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vance de Cîteaux. Les Trappistes observent un silence absolu, partagent leur temps entre la prière et le travail manuel, se nourrissent de pain grossier et de légumes cuits à l'eau, et ne sont vêtus que d'une robe de bure, qui est blanche pour les religieux et brune pour les frères convers. Ils doivent avoir toujours devant les yeux l'image de la mort : à cet effet il y a dans leur cimetière une fosse toujours ouverte, prête à les recevoir, qu'ils visitent chaque jour. Cette abbaye fut supprimée à la Révolution; les religieux se réfugièrent successivement en Suisse, en Italie, en Allemagne, et jusqu'en Russie, vivant toujours réunis, et continuant à observer la règle de leur institut. Ils purent rentrer en 1815, et occupèrent de nouveau leur ancien couvent, qui fut restauré par M. de Lestrange. Depuis ils ont formé d'autres établissements en France : à La Meilleraye (Loire-Inférieure), près de Montélimart (Drôme), à Staouéli en Algérie, etc. Il en existe aussi en Angleterre et en Belgique. M. Gaillardin a donné l’Histoire des Trappistes, Paris, 1844.

LATREILLE (P. André), naturaliste, né à Brives en 1762, m. à Paris en 1833, se consacra à l'étude de l'entomologie, fit faire de grands progrès à cette branche de la science, fut admis à l'Académie des sciences en 1814 et nommé en 1820 professeur au Muséum d'histoire naturelle. On a de lui : Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, 1802; Hist. naturelle des Fourmis, 1802; Genera Crustaceorum et Insectorum, 1808-09; Cours d'Entomologie, 1831. C'est lui qui a composé la partie entomologique du Règne animal de Cuvier.

LA TREMBLADE, ch.-l. de cant. (Charente-Infér.), port sur la Seuldre, près de son embouch., à 7 k. S. S. O. de Marennes; 2758 hab. Huîtres vertes. Eaux-de-vie. Bains de mer fréquentés.

LA TRÉMOILLE, LA TRÉMOUILLE ou LATRIMOUILLE, ch.-l. de c. (Vienne), à 13 kil. N. E. de Montmorillon ; 2000 h. Berceau de la maison de la Trémoille.

LA TRÉMOILLE ou LA TRÉMOUILLE (Maison de), famille illustre du Poitou, tire son origine de Pierre, seigneur de La Trémoille, qui vivait vers 1040, sous Henri I. Elle acquit un grand nombre de fiefs et forma plusieurs branches : celle des princes de Talmont, des comtes d'Olonne, de Joigny, des ducs de Noirmoutiers, des vicomtes de Thouars, etc. Par suite du mariage de l'un d'eux avec l'héritière des rois de Naples (V. ci-après François de la Tr.), les La Trémoille avaient des prétentions sur ce trône.

LA TRÉMOILLE (Gui de), le Vaillant, servit avec gloire sous Charles V et Charles VI, défendit Troyes contre les Anglais (1380), et reçut des mains de Charles VI, en 1383, l'oriflamme de France. Il alla en Hongrie combattre les Turcs, et fut fait prisonnier à la batailla de Nicopolis (1396); il mourut en 1398, pendant qu'il revenait en France. Il ne s'était pas moins signalé dans les tournois et les fêtes galantes que dans les combats.

LA TRÉMOILLE (Georges), fils du précéd., fut fait grand maître des eaux et forêts en 1413, tomba entre les mains des Anglais à la bataille d'Azincourt (1415), devint ministre de Charles VII en 1427, sur la présentation du connétable de Richemont, mais ne tarda pas à le supplanter, et le fit exiler. Le connétable s'en vengea 6 ans après en faisant enlever La Trémoille, à Chinon, et il ne le relâcha que sur forte rançon. Il avait épousé la veuve du sire de Giac, qu'il avait aidé à assassiner. Il mourut en 1446.

LA TRÉMOILLE (Louis II, sire de), vicomte de Thouars, prince de Talmont, né en 1460, gagna pour Charles VIII la bataille de St-Aubin (1488), commanda à la journée de Fornoue (1495); fut nommé lieutenant général du Poitou et de l'Angoumois; conquit le duché de Milan en 1500 pour Louis XII, manqua la conquête du royaume de Naples, plutôt par suite des fausses directions données par la cour que par sa faute (1503); eut une grande part à la victoire d'Agnadel (1509); perdit la bataille de Novare (1513), se releva la même année par sa belle défense de la Bourgogne, fut un des héros de Marignan (1515), défendit la Picardie presque sans troupes (1522 et 23), et périt glorieusement à Pavie (1525). Il avait pour devise une roue avec ces mots : Sans sortir de l'ornière. On l'avait nommé le Chevalier sans reproche.

