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maréchal; mais il périt dès 1643, d'une blessure reçue au siège de Rothweil en Souabe. Guébriant fut aussi un négociateur habile et un orateur éloquent. — Sa femme, connue sous le nom de la Maréchale de Guébriant, fut chargée, en qualité d'ambassadrice, de conduire au roi de Pologne Stanislas IV la princesse Marie-Louise de Gonzague, qu'il avait choisie pour épouse.

GUEBWILLER, ville d'Alsace-Lorraine, sur la Lauch, à 26 k. S. O. de Colmar; 9000 hab. Belle église de St-Léodegard ou St-Léger, du XIe siècle. Filature de coton, toiles peintes, potasse, kirschenwasser; excellent vin; houillères; ardoisières, etc. Tout auprès est le Ballon de Guebwiller, haut de 1450m : c'est le point culminant des Vosges. — La ville fut fondée en 1271. Elle fut assiégée vainement en 1414 par les Armagnacs.

GUÉDIMINE. V. GHÉDIMIN.

GUELDRE, Gelder en allemand, Welderen en hollandais; v. des États prussiens (Prov. Rhénane), I dans la régence de Dusseldorf, sur la Niers, à 24 k. S. O. de Wesel, 4000 h. Draps, toiles, bonneterie. — Fondée en 1097, cette ville était jadis la capitale du duché de Gueldre, et lui avait donné son nom : aujourd'hui elle n'est plus même comprise dans la province de Gueldre (qui appartient à la Hollande). Elle fut souvent assiégée (1587, 1703, 1757), et finit par être démantelée en 1764.

GUELDRE (province, jadis duché de), prov. du roy. de Hollande, bornée au N. O. par le Zuyderzée, au N. par la prov. d'Over-Yssel, à l'E. et au S. E. par les États prussiens, au S. par le Limbourg et le Brabant septentrional, à l'O. par la Hollande mérid. et la prov. d'Utrecht : 130 kil. sur 85 ; 400 000 hab. ; ch.-l. Arnheim. Elle est divisée en 4 districts : Arnheim, Nimègue, Zutphen et Thiel. Le sol est plat et sablonneux, entrecoupé de marais et de tourbières, ; mais il est partout bien cultivé, notamment dans l'île de Bétuwe, formée par le Rhin et le Wahal. Le colza, le houblon et les fruits en sont les principales productions. On y trouve peu de fabriques; elle fait cependant un commerce de transit assez considérable. — Cette contrée fut habitée anciennement par les Bataves, les Sicambres et les Usipètes. Les rois Francs l'occupèrent ensuite; les successeurs de Charlemagne la firent administrer par des gouverneurs qui se rendirent indépendants, et dont la dernière héritière porta la Gueldre en dot au prince Othon de Nassau en 1061. Elle fut érigée en comté en 1079, et transformée en duché en 1339. Ce duché passa, par suite de mariages, d'abord dans la maison de Juliers (1371), puis dans celle d'Egmont (1423). Arnoul, comte d'Egmont, le vendit en 1471 au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire; Charles-Quint s'en empara en 1543, et l'incorpora au cercle de Bourgogne. Lors de la révolution des Pays-Bas (1579), la partie de la Gueldre située au nord du Rhin et le quartier de Zutphen, accédèrent à la Confédération des Provinces-Unies ; le reste demeura soumis à l'Espagne. Le traité d'Utrecht, en 1713, donna la Gueldre espagnole à la maison d'Autriche, à l'exception de la ville de Gueldre et d'une petite portion du duché, qui fut cédée à la Prusse. Le traité de Lunéville (1801) donna toute la Gueldre à la France; elle fut restituée aux Pays-Bas et à la Prusse en 1814.

GUELFERBBYTUM, nom latinisé de Wolfenbuttel.

