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manie. Il se vit dépouillé de la Finlande par la Russie, de Straslund et de Rugen par la France, avec laquelle il s’était imprudemment mis en hostilité. Il s’aliéna la noblesse en cassant le régiment des gardes, corps d’élite composé de nobles ; il mécontenta également le peuple par des demandes d’hommes et d’argent, et il se forma une conspiration dans le but de le déposer : en 1809 il se vit contraint d’abdiquer ; la diète l’exila à perpétuité et proclama roi le duc de Sudermanie, son oncle, sous le nom de Charles XIII. Depuis, Gustave vécut à l’étranger sous les noms de comte de Holstein-Gottorp et de colonel Gustavson, résidant alternativement en Allemagne, dans les Pays-Bas et en Suisse. Il mourut à St-Gall en 1837. — Il a laissé un fils, né en 1799, qui prend le titre de prince de Wasa ; ce prince est au service de l’Autriche et a rang de feld-maréchal. Il n’a pas d’enfant mâle.

GUSTAVIA, capit. de l’île suédoise St-Barthélemy (Petites-Antilles), sur la côte occid. ; 10 000 h. Port franc.

GUSTROW, v. murée du grand-duché de Meklembourg-Schwérin, ch.-l. du cercle de son nom, à 60 kil. N. O. de Schwérin ; 10 000 hab.

GUTHRIE (William), écrivain écossais, né en 1708 à Brechin (Forfar), mort en 1770, vint à Londres après avoir exercé dans son pays la profession de maître d’école ; se mit aux gages des libraires et du gouvernement, et composa un grand nombre d’ouvrages historiques. Le seul de ses écrits qui soit connu aujourd’hui est la Grammaire géographique, historique et commerciale, dont la partie astronomique est due à James Ferguson. Cet ouvrage a été fréquemment réimprimé et a été traduit par Noël et Soulès, Paris, 1807, avec atlas.

GUTTEMBERG (Jean GENSFLEISH de), inventeur de l’imprimerie, né à Mayence vers 1400, d’une famille noble, mort en 1468, vint vers 1424 s’établir à Strasbourg. Il paraît avoir fait dans cette ville les premiers essais du nouvel art en 1438 ou 1440 : il employa d’abord des caractères mobiles en bois ; mais il ne tarda pas à y substituer des caractères en métal, fondus dans un moule ou matrice ; il compléta son invention par l’application de la presse. Après avoir dépensé de grandes sommes dans ses premiers essais, il retourna vers 1444 à Mayence, s’y associa en 1450 à Fust, qui lui fournit des fonds et avec lequel il imprima la Biblia latina, dite aux 42 lignes ; puis il rompit cette association et forma à lui seul, en 1456, un nouvel établissement qu’il conserva jusqu’en 1465. Il fut nommé à cette époque gentilhomme de l’électeur Adolphe de Nassau. Guttemberg ne mit son nom à aucun des livres qu’il imprima, de sorte que l’on ne peut déterminer avec certitude les ouvrages sortis de ses presses. On lui a même contesté l’honneur de sa découverte, mais sans preuves suffisantes. Depuis 1640, les libraires de l’Allemagne et les habitants de Strasbourg célèbrent tous les cent ans en l’honneur de Guttemberg la fête de l’Invention de l’imprimerie. Des statues lui ont été érigées à Mayence, à Strasbourg et à Paris (dans la cour de l’imprimerie impériale).

GUY. V. GUI.

GUYANE, région de l’Amérique mérid. qu’entourent l’Atlantique, l’Amazone, le Rio-Negro, le Cassiquiare et l’Orénoque, s’étend de 52° à 71° long. O. et de 9° lat. N. à 4° lat. S. Elle se divisa en 5 parties :

1o Guyane colombienne (ci-devant espagnole), la plus septentr. de toutes : elle s’étend, sur l’Océan, depuis l’embouch. de l’Orénoque jusqu’au cap Nassau, et dans l’intérieur, le long de l’Orénoque jusqu’au delà de l’équateur, et comprend plus de 350 000 kil. carrés. Jadis à l’Espagne, elle fait auj. partie de la république de Venezuela. Elle ne compte guère que 60 000 h. et a pour capitale Angostura, appelée aussi Nueva-Guyana.

