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retira dans la solitude de St-Sabas, près de Jérusalem, puis se fit ordonner prêtre. Il combattit les Iconoclastes et écrivit sur la théologie et la philosophie. On le regarde comme le S. Thomas de l'Orient : il est en effet le premier qui ait appliqué la logique d'Aristote à l'enseignement théologique. Ses œuvres ont été publiées par Lequien, grec-latin, Paris, 1712, 2 vol.in-fol., et réimprimées à Vérone, 1748, et à Montrouge, 1860 (collection Migne). On y remarque une Dialectique, des traités des Hérésies, des Huit Vices capitaux, des Hymnes, etc. On l'hon. le 6 mai.

JEAN DE MATHA (S.), fondateur de l'ordre des Trinitaires, qui se consacrait au rachat des captifs, né en 1160 dans la vallée de Barcelonnette en Provence, m. en 1213, institua son ordre en 1199 avec Félix de Valois à Cerfroid près de Meaux; obtint la protection de Philippe-Auguste et fit plusieurs voyages en Barbarie, d'où il ramena un grand nombre de captifs. Ses disciples sont nommés Mathurins. Sa fête a lieu le 8 fév.

JEAN COLOMBIN (S.), riche habitant de Sienne, m. en 1360, fonda en 1363 l'ordre des Jésuates, consacré au soulagement des malades. On l'hon. le 31 juillet.

JEAN DE DIEU (S.), instituteur des Frères de la Charité, né en Portugal en 1495, d'une famille pauvre, fut d'abord berger, puis soldat, et mena longtemps une vie dissipée. Licencié en 1536, il se convertit peu d'années après et résolut de se consacrer au service des malheureux. Il se fixa dans Grenade, fit de sa maison un hospice pour les indigents et pourvut à leurs besoins par le travail de ses mains; il trouva des imitateurs qui se joignirent à lui : ce fut là le berceau de l'ordre de la Charité. Il mourut en 1550, d'une maladie contractée en sauvant un homme qui se noyait. Il avait reçu de l'archevêque de Grenade le nom de Jean de Dieu à cause de sa piété. On le fête le 8 mars.

JEAN DE LA CROIX (S.), fondateur des Carmes déchaussés, né en 1542 à Ontiveros (Vieille-Castille), m. en 1591, entra chez les Carmes à 21 ans, s'associa à Ste. Thérèse pour réformer cet ordre, accomplit ce projet en 1568, fit approuver sa réforme par le pape en 1580, et donna le nom de Carmes déchaussés à ses disciples parce qu'ils marchaient pieds nus. Il fut successivement prieur des couvents de Calvario (Andalousie), de Grenade et de Ségovie. Il finit ses jours dans le couvent de Penuela, près d'Ubeda (Sierra-Morena). Il a laissé des ouvrages mystiques, en espagnol, qui ont été réunis en 1619, et dont plusieurs ont été traduits en français par le P. Cyprien (1641), et par le P. Louis de Ste-Thérèse (1665). On le surnomma Jean de la Croix parce qu'il avait pour tout ameublement, avec un lit grossier, une croix de jonc. L'Église le fête le 14 déc., jour de sa mort, et le 24 nov. Sa Vie a été écrite par Lechner, Leips., 1858.

JEAN CLIMAQUE (S.). V. CLIMAQUE.

JEAN GUALBERT (S.). V. GUALBERT.

JEAN NEPOMUCÈNE (S.). V. NEPOMUCÈNE.

Le nom de Jean a été porté par 23 papes qui ont régné dans l'ordre suivant :

Jean I, 523-526 Jean XIII, 965-972
Jean II, 533-535 Jean XIV, 983-985
Jean III, 560-573 Jean XV, 985
Jean IV, 640-642 Jean XVI, 985-996
Jean V, 685-686 Jean XVI (anti-p.), 997
Jean VI, 701-705 Jean XVII, 1003
Jean VII, 705-707 Jean XVIII, 1003-1009
Jean VIII, 872-882 Jean XIX, 1024-1033
Jean IX, 898-900 Jean XX, 1045-1046
Jean X, 914-928 Jean XXI, 1276-1277
Jean XI, 931-936 Jean XXII, 1316-1334
Jean XII, 956-963 Jean XXIII, 1410-1415

Nous ne ferons connaître que ceux de ces papes qui ont une importance historique.

JEAN Ier, Toscan, pape de 523 à 526, fut député par Théodoric, roi des Ostrogoths, auprès de l'empereur Justin 1er, pour faire révoquer les édits rendus par ce prince contre les Ariens. N'ayant pas réussi dans sa mission, il fut, à son retour, jeté dans une prison où il mourut de misère. L'Église l'hon. comme martyr le 18 mai.