GUELFES (maison des), en allemand Welfen. Guelfe ou Welf est un prénom usité dans plusieurs familles d'Allemagne, mais il désigne plus spécialement une famille princière, émigrée dans le XIe s. d'Italie en Allemagne. Avant son émigration elle se divisait en 2 branches qui possédaient un grand nombre de domaines dans l'Allemagne méridionale, notamment entre le Brenner et le St-Gothard. Un membre de la maison d'Este, Azzon ou Ezzelin, né vers l'an 1020, mort dans un âge très-avancé, épousa Cunéconde, héritière des Guelfes de la 2e branche, et réunit leurs possessions à ses domaines d'Italie. Guelfe ou Welf, dit Guelfe le Grand, fils d'Azzon, et depuis duc de Bavière, hérita à son tour des possessions de la 1re branche, dite Guelfes d'Altdorf, et devint ainsi, vers le milieu du XIe siècle, la tige de la nouvelle maison des Guelfes, ce qui le fait appeler Guelfe I. Il reçut en 1070 de l'empereur Henri IV le duché de Bavière qui venait d'être enlevé au duc Othon II; mais il se brouilla dans la suite avec Henri, parce que celui-ci l'obligea à restituer au duc Othon, avec lequel il s'était réconcilié, une partie de là Bavière ; il entra dans une ligue formée contre ce prince, prit Ratisbonne, Augsbourg, Saltzbourg, et battit Henri devant Wurtzbourg. Il partit ensuite pour la croisade, et mourut dans l'île de Chypre à son retour (1101). — Guelfe II, duc de Bavière, fils et successeur du précédent, épousa la comtesse Mathilde, fille de Boniface d'Este, dont il se sépara par un divorce en 1097. Il embrassa d'abord la cause de l'empereur Henri IV, puis il l'abandonna pour celle du rebelle Henri V; il fut en grande faveur sous le règne de ce dernier prince. Il mourut sans enfants en 1120, laissant la Bavière à son frère Henri le Noir, qui la transmit en 1126 à son fils Henri le Superbe. — Celui-ci accrut encore les domaines des Guelfes et reçut le duché de Saxe de son beau-père l'empereur Lothaire. Mais après la mort de ce dernier, ayant voulu disputer l'empire à Conrad III, de Hohenstaufen, il fut dépouillé de la plus grande partie de ses États (1139). — Guelfe III, frère de Henri le Superbe, et tuteur de Henri le Lion, son neveu, s'efforça de reconquérir pour son pupille la Bavière que l'empereur Conrad avait donnée à Léopold d'Autriche. En 1140, la diète de Worms le mit au ban de l'empire; il livra alors à l'empereur la bataille de Weinsberg, mais il la perdit : c'est à cette bataille que furent pris pour la 1re fois les noms de Guelfes et de Gibelins, cri de guerre adopté par les deux partis (V. ci-après). Guelfe III vit sa famille réduite à la possession de Brunswick et de Lunebourg. Cependant, il se réconcilia dans la suite avec Conrad, et l'accompagna en Palestine. Il mourut à son retour vers 1145. — Après la ruine totale des Guelfes, expulsés de la Saxe et de la Bavière, leur héritier, Othon, dit l’Enfant, petit fils de Henri le Lion, réunit les débris de leurs domaines et en fit hommage (1235) à l'empereur Frédéric II, qui les lui rendit comme fiefs de l'empire et avec le titre de duc de Brunswick. Cette maison fleurit encore auj. sous ce titre, et règne sur le Brunswick, le Hanovre et l'Angleterre. V. BRUNSWICK.

GUELFES et GIBELINS, noms de deux partis puissants qui divisèrent l'Allemagne et l'Italie aux XIe, XIIIe et XIVe siècles. La querelle prit naissance en Allemagne. Deux familles illustres de ce pays, ayant pour chefs, l'une Conrad, fils de Frédéric de Hohenstaufen, duc de Souabe, seigneur de Wiblingen (d'où par corruption Gibelin); l'autre, Henri le Superbe, duc de Saxe, neveu de Welf (Guelfe II), duc de Bavière, se disputèrent la couronne impériale après la mort de Lothaire (1138). Conrad, chef des Gibelins, ayant été élu empereur, les Guelfes refusèrent de le reconnaître, et lui cherchèrent partout des ennemis. Dès ce moment tout l'empire se partagea en Guelfes et en Gibelins : c'est dans une bataille livrée en 1140 par Guelfe III à Conrad devant le château de Weinsberg, et perdue par lui, que ces noms furent employés pour la 1re fois; ils servaient de cri de guerre et de mot de ralliement aux deux partis. — Ces querelles, terminées en Allemagne par la vict. de Conrad, qui assura l'avantage aux Gibelins, furent transportées en Italie et elles y durèrent longtemps encore. La famille des Guelfes trouva des partisans dans presque toutes les villes de l'Italie, lasses du joug des empereurs, et vit se déclarer pour elle le pape, irrité de la vive opposition qu'il avait rencontrée de la part de l'empereur dans l'affaire des Investitures (V. ce mot). Les villes de la Lombardie, Milan à leur tête, se proclamèrent libres et formèrent une