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lun; carrières de marbre. — L'Istrie ancienne était bornée au N. par la Liburnie. Ses habitants vivaient de brigandage et de piraterie; ils furent subjugués par les Romains dès 221 av. J.-C., et leur pays fut réduit en province romaine en 178 av. J. C. Comme le reste de l'Italie, l'Istrie subit successivement le joug des Herules, des Ostrogoths, des Lombards, des Francs (774) : elle fut placée au IXe s. sous la suzeraineté du patriarche d'Aquilée. En 1190, les Vénitiens s'emparèrent de la plus grande partie du pays ; le reste passa à l'Autriche. En 1797, le traité de Campo-Formio céda à l'Autriche l'Istrie vénitienne. En 1805, l'Istrie tout entière fut comprise dans les provinces Illyriennes et réunie à l'empire français; elle fut rendue à l'Autriche en 1814. En 1808 le maréchal Bessières avait été nommé duc d'Istrie.

ISTROPOLIS. v. de la Mésie inférieure, près de l'embouchure de l'Ister (Danube), avait été fondée par les Milésiens. On a cru la reconnaître dans les villes de Ghiusiandji, de Proschloviza et de Karahirmen : c'est plus probablement Portitza, sur la mer Noire.

ITABYRIUS, un des noms du mont Thabor.

ITALICA, dite aussi Divi Trajani civitas, auj. Séville-la-Vieille ou Santiponce, grande ville de la Bétique, au N. E. d’Hispalis, fondée par Scipion l'Africain. Patrie de Trajan, d'Adrien et de Théodose I.

ITALIE, Italia, contrée de l'Europe mérid., située entre 36° 34'-47° lat. N. et entre 4°-16° long. E., forme une longue presqu'île, ayant la forme d'une botte éperonnée; elle est bornée au N. par la Confédération germanique et la Suisse, au N. E. par les États autrichiens, au N. O. par la France, et de tous les autres côtés par la Méditerranée, qui à l'O. prend le nom de mer Tyrrhénienne et à l'E. celui de mer Adriatique. Elle a 1300 kil. de longueur diagonale (du Mont-Blanc au cap Spartivento). Sa largeur varie extrêmement : au N. elle atteint 550 kil. de large, au centre et au S. elle n'a pas plus de 220 k., et en quelques endroits se rétrécit au point de n'en avoir que 60; on y compte environ 22 000 000 d'hab., tous Catholiques. On la divise en 3 régions géographiques : l’Italie septentrionale, de 44° à 47° lat. N., l’Italie centrale, de 42° à 44°, et l’Italie méridionale, de 38° à 42°. On peut en outre réunir sous le nom d’Italie insulaire les 3 grandes îles de Sicile, de Sardaigne et de Corse, avec les petites îles qui en dépendent.

