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cutions qui excitèrent l'indignation universelle et lui aliénèrent ses collègues même les plus exaltés. Impliqué plus tard dans la conspiration du camp de Grenelle, il fut condamné à mort et exécuté, 1796.

JAVOLS ou JAVOULX, Gabali, puis Anderitum, bourg du dép. de la Lozère, à 20 kil. N. E. de Marvejols; 1200 hab. Anc. capit. des Gabali, puis du Gévaudan; anc. évêché. Saccagé au Ve siècle par les Vandales et au VIIIe par les Sarrasins, il ne s'est jamais relevé.

JAXARTE, JAXT. V. IAXARTE, IAXT.

JAY (Antoine), homme de lettres, né en 1770 à Guitres,près de Libourne (Gironde), mort en 1854, fut d'abord avocat et maire de Libourne, alla en 1796 visiter l'Amérique, séjourna sept ans aux États-Unis; fit paraître à son retour une relation de ses excursions (1803), présenta en 1806 au concours de l'Académie un Tableau de la littérature au XVIIIe siècle, qui fut couronné, composa des Éloges de Corneille et de Montaigne, qui obtinrent la même distinction, fit paraître en 1812 le Glaneur ou Essais de Nicolas Freeman, recueil philosophique et humoristique, fut ensuite chargé par l'Empereur de la direction du Journal de Paris, auquel il donna une nouvelle vie, et publia en 1815 une Histoire du ministère de Richelieu, le plus estimé de ses ouvrages. Opposé à la Restauration, il fonda en 1815, avec quelques amis, le journal l'Indépendant (qui prit peu après le titre de Constitutionnel), puis la Minerve (1818), et encourut, ainsi que Jouy, l'emprisonnement pour la hardiesse de ses attaques : il écrivit avec lui pendant sa captivité les Ermites en prison, et après sa libération les Ermites en liberté. Sa dernière publication est la Conversion d'un romantique (1830), œuvre de polémique littéraire. Il fut admis en 1832 à l'Académie française. Ses Œuvres littéraires ont été réunies en 1831 (4 vol. in-8).

JAYME, rois d'Aragon, etc. V. JACQUES.

JAZYGES. V. IAZYGES.

JEAN, Joannes, nom d'un grand nombre de personnages historiques.

I. Saints et Papes.

JEAN-BAPTISTE (S.), le précurseur du Messie, fils de Zacharie et d’Élisabeth, naquit quelques mois avant le Sauveur. 11 fut rempli de l'Esprit-Saint dès le sein de sa mère, et se retira de bonne heure dans le désert, pour s'y livrer aux rigueurs les plus austères. L'an 29 de J.-C. il sortit de sa solitude et prêcha sur les bords du Jourdain la venue du Messie. Un grand nombre de Juifs touchés par ses paroles lui demandèrent le baptême ; c'est ce qui l'a fait surnommer Baptiste. Jésus lui-même voulut être baptisé de sa main. Quelque temps après, S. Jean fut mis en prison pour s'être élevé avec force contre l'union incestueuse d'Hérode Antipas avec Hérodiade sa belle-sœur; il fut dans la suite mis à mort, sur la demande qui en fut faite à Hérode Antipas par Salomé la danseuse, fille d'Hérodiade, l'an 32. La nativité de S. Jean-Baptiste est célébrée le 24 juin et sa décollation le 29 août.

JEAN L'ÉVANGÉLISTE (S.), un des 12 apôtres, fils de Zébédée, et frère de S. Jacques le Majeur, naquit à Bethsaïde en Galilée et exerça d'abord le métier de pêcheur. Il avait environ 25 ans lorsqu'il fut appelé à l'apostolat par J.-C. Il fut témoin de presque tous les miracles du Sauveur; il était son disciple chéri; il l'accompagna au jardin des Oliviers et sur le Calvaire; c'est à lui que Jésus recommanda sa mère en mourant. Il commença à prêcher l'Évangile aussitôt après l'Ascension de J.-C; assista au concile de Jérusalem l'an 51, puis alla prêcher la foi dans l'Asie-Mineure, et jusque chez les Parthes. Il fut le premier évêque d'Éphèse. Arrêté l'an 95, il fut conduit à Rome, où Domitien le fit jeter dans l'huile bouillante; mais il n'en ressentit aucun mal. Il fut ensuite relégué dans l'île de Patmos, où il écrivit l’Apocalypse, ouvrage prophétique et allégorique, dont tout le sens n'a pas encore été pénétré. Revenu à Éphèse après la mort de Domitien, il y rédigea son Évangile (en grec, à ce qu'on croit). C'est là qu'il mourut, à 94 ans (101). Il reste de lui, outre l’Évangile et l’Apocalypse, trois Épîtres canoniques. On le fête le 27 déc. Son emblème est l'aigle.

