Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

œuvre posthume (1851). Il a aussi écrit sur la peinture, et a publié les Mémoires d'Holcroft.

HEATHFIELD (lord). V. ELLIOTT (Aug.).

HÉBÉ (c.-à-d. Jeunesse en grec), déesse de la jeunesse, fille de Jupiter et de Junon, servait le nectar aux dieux. S'étant un jour laissée tomber pendant qu'elle remplissait ses fonctions, elle en eut tant de honte qu'elle ne voulut plus reparaître. Jupiter la remplaça par Ganymède. Hébé devint l'épouse d'Hercule lorsque le héros fut monté au ciel. Cette déesse avait à Corinthe un temple fameux.

HEBEL (Jean Pierre), poëte allemand, né en 1760, près de Schopfheim (Bade), m. en 1826, fut professeur au gymnase d'Erlangen, pasteur, conseiller ecclésiastique, directeur du lycée de Carlsruhe (1808). Il a écrit, dans le dialecte alémanique (qu'on parle dans la Forêt-Noire, en Suisse, en Souabe, et en Alsace), des poésies qui devinrent bientôt populaires; elles ont été publiées à Carlsruhe, 1808. Poète chrétien et moral, Hébel s'attacha à répandre dans le peuple l'amour du travail, la charité, la piété, et il sut y réussir. Parmi ses poésies, on distingue le Maire de Schopfheim, la Forge, la Matinée du dimanche, le Mois de janvier. Hebel a laissé encore, en prose, le Petit trésor de l'ami des pays rhénans, 1811, et les Histoires bibliques, 1824. Max. Buchon a traduit ses Poésies, 1846.

HEBENSTREIT (Pantaléon), musicien et maître de danse à Leipsick, a inventé un instrument qui fut appelé de son nom Pantaleon ou Pantolon : c'est une espèce de tympanon qui se joue avec deux baguettes. Il vint en 1705 le faire entendre à la cour de Louis XIV, et y obtint du succès; le duc d'Eisenach le prit pour maître de chapelle en 1706.

HEBENSTREIT (J. Ernest), professeur, puis doyen de la faculté de médecine de Leipsick, né en 1703, m. en 1757, a publié, entre autres écrits, un poème en vers latins, De homine sano et ægroto, en 5 chants, 1753.

HÉBER, patriarche, fils de Salé, et l'un des ancêtres d'Abraham, vécut, d'après la Bible, 404 ans, de 3041 à 2637 av. J.-C. On suppose que c'est de lui que les Hébreux ont tiré leur nom.

HÉBERT (Jacq. René), démagogue, surnommé le Père Duchêne, né à Alençon en 1755, d'une famille pauvre, menait à Paris, avant 1789, une vie fort misérable : il avait été contrôleur de billets à la porte d'un théâtre et laquais. Bien que dépourvu d’instruction, il se mit à écrire, et publia, à partir de 1789, un journal politique intitulé le Père Duchêne, où l'exagération des doctrines ne le cédait qu'au cynisme du langage. Après le 10 août, il fut nommé substitut du procureur général de la Commune (Chaumette), et eut des lors une part active à toutes les mesures prises par ce redoutable corps. On l'accuse d'avoir, dans le procès de Marie-Antoinette, forgé contre cette malheureuse princesse les plus horribles accusations, et d'avoir comploté le massacre des Girondins dans le procès qui précéda leur proscription au 31 mai. Trouvant la Convention trop modérée, il voulut transporter à la Commune tous les pouvoirs de cette assemblée; mais il fut en cela désapprouvé par Robespierre même : arrêté par ordre du comité de Salut public, il périt sur l'échafaud le 24 mars 1794. Hébert dominait au club des Cordeliers : ses partisans, parmi lesquels on remarque Anacharsis Clootz, Ronsin, Vincent, Momoro, étaient appelés les Hébertistes. C'est lui qui, de concert avec eux, institua le culte de la Raison.

HÈBRE, Hebrus, auj. le Maritza, fleuve de Thrace, sortait des monts Rhodope, coulait à l'E., puis au S., et se jetait dans la mer Égée au-dessous de Trajanopolis, après un cours d'env. 400 kil. Il formait à son embouchure un lac appelé Stentoris lacus. Selon la Fable, la tête d'Orphée fut jetée dans l'Hèbre par les Bacchantes.

HÉBREUX, nom que portait primitivement le peuple juif, dérive, selon les uns, d’Héber, un des ancêtres d'Abraham ; selon les autres, du mot héber, au delà, parce que les Hébreux, sortis de la Chaldée, venaient d’au delà de l'Euphrate. Depuis Jacob, ce nom fut remplacé par celui d'Israélites, qui lui-même fit place à celui de Juifs.