JEAN IV, Dalmate, pape dé 640 à 642, condamna les Monothélites, combattit l’Ecthèse (déclaration que l'Empereur Héraclius avait publiée en faveur de ces sectaires), défendit la mémoire du pape Honorius, que l'on accusait d'erreur au sujet de la double nature du Christ, et racheta beaucoup de captifs.

JEAN VIII, natif de Rome, d'abord archidiacre, succéda en 872 au pape Adrien II. Attaqué par les Sarrasins, il implora le secours du roi de France Charles le Chauve, mais celui-ci mourut avant d'avoir pu le secourir. Emprisonné par Lambert, duc de Spolète, qui voulait s'emparer de Rome, il s'échappa et se réfugia auprès de Louis le Bègue, qui lui donna les moyens de se rétablir. Pressé de nouveau par les Sarrasins, qui s'étaient emparés de Rome, il eut recours à l'empereur de Constantinople Basile, et consentit, sur sa demande, à reconnaître pour patriarche Photius, qui avait su le tromper (879). Cette conduite le fit accuser de faiblesse, et fit dire qu'il s'était conduit comme une femme, ce qui donna lieu à la fable de la papesse Jeanne (V. JEANNE). Il mourut empoisonné, en 882. Ce pape couronna trois empereurs : Charles le Chauve (875), Louis le Bègue (878), Charles le Gros (881); il présida ou convoqua onze conciles. On a de lui 326 lettres.

JEAN IX, de Tibur, pape de 898 à 900, eut pour compétiteur Sergius dont il triompha (V. SERGIUS III), couronna empereur Lambert, duc de Spolète, et réhabilita la mémoire du pape Formose.

JEAN X, de Ravenne, pape de 914 à 928, était archevêque de Ravenne lorsqu'il fut placé sur le trône pontifical par l'influence de Theodora, femme toute-puissante dans Rome. Il gouverna avec fermeté et repoussa les Sarrasins. Il fut renversé par Gui, duc de Toscane, et par Marosie, fille de Theodora, et jeté dans une prison où il mourut bientôt.

JEAN XI, fils de Marosie, qui le fit nommer pape à 25 ans, l'an 931, fut emprisonné avec sa mère au château St-Ange par Albéric, autre fils de Marosie, qui s'était emparé de l'autorité dans Rome (933), et mourut en prison vers 936. On le croit fils d'Albéric, duc de Spolète, 1er mari de Marosie.

JEAN XII, Octavien Albéric, fils d'Albéric, patrice de Rome, se fit élire à 18 ans, en 956. Inquiété par Bérenger, roi d'Italie, et par Adalbert, son fils, il eut recours à Othon, roi de Germanie, lui donna le titre de roi de l'Italie, et le couronna empereur (962). Peu après, il se ligua contre ce prince avec Adalbert. L'empereur, irrité, le fit déposer par un concile comme sacrilège, et Léon VIII fut élu à sa place ; mais Jean XII réussit à rentrer dans Rome (964), et y exerça de cruelles vengeances. Ce prince, indigné de la tiare, mourut trois mois après, d'une courte maladie, ou, selon quelques-uns, assassiné.

JEAN XXI, Pierre Julien, élu en 1276, était né à Lisbonne et s'était distingué comme médecin et comme philosophe. Il tâcha d'empêcher la guerre d'éclater entre le roi de France Philippe le Hardi et Alphonse de Castille, et voulut, mais sans succès, leur faire entreprendre une croisade. Il périt de la manière la plus malheureuse à Viterbe, écrasé par les débris d'un palais qui s'écroula (1277).

JEAN XXII, Jacques d'Euse ou Duèse, né à Cahors vers 1244, d'une famille bourgeoise, fut élu en 1316, après Clément V, et fut le second pape d'Avignon. Il favorisa la France, combattit l'élection de Louis de Bavière comme empereur, et offrit la couronne impériale à Jean de Luxembourg, roi de Bohême. Louis, pour se venger, fit élire à sa place l'anti-pape Pierre de Corbière (Nicolas V); mais Jean s'empara de la personne de l'anti-pape et le fit jeter en prison. Il livra au bras séculier l'évêque de Cahors, qu'il accusait d'avoir voulu l'empoisonner. Il mourut en 1334. Ce pape était savant dans la jurisprudence et la médecine. On a de lui plusieurs traités de médecine entre autres le Trésor des pauvres, en lat.,