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compagnons servants : le métier à la Jacquard l’en affranchit, lui permit de suffire seul au rouage, et lui épargna des travaux pénibles ou insalubres. Cette invention, dont la 1re idée date de 1801, ne s’établit pas sans obstacle, les ouvriers n’y voyant d’abord qu’un moyen de leur enlever leur travail ; ce fut seulement en 1812 que l’usage en devint peu à peu général à Lyon. Jacquard qui, par patriotisme, avait refusé les offres les plus avantageuses de l’étranger, eut enfin la satisfaction de voir son mérite reconnu par toutes les villes manufacturières de la France. Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1819 et passa ses dernières années à Oullins, près de Lyon. La ville de Lyon, qui lui faisait une pension depuis 1806, lui a élevé une statue sur la place de Sathonay en 1840.

JACQUELINE, comtesse de Hollande, fille de Guillaume VI, comte de Hollande, et de Marguerite de Bourgogne, épousa en 1415 Jean de Touraine, resta veuve deux ans après, et succéda en 1417 à son père Guillaume VI ; elle épousa en secondes noces Jean IV, duc de Brabant, son cousin. Sa couronne lui ayant été enlevée par Jean de Bavière, son oncle, sans que son époux fît rien pour la défendre, elle se réfugia en Angleterre, y épousa le duc de Glocester, et revint en Flandre avec une armée ; elle y fut prise, mais elle parvint à s’échapper, et, à la mort de Jean de Bavière (1425), elle remonta sur le trône. Elle en fut de nouveau chassée par le duc de Bourgogne, 1433, et mourut en 1436, après s’être mariée une 4e fois.

JACQUELINE PASCAL. V. PASCAL.

JACQUEMONT (Victor), voyageur du Muséum d’histoire naturelle, né à Paris en 1801, fut chargé en 1828 d’explorer l’Inde, parcourut l’Himalaya, le Thibet, pénétra jusqu’à Lahore, où il fut accueilli par le roi Runjet-Sing, visita le Cachemire, le Pendjab, et mourut à Bombay en 1832, des suites d’une fièvre contractée en herborisant dans l’île empestée de Salsette. On a imprimé sa Correspondance pendant son voyage dans l’Inde, Paris, 1834, 2 v. in-8, ainsi que son Voyage dans l’Inde, 1831-43, 6 v. in-4. Ces ouvrages, aussi remarquables par le talent de l’écrivain que par la science du naturaliste, offrent le plus grand intérêt.

JACQUERIE (la), faction qui ravagea la France pendant la captivité au roi Jean en Angleterre (1357), était composée de paysans révoltés contre leurs seigneurs et avait pour chef un certain Guillaume Caillot, surnommé Jacques Bonhomme, d’où elle prit son nom. Elle se forma d’abord dans le Beauvaisis et se répand1t bientôt dans toute l’Ile-de-France et les provinces voisines, attaquant les châteaux et exerçant contre leurs maîtres toutes sortes de violences. Les bourgeois des villes s’unirent aux seigneurs pour exterminer les Jacques. Ces bandes furent taillées en pièces par le comte de Foix et par le captal de Buch (1258). M. Siméon Luce a donné l’Hist. de la Jacquerie, 1860.

JACQUES (S.), Jacobus, le Majeur (c.-à-d. le plus âgé, par rapport au suivant), un des 12 apôtres, fils de Zébédée et frère de S. Jean l’Évangéliste, éta1t d’abord pêcheur. Il s’éloigna de Jérusalem lors de l’arrestation de J.-C., mais il y revint après la mort du Sauveur, et prêcha la foi avec tant de zèle qu’Hérode Agrippa le fit mettre à mort, 44. Selon une tradition répandue, S. Jacques aurait prêché la foi en Espagne ; et, après son martyre, son corps, mis dans une barque et abandonné à la mer, aurait été déposé sur la côte de la Galice près du lieu appelé depuis St-Jacques de Compostelle. Les habitants de cette ville l’ont en grande vénération, et prétendent posséder son corps, qu’ils conservent dans leur cathédrale. L’Église hon. ce saint le 24 juillet. Il est le patron de l’Espagne.

JACQUES (S.), le Mineur (c.-à-d. le Jeune), frère de S. Simon et de S. Jude, fut le 1er évêque de Jérusalem et mérita d’être surnommé le Juste. Il périt assommé par le peuple à l’instigation du grand prêtre Ananus, l’an 62. Il était cousin germain de Jésus, ce qui le fait quelquefois appeler dans le Nouveau-Testament frère du Seigneur. On a de lui une Épitre aux douze tribus et un discours au concile de Jérusalem (dans les Actes des Apôtres). L’Église l’honore le 1er mai, avec S. Philippe.

