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799, Il fut assailli, au milieu d'une procession, par une troupe d'assassins qui, après lui avoir fait subir d'horribles traitements, l'enfermèrent dans un monastère. Il parvint à s'en échapper, et se réfugia en France, auprès de Charlemagne; ce prince le renvoya en Italie avec une escorte, et le rétablit sur son trône. En retour, Léon III mit sur la tête de Charlemagne la couronne impériale (800).

LÉON IV, natif de Rome, élu en 847, mort en 855, répara et embellit Rome, mit les États du St-Siége à l'abri des Sarrasins, et éleva près de Rome une ville qu'il nomma Leopolis : c'est la cité Léonine, auj. comprise dans l'enceinte de Rome. C'est après la mort de ce pape qu'on place la fable de la papesse Jeanne.

LÉON V, élu en 903, succéda à Benoît IV. Mis en prison un mois après, à la suite d'une émeute, il y mourut de chagrin, au bout de 40 jours de pontificat.

LÉON VI, Romain, élu en 928, mourut dès 929, sans avoir pu rien faire de remarquable.

LÉON VII, Romain, élu en 936, mort en 939, se montra fort zélé pour la discipline ecclésiastique.

LÉON VIII, élu en 963, du vivant même de Jean XII, par l'influence de l'empereur Othon, était laïque au moment de son élection. Il eut à lutter, après la mort de Jean XII (964), contre un autre compétiteur, Benoît V. Il fut rétabli par Othon, mais il mourut l'année suivante (965).

LÉON IX (S.), Brunon, né en Alsace en 1002, était parent de l'empereur Henri III. Il fut élu en 1049, s'occupa de réformer la discipline ecclésiastique, et tint plusieurs conciles, entr'autres celui de Verceil (1050), où fut condamné Jean Scot. Sous son pontificat éclata définitivement le schisme des Grecs, déjà commencé par Photius. Ayant accompagné, en 1053, les troupes que l'empereur avait envoyées à son secours contre les Normands, il fut battu et pris par ces derniers et ne fut remis en liberté qu'au bout de 10 mois. Il mourut peu après son retour, 1054. L’Église l'hon. le 19 avril.

LÉON X, Jean de Médicis, fils de Laurent de Médicis, né à Florence en 1475, mort en 1521, fut nommé cardinal à 13 ans, quitta jeune sa patrie et vint se fixer à Rome, où il s'attacha à Jules II; combattit pour lui à Ravenne, et y fut pris. Il fut élu en 1513. Son règne est également remarquable par les événements politiques ou religieux, et par le progrès des arts. Il fit la paix avec Louis XII, que son prédécesseur avait excommunié; cependant il se déclara bientôt après contre François I, et se ligua, pour le combattre, avec Sforze, duc de Milan, et les Suisses. Il se vit forcé de traiter avec ce prince après la victoire du Marignan (1515) et la conquête du Milanais; mais, en 1521, il s'unit à Charles-Quint pour chasser les Français du Milanais. Léon X venait de rétablir sa famille à Florence et d'investir son neveu, Laurent de Médicis, du duché d'Urbin, lorsqu'il mourut presque subitement au milieu de ses succès; on prétendit qu'il avait été empoisonné. Ce pape termina le concile de Latran et conclut avec François I le concordat de 1516, qui régit l'église de France pendant 3 siècles. Il fit prêcher dans toute la chrétienté des indulgences (1517), dont le produit, destiné d'abord à faire les frais d'une croisade contre les Turcs, fut ensuite employé à l'achèvement de la basilique de St-Pierre; la vente de ces indulgences donna lieu aux querelles qui amenèrent la Réforme. Léon X anathématisa Luther et l'excommunia (1520), mais sans pouvoir étouffer l'hérésie. Ce pape favorisa de tout son pouvoir les arts, les lettres et les sciences, rétablit a Rome l'université et la dota richement, fit rechercher et publia les auteurs anciens, et fonda la bibliothèque Laurentienne. On a donné le nom de Siècle de Léon X à l'époque brillante dans laquelle il a vécu : c'est alors en effet que fleurirent l'Arioste, Berni, Accolti, Alamanni, Sannazar, Vida, Bembo, Machiavel, Guichardin, Sadolet, Michel-Ange, Raphaël, André del Sarto, le Caravage, Jules Romain, etc. La vie de Léon X a été écrite par Fabroni, par Paul Jove, par W. Roscoë, Londres, 1805 (trad. en français par Henry, 1813); enfin par Audin, 1844 et 1850.