JEAN CHRYSOSTÔME (S.), c-à-d. Bouche d'or, le plus éloquent des Pères de l'Église grecque, né à Antioche vers 347, était fils d'un préfet des soldats. Après avoir étudié la rhétorique sous Libanius, il fréquenta le barreau; mais bientôt il quitta cette carrière pour se vouer tout entier à l'étude des Écritures et à la pratique dos austérités chrétiennes. En 374 il se retira sur les montagnes de la Syrie : il y vécut plusieurs années en anachorète; mais ayant épuisé sa santé par l'excès des mortifications, il fut obligé de quitter sa solitude et de revenir à Antioche (381). S. Flavien, évêque d'Antioche, l'ordonna prêtre et le garda près de lui comme son vicaire ; il se fit dans ces fonctions une telle réputation d'éloquence et de sainteté que l'emp. Arcadius le choisit pour le placer sur le siège de Constantinople (398). Il rendit pusieurs services à l'empereur, et apaisa des révoltes par l'ascendant qu'il avait sur la multitude ; il se signala aussi par l'abondance de ses aumônes, ainsi que par son zèle pour la propagation de la foi, et sut unir au zèle la tolérance, disant qu'il faut poursuivre l'hérésie et non l'hérétique. Ayant déplu à l'impératrice Eudoxie, dont il avait blâmé les rapines et les désordres, il fut déposé et exilé. Contraint, malgré son grand âge, à faire des marches forcées pour se rendre au lieu de son exil, il succomba en route, et mourut à Comane, dans le Pont, en 407. On le fête le 27 janvier. On a dit de S. Jean, Chrysostôme qu'il était l'Homère des orateurs. Son éloquence réunit les mérites de Démosthène et de Cicéron : il a l'énergie du premier, la facilité et l'abondance du second. Ce Père a laissé plusieurs traités dogmatiques, des commentaires sur différentes parties des livres saints, un très-grand nombre de discours, d'homélies et de panégyriques de saints, et des lettres. Les plus estimés de ses ouvrages sont les Traités du Sacerdoce, de la Providence, de la Virginité. Ses œuvres ont été plusieurs fois recueillies : les éditions les plus complètes sont celles du P. Montfaucon, gr.-lat., 13 v. in-f., Paris, 1718-38, reproduite par les frères Gaume, 26 v. in-8, Paris, 1835-40, et celles de la collection Migne et de la Biblioth. grecque de Didot, 1855-61. Une grande partie a été traduite en français par l'abbé Guillon, dans la Biblioth. des Pères (vol. X à XIX). Quelques écrits ont été trad. séparément, savoir: le Sacerdoce, par Ant. Lemaistre, 1550; la Providence, par Hermant ; plusieurs Discours et Homélies par Bellegarde ; les Homélies et lettres choisies, par Ath. Auger, 1785. Une trad. complète, par les Prêtres de l'Immaculée conception a été entreprise en 1863 (Bar-le-Duc, 11 v. gr. in-8). En 1838 cinq homélies inédites de S. Jean Chrysostôme ont été publiées à Leipsick par Bekker. Sa Vie a été écrite par Érasme, Hermant, Ménard, Tillemont, Néander, l'abbé Guillon et l'abbé J. B. Bergier (1858). On doit à l'abbé E. Martin (d'Agde) une Étude sur Saint Jean Chrysostôme et son siècle, 1861, et à M. Albert une Thèse sur Saint Jean Chrysostôme considéré comme orateur populaire, 1858.

JEAN CALYBITE (S.), ainsi nommé de la cabane (en grec Kalybê) qu'il habitait, vivait au Ve s. Fils d'un riche habitant de Constantinople, il quitta dès l'âge de 12 ans la maison paternelle pour embrasser la vie monastique et mener l'existence la plus ascétique. On l'honore le 11 avril.

JEAN L'AUMÔNIER (S.), ainsi nommé à cause de ses abondantes aumônes, né en 559 à Amathonte, dans l'île de Chypre, dont son père était gouverneur, m. en 616, fut élevé en 610 sur le siége d'Alexandrie, déploya une charité inépuisable envers les malheureux dans la famine qui désola son peuple en 615 et dans l'épidémie mortelle qui suivit. C'est de ce saint que l'ordre hospitalier de St-Jean de Jérusalem tire son nom.

JEAN DAMASCÈNE (S.), né vers 676 à Damas, m. vers 754. Quoique chrétien, il fut élevé au gouvernement de Damas par les califes, qui possédaient alors cette ville; mais bientôt, dégoûté du monde il sa