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succès ; mais, attaqué à l’improviste par Souvarow à Novi, il vit son armée en déroute, et fut blessé mortellement en s’effoçant de la rallier (15 août 1799). Il n’avait que 30 ans. Le Directoire songeait à lui confier le pouvoir suprême.

JOUBERT (Joseph), écrivain, né en 1754 à Montignac (Dordogne), mort en 1824, professa quelque temps dans les colléges de la Doctrine, vint à Paris, s’y lia étroitement avec Fontanes, qui le fit entrer dans l’Université dès son organisation, et le nomma inspecteur général. Joubert avait écrit, sans les destiner à la publicité, des réflexions et maximes, qui se font remarquer à la fois par le style, par la justesse de la pensée et la délicatesse du sentiment ; elles ont été publiées en 1838 par les soins de Chateaubriand, sous le titre de Pensées ; il en a paru une 2e édit. en 1849, avec une Notice, par P. Raynal.

JOUBERT, sire d’Angoulevent. V. ANGOULEVENT.

JOUFFROY, Joffredus, maison noble et anc. de la Franche-Comté, à laquelle appartient Jean Jouffroy, plus connu sous le nom de Joffrédy. V. JOFFRÉDY.

JOUFFROY (Cl. Fr. d’ABANS, marquis de), inventeur du bateau à vapeur, né vers 1751 en Franche-Comté, mort aux Invalides en 1832, était avant la Révolution capitaine d’infanterie. En visitant la pompe à feu de Chaillot, il conçut l’idée d’appliquer la vapeur à la navigation : il fit un premier essai en 1776 sur le Doubs, et le renouvela avec succès en 1783 à Lyon, sur la Saône ; mais, sans fortune, sans appui, il ne put donner suite à son invention, qui fit bientôt après la gloire et la fortune de Fulton ; il refusa néanmoins de la porter à l’étranger. Une compagnie formée à Paris en 1816 lui fournit enfin les moyens d’exécuter ses plans : le pyroscaphe Charles-Philippe fut lancé à la Seine le 20 mars, mais une ruineuse concurrence empêcha l’entreprise de réussir. Les étrangers avaient contesté sa découverte ; l’Académie des sciences reconnut et proclama ses droits en 1840. — Achille de Jouffroy, son fils, né en 1790, a publié l’histoire de ses travaux (1839), et a lui-même perfectionné son invention, ainsi que les chemins de fer.

JOUFFROY (Théod.), professeur de philosophe, né en 1796 aux Pontets, près de Pontarlier (Doubs), mort en 1842, entra en 1813 à l’École normale, où il puisa le goût de la philosophie dans les leçons de Royer-Colard et de V. Cousin, y fut nommé maître de conférences dès 1817, resta sans emploi à la suppression de l’École (1822), fit alors des cours particuliers de philosophie, et prit en même temps une part active à la rédaction du journal le Globe ; fut rendu à l’enseignement en 1828, et pourvu d’une chaire de philosophie à la Faculté des lettres, à laquelle il joignit en 1832 une chaire au Collège de France. Il obtint dans ses cours de grands succès par l’originalité de ses consciencieuses recherches et la lucidité de son exposition ; mais sa santé altérée le força de bonne heure à les interrompre. Il avait été admis dès 1833 à l’Académie des sciences morales ; il fut appelé en 1840 au Conseil de l’instruction publique. Député de Pontarlier depuis 1831, il se signala dans la carrière politique par la sagesse de ses vues et l’indépendance de ses opinions. On doit à Jouffroy la traduction des Esquisses de philosophie morale de Dugald Stewart (1 vol. in-8, 1826), et celle des Œuvres complètes de Th. Reid (6 vol. in-8, 1828-1836), précédées toutes deux de remarquables préfaces ; un Cours de droit naturel, professé à la Faculté des lettres (3 vol. in-8, 1834-42) ; un Cours d’Esthétique (publié en 1843 par un de ses élèves) ; des Mélanges philosophiques, 1833, enfin de Nouveaux mélanges (publiés en 1842 par M. Damiron). Disciple des Écossais, Jouffroy s’est attaché à tracer la ligne de démarcation qui sépare la psychologie de la physiologie ; il a fortement insisté sur la méthode et l’organisation de la science ; mais il l’a peu avancée lui-même. En morale, il s’est surtout préoccupé du problème de la destinée humaine : son Cours de droit naturel est surtout consacré à l’examen de ce grand problème ; malheureusement, il n’a pu l’achever, M. Mignet a écrit une excellente Notice sur Jouffroy (1853), dont il était l’ami.

