Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

philosophie et de littérature. Comme philosophe, il fut un des adversaires de Kant, et proposa une doctrine mystique qui fondait toute connaissance philosophique sur le sentiment, sorte d’instinct par lequel l’âme atteint immédiatement les vérités les plus importantes, Dieu, la Providence, l’immortalité de l’âme. Ses principaux ouvrages sont : Lettres sur la doctrine de Spinosa, Breslau, 1785 ; De Hume et de la foi, ou de l’Idéalisme et du Réalisme, 1787 ; Lettre à Fichte, 1799. Il est aussi l’auteur du célèbre roman de Woldemar, dans lequel il combattit la morale de l’intérêt personnel. Ses OEuvres ont été publiées à Leipsick, 1819-20, 6 vol. in-8.

JACOBI (Jean George), poète allemand, frère aîné du précéd., né en 1740 à Dusseldorf, m. en 1814, était chanoine d’Halberstadt, et professa successivement l’éloquence à Halle et à Fribourg en Brisgau. Il publia, de 1774 à 1756 et de 1803 à 1811, avec le concours des principaux littérateurs de l’Allemagne, un journal littéraire intitulé l’Iris ; il écrivait en même temps dans le Mercure allemand et dans la Biblioth. allemande des Belles-lettres. Il a composé des épîtres en vers, des cantates, des comédies, des fables, etc. Il avait pris pour modèle Gresset, Chapelle et Chaulieu ; on estime son Voyage d’hiver, traduit par Armandry, Lausanne, 1796. Ses OEuvres compl. ont été publiées à Zurich, 1807-13 et 1825, 4 vol. in 8.

JACOBI (Ch. Gust.), célèbre mathématicien, né à Potsdam en 1804, m. en 1851, enseigna les mathématiques à Kœnigsberg et à Berlin, devint membre de l’Académie des Sciences de cette ville et associé de l’Institut de France. On lui doit, entre autres ouvrages importants : Fundamenta novæ theoriæ functionum ellipticarum, 1820, Canon arithmeticus, 1829. Ses OEuvres ont été réunies à Berlin, 1846-51,2 v. in-4.

JACOBI, professeur à Saint-Pétersbourg, mort en 1874, est, avec l’Anglais Spencer, l’inventeur de la galvanoplastie.

JACOBINS, nom donné en France à l’ordre des Dominicains, parce que leur premier couvent à Paris fut établi rue St-Jacques (1219). Ils avaient aussi rue St-Honoré (sur l’emplacement du marché St-Honoré actuel) un couvent qui devint célèbre dans la Révolution comme siège du fameux club des Jacobins.

JACOBINS (club des), société populaire, formée dès 1789, à Versailles, fut d’abord connue sous le nom de club Breton, parce qu’elle avait été créée par des députés de la Bretagne. Quand l’Assemblée nationale eut été transférée à Paris, le club s’y transporta aussi, mais en se renouvelant, et prit alors le titre de Société des Amis de la Constitution. On lui donna vulgairement le nom de club des Jacobins, parce qu’il se réunissait dans l’ancien couvent des Jacobins de la rue Si-Honoré. Ce club fut bientôt dirigé par les députés de l’opinion la plus avancée ; il étendit ses ramifications par toute la France et exerça la plus funeste pression sur l’opinion publique. On y discutait à l’avance les questions qui devaient être proposées à l’Assemblée nationale et on préparait les nominations et les résolutions. Robespierre en fut longtemps le chef. Ce club fut le principal instigateur des insurrections et des crimes qui souillèrent le règne de la Convention ; il fournit le personnel de la trop fameuse Commune de Paris, et se signala tellement par son exaltation révolutionnaire que l’on a depuis étendu le nom de Jacobins à tous les démagogues. La chute de Robespierre mit un terme à la domination des Jacobins et leur club fut fermé le 21 brumaire an III (11 nov. 1794). Ils essayèrent de se reconstituer à la fin du Directoire, mais le 18 brumaire les dispersa pour toujours.

JACOBITES, secte religieuse de l’Orient, qui eut pour chef Jacob Zanzale, évêque d’Édesse en 541, ne reconnaissait en J.-C. qu’une seule nature, la nature divine (V. MONOPHYSITES). Elle s’est continuée jusqu’à nos jours dans différentes parties de l’Asie, particulièrement en Syrie, en Éthiopie et en Arménie. Son chef réside à Kara-Amid, capitale du Diarbékir. Les Coptes (Égypte) sont encore aujourd’hui en grande partie Jacobites. Ces sectaires se marquaient autrefois le front d’une croix, avec un fer chaud.