2o Guyane anglaise, au S. O. de la précéd. Elle s’étend le long de la côte de l’Océan jusqu’au fleuve Corentyn, qui la sépare de la Guyane hollandaise ; elle a 38 000 kil. carrés, et 125 000 colons, auxquels il faut ajouter un grand nombre de nègres marrons qui vivent dans les bois. Elle se divise en deux gouvernements : Essequebo-Demerary (ch.-l., Georgetown), et Berbice (ch.-l. Nouvel-Amsterdam). Elle faisait jadis partie de la Guyane hollandaise ; mais les Anglais s’en emparèrent en 1808 et se la firent assurer en 1814.

3o Guyane hollandaise, ou district de Surinam, sur l’Océan Atlantique, entre la Guyane anglaise (au N. O.) et la Guyane française (au S. et à l’E.), dont elle est séparée par le Maroni ; 115 000 kil. carrés ; 90 000 hab. dont 60 000 noirs ; ch.-l., Paramaribo. Le Surinam traverse toute la colonie. Primitivement colonisé par les Anglais, cette contrée fut envahie par les Hollandais en 1667. Les Anglais la reprirent lorsque la Hollande fut tombée au pouvoir des armées françaises ; ils la restituèrent à la paix d’Amiens (1802) ; mais en 1808, ils s’emparèrent de la partie N., qui forme auj. la Guyane anglaise.

4o Guyane française, entre la Guyane hollandaise au N. O., et le Brésil au S. et au S. O., est bornée au N. par le Maroni et au S. par l’Ararouari ; 150 000 kil. carrés ; env. 18 000 h., y compris les hommes de couleur ; ch.-l. Cayenne ; autres lieux principaux, Sinnamary, Approuague. — Les premiers établissements français datent de 1604 : le pays fut alors appelé France équinoxiale. Les Anglais s’en emparèrent en 1654, les Hollandais en 1676, et les Portugais en 1809. En 1817, ces établissements furent restitués à la France.

5o Guyane brésilienne, la plus grande des 5 Guyanes, est située au S. des Guyanes colombienne et française, entre le Rio-Negro, le fleuve des Amazones et les Cordillères, et s’étend du côté de l’E. jusqu’à l’Océan où elle se termine par le cap Nord. Ce vaste territoire, d’une étendue de près de 1 300 000 kil. carrés, est à peine peuplé. Il fait partie de la prov. de Para, où il forme la Comarque de Rio-Negro, et ne renferme qu’un petit nombre de villes peu importantes : Thomar, Barra-do-Rio-Negro, Alemquer, Barcelos, Olivença, etc. — La Guyane brésilienne appartenait nominalement à la France ; mais celle-ci la céda au Portugal en 1713, et ce dernier la perdit avec le Brésil.

La Guyane renferme un assez grand nombre de montagnes, mais toutes peu élevées : le pic de Duiva, point culminant, n’a guères que 2500m : la principale chaîne, la Cordillère du Nord, sépare le bassin de l’Orénoque de celui de l’Amazone, et prend successivement les noms de Parimé, de Paracaïna, d’Acaray, de Tumucumaque. De nombreuses rivières en descendent : le Cachipuck, le Berbice, la Demerara, l’Essequebo, l’Oyapoc, le Surinam, la Mana, l’Approuague, le Maroni, le Rio-Negro, le Rio-Branco, etc. ; quelques-unes roulent de l’or. Le climat est varié suivant les hauteurs, et généralement brûlant, surtout le long de la mer ; vastes forêts ; nombreux marais, d’où une grande humidité et un climat insalubre. Le sol produit toutes les denrées alimentaires des tropiques ; il est d’une fertilité rare : on peut y faire jusqu’à 8 récoltes successives ; le riz, le maïs, le manioc, le tabac, les épices, le coton, le roucou, le cacao, la vanille, l’indigo et le café y réussissent bien. Les arbres atteignent des proportions colossales : l’acajou, le cocotier, le cotonnier, le bois de fer, le manguier et le cassia peuplent les forêts. Parmi les arbres fruitiers, on remarque l’abricotier, l’acajou-pomme, le sapotillier, le palmier, etc. Les côtes seules de la Guyane sont vraiment aux Européens ou aux puissances issues de colonies européennes : tout l’intérieur est occupé par des peuplades indigènes, dont les plus importantes sont: les Caraïbes, les Tamanaques, les Gauraunos, les Guayquines, les Guayvas, les Aruacas, les Galibis.

Selon quelques auteurs, Colomb aurait découvert lui-même la Guyane en 1498 ; d’autres prétendent