LA TRÉMOILLE (Franç. de), petit-fils du précédent, 1501-41, épousa en 1521 Anne de Laval, fille du comte Gui de Laval, qui lui-même avait épousé Charlotte d'Aragon, princesse de Tarente, issue de Frédéric, dernier roi de Naples de la maison d'Aragon, détrôné en 1501 et réfugié en France. Par suite de ce mariage, les La Trémoille ont élevé des prétentions sur la trône de Naples; ils ont essayé de faire reconnaître leurs droits aux congrès de Munster, de Nimègue et de Ryswik, mais sans y réussir.

LA TRÉMOILLE (H. Ch. de), prince de Tarente, né à Thouars en 1620, m. en 1672, était calviniste. Il servit d'abord en Hollande sous le prince d'Orange, prit parti contre Mazarin pendant la Fronde, fut arrêté et détenu à Amiens, puis relégué dans le Poitou, alla en 1663 servir en Hollande contre l'évêque de Munster, revint en France peu après et abjura le Calvinisme. On a de lui des Mémoires, publiés en 1767.

LA TRONQUIÈRE, ch.-l. de c. (Lot), à 28 kil. N. de Figeac; 476 hab.

L'ATTAIGNANT (l'abbé de), poëte jovial, né à Paris en 1697, m. en 1779, fut chanoine de Reims et conseiller au parlement de Paris. Il s'attacha à la poésie légère et se fit un nom par sa facilité à composer et à chanter des couplets. Cet abbé chansonnier se retira sur la fin de ses jours chez les Pères de la Doctrine. Ses Poésies ont paru de son vivant en 4 vol. in-12, 1757; on a donné après sa mort ses Chansons et ses Œuvres posthumes, Millevoye a publié en 1810 un Choix de ses poésies.

LATUDE (H. MAZERS de), né en 1725 dans le Languedoc, fut renfermé à la Bastille sous Louis XV, à l'âge de 24 ans, pour avoir donné a Mme de Pompadour avis d'un faux complot formé contre sa vie dans l'espérance d'obtenir ainsi sa protection. Il resta prisonnier pendant 35 ans. Plusieurs fois il tenta de s'échapper; mais ses tentatives ne firent qu'irriter l'autorité et augmenter les rigueurs dont il était victime. Une recouvra la liberté qu'en 1784. Il mourut à Paris en 1805. On a de lui des Mémoires intéressants sur sa captivité, 1791 et 1793.

LAUBACH, v. du grand-duché de Hesse-Darmstadt, ch.-l. de la seigneurie de Solms-Laubach, à 25 kil. S. E. de Giessen; 2100h.

LAUBARDÉMONT (Jacq. Martin de), conseiller d’État sous Louis XIII, fut l'agent dévoué et impitoyable du cardinal de Richelieu. C'est de lui que se servit le ministre pour perdre le curé Urbain Grandier, ainsi que Cinq-Mars et de Thou; il n'épargna pour parvenir à ses fins ni le mensonge ni l'hypocrisie. Plus tard, il fut aussi un des persécuteurs de Port-Royal. — Il laissa un fils qui, après s'être livré à toutes sortes de désordres, entra dans une bande de voleurs et fut tué en attaquant un carrosse (1651).

LAUD (Guill.), archevêque de Cantorbéry, fils d'un marchand de draps, né en 1573 à Reading (Berks), jouit de la plus grande autorité sous Charles I, et devint premier ministre après la mort de Buckingham (1628). Il forma le projet de réunir les 3 royaumes sous une même religion, dont il aurait été le chef, et rédigea dans ce but une liturgie qu'il voulait faire adopter par toutes les sectes dissidentes. Il provoqua par là une violente opposition, surtout de la part des Presbytériens écossais, et excita une haine universelle. Lors de la guerre civile, il fut arrêté par ordre du Parlement, en 1640, et fut exécuté 5 ans après comme coupable de trahison. Il subit la mort avec courage, et fut regardé par ses partisans comme un martyr. On a de lui : Officium quotidianum, 1650; des Sermons, 1651, etc.

LAUDER, v. d’Écosse (Berwick), sur la Lauder, à 36 kil. S. E. d’Édimbourg; 2200 hab. Le parlement