Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

campagnes de la République et de l'Empire, se signala surtout à la bat. d'Iéna, à celle de Friedland, où il fut blessé, puis au siége de Saragosse, et défendit vaillamment le territoire français en 1814 sous le maréchal Soult. Écarté par la Restauration, il fut rappelé au service en 1830, élevé à la pairie en 1835 et fait maréchal en 1851.

HARLAY, famille noble et ancienne de France, a fourni à la magistrature et à l’Église plusieurs hommes distingués. Elle forma les branches de Beaumont, de Sancy, de Cési, de Champvallon, de Montglas. Elle s'est éteinte en 1717.

HARLAY (Achille de), l'un des hommes qui ont le plus honoré la magistrature française, né en 1536, m. en 1616, était également distingué par l'étendue de son savoir, l'intégrité de ses jugements et son courage civil. Il était fils de Christophe de Harlay, conseiller au parlement, puis président à mortier. Conseiller dès 22 ans, il remplaça en 1572 son père dans ses fonctions de président, et fut nommé en 1582, par Henri III, 1er président du parlement, en remplacement de Christophe de Thou, son beau-père. Au milieu des troubles de la Ligue, il déploya une fermeté inébranlable et montra une fidélité à toute épreuve. Le 12 mai 1588, dans la journée des Barricades, alors que le duc de Guise était vraiment roi dans Paris, Harlay, sollicité de reconnaître le pouvoir de cet usurpateur, osa dire au duc : C'est grand'pitié quand le valet chasse le maître; au reste, mon âme est à Dieu, mon cœur au roi, et mon corps est entre les mains des méchants; qu'on en fasse ce qu'on voudra. On le respecta quelque temps; mais après le meurtre des Guises, il fut enfermé à la Bastille par les Seize. Il n'en sortit qu'après l'assassinat de Henri III, moyennant une rançon de 10 000 écus. Il se rendit aussitôt auprès du nouveau roi, Henri IV, et usa de toute son influence pour favoriser son entrée dans Paris. Rétabli dans ses fonctions, Ach. de Harlay combattit avec vigueur les doctrines ultramontaines : il fit condamner par le parlement les livres de Mariana et de Bellarmin. Il se démit de sa charge en 1616, après 34 ans d'exercice, et mourut la même année. On a de ce magistrat la Coutume d'Orléans, imprimée en 1583. — Son petit-neveu, nommé aussi Achille de Harlay, fut 1er président du parlement de Paris de 1689 à 1707. Il jouit de la faveur de Louis XIV et seconda les intentions du roi dans l'affaire de la légitimation de ses bâtards. Il est surtout célèbre par son esprit : on cite de lui une foule de mots piquants; on en fit dans le temps un recueil sous le titre d’Harlæana.

HARLAY (François de), seigneur de Champvallon, né à Paris en 1625, m. en 1695, devint archevêque de Rouen en 1651, de Paris en 1670, fut chargé par Louis XIV de la direction des affaires ecclésiastiques, et eut une grande part à la révocation de l'édit de Nantes. Il présida plus. fois les assemblées du clergé : dans celle de 1682, il contraria en plus d'une occasion les vues de Bossuet. C'est lui qui célébra le mariage secret de Louis XIV avec Mme de Maintenon. Ce prélat était de l'Académie française : il la protégea de tout son pouvoir.

HARLAY, seigneur de Sancy. V. SANCY.

HARLEM ou HAARLEM, v. du roy. de Hollande, ch.-l. de la Hollande septentr., près du lac de Harlem, à 17 k. O. d'Amsterdam : 25 000 hab. Évêché catholique, tribunaux, collège et autres établissements d'instruction publique, riche bibliothèque, jardin botanique, académie de peinture et de sculpture, société d'horticulture et autres sociétés savantes. Rues larges, grande place du marché, église de St-Bavon, où l'on remarque un jeu d'orgues de 8000 tuyaux; Prinsenhof, hôtel de ville; chemin de fer. Toiles, rubans, passementeries, gazes, dentelles; on y fabriquait jadis des soieries et des velours fort estimés. On cultive à Harlem, mais avec moins de passion qu'autrefois, des tulipes et des jacinthes. Environs charmants, belle promenade de Harlem merhout. Patrie de Laurent Coster, inventeur de l'imprimerie suivant les habitants de Harlem ; des peintres Van der Helst, Wouwermans, Berghem ; des érudits Schrevelius et Scriverius. — On ignore l'époque où fut fondée Harlem. Elle soutint en 1672 et 1573 un siège terrible contre le duc d'Albe, qui ne la prit qu'au bout de sept mois, et qui fit périr la moitié de ses habitants, en violant la capitulation.

