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GRENELLE, anc. bourg du dép. de la Seine, à l'O. de Paris, entre cette v. et Auteuil, auj. compris dans l'enceinte même de Paris, comptait au moment de l'annexion 15 000 h. Nombreuses usines : poudrette et autres engrais, noir animal, bougies, poterie, carton-pâte, colle forte, cordes d'instruments, pâtes alimentaires, produits chimiques. Forges, lamineries, scieries de bois, etc. Anc. poudrière, qui fit explosion en 1784. Près de l'anc. barrière de Grenelle est un puits artésien profond de 547m, dont l'eau monte à 33m au-dessus du sol et se distribue dans Paris. Il a été terminé en 1841, après 7 ans de travail.

GRENOBLE, Cularo, puis Gratianopolis, v. forte de France, ch.-l. du dép. de l'Isère, sur l'Isère, à son confluent avec le Drac, à 558 k. S. E. de Paris (576 par la route de Lyon); 34 726 hab. Place de guerre de 1re classe, ch.-l. de div. militaire. Évêché, cour d'appel, académie, éc. de droit, de méd., fac. des let. et sciences, lycée, école d'artillerie; sociétés sav.; biblioth., musée, etc. L'Isère divise la v. en deux parties : sur la r. dr. est le faubourg St-Laurent, resserré entre la rivière et les montagnes, couronné par le fort de la Bastille; sur la r. g., le quartier de Bonne (nom du connétable Bonne de Lesdiguières). Magnifiques quais, cathédrale gothique, palais de justice, place Grenette, ornée d'une belle fontaine. La principale industrie est la ganterie, qui n'occupe pas moins de 12 000 personnes. Patrie de Condillac, Mably, Vaucanson, Mme de Tencin, Gentil Bernard, Barnave, Mounier, Cas. Périer. Bayard naquit aux env. — Cette v. fut fondée par les Romains l'an 121 av. J.-C. dans le pays des Allobroges: ils la nommèrent Cularo ou Cularum, c.-à-d. lieu reculé, à cause de son éloignement. Elle fut agrandie et embellie par l'empereur Gratien, dont elle prit le nom. Elle fit partie du roy. d'Arles, et devint enfin la capitale du Dauphiné, dont elle suivit le sort. Il y fut fondé en 1339 une université, qui fut réunie à celle de Valence en 1565. Pendant la guerre de religion, elle se déclara pour les Calvinistes : le fameux baron des Adrets y commandait. La v. étant restée au pouvoir des Ligueurs, Lesdiguières s'en empara pour Henri IV, en 1590. Grenoble fut occupée par les alliés en 1814 et 1S15. Elle est la 1re ville importante qui ait ouvert ses portes à Napoléon, à son retour de l'île d'Elbe. Il y éclata en 1816 une insurrection bonapartiste qui fut aussitôt réprimée (V. DIDIER). Il a été fait à Grenoble de 1825 à 1839 de grands travaux de fortification.

GRENVILLE (George), homme d'État, né en 1792, mort en 1770, fut député de Buckingham, remplit sous Georges III les places de trésorier de la marine, de 1er lord de l'amirauté, de chancelier de l'échiquier (1763-65). Il est l'auteur du fameux acte du timbre qui souleva les premières résistances dans les colonies de l'Amérique. — Son fils, Will. Gr., 1759-1834, fit partie du ministère de Pitt (1783) et devint en 1790 ministre des affaires étrangères. Il se signala par son acharnement contre la France, contribua puissamment à l'acte d'union de l'Irlande, fut mis en 1806 à la tête d'un ministère de coalition où figuraient Erskine, Fox et lord Grey, et résigna le pouvoir parce qu'il ne put obtenir l'émancipation de l'Irlande.

GRÉOULX, Griselum ou Gredolæ, vge des B.-Alpes, près du Verdon, à 18 k. S. O. de Riez; 1400 h. Eaux hydro-sulfureuses, connues dès le temps des Romains.

GRESBAN. V. GRÉBAN.

GRESHAM (sir Thomas), riche bourgeois de Londres, né en 1519, mort en 1579, acquit une grande fortune dans le commerce, réussit sous Édouard VI et Élisabeth à négocier divers emprunts, ce qui le fit surnommer le Négociant royal, et fut, en récompense de ses services, fait baron par Élisabeth. Il fit construire à ses frais la Bourse de Londres, 1566-69, ainsi que le collége de Gresham.

