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mais il rentra en France après le 18 brumaire. Il y publia en 1803, sous le pseudonyme de Le Sage, un Atlas historique, chronologique et géographique (gr. in-fol.), qui obtint un grand succès. Quand les Anglais menacèrent Flessingue, il s'enrôla comme volontaire pour les repousser (1809), et fut dès lors remarqué par Napoléon, qui bientôt se l'attacha comme chambellan, le fit entrer au Conseil d'État et le chargea de plusieurs missions de confiance. Il refusa en 1814 d'adhérer à la déchéance de l'Empereur, reprit son service auprès de lui en 1815, l'accompagna à Ste-Hélène, et resta 18 mois auprès de l'illustre prisonnier, vivant dans son intimité et recueillant ses paroles dans un journal, qui parut depuis sous le titre de Mémorial de Ste-Hélène (1822-24, 8 vol. in-8), et qui eut une grande vogue. Devenu suspect à Hudson-Lowe, il fut déporté au cap de Bonne-Espérance, puis transféré en Europe, mais retenu comme prisonnier : il ne put revoir sa patrie qu'après la mort de Napoléon. Élu député de la Seine après 1830, il siégea dans l'opposition. — Son fils, Emmanuel, 1800-54, servit de secrétaire à Napoléon à Ste-Hélène, accompagna en 1840 le prince de Joinville, chargé de rapporter en France les restes de l'Empereur, et publia en 1841 : Journal écrit à bord de la Belle-Poule. Il fut élu en 1831 député du Finistère, et appelé en 1852 au Sénat.

LASCY (Pierre, comte de), général au service de la Russie, né en 1678 en Irlande, mort en 1751, avait d'abord servi en France, en Autriche et en Pologne. Il se distingua sous Pierre le Grand à Pultawa (1709), ravagea la Finlande (1721), prit Azov sur les Turcs et fut fait maréchal et gouverneur de Livonie. — Son fils, Maurice de L. (1725-1801), prit de bonne heure du service en Autriche, se distingua à Breslau (1757), à Hochkirch (1758), fut nommé feld-maréchal par Marie-Thérèse, entra au conseil aulique et jouit de la confiance de Joseph II. Il réforma le système de fortifications adopté en Autriche.

LA SERNA DE SANTANDER. V. SANTANDER.

LA SERRE (J. PUGET de), écrivain médiocre, né en 1600 à Toulouse, mort en 1665, vint de bonne heure à Paris et fut bibliothécaire du duc d'Orléans. puis conseiller d’État et historiographe de France, il écrivit dans tous les genres : histoire, théâtre, morale, philosophie, et produisit un nombre prodigieux de volumes. Il fit représenter plusieurs tragédies en prose, dont quelques-unes (Thomas Morus, 1641; le Sac de Carthage; Chimène, etc.) eurent un succès momentané. Laserre n'est plus guère connu que par les sarcasmes de Boileau : dans le Chapelain décoiffé, le satirique feint que Laserre, irrité contre Chapelain, qui ne l'avait pas fait pensionner par le roi, lui cherche querelle et lui arrache sa perruque.

LA SERRE (J. L. Ignace de), sieur de Langlade, poëte dramatique, né à Cahors en 1662, m. à Paris en 1756, se fit poëte après avoir perdu au jeu 25 000 livres de rente. Il a donné à l'Opéra Polyxène, 1706; Diomède, 1710; Polydore, 1720; Scanderberg, 1719, et aux Français une tragédie d’Artaxare, 1718. On a aussi de lui des Mémoires pour servir à l'histoire de Molière et de ses ouvrages. Il vécut dans un commerce intime avec Mlle de Lussan. V'. ce nom.

LA SOUTERRAINE, ch.-l. de c. (Creuse), à 40 k. N. O. de Guéret, dans une vallée profonde; 3780 hab. Cours d'eau souterrain qui a fait donner son nom à la ville. Commerce de chanvre, fil, etc.

LASPHRISE (PAPILLON de), poëte. V. PAPILLON.

LASSA, v. du Thibet. V. L'HASSA.

LASSAIGNE (J. L.), chimiste, né à Paris en 1800, m. en 1859, se forma sous Vauquelin, remplaça Dulong comme professeur de chimie à l'École vétérinaire d'Alfort (1824), professa en même temps à l'École de commerce, et fut à partir de 1845 expert chimiste près les tribunaux de Paris. On lui doit plusieurs découvertes (celle de la cathartine dans le séné, de la Delphine dans le staphisaigre, de l’acide pyrocitrique, etc.), et d'utiles applications de la science (notamment l'emploi du chromate de plomb dans la fabrication des toiles peintes), qui lui valurent de nombreuses récompenses de la part des sociétés savantes. Il a donné un Traité de Chimie, 1829, un Dictionnaire des Réactifs, 1839, et un Traité de Matière médicale et de Pharmacie vétérinaire, 1841.