JACQUES (S.) de Compostelle, V. JACQUES LE MAJEUR et SAINT-JACQUES (ville),

JACQUES ou JAYME I, roi d’Aragon, surnommé le Conquérant ou le Belliqueux, né à Montpellier en 1206, commença à régner en 1213, battit les Maures, conquit sur eux le roy. de Valence et les Baléares (1229), eut plusieurs querelles avec les papes, obtint, par le traité de Corbeil (1256), la renonciation de S. Louis aux comtés de Barcelone et de Roussillon et à la seigneurie de Montpellier, et mourut à Xativa en 1276. Il avait écrit lui-même la chronique de son temps. Il laissa deux fils qui régnèrent, l’un sur l’Aragon, sous le nom de Pierre III, l’autre sur Majorque, sous le nom de Jacques I. — II, le Juste, roi d Aragon, 2e fils de Pierre III et petit-fils de Jacques I. Avant de monter sur le trône d’Aragon, il avait gouverné pour son père la Sicile, que ce prince venait de conquérir, et avait lui-même régné sur cette île après la mort de son père (l285). Son frère ainé, Alphonse III, roi d’Aragon, étant mort en 1291, il quitta la Sicile, dont il laissa la vice-royauté à Frédéric, son frère puîné, et vint régner sur l’Aragon. Ayant épousé en 1295 une fille de Charles II, de la maison d’Anjou, il céda à ce prince ses prétentions sur la Sicile au préjudice de son propre frère Frédéric. Il confirma en 1325 les privilèges des Aragonais, et mourut en 1327.

JACQUES on JAYME I, roi de Majorque, fils puîné de Jacques I, roi d’Aragon, né à Montpellier en 1248, m. en 1311, reçut de son père en 1262, sous le titre de royaume de Majorque, les îles Baléares, le comté de Roussillon et la seigneurie de Montpellier, et força son frère aîné, Pierre III, à lui confirmer cette donation ; mais il fut toujours en guerre avec lui, ainsi qu’avec ses deux neveux, Alphonse III et Jacques II, fils et successeurs de Pierre III. — II, roi de Majorque et prince titulaire d’Achaïe, petit-fils du préc., succéda à D. Sanche son oncle en 1324. Il s’aliéna la France en contestant à Philippe de Valois la suzeraineté de Montpellier. Celui-ci le laissa dépouiller des îles Baléares par Pierre IV d’Aragon et le força à lui vendre le comté de Montpellier, sa dernière possession. Jacques II fut tué en 1349, au moment où il tentait une descente dans l’île de Majorque. III, fils de Jacques II, fut pris dans le combat où périt son père. Il s’échappa de sa prison, obtint la main de Jeanne I, reine de Naples (1362), fit d’inutiles efforts pour reconquérir ses États, et mourut sans postérité en 1375.

JACQUES I, roi d’Écosse fils de Robert III, né en 1391, était en captivité chez les Anglais quand son père mourut, en 1406. Le royaume fut gouverné par son oncle, le duc d’Albany, qui ne fit rien pour le délivrer. Il ne put recouvrer sa liberté qu’en 1423. Jacques sévit contre les grands qui commettaient impunément toutes sortes d’injustices, mais il se fit par là des ennemis irréconciliables ; ils conspirèrent contre lui et l’assassinèrent, en 1437. Ce prince cultivait les lettres ; on a de lui un poëme allégorique, la Complainte royale, qu’il composa pendant sa captivité, et des pièces de poésie, dans lesquelles il décrit les occupations et les divertissements des Écossais ; elles ont été publiées sous le titre de Restes poétiques de Jacques I, Édimbourg, 1783. - II, fils du préc., né en 1430, n’avait que 7 ans quand il monta sur le trône. Pendant sa minorité, le pouvoir fut exercé par Alexandre Livingston et par le chancelier Crichton. Devenu majeur, il poursuivit les desseins de son père contre la noblesse, ordonna plusieurs exécutions et tua lui-même un comte de Douglas : Cette conduite excita quelques troubles, mais il sut les apaiser. Il périt en 1460, au siége de Roxburgh, frappé par les éclats d’un canon qu’il essayait. - III, fils du préc., régna de 1460 à 1488. Il se laissa gouverner par des favoris, et mécontenta les nobles qui marchèrent contre lui, conduits par son frère, Alexandre d’Albany. Il parvint une première fois à conjurer l’orage ; mais s’étant porté de nouveau aux mêmes excès, les principaux feuda-