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sous Jules Romain : son dessin est très-pur, mais sa couleur est un peu sèche. Plein de piété, ce peintre se préparait à ses ouvrages importants par la pénitence et la communion.

JUAN-FERNANDEZ (île de), îlot du Grand-Océan austral, à 660 kil. O. des côtes du Chili, dont elle dépend. Elle est de forme irrégulière, et offre plusieurs ports naturels, entre autres le port Anglais au S. E. et le port Juan-Fernandez à l'O. Sol montagneux, pierreux, peu fertile : on n'y cultive guère que le figuier et la vigne. Découverte au XVIe siècle par l'Espagnol Juan Fernandez et longtemps déserte, cette île fut pendant plusieurs années le séjour de Selkirk, marin écossais, dont les aventures ont donné à de Foë l'idée du Robinson Crusoé. Près d'elle se voyait autrefois une seconde île, qui disparut en 1837.

JUBA, roi de Numidie, fils d'Hiempsal, succéda à ce prince vers 50 av. J.-C., embrassa le parti de Pompée, accueillit, après la bataille de Pharsale, les restes de l'armée vaincue, secourut Caton qui s'était enfermé dans Utique, perdit avec Q. Métellus Scipion la bataille de Thapse, et se fit tuer par Pétréius, son compagnon d'infortune, 46. La Numidie fut alors réduite en province romaine. — Son fils, Juba II, mené prisonnier à Rome, fut élevé avec soin par César. Auguste, dont il se concilia les bonnes grâces, lui fit épouser Cléopâtre Séléné, fille d'Antoine et de la célèbre Cléopâtre, et lui donna, vers l'an 30 av. J.-C., un royaume composé des deux Mauritanies et d'une partie de la Gétulie. Juba mourut après un long règne, l'an 23 de J.-C. Ce prince s'était livré à l'étude de l'histoire et de la nature ; il avait composé, en grec: Archéologie romaine, Histoire de Libye, d'Assyrie, d'Arabie (dont les fragments ont été recueillis dans le IIIe vol. des Fragmenta historicorum græc. de la collection Didot, 1840), et divers traités sur la peinture, le théâtre, la synonymie, la physiologie, etc , auj. perdus; et, en latin, un traité De re metrica (publié par Ten Brink, Utrecht, 1854).

JUBBULPOOR, v. de l'Inde. V. DJOUBBOULPOUR.

JUBILÉ. Chez les Juifs, on appelait jubilé ou année jubilaire une année qui revenait au bout de 7 fois 7 années, c.-à-d. tous les 50 ans, comme le sabbat revenait au bout de 7 jours. Cette année était consacrée au repos; les dettes étaient abolies, les esclaves et les captifs mis en liberté; les biens aliénés revenaient à leurs premiers propriétaires ou aux héritiers de ceux-ci. Cet usage, qui avait pour but de prévenir l'oppression des pauvres et leur asservissement perpétuel, paraît n'avoir été observé que jusqu'à la captivité de Babylone. — Chez les Chrétiens, on appelle à la fois jubilé certaines époques pendant lesquelles le pape accorde des indulgences plénières, et les cérémonies qui accompagnent ou précèdent le temps du jubilé. Le pape Boniface VIII introduisit cet usage en 1300, mais il n'a reçu le nom de jubilé qu'en 1473, sous Sixte IV. D'abord, les jubilés avaient lieu tous les cent ans; Clément VI en fixa le retour à 50 ans, Grégoire XI à 33 ans et Paul II à 25. Outres ces jubilés réguliers, les papes en accordent un au moment de leur exaltation ou dans des circonstances exceptionnelles. — On fait venir le nom le jubilé de l'hébreu jobel, corne de bouc, parce qu'on se servait d'une corne de ce genre comme trompette pour en annoncer l'ouverture.

JUBLAINS, Diablintes, puis Nœodunum, vge de France (Mayenne), à 10 kil. S. E. de Mayenne; 2000 h. Vestiges d'antiquités, restes d'un camp dit de César. Elle était jadis la capitale des Aulerci Diablintes.

JUDA, fils de Jacob et de Lia, donna son nom à la principale des 12 tribus israélites, et fut père de la race royale d'où sortirent David et le Messie.

JUDA HAKKADOSCH (c.-à-d. le Saint), rabbin, fondateur de l'école de Tibériade, né à Sepphora, l'an 120 de J.-C., m. en 194, est regardé comme l'auteur de la Mischna, 1re partie du Talmud : il y employa 30 ans de sa vie. L'édition la plus complète de la Mischna est celle de Surenhusius, Amst., 1698, 6 vol. in-fol., hébreu et latin.

