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des Calvinistes étaient le prince de Condé et le roi de Navarre. Henri III tenta vainement de concilier les deux partis : il ne réussit qu'à se faire détester des Catholiques, qui dès ce moment voulurent mettre sur le trône le duc de Guise. Celui-ci traita dans ce but avec Philippe II, roi d'Espagne, avec le pape Grégoire XIII, et, s'empara de plusieurs villes. Pour sauver sa couronne, le faible roi fut contraint de s'unir plus étroitement à la Ligue : il ordonna aux Protestants de sortir de France, et, d'accord avec le pape Sixte V, il déclara Henri de Navarre, qui était son légitime héritier, mais qui était calviniste, déchu de ses droits à la couronne (1585). Henri III n'en resta pas moins l'objet de la haine des Catholiques, et, après avoir été battu à Coutras par les Protestants (1587), il se vit chassé de Paris par les Ligueurs en 1588, dans la journée des Barricades. Cependant il feignit encore une fois de se réconcilier avec eux, et, ayant assemblé les États généraux à Blois, il y fit assassiner leur chef, le duc de Guise (28 déc. 1588). Ce crime souleva toute la France contre lui; il fut excommunié par le pape Sixte V, et déclaré déchu par la Sorbonne; Mayenne, frère du duc de Guise, fut proclamé chef de la Ligue et lieutenant général du royaume. Henri III n'eut plus alors d'autre ressource que de se jeter dans les bras du roi de Navarre : il assiégeait Paris avec lui et était sur le point d'y rentrer, lorsqu'il fut assassiné par un dominicain fanatique, Jacques Clément (2 août 1589). Tandis qu'à la suite de ce meurtre, Henri de Navarre prenait le titre de roi de France sous le nom de Henri IV, les Ligueurs reconnaissaient un roi dérisoire le vieux cardinal de Bourbon, sous le nom de Charles X (janvier 1590). Henri IV eut à la fois à combattre Mayenne, le pape, et le roi d'Espagne, qui convoitait la possession de la France. Après une guerre qui se prolongea encore quelques années et dans laquelle Paris eut à soutenir un siége désastreux, Henri mit fin à la lutte en abjurant le Calvinisme (juillet 1593). Parmi les nombreux ouvrages que l'on a écrits sur la Ligue, on distingue : la Satire Ménippée, qui lui porta le dernier coup en la frappant de ridicule; l'Esprit de la Ligue par Anquetil, l’Histoire de la L., par M. de Chalembert. La Ligue et l'heureux avénement de Henri IV sont le sujet de la Henriade.

LIGUE DU BIEN PUBLIC. On appelle ainsi l'alliance que formèrent contre Louis XI, en 1465, les ducs de Bretagne, de Bourbon, de Calabre, de Nemours, Charles, frère du roi, les comtes de Dunois, d'Armagnac et de Dammartin, et à la tête de laquelle était le comte de Charolais, Charles le Téméraire, depuis duc de Bourgogne. Sous prétexte de réclamer le soulagement des peuples, ces princes voulaient se venger du roi, qui, à son avénement, les avait dépouillés d'une partie de leurs privilèges. Une bataille se livra à Montlhéry (juillet 1465); mais les deux armées prirent la fuite, et la victoire resta indécise. Bientôt après, Louis XI mit fin à cette ligue en traitant avec chacun des confédérés en particulier. Le peuple seul, pour le bien duquel on avait prétendu se liguer, fut oublié dans ces traités : aussi les Parisiens appelèrent-ils cette ligue la Ligue du Mal public.

LIGUE SAINTE, coalition formée en 1511 contre Louis XII par le pape Jules II, Ferdinand le Catholique, Henri VIII, les Vénitiens et les Suisses. Gaston de Foix remporta sur les alliés la victoire de Ravenne (1512); mais il périt dans son triomphe, et Louis XII, vaincu à Novare et à Guinegatte, fut obligé de demander la paix (1515).

LIGUEIL, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), sur l'Erve, à 18 kil. S. O. de Loches; 1942 hab. Pruneaux dits de Tours. Aux environs, est le Falhun de Touraine, vaste étendue couverte de coquillages, qu'on emploie somme engrais.

LIGUES (GUERRE DES DEUX-). V. ÉTOLIE.