Le nom de Jacobites a aussi été donné, en Angleterre, aux partisans de Jacques II et de son fils Jacques III, après la révolution de 1688.

JACOBS (Christ. Fréd. Wilh.), savant helléniste, né à Gotha en 1764, m. en 1847, était fils d’un avocat et fut élève de Heyne et de Schütz. Professeur à Gotha dès 1785, il fut appelé à Munich en 1807 pour y professer la littérature ancienne et y faire l’éducation du prince royal, mais il revint à Gotha en 1810 et fut nommé directeur de la bibliothèque ducale. Il était membre de la plupart des académies de l’Allemagne et associé de l’Académie des inscriptions et belles-lettres de France. On lui doit d’excellents travaux sur Euripide, Philostrate, Athénée, Élien, Stobée, Longus, Achille Tatius, Tzetsès, dont il épura les textes ; une Chrestomathie grecque et une Chrestomathie latine, devenues classiques ; mais il est surtout connu par son édition critique de l’Anthologie grecque : ce vaste monument, qui se compose de 13 vol. in-8, en y comprenant ses Animadversiones, parut à Leipsick de 1794 à 1814 ; il le compléta par l’Anthologie de Constantin Céphalas, publiée d’après un manuscrit de Gotha, 3 vol. in-8, 1813-1817. Jacobs a traduit avec élégance en allemand une partie de l’Anthologie, ainsi que les œuvres de Longus, de Philostrate, d’Héliodore, d’Élien, de Velléius Paterculus. Il a en outre composé une série de romans philosophiques et de contes pour l’enfance.

JACOPONE, vieux poète ascétique italien, né à Todi au milieu du XIIIe siècle, mort en 1306, exerça d’abord la profession d’avocat. Ayant perdu sa femme, il entra chez les Frères Mineurs. Il reste de lui des Cantiques spirituels (recueillis à Venise, 1617, in-4), parmi lesquels on remarque le Stabat Mater, que d’autres attribuent à Innocent III.

JACOTOT (Joseph), instituteur, né à Dijon en 1770, mort à Paris en 1840, était avant la Révolution professeur d’humanités au collège de Dijon. En 1791, il s’engagea dans le bataillon de la Côte-d’or et fut nommé capitaine d’artillerie. Lors du rétablissement des études, il fut rappelé à l’école centrale de Dijon, professa successivement le latin, les mathématiques et le droit, devint, sous l’Empire, secrétaire du ministre de la guerre, puis sous-directeur de l’École polytechnique, et fut pendant les Cent-Jours membre de la Chambre des Représentants. Il quitta la France lors de la 2e Restauration (1815), se retira en Belgique, fut nommé professeur de littérature française à l’Université de Louvain, puis directeur de l’École militaire de Belgique, et ne rentra en France qu’en 1830. Il attira l’attention publique dès 1818 en annonçant une méthode d’enseignement universel par laquelle il se proposait d’émanciper les intelligences : il prétendait que tout homme, tout enfant, est en état de s’instruire seul et sans maître, qu’il suffit pour cela d’apprendre à fond une chose et d’y rapporter tout le reste ; que le rôle du maître doit se borner à diriger ou à soutenir l’attention de l’élève ; en conséquence il proscrivait les maîtres explicateurs. Il proclamait certaines maximes paradoxales qui ont été vivement critiquées: Toutes les intelligences sont égales ; Qui veut peut ; On peut enseigner ce qu’on ignore ; Tout est dans tout, etc. On a de lui un Cours d’Enseignement universel, savoir : Langue maternelle, Louvain, 1823: Langue étrangère. Paris 1829 ; Mathématiques ; Musique ; etc. La méthode Jacotot donna lieu à une vive polémique : elle eut des enthousiastes qui tombèrent dans des exagérations ridicules, et des détracteurs qui ne furent pas toujours justes. — Peintre. V. JAQUOTOT.

JACQUARD (Jos. Marie), célèbre mécanicien ; né à Lyon en 1752, m. en 1834, fils d’un ouvrier tireur de lacs, fut longtemps ouvrier lui-même. Avant lui, les machines à tisser, chargées de cordes, de pédales, etc., rendaient nécessaire au tisserand l’adjonction de