GRÉSIVAUDAN, Gratianopolitanus tractus, portion du Ht-Dauphiné comprenant la belle vallée de l'Isère depuis son entrée en France jusqu'à sa réunion avec le Drac, avait pour ch.-l. Grenoble, et pour places principales Vizille, Lesdiguières, St-Bonnet, Sassenage, Bourg-d'Oysans et la Grande-Chartreuse. — Le Grésivaudan fut donné avec titre de principauté aux évêques de Grenoble par les derniers souverains du roy. de Bourgogne. Les comtes d'Albon se l'approprièrent ensuite. Il fait auj. partie des dép. de l'Isère et des Htes-Alpes.

GRESSET (J. B. Louis), poëte élégant, né en 1709 à Amiens, mort on 1777, entra chez les Jésuites à 16 ans, et professa les humanités dans leurs colléges de Tours, et de La Flèche. Il se fit d'abord connaître par un poëme badin, Vert-Vert, où il chantait, en vers de 10 syllabes, les aventures du perroquet des Visitandines de Nevers (1733), et composa successivement plusieurs autres pièces dans le genre badin (le Lutrin vivant, le Carême impromptu), qui eurent beaucoup de succès, surtout la Chartreuse (ainsi intitulée d'un belvédère qu'occupait le poëte au Collége Louis-le-Grand). Réprimandé par ses supérieurs pour ses goûts mondains, il quitta les Jésuites (1735), vint vivre à Paris et se maria. Gresset s'exerça depuis dans des genres fort divers, fit des tragédies qui réussirent peu, et des comédies qui eurent plus de succès. Le Méchant (1747), l'une d'elles, est une de nos meilleures pièces : il y attaque un vice qui était alors fort à la mode; les portraits sont d'un naturel parfait et les vers excellents. Gresset fut admis à l'Académie Française en 1748. Il sa retira peu après à Amiens, et renonça à la poésie pour se livrer tout entier à des exercices de piété; dans l'ardeur de son zèle, il brûla lui-même plusieurs de ses ouvrages. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Fayolle, 1803, 3 v. in-18; Campenon a donné en 1823 ses Œuvres choisies.

GRESSY ou GRÉSY, ch.-l. de c. (Savoie), sur l'Isère, arr. et près d'Albertville; 1500 h. Antiquités.

GRETNA-GREEN, village d’Écosse (Dumfries), à 35 kil. S. E. de Dumfries; 2000 h. C'est le premier endroit qu'on trouve en Écosse sur la route de Londres à Édimbourg. Ce village est célèbre par les mariages clandestins qui s'y contractaient Un certificat de comparution des 2 époux délivré par un témoin quelconque suffisant, selon les lois écossaises, pour rendre un mariage valide, sans consentement de parents, ni publications de bans, beaucoup d'Anglais allaient se marier en Écosse pour éluder la rigueur des lois de leur pays. La cérémonie était célébrée par un habitant quelconque du lieu, pêcheur, forgeron, ou aubergiste. Le gouvernement britannique a interdit, à partir de 1857, ce genre de mariage aux sujets non domiciliés en Écosse. On cite parmi les personnages qui avaient été ainsi unis lord Eldon, Erskine, et un frère du roi de Sicile, Charles-Ferdinand de Bourbon, qui épousa en 1836 la célèbre Pénélope Smith.

GRÉTRY (André Ernest Modeste), compositeur, né à Liége en 1741, mort en 1813, sentit dès son enfance une vive passion pour la musique, alla étudier en Italie, en rapporta une mélodie pure et simple, fraîche et gracieuse, et vint se fixer à Paris en 1768. Parmi ses nombreux opéras, il faut citer le Huron, 1768 (paroles de Marmontel), qui commença sa réputation; le Tableau parlant, 1769; Zémire et Azor, 1771; l'Ami de la maison, 1772; la Rosière de Salency, 1774; l'Amant jaloux, 1778; la Caravane, 1783; Richard Cœur de Lion, 1784; Panurge, 1785. Il a laissé un Essai sur la musique, 1789, où il expose sa méthode. Grétry possède le naturel, la grâce, l'expression vraie; mais son instrumentation est nue et il pèche quelquefois contre l'harmonie. Du reste, il sut trouver le véritable accent comique du langage musical, et mérita d'être appelé le Molière de la musique. Il fut nommé membre de l'Institut (Classe des Beaux-Arts) dès la création. Il avait acquis à Montmorency l'ermitage qu'avait habité J. J. Rousseau, et c'est là qu'il mourut. — Son neveu, André Joseph Grétry, 1774-1826, a écrit des opéras-comiques, des comédies, des romans, qui eurent peu de succès.