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niversité de Paris, et devint chancelier, cardinal et archevêque de Cantorbéry (1207); il se déclara contre Jean sans Terre, et se joignit à la noblesse pour obtenir de lui la Grande-Charte (1215). Il mourut en 1228. On a de lui une Histoire de la translation du corps de Thomas de Cantorbéry, Bruxelles, 1683.

LANGUEDOC, Occitania, anc. grand-gouvt de la France, le plus vaste après celui de Guyenne-et-Gascogne, avait pour bornes : au N. le Forez, le Lyonnais et l'Auvergne; au S. le Roussillon et le comté de Foix; au S. E. la Méditerranée, à l'E. le Rhône qui le séparait de la Provence et du Dauphiné; à l'O., le Rouergue avec le Quercy, l'Armagnac, le Comminges et le Conserans; capit. Toulouse. On distinguait : 1° le Languedoc propre, qui se subdivisait lui-même en Bas-Languedoc (diocèses d'Uzès, de Nîmes, d'Alais, de Montpellier); Ht-Languedoc (diocèses de Toulouse, Comminges languedocien, Lauraguais, Sault, Carcassez, Rasez); Littoral (diocèses d'Agde, de Béziers, de Narbonne); 2° les provinces annexes : Vivarais, Vélay, Gévaudan, Albigeois et Quercy languedocien. Ce pays forme aujourd'hui les dépts de l'Ardèehe, de l'Aude, du Gard, de la Hte-Garonne, de l'Hérault, de la Hte-Loire, de la Lozère et du Tarn. Il est traversé par une chaîne de montagnes à peu près parallèles au cours du Rhône et aux côtes de la Méditerranée, qui comprend les Cévennes et les monts du Vivarais; il est arrosé par une partie de la Loire, du Rhône et de la Garonne, par l'Ardèche, l'Ouvèze, le Gard, l'Allier, le Lot, le Tarn, l'Aude, l'Orb, l'Hérault. Climat varié suivant les hauteurs, chaud et délicieux en approchant de la mer. Grande fertilité, plantes du midi dans les lieux bas, pâturages et belles forêts dans les montagnes; vignobles excellents (Frontignan, Lunel, etc.); eaux-de-vie renommées. — Le Languedoc correspond en grande partie à la Narbonnaise 1re des Romains (V. NARBONNAISE), appelée plus tard Septimanie (V. ce nom). Les Visigoths, qui s'en emparèrent au Ve siècle, lui donnèrent le nom de Gothie. Dans le VIIIe siècle les Sarrasins l'occupèrent un instant; mais ils en furent chassés par Charles Martel, Pépin et Charlemagne. Le Languedoc forma dès lors sous la domination des Francs le duché de Septimanie, qui devint bientôt indépendant; il se confondit au Xe s. avec le comté de Toulouse (V. TOULOUSE). A la suite de la croisade contre les Albigeois, Amaury de Montfort, à qui le comté avait été dévolu, le céda au roi de France Louis VIII, et cette cession fut confirmée en 1229 par un traité entre Raymond VII et S. Louis. Ce dernier mit son frère Alphonse en possession du Languedoc; mais Alphonse étant mort sans enfants, la province fut réunie à la couronne par Philippe le Hardi (1271). C'est surtout à partir de cette époque que l'on désigna cette province sous le nom de Languedoc, nom qui s'étendait d'abord à tous les pays où l'on parlait la langue d’oc (ou langue toulousaine) par opposition aux pays situés au nord de cette contrée et où l'on parlait la langue d’oïl (ces deux mots oc et oïl sont les deux manières dont s'exprimait le mot oui dans les deux langues). L’Histoire générale du Languedoc a été écrite par dom Vaissette et dom Bourotte, 1730-35.

LANGUEDOC (Canal du). V. MIDI (Canal du).

LANGUE D'OÏL. V'. la fin de l'art. LANGUEDOC.

LANGUET (Hubert), diplomate et publiciste, né en 1518 à Vitteaux (Bourgogne), m. en 1581, passa de bonne heure en Allemagne, s'y lia avec Camerarius et Mélanchthon et embrassa la Réforme. L'électeur de Saxe l'employa dans plusieurs négociations et l'envoya en France. Il se trouvait à Paris à l'époque de la St-Barthélemy, et sauva plusieurs victimes au péril de sa vie. On a de lui un traité devenu célèbre à cause de la hardiesse des idées : Vindiciæ contra tyrannos, publié sous le nom de Junius Brutus, 1579 (trad par François Étienne, sous ce titre : De la puissance légitime du prince, Bâle, 1581) : il y discute les cas où l'insurrection devient légitime. M. H. Chevreul a publié H. Languet, étude sur le XVIe siècle, Paris, 1856.

