotonnades, indiennes, limes, aiguilles, bijouterie, horlogerie; construction de machines et d'ustensiles d'acier, de fer et d'étain; coutellerie, chapellerie, faïencerie, miroiterie, carrosserie, sellerie, meubles, tapis, papiers de tenture, toiles à voiles et autres, armes à feu, instruments de chirurgie, de mathématiques, de physique et d'astronomie; produits chimiques, vinaigre, savon, amidon, plomb à giboyer; imprimeries, distilleries, brasseries, tanneries, fonderies, teintureries. Quant au commerce, il embrasse tous les objets et s'étend sur le globe entier : aucune place marchande n'en approche. Londres est le centre de 7 chemins de fer, qui conduisent dans toutes les directions; plusieurs grands canaux y viennent aboutir; enfin, elle communique par d'innombrables bateaux à vapeur ou à voiles avec les principales places commerciales du monde.

Londres n'était qu'une très petite ville sous les Romains. Erkenwin, en fondant le royaume d'Essex (526), fit de cette ville sa résidence et lui donna ainsi le rang de capitale. Un évêché y fut fondé en 604. Sous Alfred, elle devint la capitale de toute l'Angleterre. Guillaume le Conquérant la prit en 1066. Henri Ier lui donna une charte de commune en 1100. Londres a éprouvé à diverses reprises de grands désastres : une famine extraordinaire en 1258, une épidémie qui enleva 100 000 personnes en 1665, et l'année suivante un incendie terrible (30 000 maisons furent brûlées). A la suite de ces deux calamités, la ville fut presque entièrement reconstruite : c'est de cette époque que date sa beauté et sa régularité. Divers traités ont été conclus à Londres. Par celui du 2 janvier 1671, Charles II promettait à Louis XIV de se faire catholique, de coopérer à la guerre contre la Hollande et acceptait 200 000 liv. sterl. pour lutter contre son parlement, 350 000 pour les frais de guerre. Celui du 13 sept. 1688 assurait à Jacques II, menacé par une révolution, l'appui d'une flotte française; celui du 18 juillet 1718, dit la Quadruple alliance, réunissait l'Angleterre, l'Empire, la Hollande et la France contre l'Espagne. C'est encore à Londres que se sont tenues, en 1829 et 1831, les conférences des grandes puissances européennes relativement à l'émancipation de la Grèce et à la création du royaume de Belgique. — Londres a vu naître Milton. Chaucer, Spenser, Franç. Bacon, Prior, Pope, Daniel de Foe, Halley, Th. Morus, Temple, Shaftesbury, Chesterfield, Inigo Jones, Wren, Hogarth, Pitt, Fox, Canning, etc.

LONGCHAMPS, anc. abbaye de religieuses de St-François, à 7 kil. O. de Paris, sur la lisière du bois de Boulogne, avait été fondée par Isabelle, sœur de S. Louis, en 1252 ou 1260. Ce fut l'abord un but de pieux pèlerinage, puis l'abbaye devint célèbre par les concerts spirituels qu'on y donnait les mercredi, jeudi et vendredi saints, et qui attiraient beaucoup de monde. Ces concerts ont été la première occasion de la promenade que les Parisiens font encore ces trois jours-là le long des Champs-Élysées et sur la route de Longchamps; mais cette promenade n'a plus aucun but religieux : on n'y vient que pour étaler les nouvelles parures et prendre les modes.

LONGEAU, ch.-l. de cant. (Haute-Marne), à 11 k. S. de Langres; 400 h.

LONGEPIERRE (Hil. Bern. DE REQUELEYNE, baron de), poëte médiocre, né à Dijon en 1659, mort à Paris en 1721, fut précepteur du duc de Chartres (depuis régent), puis secrétaire des commandements et gentilhomme ordinaire de ce prince. Il débuta par traduire en vers Anacréon, Sapho, Bion, Moschus et Théocrite, puis s'essaya lui-même avec quelque succès dans l'idylle (1690); enfin il fit représenter trois-tragédies : Médée, Sésostris, Électre. La 1re eut un moment de vogue malgré les déclamations qu'on lui reproche. Longepierre tenta, à l'exemple des Grecs, d'exclure l'amour de la tragédie.

LONGFORD (Comté de), comté d'Irlande (Leinster), vers le centre, entre ceux de Leitrim et de Cavan au N., de Westmeath, à l'E. et au S., de Roscommon à l'O. : 45 kil. sur 22; 116 000 hab. (dont 102 000 Catholiques); ch.-l., Longford (ville de 5000 hab., à 100 kil. N. O. de Dublin). Sol assez fertile; cependant le peuple y est très-malheureux.

LONGIN, Cassius Longinus, rhéteur grec, né vers 210, était, à ce qu'on croit, Syrien de naissance. Il voyagea dans sa jeunesse, étudia la philosophie à l'École d'Alexandrie, où il reçut les leçons de Plotin, puis ouvrit à Athènes une école de rhétorique ou de philosophie, et attira par son éloquence et son goût de nombreux disciples. Sa renommée étant parvenue jusqu'à Zénobie, reine de Palmyre, cette princesse l'appela près d'elle et le chargea de lui enseigner la littérature grecque; il devint son principal conseiller pendant sa lutte contre l'empire romain. A la prise de Palmyre, Aurélien se le fit livrer par Zénobie comme l'instigateur de la guerre et le fit mettre à mort : il subit le supplice avec courage. Longin avait composé sur les lettres et la philosophie un grand nombre d'ouvrages qui pour la plupart ne nous sont pas parvenus. On lui attribue le Traité du sublime, un des meilleurs morceaux de critique que nous aient laissés les anciens; mais de récentes recherches ont donné lieu de douter qu'il en soit l'auteur : on l'a attribué à Denys d'Halicarnasse ou à Plutarque. Quoi qu'il en soit, il a été fait de nombreuses éditions du Traité du sublime : la Ire est de Robortello, Bâle, 1554; il a été depuis publié par Tollius, Utrecht, 1694; par Pearce, avec des fragments et des notes, Londres, 1724; par Morus, Leipsick, 1769, avec trad. latine; par Toup, Oxford, 1778, avec un commentaire de Ruhnkenius; par Weiske, Leipsick, 1809, et par M. Egger, Paris, 1837, avec de nouveaux fragments. Il a été trad. par Boileau, 1674; Ch. Lancelot, 1755; Pujol, 1853; et par M. Vaucher, avec le grec en regard, et des Études critiques, Genève, 1854.

LONGIN (Flav.), exarque d'Italie pour Justin II (568-84), fut nommé par ce prince en remplacement de Narsès, combattit les Lombards, que Narsès avait appelés en Italie, mais ne put mettre à l'abri de leurs attaques que la province de Ravenne et le duché de Rome. Il s'empara des trésors d'Alboin, roi des Lom-