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dont Isabelle avait su comprendre le génie et à qui elle avait fourni les vaisseaux qui le conduisirent en Amérique. Mais, au milieu de tant de gloire, son bonheur fut troublé par des chagrins domestiques : elle perdit coup sur coup son fils, don Juan, prince des Asturies, et une fille, reine de Portugal, et fut témoin de la folie de son autre fille Jeanne, archiduchesse d'Autriche. Elle mourut de douleur en 1504, après avoir déclaré Jeanne la Folle héritière de ses États de Castille, conjointement avec Philippe le Beau, son époux.

ISABELLE D'AUTRICHE, fille de Philippe II, roi d'Espagne, et d’Élisabeth de France (fille de Henri II), fut mise en avant par le cabinet espagnol (comme étant la nièce et la plus proche parente de Henri III), pour occuper le trône de France, au préjudice de Henri de Navarre (1593). Lorsque Philippe II eut perdu l'espoir de placer la couronne de France sur la tête de sa fille, il lui fit épouser Albert d'Autriche, fils de Maximilien II (1598), et lui donna en dot la souveraineté des Pays-Bas (alors révoltés) et la Franche-Comté. Isabelle accompagna son époux dans ses guerres contre les Hollandais. On raconte que se trouvant au siège d'Ostende, elle jura de ne changer de linge qu'après la prise de cette place : Ostende ayant résisté plus de 3 ans, le linge que portait la princesse avait pris une teinte fauve à laquelle on donna le nom de couleur Isabelle. Après la mort d'Albert (1621), dont elle n'avait pas d'enfant, Isabelle n'eut plus que le titre de gouvernante des Pays-Bas ; elle défendit le Brabant contre le prince d'Orange, et déjoua une conspiration tramée pour ériger les Pays-Bas catholiques en république (1632). Elle mourut en 1633.

ISABELLE-LA-CATHOLIQUE (Ordre d'), ordre institué en Espagne en 1815 par Ferdinand VII, pour récompenser ceux qui avaient défendu ses domaines d'Amérique. La croix est d'or, à 8 pointes, surmontée d'une couronne olympique; au milieu est un emblème de l'Amérique, avec cette exergue : A la lealtad; le ruban est moiré blanc, avec liseré orange.

ISABEY (J. B.), peintre miniaturiste, né à Nancy on 1764, m. en 1855. Après avoir étudié la peinture historique, il se donna tout entier à la miniature et y obtint le premier rang; il excellait également dans la peinture sur émail et sur porcelaine, et dans l'aquarelle. Successivement premier peintre de la manufacture de porcelaine de Sèvres, peintre de l'Empereur, puis de Louis XVIII et de ses successeurs, Isabey a fait le portrait en miniature des principaux personnages de l'Europe, depuis Napoléon jusqu'à l'empereur Alexandre. Dans le tableau connu sous le nom de la Barque d'Isabey, il a réuni les portraits en miniature des personnes de sa propre famille. Parmi ses peintures sur porcelaine, on remarque la Table des maréchaux ; parmi ses dessins à la sépia, la Visite du premier consul à la manufacture d'Oberkampf à Jouy, la Parade devant les Tuileries, et le Congrès de Vienne. A la pureté du dessin il unissait la vérité du caractère et de la couleur. — Son fils, Eugène Isabey, né à Paris en 1807, s'est fait un nom comme peintre de marines et d'intérieurs.

ISAGORAS, Athénien, rival de Clisthène, qui avait établi le gouvernement démocratique à Athènes après l'expulsion des Pisistratides (509), tenta, avec le secours du roi de Sparte Cléomène, de rétablir l'oligarchie : il réussit à chasser Clisthène, et fit bannir sept cents familles athéniennes; mais, assiégé par le peuple dans la citadelle, il fut forcé de capituler, et fut banni à son tour. V. CLISTHÈNE.

ISAÏE, Isaias, fils d'Amos, et neveu d'Amasias, roi de Juda, est le premier des quatre grands prophètes. Il prophétisa sous Joathan, Açhaz et Ézéchias. C'est lui qui prédit à ce dernier prince d'abord qu'il allait mourir, ensuite que sa vie serait prolongée de quinze ans. Pour confirmer cette promesse, il fit reculer l'ombre du soleil de dix degrés sur le cadran d'Achaz. Isaïe fut mis à mort et scié en deux, par ordre de l'impie Manassès, fils d'Ezéchias, vers 694 av. J.-C. ; on croit qu'il avait alors plus de 100 ans. Isaïe parle clairement de Jésus-Christ et de son Église. Il passe pour le plus éloquent des prophètes : ses idées sont sublimes, ses tableaux énergiques, et son style d'une véhémence extraordinaire. On admire surtout le Cantique sur la ruine de Babylone. Ses prophéties ont été traduites séparément par Genoude, 1815.

