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Lyon, 1525, et l’Elixir des philosophes, trad. en franç., Lyon, 1557. C'est lui qui publia les Constitutions dites Clémentines, et qui dressa celles qu'on nomme Extravagantes. C'est aussi lui, dit-on, qui ajouta la 3e couronne à la tiare pontificale.

JEAN XXIII, Balthasar Cossa, né à Naples, fut élu à Bologne en 1410, par 16 cardinaux, à la mort d'Alexandre V, tandis que d'autres reconnaissaient pour pape Pierre de Lune, sous le nom de Benoît XIII. Pressé par l'empereur Sigismond, il rassembla un concile à Constance et consentit à s'en remettre à ce concile du choix d'un seul pape ; mais à peine s'était-il rendu à Constance que, prévoyant que le choix lui serait peu favorable, il s'enfuit déguisé; arrêté dans sa fuite, il fut déposé par le concile en 1415 et jeté dans une prison où il resta 3 ans. Martin V le fit élargir et Jean consentit à le reconnaître pour pape légitime, 1419. Il fut nommé doyen du sacré collége, et mourut peu après.

II. Empereurs d'Orient.

JEAN I, ZIMISCÈS (c-à-d. le petit en arménien), empereur de Constantinople, né vers 925, était un habile militaire. Chargé par Romain II de tuer Nicéphore Phocas, il lui laissa la vie et le mit sur le trône (963). Cependant, quelques années après, il conspira contre Nicéphore avec l'impératrice Théophano, le fit égorger, et prit lui-même le titre d'empereur (969). Il étouffe, à l'aide de Bardas Sclérus, la révolte de Bardas Phocas (970), fit la guerre au prince russe Sviatoslav I, le battit à Dristra ou Durostol (971), lui enleva la Bulgarie, passa ensuite en Syrie ou ses troupes avaient été battues (972), fit deux campagnes brillantes (973-974), et reconquit un instant la Palestine, à l'exception de Jérusalem; mais il tomba malade en Cilicie et y mourut en 975. On accusa l'eunuque Basile de l'avoir empoisonné.

JEAN II, COMNÈNE, empereur de Constantinople de 1118 à 1143, fils d'Alexis Comnène, fit la guerre avec succès aux Mahométans, aux Servions et aux Turcs; mais essaya vainement de reprendre Antioche sur les Français. C'était un prince clément et vertueux : on l'a appelé le Marc-Aurèle du Bas-Empire.

JEAN III, DUCAS-VATACE, régna à Nicée de 1222 à 1255, pendant que les Français étaient maîtres de Constantinople. Il chassa les Français de l'Asie, reconquit la Thrace, la Macédoine, prit Thessalonique en 1246 et prépara la restauration de l'empire grec.

JEAN IV, LASCARIS, fils de Théodore le Jeune, fut proclamé empereur à Nicée, en 1259, étant encore en bas âge. Michel Paléologue, nommé régent, lui fit crever les yeux la même année, et monta sur le trône. Jean ne mourut cependant qu'en 1284.

JEAN V, PALÉOLOGUE, empereur de 1341 à 1391, monta jeune sur le trône de Constantinople, mais ne régna d'abord que de nom, Jean Cantacuzène ayant usurpé toute l'autorité. A l'abdication de ce dernier (1355), Jean V régna seul. Il laissa les Turcs envahir la Thrace, et, après avoir vainement imploré les secours de l'Occident, il traita avec Amurat. Son règne fut aussi malheureux que long.

JEAN VI, CANTACUZÈNE, fut d'abord régent pendant la minorité de Jean Paléologue (1341), puis força ce prince à partager le trône avec lui en 1347 ; mais, fatigué des troubles dont ce partage était l'occasion, il abdiqua en 1355 et se retira dans un monastère. Il avait battu les Bulgares, les Turcs, les Génois, qui étaient venus assiéger Constantinople, et avait rendu quelque calme à l'empire. Jean Cantacuzène a laissé, entre autres écrits, une Histoire de l'empire d'Orient qui va de 1320 à 1357 (Paris, 1645, grec-latin) ; elle fait partie de la Byzantine et a été trad. par le président Cousin. Jean C. est l'objet d'une savante thèse de M. Val. Parisot, 1845.

JEAN VII, PALÉOLOGUE, fils d'Andronic III, et petit-neveu de Manuel, força son oncle à l'associer à l'empire, tandis que Bajazet assiégeait Constantinople (1399); mais après la défaite de Bajazet à Ancyre (1402), Manuel le relégua dans l'île de Lesbos.

