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pompe, machine à vapeur qui élève l'eau sans piston, la pompe à tige filiforme, le peson chronométrique, la sirène, instrument destiné à mesurer les vibrations de l'air qui constituent un son donné (1819), une machine pour étudier le vol des oiseaux, etc. On estime aussi ses recherches sur la production de la voix humaine.

LA TOUR D'AUVERGNE, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 55 kil. O. d'Issoire ; 2068 h. Anc. château qui fut le berceau des La Tour d'Auvergne.

LA TOUR D'AUVERGNE (Henri et Frédéric Maurice de), ducs de Bouillon. V. BOUILLON.

LA TOUR D'AUVERGNE (Théophile CORRET de), le premier grenadier de France, né en 1743 à Carhaix, était issu d'un bâtard de l'illustre maison des La Tour d'Auvergne. Il entra dans les mousquetaires noirs en 1767, fut nommé la même année sous-lieutenant au régiment d'Angoumois, se distingua au siège de Mahon (1782), fut nommé capitaine en 1784, fit avec ce grade la campagne de 1792 à l'armée des Alpes, et y commanda un corps de grenadiers qu'on avait surnommé la Colonne infernale. Il était l'idole du soldat en même temps que la terreur des ennemis. Sans ambition, il ne voulut jamais accepter d'avancement : il refusa le grade de colonel (1793), et plus tard le titre de membre du Corps législatif. Il s'était retiré du service après la paix de Bâle (1795) et se livrait à des travaux littéraires, lorsqu'il apprit que le dernier fils de son ami Le Brigant était enlevé par la conscription ; il s'offrit pour le remplacer, servit à l'armée d'Helvétie comme simple grenadier et combattit à Zurich (1799); envoyé l'année suivante à l'armée du Rhin, il fut tué à Oberhausen, près de Neubourg (28 juin 1800). Son cœur fut confié à la garde de la compagnie qu'il avait adoptée, et jusqu'en 1814 son nom resta sur les contrôles ; a tous les appels, un des grenadiers répondait : Mort au champ d'honneur. Peu avant sa mort, le premier consul lui avait décerné un sabre d'honneur, avec le titre de Premier grenadier des armées de la République. Un arrêté des consuls avait décidé qu'un monument lui serait élevé : mais ce monument n'a été exécuté qu'en 1841, à Carhaix. La Tour d'Auvergne possédait presque toutes les langues de l'Europe. On lui doit, entre autres ouvrages, de savantes Recherches sur la langue, l'origine et les antiquités des Bretons, Bayonne, 1792, réimpr. en 1801 sous le titre d’Origines gauloises.

LA TOUR DE FRANCE, ch.-l. de c. (Pyrénées-Orientales), sur l'Agly, à 26 kil. N. O. de Perpignan ; 1241 hab. Vins, eaux-de-vie.

LA TOUR DU PIN, ch.-l. d'arr. (Isère), sur la Bourbre, à 58 kil. N. O. de Grenoble ; 2537 hab. La ville doit son nom au château de La Tour, bâti sur une éminence voisine (pen en celtique signifiait éminence). Elle a elle-même donné son nom à une famille noble du Dauphiné, qui devint en 1281 souveraine du Dauphiné par le mariage de Humbert de La Tour avec Anne, héritière du Dauphiné. Cette maison a formé les branches des La Tour du Pin-Gouvernet, La Tour du Pin-Montauban, La Charce et Chambly.

LA TOUR DU PIN-GOUVERNET (René de), un des chefs du parti calviniste dans le Dauphiné, né en 1543 à Gouvernet en Dauphiné, mort en 1619, se signala en Savoie par des actes de bravoure dignes des temps de la chevalerie, fut nommé maréchal de camp et conseiller privé par Henri IV, et eut le commandement du Bas-Dauphiné. C'est de lui et de Jacques, son frère, que sortent les branches de la famille La Tour du Pin qui existent encore.

LA TOUR DU PIN-GOUVERNET (Jean Fréd.), ministre de la guerre sous Louis XVI, né à Grenoble en 1727, avait brillé dans la guerre de Sept ans et était en 1789 lieutenant général, commandant du Poitou et de la Saintonge, lorsqu'il fut député à l'Assemblée nationale par la noblesse du Poitou. Il embrassa les idées nouvelles et fut néanmoins appelé par Louis XVI au ministère ; mais il se vit obligé de se retirer en 1790. Appelé en témoignage dans le procès de la reine, il exprima hautement son respect pour l'infortunée princesse ; cette marque courageuse de sympathie causa son arrestation et sa condamnation à mort (1794).