LÉON XI, de la famille des Médicis, élu en 1605, mourut un mois après son élection.

LÉON XII, Annibal della Genga, né en 1760 à Genga, près de Spolète, m. en 1829, était vicaire général du pape lorsqu'il fut élu, en 1823. Il embellit Rome, encouragea les lettres, enrichit la bibliothèque du Vatican, et fut universellement vénéré. Artaud de Montor a écrit son Histoire, Paris, 1843.

LÉON, anti-pape sous le nom de Grégoire VI, fut, après la mort du pape Sergius IV, le compétiteur de Benoît VIII, 1012, le contraignit à s'éloigner de Rome, occupa quelque temps la chaire de St-Pierre, et fut chassé à son tour par l'empereur Henri II, dont Benoît avait sollicité le secours.

III. Personnages divers.

LÉON LE DIACRE, historien, né vers 930, au bourg de Caloé, près du Tmolus, en Ionie, suivit l'empereur Basile II dans une guerre contre les Bulgares, et rédigea l'histoire de son temps (959-971). Cet ouvrage, qui est le complément de la Byzantine, a été imprimé par M. Hase, Paris, 1819, in-fol., et réimpr. à Bonn, 1828.

LÉON LE GRAMMAIRIEN, l'un des auteurs de l’Histoire byzantine, écrivit vers 1013, sous le titre de Chronographia, une histoire des empereurs d'Orient depuis Léon l'Arménien jusqu'à la mort de Romain Lécapène (813-949), publiée, avec traduction latine, à la suite de Théophane, Paris, 1655, in-fol., et trad. en franç. par le présid. Cousin.

LÉON (Jean), l'Africain, géographe arabe, né à Grenade à la fin du XVe siècle, se nommait d'abord Al-Haçan. Après avoir parcouru toute l'Afrique septentrionale, il fut pris par des corsaires chrétiens (1517), et présenté à Léon X qui le fit baptiser sous le nom de Jean Léon. Il se fixa en Italie, apprit l'italien et le latin, et enseigna l'arabe. On a de lui une Description de l'Afrique, écrite d'abord en arabe, mise par l'auteur même en italien (1526), trad. en latin par Florius, Anvers, 1556, et en franç. dans le Recueil de voyages de J. Temporal, Lyon, 1556. Cet ouvrage précieux fait encore aujourd'hui autorité.

LÉON DE JUDA, PONCE DE LÉON. V. JUDA et PONCE.

LÉONARD (S.), ou LIENART, Leonardus, un des compagnons de Clovis, avait été converti par S. Remi après la bataille de Tolbiac. Il fonda un monastère près de Limoges, au lieu qu'on nomma depuis St-Léonard-le-Noblet. Il mourut vers 559. On le fête le 6 nov. Il est le patron des prisonniers.

LÉONARD d'Udine, dominicain, né à Udine dans le XVe siècle, prêcha en 1435 devant Eugène IV, puis parut avec éclat à Venise, à Rome, à Milan; fut prieur du couvent de St-Dominique de Bologne, puis provincial de toute la Lombardie, et mourut vers 1470. On a de lui des Sermons. Ces sermons, fort estimés de son temps et souvent réimprimés, tiennent beaucoup de ceux de Barletta et de Ménot.

LÉONARD, le Limousin, peintre émailleur, né à Limoges en 1480, m. vers 1550, fleurit sous François I et Henri II, obtint de François I la direction de la manufacture d'émaux fondée à Limoges, fit exécuter une grande quantité de coupes, de vases, de plats de forme élégante, et les enrichit de bonnes peintures d'après les dessins de Raphaël, de J. Romain. de Jean Cousin. Parmi les œuvres qui restent de lui, on cite les 4 médaillons du tombeau de Diane de Poitiers, et les portraits de l'amiral Ph. de Chabot, de François de Guise, de Henri II, du connétable de Montmorency, conservés au Louvre. Ses couleurs ont un éclat et une transparence remarquables.

LÉONARD (Nic. Germain), poëte élégiaque, né en 1744 à la Guadeloupe, se fit connaître en 1766 par un recueil d’Idylles morales; fut nommé en 1788 vice-sénéchal de la Guadeloupe, revint en France en 1792, et mourut à Nantes l'année suivante, au moment où il allait repartir pour sa patrie. Formé par la lecture de Tibulle, de Properce, et surtout de Gessner, Léonard cultiva avec succès la poésie pastorale et élé-