JOURDAIN, Jordanes, auj. Nahr-el-Arden, ou, en arabe, el Charia, fleuve de Syrie (Damas), dans l’anc. Palestine, sort du Djebel-el-Cheik (Antiliban), coule au S., traverse le Bahr-Houleh (lac de Marom ou de Séméchon), le lac de Tabarieh (lac de Tibériade), et tombe dans la mer Morte ou lac Asphaltite, après un cours de 160 kil. Le Jourdain, a une grande célébrité dans l’histoire sainte : les Hébreux sous Josué le passèrent à pied sec. Jésus fut baptisé dans ses eaux par S. Jean. Les eaux du Jourdain sont remarquablement pesantes : elles donnent un dépôt bitumineux.

JOURDAIN (Alphonse), fils de Raymond IV, comte de Toulouse, fut dépouillé de ses États par Guillaume IX, comte de Poitiers (1114), les recouvra en 1119 ; fut assiégé dans Toulouse par le roi de France Louis le Jeune, gendre de Guillaume IX ; obtint la paix en mariant Raymond, son fils, avec Constance, sœur du roi ; se croisa, et alla en Terre-Sainte, où il mourut en 1148. Il avait fondé Montauban en 1144. On l’avait nommé Jourdain parce, qu’il avait été baptisé dans les eaux du fleuve de ce nom.

JOURDAIN (Anselme Louis Bernard BRÉCHILLET-), médecin-dentiste, né à Paris en 1734, mort en 1816, a inventé divers instruments de chirurgie, et a laissé plusieurs ouvrages estimés, entré autres : Nouveaux Élément d’Odontalgie, 1756 ; Essais sur la formation des dents comparée avec celle des os, 1766 ; Traité des maladies et des opérations chirurgicales de la bouche, 1778. Il a en outre écrit dans l’Année littéraire de Fréron. — JOURDAIN (Amable), fils du préc., orientaliste, né à Paris en 1788, mort en 1818, a composé plusieurs mémoires relatifs à l’histoire de l’Orient. On lui doit de plus : la Perse ou Tableau du gouvernement, de la religion, de la littérature de cet empire, 1814, et des Recherches sur l’origine des traductions latines d’Aristote, l819 et 1843, ouvrage couronné par l’Académie des inscriptions et renfermant des découvertes curieuses, sur plusieurs points de l’histoire littéraire du moyen âge. — Son fils, Charles J., né en 1817, professeur de philosophie, puis chef de la comptabilité au ministère de l’instruction publique, s’est aussi fait connaître par de savants travaux, notamment par un mémoire sur la Philosophie de S. Thomas, couronné par l’Académie des sciences morales (1856), et par la continuation de la grande Histoire de l’Université (en lat.) d’É. du Boulay (1862).

JOURDAN (Mathieu JOUVE-), dit Jourdan Coupe-Tête, à cause de ses forfaits, né en 1749 à St-Just près du Puy, était marchand de vins à Paris quand éclata la Révolution. Il se signala par son exaltation et sa férocité. À la journée, du 6 oct. 1789, il massacra les deux gardes du corps Varicourt et Deshuttes ; plus tard, il se vanta d’avoir coupé la tête à De Launay, gouverneur de la Bastille, et d’avoir arraché le cœur à Foulon et à Berthier. Ce scélérat inonda de sang le dép. de Vaucluse, et présida dans Avignon au massacre de la Glacière. Le Comité de salut public le fit enfin arrêter : il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire même et exécuté le 27 mai 1794.

JOURDAN (J. B.), maréchal de France, né à Limoges en 1762, mort en 1833, servit en Amérique dès l'âge de 16 ans, fut nommé en 1791 commandant d’un bataillon de volontaires, se distingua sous Dumouriez en Belgique et devint général de division en 1793. Il se signala à la bataille d’Hondschoote (8 sept. 93), et fut nommé deux jours après général en chef. Il venait de battre les Autrichiens à Wattignies (oct. 93), lorsqu’il fut destitué pour avoir déplu à quelques membres du Comité de salut public. Cependant on lui donna peu après le commandement de l’armée de la Moselle, et ensuite celui de l’armée de Sambre-et-Meuse. Il prit Dinant et Charleroi, gagna la célèbre bataille de Fleurus (26 juin 1794), et réussit à passer le Rhin (sept. 1795), mais il éprouva ensuite quelques revers et demanda son rappel (1796). En 1799, il passa une 2e fois le Rhin, à la tête de l’armée du Danube,