LANGUET DE GERGY (J. B. Joseph), curé de St-Sulpice, né à Dijon en 1675, m. à Paris en 1750, obtint sa cure en 1714 et fit achever l'église de St-Sulpice dont la construction, commencée en 1646 par le curé Olier (V. ce nom), avait été interrompue pendant plus de 50 ans. Il réussit à rassembler les fonds nécessaires à cette grande entreprise, en stimulant le zèle de ses riches paroissiens et en employant même quelquefois d'ingénieux subterfuges. Les constructions furent achevées en 1745. Languet se fit chérir par son inépuisable charité et par ses bonnes œuvres. — Son frère, J. Joseph L., 1677-1753, évêque de Soissons (1715), puis de Sens (1730), prit une part fort active aux querelles religieuses de l'époque, et fut grand adversaire des Jansénistes. On a de lui, entre autres écrits une Vie de Marie Alacoque. Il était de l'Académie française; Buffon, qui lui succéda, ne dit pas un mot de lui dans son discours de réception.

LANJUINAIS (J. Denis), député et pair de France, né à Rennes en 1753, mort à Paris en 1827, fut reçu avocat par dispense d'âge à 18 ans, obtint au concours la chaire de droit ecclésiastique à Rennes à 21 ans, fut élu en 1789 député du Tiers aux États généraux, prit une part active aux délibérations de l'assemblée, et travailla surtout à la rédaction de la constitution civile du clergé; cependant il parla contre le décret qui déclarait tous les biens du clergé biens nationaux. Porté à la Convention en 1792, il y lutta courageusement contre les Jacobins, s'éleva avec force contre les massacres de septembre, et réclama pour Louis XVI, lors du procès du roi, les garanties dues à tout accusé. Il fut lui-même décrété d'accusation et mis en état d'arrestation; mais parvint à s'échapper et se réfugia à Rennes, où il resta caché 18 mois. Rappelé à la Convention en 1795, il en fut nommé président. En l'an IV, il fut porté au Conseil des Anciens par 73 départements; par une singulière vicissitude, il ne fut pas renommé l'année suivante. Il fut appelé au Sénat en 1800, s'y prononça contre le consulat à vie, et n'en fut pas moins créé plus tard comte de l'empire. En 1814, il adhéra à la déchéance de Napoléon, et fut nommé pair par Louis XVIII. Lanjuinais se montra constamment l'adversaire des privilèges et le défenseur des libertés publiques. Dans les affaires ecclésiastiques, dont il s'occupa surtout, il porta l'esprit janséniste dont il était imbu. Ses Œuvres complètes forment 4 vol. in-8, Paris, 1832. Ses Constitutions de la nation française (1819) étaient l'ouvrage le plus complet qui eût paru jusque-là sur notre droit constitutionnel. — Son second fils, Victor (1801-1872) fut ministre de l'agriculture sous la présidence de L. Napoléon (juin-octobre 1849), puis député au Corps législatif.

LANMEUR, ch.-l. de c. (Finistère), à 16 kil. N. E. de Morlaix ; 2693 hab. Commerce de grains.

LANNEAU (P. A. Victor de), célèbre instituteur, né en 1758, à Bard, près de Semur (Côte-d'Or), d'une famille noble de Bourgogne, mort en 1830, entra dans la congrégation des Théatins, fut principal du collége de Tulle, puis vicaire épiscopal à Autun (1791), devint maire de cette ville, fut élu en 1794 député suppléant à l'Assemblée législative, vint alors se fixer à Paris, remplit quelque temps les fonctions de sous-directeur au Prytanée (auj. lycée Louis-le-Grand), et fonda en 1798, dans les bâtiments alors abandonnés de l'ancien collége Sainte-Barbe, une institution qui devint bientôt et qui est encore aujourd'hui la plus florissante de la capitale. Inquiété sous la Restauration parce qu'il s'était marié (quoiqu'il ne l'eût fait qu'avec autorisation du pape), il se vit obligé de mettre son établissement sous un nom emprunté. Lanneau avait su à la fois se faire chérir et respecter de ses élèves. Les Barbistes ont, après sa mort, formé entre eux une association qui a pour but de continuer son œuvre en faisant prospérer la maison qu'il a fondée. Il a laissé quelques ouvrages classiques