Description générale. Au N. et à l'O. de l'Italie s'étendent les Alpes, auxquelles se lient les Apennins (V. ALPES et APENNINS); ceux-ci traversent la presqu'île dans toute sa longueur et projettent beaucoup de chaînons secondaires dont fait partie le volcan du Vésuve. En Sicile s'élève une autre chaîne dont l'Etna est le point le plus élevé. L'Italie septentrionale est arrosée par un grand fleuve, le Pô, dans lequel se rendent presque toutes les rivières de cette région (Tésin, Adda, Oglio, Mincio, Trebbia, Taro, etc.). Cependant l'Isonzo, le Tagliamento, la Piave, la Brenta, le Bacchiglione, l'Adige ont aussi leur embouchure dans l'Adriatique. Au centre et au sud coulent une foule de petites rivières côtières qui se rendent à la mer : l'Arno, le Tibre, le Garigliano, le Vulturne sur la côte occidentale; le Pescara et l'Ofanto sur celle du golfe Adriatique. Dans l'Italie septentrionale se voient un assez grand nombre de lacs (lacs Majeur, de Côme, de Garda, de Lugano, de Lecco, d'Iseo). L'Italie est célèbre pour la douceur et la beauté de son climat : la chaleur y est brûlante en été sur les bords de la Méditerranée et dans les plaines du royaume Lombard-Vénitien; elle est moins forte en général sur la côte orientale; les Apennins, et à plus forte raison les Alpes, présentent beaucoup de points très-frais et même froids. Malheureusement le sirocco, vent délétère qui souffle dans le roy. de Naples, les eaux stagnantes qui forment la Maremme de Toscane et les Marais Pontins des États romains, l’aria cattiva, ou air malsain, engendré par ces eaux stagnantes, dont on sent au loin l'influence funeste, enfin les deux volcans du Vésuve et de l'Etna rendent souvent funeste le séjour de ce pays. Le sol varie, mais généralement il est fertile, surtout en Lombardie, où l'on recueille en abondance du riz et toutes les espèces de céréales; et dans le roy. de Naples, dont les huiles, les vins, les oranges jouissent d'une renommée européenne. Sauf le buffle, qu'on y trouve réduit à l'état de domesticité, les quadrupèdes sont ceux du reste de l'Europe; les reptiles venimeux et les scorpions sont très-nombreux; on élève quantité de vers à soie. Les côtes abondent en poissons et en mollusques, dont beaucoup sont excellents. L'or, l'argent, y sont fort rares, mais on y exploite de riches mines de cuivre, de plomb, de fer, de zinc et autres métaux; bancs d'alun et de sel, carrières de pierre à bâtir, d'albâtre, de marbres de toutes sortes (parmi lesquels le beau marbre statuaire de Carrare et de Massa) ; plusieurs sources thermales et minérales. L'activité des habitants ne répond pas complètement à tant de ressources, surtout dans le centre et le midi. En général, l'agriculture est arriérée, le commerce et l'industrie peu développés ; cependant l'Italie a une réputation universelle pour quelques branches spéciales, telles que les porcelaines et les faïences, les mosaïques, les instruments de musique, les cordes d'instruments, les tissus fins depaille dite d'Italie. Venise, Livourne, Trieste, Gênes, sont les villes les plus commerçantes. Les Italiens passent pour être dissimulés, défiants, indolents et superstitieux. Ils sont grands amateurs de spectacles et heureusement organisés pour la poésie, la musique et pour les arts du dessin : aussi les grandes villes d'Italie, Rome surtout, sont-elles célèbres par la multitude des monuments d'architecture, de peinture et de sculpture qu'elles réunissent, et qui attirent dans le pays une foule de visiteurs. — La langue italienne est celle des langues romanes qui se rapproche le plus de l'ancien latin : sa douceur si renommée est moins remarquable encore que sa richesse et son extrême flexibilité. Chaque région de l'Italie a son dialecte; les principaux sont le vénitien, le bergamasque, le napolitain, le corse; mais le dialecte classique est celui de la Toscane. Parmi les grands hommes qu'a produits l'Italie nous rappellerons seulement (laissant à part les anciens, qui pour la plupart appartiennent à Rome), les poètes Dante, Pétrarque, Arioste, le Tasse, Métastase, Alfieri; les politiques Machiavel, Vico, Beccaria, Filangieri; les grands prosateurs Boccace, Guichardin, Davila ; les grands peintres Raphaël, Léonard de Vinci, Titien , Tintoret, Corrège, les Carrache et Salvator Rosa; les grands architectes et sculpteurs Michel-Ange et Canova; les compositeurs Palestrina, Porpora et Pergolese; les physiciens Galilée, Torricelli, Volta; les papes Grégoire VII, Sixte-Quint, Jules II et Léon X, etc. Le XVIe siècle, dans lequel vécurent beaucoup de ces grands hommes, est connu sous le nom de Siècle de Léon X, et est compté au nombre des quatre grands siècles littéraires.

Géographie de l'Italie ancienne. 1° Sous la République romaine. Dès le VIe siècle av. J.-C., l'Italie était divisée en trois grandes régions : la Gaule Cisalpine au N., l’Italie proprement dite au milieu, la Grande-Grèce au S. L'Italie proprement dite était bornée au N. par la Macra, l'Apennin et l’Utis, à l'O. par la mer Inférieure , au S. par le Silarus et le Frento, à l'E. par l'Adriatique, et se divisait en 7 contrées : l’Étrurie au N. O., l’Ombrie au N. E., le Picenum au S. E. de l'Ombrie, la Sabine au S. O. du Picenum et au S. de l'Ombrie, le Latium au S. de la Sabine, entre le Tibre et le Liris (Rome y était renfermée), la Campanie au S. du Latium, et le Samnium à l'E. de ces deux dernières (Pour la Gaule Cisalpine et la Grande-Grèce, V. ces noms). — 2° Sous l'Empire, l'Italie fut divisée d'abord en 11 régions : 1° Gaule Cisalpine, 2° Ligurie, 3° Vénétie, 4° Étrurie, 5° Ombrie (avec les Senones, etc.), 6° Sabine (avec les Marsi, Peligni, Veslini), 7° Latium (avec la Campanie), 8° Samnium (avec les Frentani),