LA TOUR DU PIN-MONTAUBAN (Hector), fils puîné de René de La Tour du Pin-Gouvernet, et dernier chef des protestants du Dauphiné ; se soumit en 1626, et reçut le brevet de maréchal de camp avec le gouvernement de Montélimar, qui resta dans sa famille jusqu'en 1789. — René, fils aîné d'Hector, 1620-1687, fut envoyé en 1664 au secours de l'Empereur d'Allemagne contre les Turcs et se signala à la bataille de St-Gothard. Il contribua depuis à la conquête de la Franche-Comté et de la Hollande par Louis XIV et commanda en chef la Franche-Comté.

LA TOUR DU PIN DE LA CHARCE (Philis), fille de Pierre III, marquis de La Charce, et arrière-petite-fille de René de La Tour du Pin-Montauban, se mit à la tête des vassaux de son père en 1692 et repoussa du Dauphiné les troupes du duc de Savoie. Elle mourut à Nyons en 1703. — René François André, vicomte de La Charce, brigadier, se distingua en vingt combats, notamment à Weissembourg et à Lawfeld, où il fut blessé (1747). Il épousa l'héritière de la maison de Chambly, et devint chef de la branche La Tour-Chambly, à laquelle appartiennent le comte René Charles François, colonel, qui périt sur l'échafaud en 1794, et le vicomte Henri de La Tour du Pin-Chambly, né en 1783, auteur de Caractères et Réflexions morales, remarquables par le style et par la pensée, et d'écrits agronomiques.

LA TOUR-MAUBOURG (Marie Vict. DE FAY, marquis de), lieutenant général, 1756-1850, d'une anc. famille du Vivarais qui tire son nom de La Tour en Velay, émigra en 1792, ne rentra en France qu'après le 18 brumaire, fit partie de l'expédition d’Égypte, combattit en Allemagne, en Espagne, en Russie ; fit une belle retraite à Mojaïsk (1812); se couvrit de gloire à Dresde et à Leipsick où il perdit la cuisse (1813), fut appelé à la Chambre des Pairs par Louis XVIII et fait marquis, fut peu après nommé ambassadeur en Angleterre, puis chargé, en 1819, du portefeuille de la guerre et en 1822 du gouvt des Invalides. Il se démit en 1830, alla rejoindre les Bourbons dans l'exil et fut nommé en 1835 gouverneur du duc de Bordeaux, mais il ne put accepter, à cause de son grand âge. — Son frère, le général Charles César de L., 1758-1831, député à l'Assemblée constituante, fut un des premiers à sacrifier ses privilèges, fut un des commissaires chargés de ramener le roi après son arrestation à Varennes, accompagna Lafayette en qualité de maréchal de camp à l'armée du Centre, quitta la France avec lui, partagea sa captivité et ne recouvra la liberté qu'en 1797. Député, puis sénateur sous l'Empire, il ne fut élevé à la pairie qu'en 1819.

LATRAN (palais de), palais bâti à Rome par un certain Lateranus Plautius, que Néron fit mourir pour s'emparer de ses biens. Ce palais fut donné par l'empereur Constantin au pape Melchiade et servit de résidence à ses successeurs jusqu'à leur départ pour Avignon (1308). Grégoire XI, à son retour en 1377, alla occuper le Vatican. — Près de ce palais, Constantin fit construire en 324 la basilique de St-Jean de Latran, la 1re église patriarcale de l'Occident. Il s'y tint 12 conciles, dont 4 œcuméniques. Le 1er de ceux-ci eut lieu en 1123, sous Calixte II (V. INVESTITURES); le 2e sous Innocent II, en 1139 : on y condamna Arnaud de Brescia; le 3e sous Alexandre III, en 1179 : on y régla l'élection des papes ;, le 4° en 1215, sous Innocent III : on y excommunia les Manichéens, les Vaudois et les Albigeois. Le concile tenu à Latran en 1512 abolit la Pragmatique sanction. Le 12e et dernier eut lieu en 1725.

LA TRAPPE (NOTRE-DAME de), abbaye de l'ordre de Cîteaux, célèbre par la sévérité de sa règle, fut fondée en 1140 par Rotrou, comte du Perche, à 12 kil. N. de Mortagne (dans le dép. actuel de l'Orne). Cet ordre, qui s’était relâché, fut réformé en 1662, par l'abbé de Rancé, qui y établit l'étroite obser-