ISALA, riv. du pays des Bataves, est auj. l’Yssel.

ISAMBERT (Franç. André), jurisconsulte et homme politique, né en 1792 à Aunay (Eure-et-Loir), m. en 1857, exerça, à partir de 1818, les fonctions d'avocat à la Cour de cassation et au Conseil d'État, se signala sous la Restauration par l'ardeur avec laquelle il combattit les excès du clergé et défendit les condamnés politiques ainsi que les hommes de couleur des colonies, fut nommé en 1830 conseiller à la Cour de cassation, fut à la même époque élu député, siégea également à l'Assemblée nationale en 1848, et prit place parmi les hommes les plus modérés. On lui doit d'importantes collections de jurisprudence : Recueil des anc. lois françaises, de l'an 420 à la révolution de 1789, 29 vol. in-8, 1821-23 (avec Decruzy, Jourdan et Taillandier); Recueil des lois et ordonnances à compter de 1814, 17 vol. in-8, 1820-30; Pandectes françaises, recueil des lois et de la jurisprudence depuis 1789, 2 v. in-4, 1834 (ouvrage inachevé). Élève de Gail, Isambert était un helléniste distingué : on a de lui les Anecdota de Procope, en grec et en français, 1855, et une Histoire de Justinien, 1856. Il a laissé en ms. des trad. de Flavius Josèphe et de l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, et une Histoire des origines du Christianisme.

ISAR ou ISER, Isara, riv. de Bavière, naît dans les Alpes du Tyrol, à 9 kil. N. E. d'Inspruck, reçoit la Loisach, l'Ammer, baigne Munich, Landshut, et se perd dans le Danube au-dessus de Deckendorf. Cours, 280 kil. Avant 1837, elle donnait son nom à une des divisions du roy. de Bavière, qui forme auj. le cercle de Hte-Bavière.

ISARA, nom anc. de l’Isère, de l’Oise de l’Isar.

ISARDJIK, v. de Bosnie, à 53 kil. N. O. de Iéni-Bazar, dans les montagnes, a longtemps été un lieu d'exil adopté par le gouvernement ottoman. C'était jadis la résidence des rois de Bosnie.

ISATCHA, v. forte de Turquie (Roumélie), dans la Dobrutscha, sur la r. dr. du Danube, à 150 k. N. E. de Silistrie. Prise par les Russes en 1790, 1828 et 1854.

ISAURE (Clémence), dame illustre et riche de Toulouse, que l'on dit issue des anciens comtes de Toulouse, institua vers l'an 1490 les Jeux Floraux dans sa ville natale, et laissa à la ville des revenus considérables pour fournir aux frais des concours de poésie ( V. JEUX FLORAUX). Elle ne faisait, par cette fondation, que renouveler un établissement qui existait déjà à Toulouse au XIIIe siècle sous la titre de Collége de la gaie science. On croit qu'elle mourut vers l'an 1513, à 50 ans. Du reste, on ne sait rien de sa vie ; son existence même a été mise en douta.

ISAURIE, Isauria, petit district de l'Asie-Mineure, dans la région du Taurus, était ainsi nommée de la ville d'Isaure, située sur le bord E. du lac Caralis, et était attribuée tantôt à la Phrygie, tantôt à la Lycaonie ou à la Pisidie. Plus tard on étendit beaucoup l'Isaurie à l'E. et au S. E., en y comprenant toute la Trachéotide : elle forma alors une province du diocèse d'Orient, à l'O. de la Cilicie 1re; cette province avait pour ch.-l. Séleucie-Trachée. Les habitants de l'Isaurie étaient farouches et braves, mais pillards.

ISAURIEN (LÉON, dit L'). V. LÉON.

ISBOSETH, fils de Saül, disputa le trône à David à la mort de Saül (1040). Il régna pendant sept ans sur onze tribus d'Israël, tandis que David régnait sur celle de Juda. Au bout de ce temps, il fut abandonné d'Abner, le meilleur de ses généraux, et périt assassiné par deux Benjamites. Il faisait sa résidence à Mahanaïm au delà du Jourdain, tandis que David résidait à Hébron.