LUGUORI (S. Alph. de), fondateur d'une congrégation de missionnaires connus sous le nom de Liguoristes, né à Naples en 1696, m. à Nocera en 1787, fonda vers 1722 à Scala (Principauté citérieure), dans l'ermitage de Ste-Marie, l'institut du Très-S.-Rédempteur, destiné à fournir des prédicateurs pour l'instruction des paysans. Cet institut fut approuvé par le pape Benoît XIV. Clément XIII nomma Liguori évêque de Ste-Agathe-des-Goths en 1762; mais il se démit en 1775 et finit ses jours dans un couvent de son ordre. Il a été canonisé en 1816 : on le fête le 2 août. Liguori a laissé beaucoup d'écrits théologiques (il en existe une traduction complète en français, Paris, 1834, 30 v. in-8). On y remarque sa Théologie morale, en latin, Naples, 1755 (il y professe le probabilisme), et son Histoire des hérésies, avec leur réfutation, en italien, 1773. Les Liguoristes sont répandus surtout en Italie, en Suisse et en Autriche.

LIGURIE, Liguria, contrée de l'Italie ancienne, formait la partie S. O. de la Gaule Cisalpine; elle s'étendit d'abord du côté du nord jusqu'au Pô, mais fut ensuite restreinte aux pays situés entre la mer et l'Apennin; à l'O., les Ligures s'étendaient jusqu'au Var et même jusqu'au Rhône; à l'E., jusqu'à la Macra. Les Ligures étaient divisés en nombreuses peuplades, savoir : 1° au N. les Vagiens, Venènes, Statielles, Cerdiciates, Célélates, Ilvates, Casmonates, Emburiates, Magelles, Vibelles; 2° dans les Apennins, sur le versant méridional, les Hercates, Lapicins, Garules, Friniates; 3° sur la mer, de l'E. à l'O., les Apuans, Ingaunes, Intémèles, Vediantiens. Les Ligures semblent avoir été de même race que les Ibères. Comme toutes les tribus montagnardes, ils étaient braves et jaloux de leur indépendance. Rome ne les soumit qu'après de longues guerres (200-163 et 154-117); leur soumission ne fut même définitive que sous Auguste. Au IVe siècle on trouve une province spéciale de Ligurie qui avait Milan pour capitale. Ce nom fui ensuite restreint à la partie transpadane; il ne disparut totalement qu'au Xe siècle.

LIGURIENNE (République), État créé en 1797, lors de la conquête de l’État de Gênes par les Français, cessa de subsister en 1805 et fut fondu dans l'Empire français, auquel il fournit les départements des Apennins, de Gênes et de Montenotte. Auj., cette république forme à peu près la division de Gênes.

LIGUSTIQUE (Golfe ou Mer), Ligusticus sinus ou Ligusticum mare, est auj. le golfe de GÊNES.

L'ILE-ADAM. V. ÎLE-ADAM et VILLIERS.

LILIO (Louis), Aloysius Lilius, né à Ciro (Calabre), m. en 1576, appliqua les épactes au cycle de 19 ans, et, en ajoutant un jour à la fin de chaque cycle, parvint à établir une équation à peu près exacte entre les années solaires et lunaires. Son projet, présentée Grégoire XIII, devint la base du calendrier grégorien.

LILLE, autrefois l'Isle, Insula, en flamand Ryssel, ch.-l. du dép. du Nord, sur le canal de la Sensée à la mer et sur la Moyenne-Deule, à 222 kil. N. N. E. de Paris (à 268 kil. par chemin de fer); 123 438 h. de population agglomérée, 131 827 de population totale. Ch.-l. de la 3e division militaire, place de guerre de 1re classe. Trib. de 1re inst. et de commerce; faculté des sciences, école secondaire de médecine, lycée; hôtel des monnaies. Vaste citadelle, chef-d’œuvre de Vauban. Beau pont, promenade, hôtel de ville, hôtel de la préfecture, bourse, banque (fondée en 1836), musée, théâtre; statue de Napoléon, etc. Société des sciences et arts; académies de musique, de peinture de sculpture, musée de peinture, bibliothèque, jardin botanique. Industrie très-active et riche : toiles, bonneterie et ganterie, couvertures, dentelles et tulles. filatures, blanchisseries, raffineries, distilleries, teintureries, tanneries, corroieries, usines à enclumes, forges hydrauliques; aux environs plus de 200 moulins à huile; porcelaine, verre, faïence. Commerce de tous ces objets et de garance, genièvre, chicorée, denrées coloniales. — Lille ne fut d'abord qu'un simple château. Baudouin IV, comte de Flandre, en fut le véritable fondateur (1007). Prise et ravagée par l'empereur Henri III (1053), par Philippe-Auguste (1213), par Philippe le Bel (1296), elle appartint ensuite aux maisons de Bourgogne, d'Autriche et enfin d'Espagne.