JUDA (Léon de), un des premiers réformateurs, ami de Zwingle, né en Alsace en 1482, m. en 1542, a donné une version latine de l'Ancien Testament faite sur l'hébreu, et une du Nouveau, faite sur le grec. Elles ont été publiées toutes deux à Zurich, en 1543. C'est la Bible dite de Zurich ou de Vatable (réimpr. par R. Étienne, 1645).

JUDA (tribu de), une des 12 divisions de la Palestine, s'étendait entre les tribus de Benjamin au N. et de Siméon à l'O., le lac Asphaltite à l'E. et l'Arabie au S., et avait pour villes principales Hébron, Bethléem, Engaddi, Cadès-Barné, Séboïm, Églon, etc. Après le schisme de Jéroboam, elle resta fidèle au fils de Salomon et donna son nom au royaume de Juda.

JUDA (Roy. de), formé après le schisme de Jéroboam en 962, se composait de 2 tribus, Juda et Benjamin, et avait pour capit. Jérusalem. Il ne comprenait guère que la 6e partie de la Judée, et était beaucoup moins étendu que le roy. d'Israël, mais la population de ces deux tribus égalait celle des dix autres. — Les deux royaumes furent sans cesse en lutte, et, après s'être affaiblis mutuellement, ils tombèrent sous le joug de l'étranger. Le roy. de Juda subsista plus longtemps que son rival ; en 606 commença la captivité de Babylone : une grande partie des habitants furent emmenés esclaves en Assyrie, bien qu'un fantôme de roi restât à Jérusalem; en 587, Nabuchodonosor emmena en captivité le dernier roi de Juda, Sédécias (V. JUIFS). Voici la liste des rois de Juda.

Roboam, 962 Joathan, 752
Abiam, 946 Achaz, 737
Asa, 944 Ezéchias, 723
Josaphat, 904 Manassé, 694
Joram : avec Josaphat, 883 Amon, 640
seul, 880 Josias, 639
Ochosias, 877 Joachaz, 608
Athalie, 876 Joachim ou Eliakim 608
Joas, 870 Joachim ou Jéchonias, 597
Amasias, 831 Sédécias, 597-587
Osias, 803

JUDAÏSME, religion des Juifs. V. JUIFS.

JUDAS MACCHABÉE. V. MACCHABÉE.

JUDAS ISCARIOTE (pour Issachariotes, c.-à-d. de la tribu d’Issachar), l'un des 12 apôtres, trahit Jésus-Christ en le désignant à ses ennemis par un baiser qu'il lui donna au milieu de la foule, et le livra au prince des prêtres pour 30 pièces d'argent. Déchiré par ses remords, il alla rendre l'argent qu'il avait reçu et se pendit de désespoir. V. HACELDAMA.

JUDAS LEVITA, savant rabbin juif, né en Espagne en 1090, m. en 1140, possédait presque toutes les sciences connues de son temps. On dit qu'étant allé en pèlerinage à Jérusalem, il fut écrasé par le cheval d'un musulman. On lui doit le Cozri, dialogue sur la religion, où il réfute les Gentils, les Philosophes et les Juifs caraïtes. Cet ouvrage parait avoir été écrit originairement en arabe; il a été traduit en hébreu, Venise, 1547 et 1594, en espagnol, Amst., 1663, et en latin, par Buxtorf, Bâle, 1660.

JUDE (S.), l'un des 12 apôtres, appelé aussi Thadée ou le Zélé, frère de S. Jacques le Mineur, était cousin germain de Jésus. Après la mort du Sauveur, il alla prêcher l'Évangile dans l'Idumée, l'Arabie, la Syrie, et jusque dans la Mésopotamie, et mourut pour la foi, à Béryte selon les uns, en Perse ou en Arménie selon les autres, vers l'an 80. On a de lui une Épitre, écrite vers 67, où il prémunit les chrétiens contre les erreurs dés Simoniens, des Gnostiques, etc. L'église le fête le 28 oct., avec S. Simon.

JUDÉE, Judæa. Ce nom se prend tantôt pour la Palestine entière, tantôt seulement pour celle des 4 divisions de la Palestine qui était la plus au S. O. et qui comprenait les 4 tribus de Juda, Benjamin, Dan, Siméon, avec le pays des Philistins sur la côte et une partie de l'Idumée au S. La Judée tirait son nom de la tribu de Juda, qui y joua toujours le prin-