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Pendant son ministère, il introduisit les moutons à longue laine, perfectionna l’éducation des vers à soie, encouragea l’Institut agronomique de Grignon, et créa le musée des antiquités égyptiennes. Il a laissé de courts Mémoires, qui ont été publiés en 1861-62 par son fils, avec une introduction par M. F. Claude. Sa femme, descendante de Louvois, a fondé l’hospice Larochefoucauld à Paris. — Son fils, {{M.|[[w:Sosthènes}} de La Rochefoucauld|Sosthène de La R.-Doudeauville]], né en 1785, intendant des Menus-Plaisirs sous Charles X, signala son administration par quelques réformes et prescrivit aux danseuses un costume plus modeste. Il a publié des Pensées, qui brillent par l’esprit, des Esquisses et Portraits, et des Mémoires (1837 et 1862), précieux surtout pour l’histoire de la Restauration.

LA ROCHE-GUILHEM (Mlle de), romancière du XVIIe siècle, morte en 1710, était protestante, et quitta Paris pour se retirer en Hollande lors de la révocation de l’édit de Nantes. Elle a écrit des romans dans le genre de ceux de Mlle de Scudéry : Astérie ou Tamerlan, 1675 ; Histoire des guerres civiles de Grenade, 1683 ; le Grand Scanderberg, 1688 ; Histoire des Favorites, etc.

LA ROCHE-GUYON, petite v. de France (Seine-et-Oise), à 17 kil. N. O. de Mantes, sur la Seine ; 900 h. Jadis ville forte ; haute tour. La ville est bâtie au pied d’un rocher. Nitrières naturelles. Titre de duché-pairie, créé en 1621 en faveur de François de Silly, puis rétabli en 1643 en faveur de Roger Du Plessis, seigneur de Liancourt.

LA ROCHEJACQUELEIN (Henri DU VERGER, comte de), chef vendéen, né en 1772 au château de La Durbellière près de Châtillon-sur-Sèvre, était fils du marquis de La Rochejacquelein, colonel de cavalerie, qui émigra. Il faisait partie en 1792 de la garde constitutionnelle de Louis XVI : après le 10 août, il se retira dans la terre de Clisson, près de son ami Lescure. Les Vendéens lui ayant offert le commandement de leurs troupes (1793), il l’accepta, courut rejoindre Bonchamp et d’Elbée, se signala à la bataille de Fontenay (24 mai 1793), entra le 9 juin dans Saumur, préserva les Vendéens d’une déroute complète à Luçon, vainquit à Chantonnay, et prit part à l’affaire désastreuse de Chollet. Proclamé général en chef après la mort de Lescure, bien qu’à peine âgé de 22 ans, il donna les preuves d’un talent supérieur, battit deux fois les troupes républicaines aux environs d’Antrain, occupa Laval, La Flèche, Le Mans ; forcé dans cette dernière ville, il passa la Loire, et se retrancha dans la forêt de Vézin. Il fut tué au combat de Nouaillé près de Chollet (4 mars 1794). On a retenu sa harangue à ses soldats lorsqu’ils lui déférèrent le commandement : « Si je recule, tuez-moi ; si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi. »

LA ROCHEJACQUELEIN (Louis, marquis de), frère puîné du précéd., né en 1777, à St-Aubin de Beau-Ligne (Poitou), m. en 1815, émigra avec sa famille, rentra en France en 1801, fut un des premiers à reconnaître les Bourbons en 1814, suivit Louis XVIII à Gand, revint par mer en Vendée où il essaya en vain d’organiser une insurrection pendant les Cent Jours, et périt au combat des Mathes, près des Sables d’Olonne, le 4 juin 1815. — Sa femme, M.-L. Victoire, fille du marquis de Donnissan, née à Versailles, en 1772, m. à Orléans en 1857, avait épousé en premières noces le marquis de Lescure. Elle prit part avec une rare intrépidité a tous les événements de la Vendée. Elle a laissé des Mémoires, Bordeaux, 1815. — Le marquis Henri de La Rochejacquelein, fils de Louis, né en 1805, pair sous la Restauration, député en 1842, membre de l’Assemblée nationale en 1848, s’est rallié à la politique de l’emp. Napoléon III et a été créé sénateur en 1852 ; mort en 1867.

LA ROCHE-L’ABEILLE, bg de la Hte-Vienne, à 8 k. N. de St-Yrieix ; 1450 h. Carrière de serpentine. Coligny à la tête des Calvinistes y défit en 1569 une armée italienne venue au secours des Catholiques : Henri de Béarn (H. IV) fit ses 1res armes dans ce combat.

