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GREUZE (J. B.), peintre français, né à Tournus en 1726, mort à Paris en 1805, s'adonna à la peinture malgré l'opposition de sa famille et se forma presque seul. Les œuvres qui ont fait sa réputation sont empruntées à la vie ordinaire : ce sont le plus souvent des scènes de famille et quelquefois de véritables drames. Elles brillent par la naïve simplicité qu'il a su prêter à ses personnages, par une modestie touchante, par une grâce infinie, et par un coloris fin et vrai. Ses têtes sont pleines d'expression, mais il néglige les draperies, et cherche trop le relief. Ses principaux tableaux sont : le Père paralytique, la Bénédiction paternelle, la Malédiction, le Père de famille expliquant la Bible à ses enfants ; l'Accordée du village ; la Mère bien-aimée ; la Petite fille au chien ; la Jeune fille qui pleure son oiseau mort; la Cruche cassée. Ses tableaux ont été gravés par les meilleurs maîtres. Il fut admis à l'Académie de peinture en 1769. Mme de Valory a publié une comédie-vaudeville en un acte, intitulée : Greuze ou l’Accordée du village, avec une notice sur l'artiste, 1813.

GRÉVIN (Jacq.), médecin et poëte, né en 1538 à Clermont (Oise), m. en 1570, reçut les leçons de Muret et les conseils de Ronsard, obtint la protection de Marguerite, fille de François I, et duchesse de Savoie et l'accompagna en Piémont. Il composa quelques pièces (comédies et tragédies), qui eurent du succès et qui, selon Laharpe, le placent au-dessus de Jodelle. Son Théâtre et ses Poésies ont été publiés à Paris en 1562. Il a traduit du grec les Thériaques de Nicandre, et les préceptes de Plutarque Sur le Mariage.

GREW (Néhémie), savant anglais, né vers 1628 à Coventry, mort en 1711, exerça la médecine à Coventry, puis à Londres, où il fut membre du collége des médecins et de la Société royale (1673). On a de lui : l’Anatomie des Plantes (en anglais), Londres, trad. par Levasseur, 1675; Musæum Regalis Societatis, 1681; Cosmographia sacra, 1701.

GREY (Jane), amère-petite-fille de Henri VII, roi d'Angleterre, née en 1537, fut un instant placée sur le trône par les intrigues de Jean Dudley, duc de Northumberland, qui en fit l'instrument de son ambition. Ce seigneur, après avoir marié son 4e fils, le duc de Guildford, avec Jane, avait su arracher au faible Édouard VI un testament qui déférait la couronne à cette jeune princesse, au préjudice de Marie Tudor, sa propre sœur (1553). Marie leva une armée, força sa rivale à descendre d'un trône où on l'avait portée malgré elle, et, sans pitié pour sa jeunesse et son innocence, la fit mettre à mort, avec les ducs de Northumberland et de Guildford (1554). Jane n'avait que 17 ans, et elle était déjà remarquable par son esprit et ses connaissances, ainsi que par sa beauté. Sa mort a fourni à Young la matière d'un poëme; à Laplace, à Mme de Staël, à Briffaut, à Soumet, des sujets de tragédie, et à Paul Delaroche le sujet d'un touchant tableau. On a d'elle quelques écrits, publiés par Frère, Rouen, 1832.

GREY (lord Ch. HOWICK, comte), homme d'État, né en 1764 à Fallowden (Northumberland), d'une famille sortie jadis de Normandie, mort en 1845. Lié au parti whig, il entra à la Chambre des Communes en 1786, proposa dès 1793 la réforme parlementaire, fit partie en 1806 du ministère de Fox, à la mort duquel il reçut le portefeuille des affaires étrangères et devint ministre dirigeant; se retira en 1807 parce qu'il n'avait pu faire abolir le serment du test, entra la même année, par droit d'hérédité, à la Chambre des Lords, où il prêta un constant appui aux mesures libérales, notamment à l'émancipation des catholiques (1829), fut rappelé au ministère après la révolution de 1830, et fit enfin triompher la réforme parlementaire (1832). On lui doit aussi l'émancipation des esclaves des Indes occidentales et diverses mesures libérales en faveur de l’Écosse et de l'Irlande. Il résigna le pouvoir en 1834. — Son fils Henri, lord Howick, né en 1802, a suivi la même ligne de conduite, et a fait partie du ministère Melbourne (1835-1839).