JEAN VIII, PALÉOLOGUE, fils de Manuel, fut associé à l'empire par son père en 1419, et régna seul de 1425 à 1448. Attaqué par les Turcs, il demanda dés secours aux Latins et consentit, pour les obtenir, à l'union des églises grecque et latine; qui fut résolue au concile de Florence en 1439 ; mais ses sujets se refusèrent à l'union, et il n'obtint que des secours insuffisants.

III. Rois et princes.

JEAN I, dit le Posthume, roi de France et de Navarre, fils posthume de Louis X, le Hutin, et de Clémence de Hongrie, né en 1316, fut reconnu en naissant roi de France et de Navarre; mais il mourut peu de jours après, et sa succession fut dévolue à Philippe V, son oncle. Quelques-uns ont prétendu qu'il avait été enlevé et élevé secrètement à Sienne sous le nom de Jean de Guccio : Louis I, roi de Hongrie, neveu de la reine Clémence, accrédita ce bruit. Ce qui est certain, c'est qu'un prétendu Jean vint en France réclamer la couronne pendant la captivité de Jean II; il fut pris en Provence et emprisonné au château de l'Œuf à Naples, où il mourut.

JEAN II, dit Jean le Bon, roi de France, né en 1319, succéda en 1350 à Philippe de Valois, son père. Le commencement de son règne fut troublé par des discordes intestines. Profitant de cet état de choses, les Anglais firent une invasion en France, commandés par Édouard, dit le Prince noir, fils d’Édouard III (1355). Jean marcha à leur rencontre; mais il fut complètement battu à la journée de Poitiers, fut fait prisonnier et conduit à Londres (1356). Une trêve fut alors conclue avec l'Angleterre, qui était également épuisée; mais la France, malgré les efforts du dauphin Charles, régent du royaume, tomba dans la plus déplorable anarchie : Charles le Mauvais, roi de Navarre, aspirait ouvertement à la couronne; Marcel, prévôt des marchands, soulevait Paris contre l'autorité du Dauphin, et les campagnes étaient désolées par la Jacquerie. Enfin en 1360 fut conclu entre l'Angleterre et la France le traité désastreux de Brétigny, qui rendit la liberté au roi moyennant une forte rançon et la cession de plusieurs provinces. Jean, en quittant l'Angleterre, y laissa comme otage le duc d'Anjou, un de ses fils; celui-ci s'étant évadé en 1363, Jean retourna se constituer prisonnier à Londres, en répondant à ceux qui voulaient l'en dissuader que, si la bonne foi était bannie de la terre, elle devrait trouver asile dans le cœur des rois. Il mourut peu après son retour à Londres (8 avril 1364). Jean avait hérité de la Bourgogne à la mort du duc Philippe I; mais il la donna en apanage à son 4e fils, Philippe le Hardi (1302).

JEAN SANS TERRE, roi d'Angleterre, né en 1166, fut ainsi nommé parce que son père Henri II ne lui avait point laissé d'apanage. Profitant de l'absence de Richard Cœur de Lion, son frère, qui était à la croisade, il s'empara de la régence. Aussitôt après la mort de ce prince (1199), il prit le titre de roi au détriment d'Arthur de Bretagne, fils de Geoffroi, son frère aîné; on l'accuse même, mais sans preuve suffisante, d'avoir tué de sa propre main ce jeune prince, qui avait amené Philippe-Auguste à se déclarer en sa faveur (1203). Cité pour son usurpation devant la cour des pairs de France, il fut dépouillé des fiefs qu'il possédait en France (Normandie, Anjou, Maine, Touraine, Poitou). En 1213 il eut des différends avec Innocent III au sujet de la nomination d'un archevêque de Cantorbéry, et fut forcé de faire hommage à ce pape de sa couronne. Il se ligua ensuite avec l'empereur Othon IV et le comte de Flandre contre Philippe-Auguste; mais, ses alliés ayant été défaits à Bouvines (1214), tandis que lui-même échouait devant La Rochelle, il se vit obligé à demander la paix. L'année suivante, il fut contraint, à la suite d'une révolte des barons anglais, de souscrire la Grande Charte, base des libertés anglaises (1215) ; mais il ne tarda pas à violer ses serments. Les barons se révoltèrent de nouveau et déférèrent la couronne à Louis, fils de Philippe-Auguste, roi de France; mais Jean mourut sur ces entrefaites, en 1216, et son fils, Henri III, lui succéda.