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qu’elle ne fut reconnue qu’en 1500, par Vincent Pinçon, ou en 1504, par Vasco Nunez. Diverses tentatives furent faites dans l’intérieur au xvie siècle pour y découvrir l’Eldorado ; mais ces recherches furent toujours vaines.

GUYARD DE BERVILLE, écrivain français, né à Paris en 1697, mort en 1770, se fit auteur à plus de 60 ans. Il donna en 1760 une Hist. de Bayard et en 1767 une Hist. de Duguesclin, qui furent bien accueillies et plusieurs fois réimprimées. Néanmoins il vécut dans la gêne et mourut à Bicêtre.

GUYARD (Laurent), statuaire, né en 1723 à Chaumont en Bassigny, mort en 1788, eut pour maître Bouchardon et remporta le grand prix en 1750. En butte à la jalousie de son propre maître, il s’expatria, et porta ses talents en Prusse, puis se fixa à Parme, auprès du duc Ferdinand, qui goûtait son talent. On cite de lui un groupe d’Énée et Anchise, pour le grand Frédéric ; des copies de l’Apollon du Belvédère, du Gladiateur, au Luxembourg ; le monument élevé à S. Bernard à Clairvaux, et le mausolée de la princesse de Gotha, son chef-d’œuvre.

GUYENNE, anc. province de France, comprise dans le grand-gouvt de Guyenne-et-Gascogne, dont il occupait la partie septentrionale, avait pour bornes au S. la Gascogne et le Languedoc, à l’E. le Languedoc, à l’O. l’Océan, au N. la Saintonge, l’Angoumois, le Limousin, l’Auvergne, et se subdivisait en 6 prov.: Bordelais, Bazadais, Agénais, Périgord, Quercy, Rouergue. Ch.-l. Bordeaux. On distinguait quelquefois la Hte-Guyenne, au S. : cap. Montauban ; et la B.-Guyenne, au N. : capit. Bordeaux. — La Guyenne a formé les dép. de la Gironde, du Lot, de Lot-et-Garonne, de la Dordogne et de l’Aveyron, et partie de ceux des Landes et de Tarn-et-Garonne.

GUYENNE-ET-GASCOGNE (grand gouvt de), le plus vaste de l’ancienne France, était formé des deux grandes régions qu’indique son nom, et avait, comme la prov. de Guyenne, pour capit. générale Bordeaux. On en a formé 8 dép. entiers (Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Lot, Aveyron, Landes, Gers, H.-Pyrénées), et partie de 5 autres (Corrèze, Tarn-et-Garonne, Hte-Garonne, Ariège, B.-Pyrénées).

Le nom de Guyenne fut longtemps synonyme de celui d’Aquitaine, dont il paraît n’être qu’une corruption. On ne le trouve employé dans des actes authentiques qu’à partir du commencement du XIVe siècle. L’histoire de la Guyenne est celle de l’Aquitaine et de la Gascogne (V. ces noms). Après avoir formé quelque temps un État indépendant, mais toujours uni d’intérêt à la France, après avoir été un instant réunie à la couronne par le mariage de Louis VII avec Éléonore, héritière des ducs d’Aquitaine (1137), la Guyenne fut portée par la même princesse, en 1152 à un prince anglais, et les rois d’Angleterre la conservèrent jusqu’en 1453. Elle fut, à cette époque, réunie à la couronne de France par Charles VII. Louis XI l’en détacha pour la donner en apanage à son frère Charles (1469); mais depuis la mort de ce dernier (1472), elle resta toujours unie au domaine royal.

GUYENNE (Charles DE FRANCE, duc de), 4e fils de Charles VII, et frère de Louis XI, né en 1446, porta d’abord le titre de duc de Berry. N’étant encore que duc de Berry, il se mit à la tête de la Ligue du Bien public, formée par les seigneurs contre le roi, son frère. Après la bataille de Montlhéry, Louis XI, dissimulant sa colère, lui donna en échange de son duché de Berry le duché de Normandie ; mais en même temps, il lui suscita des embarras qui le forcèrent bientôt à demander un nouvel apanage. Après plusieurs offres dérisoires, Louis XI, pressé par les attaques du comte de Charolais, finit par lui céder le duché de Guyenne (1469). Cependant, Charles ne cessa point de conspirer : il venait de conclure avec le duc de Bourgogne une alliance qui ne tendait pas à moins qu’à enlever la couronne à Louis XI, lorsqu’il mourut presque subitement, non sans soupçon de poison (1472).