HÉBRIDES, Ebudes insulæ, îles situées dans l'Océan Atlantique, sont répandues sur la côte occid, de l’Écosse, depuis la presqu'île de Cantyre jusqu'au cap Wrath, s'étendent dans un espace de 300 kil., entre 8° 25'-10° 5' long. O., et 55° 22'-58° 35' lat. N. On en compte près de 300, dont 86 habitées; population : environ 110 000 individus. Sept de ces îles, situées dans le golfe de la Clyde, forment le comté de Bute ; les autres dépendent en partie du comté d'Inverness, et en partie de celui de Ross, Les principales sont Skye, St-Kilda, Lewis, Benbecula, Harris, Uist, Cannay, Barra, Staffa, Mull, Jura, Islay, Iona. On y parle le gaélique ou celtique. Sol généralement stérile. Grand commerce de duvet, de soude, de varech, de poisson, mines de fer, plomb et argent. Antiquités et curiosités naturelles. Les habitants ressemblent beaucoup aux montagnards écossais par les mœurs, la langue et le costume. — Ces îles furent d'abord habitées par les Pictes, qui y conservèrent leur indépendance jusqu'au VIIIe siècle; elles tombèrent ensuite au pouvoir des Danois et des Norvégiens, et furent réunies à l’Écosse en 1264. Charles II s'y réfugia après sa défaite à Cullodne,

HÉBRIDES (NOUV.-), groupé d'îles du Grand-Océan, à l'E. de l'Australie, sont au nombre de 21, et s'étendent dans un espace de 460 kil., par 14° 29'-20° 4' lat. S. et 165° 21'-168° long. E. Les principales sont : Mallicolo, Tanna, St-Barthélemy, Aurore, la Pentecôte, Erromanga, l'île des Lépreux, le Monument. Habitants sauvages, mais agriculteurs, industrieux et hospitaliers; ils sont d'une laideur extrême. Sol riche, qui produit en abondance figuiers, muscadiers, orangers, cocotiers, bananiers, arbres à pain et cannes à sucre. On n'y trouve d'autres quadrupèdes que le rat, le cochon et la chèvre. — Ces îles furent découvertes en 1506 par Quiros, qui les nomma Terre australe du St-Esprit. Bougainville les explora en 1768 et les nomma Grandes-Cyclades; Cook, qui les visita en 1773, les regardait comme les plus occidentales du Grand-Océan, et en raison de cette analogie avec les Hébrides d'Europe, il les nomma Nouv.-Hébrides, nom qu'elles ont gardé.

HÉBRON, plus anciennement ARBÉ ou CARIATH-ARBÉ, v. fort ancienne de la Palestine, dans la tribu de Juda, au S. de Jérusalem, avait été bâtie, peu après le déluge. Elle est célèbre par le sacre de David, qui y régna sept ans avant d'être maître de tout Israël; par la naissance de S. Jean-Baptiste, et par le voisinage de la caverne où furent enterrés Abraham et Sara, Isaac et Rébecca, Jacob et Lia. Hélène, mère de Constantin, y avait fait bâtir une église. C'est auj. un misérable bourg.

HÉCATE, fille de Jupiter et de Latone, remplissait trois rôles différents : Lune dans le ciel, Diane sur la terre, Proserpine dans les enfers, ce qui l'a fait nommer par les poëtes la triple Hécate. Cependant on désignait plus spécialement sous ce nom la déesse des enfers; elle présidait aux enchantements et aux expiations; on l'adorait dans les carrefours, d'où son surnom de Trivia. Le nombre trois et le chien noir lui étaient consacrés.

HÉCATÉE de Milet, ancien historien grec, un de ceux que l'on nomme logographes, était né à Milet vers 546 av. J.-C., et joua un rôle important dans sa patrie : il prit part, avec Aristagoras, à l'insurrection des Ioniens contre le roi de Perse, 503 av. J.-C., quitta sa patrie après le mauvais succès de cette tentative, voyagea en Asie et en Grèce, pour recueillir les matériaux de ses écrits, et vécut, à ce qu'on croit, jusque vers l'an 480 av. J.-C. Il est un des premiers qui aient écrit l'histoire en prose ; il laissa, sous le titre d’Histoire des Généalogies, un ouvrage qui offrait les généalogies des familles illustres en remontant jusqu'aux temps héroïques. Il