GREYTOWN. V. SAN JUAN DE NICARAGUA.

GREZ-EN-BOUÈRE, ch.-l. de c. (Mayenne), à 13 kil. N. E. de Château-Gonthier; 1800 hab.

GRÈZES, village du dép. de la Lozère, à 7 k. de Marvéjols; 450 hab. Jadis place importante et ch.-l. de la vicomte du Gévaudan.

GRIBEAUVAL (J. B. VAQUETTE de), officier d'artillerie, né à Amiens en 1715, mort en 1789, suivit, comme lieutenant-colonel, le comte de Broglie à Vienne, où Marie-Thérèse le nomma feld-maréchal, se signala surtout à la défense de Schweidnitz (1762), où il résista pendant plus de deux mois aux efforts de Frédéric II, et fut, à son retour en France, nommé maréchal-de-camp, puis inspecteur général de l'artillerie. Avant lui on employait dans tous les services les mêmes bouches à feu : il les varia selon leur destination (campagnes, siéges, places et côtes), et dressa des tables de construction qui fixèrent les dimensions de chaque pièce : c'est ce qu'on appelle le système Gribeauval. C'est à lui qu'est due cette artillerie qui a rendu tant de services sous la République et l'Empire.

GRIFFET (Henri), jésuite, né à Moulins en 1698, mort en 1771, enseigna les humanités au collége Louis-le-Grand, puis quitta l'enseignement et devint prédicateur de la cour. Il se retira à Bruxelles après la suppression de son ordre. On a de lui une édition de l’Histoire de France du P. Daniel, Paris, 1755-58, 17 vol. in-4, avec d'importantes additions (notamment l'histoire de Louis XIII); un Traité des différentes sortes de preuves qui servent à établir la vérité de l'histoire, 1769, et un traité de l’Insuffisance de la religion naturelle, 1770.

GRIFFET DE LABAUME, neveu du préc., 1756-1805, travailla pour les libraires, traduisit un grand nombre d'ouvrages anglais ou allemands, entre autres les Sermons de Sterne, le Sens commun de Payne, le Voyage de F. Hornemann en Afrique, l’Histoire des Suisses, de Jean de Muller, et plusieurs romans de Wieland.

GRIFFON ou GRIPPON, 3e fils de Charles-Martel, fut exclu du partage des États paternels par Pépin et Carloman, ses frères, et enfermé dans un monastère (741). Après l'abdication de Carloman (747), il fut rendu à la liberté par Pépin; mais, plus sensible à une ancienne injustice qu'à un bienfait récent, il passa dans les rangs des Saxons rebelles. Vaincu et pris, il obtint sa grâce; mais il alla soulever les Aquitains contre Pépin. Vaincu de nouveau, il fut tué dans la vallée de Maurienne (752).

GRIFFONS, animaux fabuleux, participant de l'aigle et du lion, gardaient, selon la Fable, les mines d'or du pays des Arimaspes.

GRIGNAN, ch.-l. de c. (Drôme), à 27 kil. S. O. de Montélimart; 2000 h. Truffes. Anc. château où mourut Mme de Sêvigné, dont le tombeau est dans l'église. Grignan était le ch.-l. d'un comté de Provence qui appartint successivement aux maisons d'Adhémar et de Castellane.

GRIGNAN (Franç. Marguerite de SÉVIGNÉ, comtesse de), fille de Mme de Sévigné, née en 1648, à Paris, morte en 1705, était l'idole de sa mère. Elle épousa en 1669 le comte de Grignan, lieutenant général de Provence, et fut pendant de longues années éloignée de sa famille : cette séparation donna lieu à la célèbre correspondance de Mme de Sévigné. On n'a de Mme de Grignan que quelques lettres, qui se trouvent parmi celles de sa mère et qui sont loin de les égaler ; on prétend que la plus grande partie de ses lettres a été brûlée par sa famille. Femme grave et sérieuse, elle admirait Descartes, qu'elle appelait son père. On a d'elle un Résumé du système de Fénelon sur l'amour de Dieu, où elle entre dans les raisonnements les plus subtils de la métaphysique et dans les profondeurs du mysticisme. — Elle laissa deux filles, dont l'une, Pauline, devint marquise de Simiane, et dont l'autre,