HARLEM (lac ou mer de), s'étendait entre les villes de Harlem, de Leyde et d'Amsterdam, et communiquait avec le Vieux-Rhin et le golfe de l'Y : 25 kil. sur 11. Il avait été formé au XVIe siècle par une irruption de la mer. On a récemment réussi à le dessécher (1840-1858).

HARLES (Gottlieb-Christophe), érudit, né en 1738 à Culmbach, mort en 1815, fut professeur de littérature grecque et orientale au gymnase de Cobourg (1765), puis directeur du séminaire philosophique d'Erlang en 1770. On a de lui des éditions de Théocrite, Bion et Moschus, de Coluthus, de Cicéron, Corn. Nepos, etc., les Vies des philologues, en latin, Brême, 1770-2; Introductio ad historiam linguaæ græcæ, 1778; et une éd. fort estimée de la Bibliothèque grecque de Fabricius, Hambourg, 1790-1812, 12 vol. in-4, avec d'importantes augmentations.

HARLEY (Robert), comte d'Oxford, ministre de la reine Anne, né à Londres en 1661, mort en 1724, fut longtemps le chef du parti tory dans la chambre des Communes. Il parvint à ruiner la puissance de Marlborough et de Godolphin (1710), et fut nommé, lors de la formation d'un nouveau ministère, chancelier de l'échiquier et trésorier. Il remplit les coffres de la reine sans être fort scrupuleux sur les moyens, et créa dans ce but les loteries royales, Il fut un des négociateurs du traité d'Utrecht (1713). Jaloux du crédit de Bolingbroke, son collègue, il tenta vainement de le supplanter, et fut lui-même destitué brusquement en 1714. Sous George I, il fut accusé de trahison par le parti whig (1715), et enfermé pendant deux ans à la Tour; mais son innocence fut reconnue par un jugement solennel. Il Vécut depuis dans la retraite, formant une riche bibliothèque et une belle collection de manuscrits, qui après sa mort furent achetées par l'État. Elles se trouvent auj. au Muséum britannique, où elles sont connues sous le nom de Collection harléienne. Le Catalogue en a été publié par Johnson, 1743-44.

HARLINGEN, v. forte de Hollande (Frise), à 26 k. O. de Leeuwarden, sur le Zuyderzée : 8000 hab. Murailles, fossés, docks, fortes digues, belles écluses; hôtel de ville, ci-devant hôtel de l'amirauté. Toiles à voiles, canevas, moulins à scies, briqueteries.

HARMÉNOPULE (Constantin), jurisconsulte du Bas-Empire, né à Constantinople en 1320, mort en 1383, fut sous les empereurs Cantacuzène et Jean Paléologue juge supérieur, préfet de Thessalonique, et grand chancelier. On lui doit un ouvrage précieux, écrit en grec, le Procheiron nomón, seu Promptuarium juris civilis, manuel de droit en 6 livres, publié à Paris en 1540, trad, en latin par Bern. Rey (1547), et par J. Mercier (1556). On a aussi de lui : Hist. au synode, un traité de Droit canonique (Epitome divinorum et sacrorum Canonum), publié en grec, avec une trad. latine de Leunclavius, dans le Jus græco-romanum de Freher, Francf., 1596, in-f. On lui attribue un Dictionnaire des verbes grecs, retrouvé en 1843 par M. Minoide Mynas.

HARMODIUS. V.ARISTOGITON.

HARMONIE ou HERMIONE, fille de Mars et de Vénus, et femme de Cadmus, porta en Grèce les premières notions de l'art de la musique. Elle eut de Cadmus un fils nommé Polydore, et quatre filles, Ino, Agavé, Autonoé et Sémélé. Elle fut changée, ainsi que Cadmus, en serpent, symbole d'éternel rajeunissement. — Harmonie était aussi une des divinités cabiriques : elle était alors femme d'Hermès et était considérée comme le symbole de l'admirable harmonie qui règne dans l'univers.