LASSAY, ch.-l. de c. (Mayenne), à 20 kil. N. E. de Mayenne; 2280 hab. Bestiaux, volailles; fil, laine. Château construit au IXe s. Anc. marquisat, appartenant aux Madaillan de Lesparre. M. Paulin Paris a publié le Marquis de Lassay et l'hôtel Lassay aux XVIIe s.

LASSEUBE, ch.-l. de c. (Basses-Pyrénées), sur la Baïse, à 14 kil. N. E. d'Oloron; 2702 hab.

LASSIGNY, ch.-l. de c. (Oise), à 24 kil. N. de Compiègne; 803 hab.

LASSUS (Roland ou ORLANDO di LASSO), célèbre musicien belge, dont le véritable nom est Roland de Lattre, né à Mons en 1520, m. à Munich en 1595, partit de bonne heure pour l'Italie, fut dès 1541 maître de chapelle à St-Jean de Latran à Rome, parcourut l'Europe, admiré partout, et se fixa en 1557 à Munich, où il fut nommé maître de chapelle du duc de Bavière. L'empereur Maximilien l'anoblit; Charles IX voulut en vain l'attirer en France. Lassus fut surnommé de son temps le prince des musiciens; il réussissait également dans la musique profane et dans la musique religieuse, et fut dans ce dernier genre le rival de Palestrina, Il améliora le contre-point, introduisit le 1er dans le chant des passages chromatiques et réduisit le nombre des lignes de la mesure. Ses productions, messes, psaumes, hymnes, motets, chansons, madrigaux, etc., s'élèvent à plus de 2000. Un choix en fut publié par son fils sous le titre de Magnum opus musicum, Munich, 1604, 7 vol. in-fol. Des statues lui ont été élevées à Mons et à Munich.

LASSUS (Pierre), habile praticien, né à Paris en 1741, m. en 1807, fut successivement chirurgien de Mesdames, filles de Louis XV, chirurgien consultant de Napoléon, professeur d'histoire de la médecine légale, puis de pathologie externe à la Faculté de Paris et membre de l'Institut. On a de lui, outre des traductions de l'anglais : Traité élémentaire de Médecine opératoire, 1795; Pathologie chirurgicale, 1806.

LASSUS (J. B. Ant.), architecte, né à Paris en 1807, m. en 1857, est un de ceux qui ont le plus contribué à remettre en honneur le genre gothique. Il a dirigé, de concert avec M. Viollet-le-Duc, la restauration de la Ste-Chapelle, de St-Germain l'Auxerrois et de Notre-Dame de Paris, et a construit les nouvelles églises de Belleville et de la Chapelle St-Denis. Outre de nombreux dessins de monuments, des projets de restauration et de restitution d'édifices détruits, on lui doit la Monographie de la cathédrale de Chartres, 1843, gr. in-f. Il a donné un grand nombre d'articles aux Annales archéologiques.

LASTEYRIE (Ch. Philibert, comte de), né en 1759 à Brives (Corrèze), m. en 1849, s'adonna de bonne heure à l'étude de l'économie rurale, visita dans ce but presque toutes les contrées de l'Europe, contribua puissamment à importer les mérinos en France (1795); alla dès 1812 à Munich pour y étudier auprès de Senefelder l'art tout nouveau de la lithographie, et créa lui-même à Paris les premiers établissements de ce genre. Allié de Lafayette, il fut comme lui un des plus zélés soutiens des idées libérales, prit une part active à la propagation de enseignement mutuel et à la création de la Société d'encouragement, et fonda le Journal des connaissances usuelles et pratiques, qu'il dirigea lui-même pendant plusieurs années. Il avait formé un riche cabinet contenant tous les objets relatifs à l'économie rurale, ainsi que tous les ouvrages sur cette matière. Il a écrit sur diverses parties de l'agronomie, notamment sur les Bêtes à laine d'Espagne (1799, 1802), sur la Culture du Cotonnier (1808) et de l'Indigotier (1811); a donné, sous le titre d’Histoire naturelle du Mouton, du Cheval, du Chien, du Chameau, du Bœuf, du Cochon, etc.,