GUYENNE (Éléonore de). V. ÉLÉONORE.

GUYENNE (le maréchal de). V. CRÉQUI (Jacques de).

GUYON (Jeanne BOUVIER DE LA MOTHE, dame), célèbre mystique, née à Montargis en 1648, fille de Bouvier de La Mothe, maître des requêtes. Nourrie de la lecture des écrits de S. Francois de Sales et de Mme de Chantal, elle montra de bonne heure un grand goût pour la vie ascétique, et voulut se faire religieuse, mais sa famille s’y opposa. Restée veuve à 28 ans avec plusieurs enfants, elle crut avoir reçu mission de convertir les hérétiques, abandonna sa famille et ses affaires (1680), se rendit à Genève, où ses efforts échouèrent, puis parcourut le Piémont, le Dauphiné, ainsi que plusieurs autres provinces, répandant une doctrine qui réduisait la religion à l’amour pur de Dieu, et qui conduisait au quiétisme. Après cinq ans de courses, elle se fixa à Paris : elle s’y fit bientôt de nombreux partisans, au nombre desquels on compta Fénelon et Mme de Maintenon; mais aussi elle eut à y subir toutes sortes de tribulations : elle fut enfermée dans un couvent, puis à la Bastille et à Vincennes, et sa doctrine fut censurée à la suite de conférences que dirigeait Bossuet (1695). Rendue à la liberté après six ans de détention, elle fut exilée à Diziers près de Blois. Elle y passa le reste de sa vie, ne s’occupant que de bonnes œuvres, et y mourut en 1717. Mme Guyon avait composé un grand nombre d’écrits spirituels, qui forment en tout 39 volumes : ils ne brillent ni par la méthode ni par le style. On y remarque : Moyen court et très-facile pour l’oraison ; le Cantique des Cantiques selon le sens mystique ; les Torrents spirituels ; les Vers mystiques, composés à Vincennes. Ses Opuscules mystiques ont été publiés à Cologne, 1704, in-12. On a une Vie de Mme Guyon, prétendue écrite par elle-même, qui ne paraît pas authentique.

GUYOT DE PROVINS, vieux poëte français, né à Provins vers 1150, visita en récitant ses vers les principales villes de l’Europe, alla en pèlerinage à Jérusalem, et finit par se faire religieux à Cluny. Il composa dans sa retraite, vers 1204, sous le titre de Bible, un poëme satirique, où il critique les vices des hommes de tous états, depuis les princes jusqu’aux plus petits. Ce poëme, qui se compose de 2700 vers, est un des plus anciens livres où il soit parlé de la boussole : elle y est désignée sous le nom de Marinette. On le trouve dans les Fabliaux publiés par Barbazan et Méan, Paris, 1808.

GUYSE (Jacques de), cordelier, né à Mons en 1336, mort en 1399 à Valenciennes, professa pendant 25 ans dans les couvents de son ordre. Il est auteur d’une chronique latine intitulée : Illustration de la Gaule Belgique ; Antiquités du pays de Hainaut, imprimée à Paris en 1531 et 1532, in-fol., et publiée de nouveau en 1826 par Foctia d’Urban, avec traduction française.

GUYTON DE MORVEAU (L.-Bern.), savant chimiste, né à Dijon en 1737, mort en 1816, était fils d’un professeur de droit. Il entra de bonne heure dans la magistrature, et fut longtemps avocat général à Dijon ; mais il cultiva en même temps les sciences avec ardeur, fit fonder par les états de Bourgogne des cours de sciences, et se chargea lui-même d’enseigner la chimie (1775), tout en continuant à remplir ses fonctions de magistrat. On lui doit les fumigations de chlore employées contre les miasmes pestilentiels, ainsi que plusieurs découvertes importantes. Il eut le premier l’idée de la nouvelle nomenclature chimique (1782), qu’il établit de concert avec Lavoisier (1787). Député en 1791 à l’Assemblée législative, puis à la Convention, il s’y montra partisan des idées nouvelles. Il contribua puissamment à la fondation de l’École Polytechnique et y remplit lui-même une chaire. Il fut de l’Institut dès la fondation. Il avait été nommé administrateur de la Monnaie ; mais il perdit cette place à la Restauration (1814). Le plus remarquable de ses ouvrages est un Traité des moyens de dés-