LA ROCHELLE, Santonum portus, Rupella, v. et port de France, ch.-l. du dép. de la Charente-Inf., au fond d’un golfe de l’Atlantique, à 470 kil. S. O. de Paris ; 14 857 hab. Évêché, suffragant de Bordeaux, église consistoriale calviniste. Place forte. Chambre et trib. de commerce ; lycée ; académie de lettres, sciences et arts ; bibliothèque, jardin botanique, cabinet d’hist. naturelle. Place d’armes, hôtel de ville, palais de justice, hôtel des monnaies, bourse, arsenal ; vastes bassins, chantiers de construction. Bains de mer. Raffineries de sucre ; minoterie, toile à voiles, goudron, salines ; armements pour la pêche de la morue. Eaux-de-vie, sel, denrées coloniales, fromages, beurre, grains, huiles, sardines, morues, bois du Nord, etc. Patrie de Guiton, Tallemant des Réaux, Réaumur, Nicolas Venette, Billaud-Varennes, Duperré. — La Rochelle appartint d’abord aux seigneurs de Mauléon, auxquels elle fut enlevée par Guillaume, dernier duc d’Aquitaine et comte de Poitou ; elle devint dans la suite la capitale de l’Aunis. Louis VIII l’enleva en 1224 aux Anglais, auxquels le traité de Brétigny la restitua ; elle se rendit à Duguesclin en 1372. Le Calvinisme y parut dès l’an 1534 ; en 1557, elle devint le boulevard des Calvinistes. Elle fut assiégée en 1572 et 1573 par le duc d’Anjou (Henri III), et vigoureusement défendue par le brave Lanoue, qui obtint une capitulation favorable. Le cardinal de Richelieu la prit en 1628, après un siége célèbre qui dura treize mois (V. GUITON), et en fermant le port par une digue gigantesque. Louis XIV fit relever ses fortifications. Les Anglais tentèrent inutilement une descente à La Rochelle en 1757. — On nomma sous la Restauration Conspiration de La Rochelle le complot qui, en 1822, coûta la vie au sergent Bories (V. ce nom) et à ses trois compagnons.

LA ROCHE-POSAY, bg de France (Vienne), à 24 k. S. E. de Châtellerault ; au confluent ; de la Gartempe et de la Creuse ; 1500 hab. Eaux minérales.

LA ROCHE-SUR-YON. V. NAPOLÉON-VENDÉE. .

LA ROCHETTE, ch.-l. de c. (Savoie), arrond. de Chambéry ; 1200 hab. Anc. château fort, pris et rasé sous Louis XIII (1630).

LAROMANA (marquis de), général espagnol, né à Palma en 1761, eut part aux campagnes de 1792 et 1794 contre les Français, parut se rallier à la France après la paix de Bâle et fut même envoyé par l’Espagne en 1807 à la tête d’un corps d’armée pour seconder Napoléon en Allemagne ; mais, après la nomination de Joseph au trône d’Espagne (1808), il négocia avec les Anglais et se fit ramener avec son corps d’armée en Espagne. Il obtint quelques succès contre les troupes françaises, et il allait se joindre à Wellington, quand il mourut en 1811. Il a laissé des Mémoires, Paris, 1825.

LA ROMANÉE OU LA ROMANÉE-CONTI, bg du dép. de la Côte-d’Or, arr. de Beaune, près de Vosne et sur la côte de Nuits ; Vins rouges très-estimés.

LAROMIGUIÈRE (Pierre de), professeur de philosophie, né en 1756 à Levinhac-le-Haut, près d’Asprières (Rouergue), mort en 1837, entra dans la congrégation de la Doctrine, enseigna les humanités, puis la philosophie dans différents colléges de son ordre, notamment au collége de l’Esquile à Toulouse (1784) ; vint à Paris en 1795 pour suivre les leçons des Écoles normales, se lia étroitement avec Garat, fut associé de l’Institut dès sa fondation, entra au tribunat, mais renonça bientôt aux fonctions politiques pour se livrer tout entier à ses études, enseigna quelque temps au Prytanée (lycée de Louis-le-Grand), et fut nommé en 1811 professeur de philosophie à la Faculté des Lettres de Paris. Il obtint dans ses cours un grand succès, qu’il devait à la clarté de son style et à la grâce de sa parole ; cependant il quitta sa chaire au bout de deux ans. Il fut nommé bibliothécaire de l’Université. On a de Laromiguière : Éléments de Métaphysique, 1793 ; Paradoxes de Condillac (1805), et Leçons de Philosophie